jeudi 25 mars 2010

La Cartonnerie de Feluy-Arquennes

LES AVATARS D’UNE USINE DE FELUY

1° LA SUCRERIE

Le 29 juillet 1872, Emile Vanden Dooren, maître de carrière de Feluy, fait part à l'administration communale de son intention d'installer une fabrique de sucre à betteraves au Pont à Brebis à Feluy. L'endroit est bien situé, au milieu d'une région agricole riche en limon et prometteuse pour la culture de la betterave que ni cessera d’augmenter.
L'usine longeait le canal allant de Charleroi à Bruxelles qui lui offrait une excellente voie de communication pour le transport de betteraves et de produits finis, de plus les eaux du canal permettaient le lavage des betteraves et l'alimentation des installations de refroidissement de l'usine. De plus, la gare du chemin de fer se trouvait à 200 mètres de là.
Le 29 septembre 1872 eut lieu la réunion de constitution d'une société anonyme chez le notaire Doumont à Feluy, y étaient présents :
- Madame Joséphine PECHE, veuve de Romain Puissant, propriétaire à Saint-Josse-ten-Noode.
- Monsieur Albert PUISSANT, mernbre de la Chambre des Représentants, industriel à Merbes-le-Château.
- Monsieur Jules PUISSANT, industriel à Merbes-le-Château.
- Madame Maria PUISSANT, veuve Jules Barbier, propriétaire à Saint-Josse-ten-Noode
- Monsieur Maximilien MOTTE, Conseiller à la Cour d'Appel de Bruxelles demeurant à Saint-Gilles.
- Monsieur Emile VANDEN DOOREN, industriel à Feluy.
- Monsieur Victor PENNART-MASSART, industriel demeurant à Battignies, en son nom personnel et au     nom d'Hypolyte HECQ demeurant à Waudrez.
- Monsieur Paul TIBERGHIEN, propriétaire à Seneffe, en son nom et au nom d'Edouard de HAUSSY, propriétaire à Seneffe.
La société anonyme fut dénommée SUCRERIE DE FELUY-ARQUENNES
Le siège fut établi à Feluy. Le capital est formé de 600 actions pour un montant de 720.000 francs.
Mmes. Vve. Puissant, Vve. Barbier; Mrs Albert Puissant, Jules Puissant, Emile Vanden Dooren et Victor Pennart apportèrent à la société :

l) Un terrain sis à Feluy et Arquennes au lieu dit « Pont à Brebis » contenant 4ha, 5a, 65 ca, tenant au chemin de fer des carrières de Feluy, à Mme Demesse, à Mme Lescart, au canal de Charleroi à Bruxelles, leur appartenant par actes passés devant le notaire Castelain à Seneffe les l2-4-l871, le 17-4-l87l et le 29-8-1871; suite au décès de Romain Puissant époux de Joséphine Pecher et père de Mme Barbier et d'Albert et Jules Puissant.


















2) L'ensemble des Comparants fait apport de l'usine établie sur ce terrain, comprenant deux grands corps de bâtiments, appendances et dépendances et ustensiles fixes de fabrication consistant en quatre générateurs de 80 CV chacun, cinq machines à vapeur, une transmission générale des mouvements, deux lavoirs, une râpe double, quatre pelleteurs, quatre tables tournantes, huit presses, neuf monte-jus, deux chaudières de jauge, sept bacs à carbonater, sept bacs à décanter, huit filtres clos, cinq filtres presse, deux appareils à évaporer avec condensateurs, quatre turbines, un moulin à sucre, septante cinq bacs de tôle, trois fours à cuire les os, un moulin à broyer les os, deux fours à revivifier le noir, deux macérateurs, deux fours à chaux, un lavoir et deux récipients à gaz carbonique, trois calorifères, deux fours à gaz d'éclairage avec laveur-récipient et cloches, deux bascules. En outre, ils apportent la somme de 60.000 frs.
Ces apports sont fait sous garantie de droit; sauf une inscription hypothécaire de 3.850 Frs en faveur du mineur Alexandre Paternotte et d'une autre de 8 000 frs en faveur des mineurs Nopère.

Le conseil d'administration fut établi comme suit :
Administrateur Général : Emile Vanden Dooren
Administrateurs : Jules Puissant, Albert Puissant, Victor Pennart et Paul Tiberghien

Commisaires: Maximilien Motte, Edouard de Haussy, Hypolyte Hecq.

La sucrerie entra en activité en 1876. Emile Vanden Dooren dirigea l'entreprise seul jusqu'en mars 1878, il s'adjoint un directeur en la personne d'Alphonse Béroudiaux qui était auparavant receveur communal et instituteur en chef à Arquennes.

Le recensement industriel de 1880 nous apprend que la firme occupait 2 employés et 68 ouvriers. On y fabriquait 320.000 kg de sucre pour un chiffre d'affaire (C.A.) de 304.000 frs; 150.000 kg de mélasse (15.000 frs de C.A.) et 1.800.000 kg de produits divers (49.500 frs de C.A.).

Le 26 avril 1887, une assemblée générale des actionnaires redistribue la répartition des voix au conseil d'administration comme suit :
Albert Puissant , 50 actions donnant droit à 5 voix
Victor Pennart, 95 actions donnant droit à 9 voix
M. Tiberghien, 75 actions donnant droit à 7 voix
Emile Vanden Dooren, 100 actions donnant droit à 10 voix
Edouard de Haussy, 25 actions donnant droit à 2 voix
Maximilien Motte, 20 actions donnant droit à 2 voix
Warnant, 20 actions donnant droit à 2 voix
Dufour Edouard, 10 actions donnant droit à 1voix
Mme Dufour Maria, 145 actions donnant droit à 14 voix

Le25 janvier 1890, Emile Vanden Dooren sollicite l'autorisation d'installer un générateur horizontal et une machine à vapeur de 5 CV pour la traction des wagons. Le collège échevinal lui accorde l'autorisation le 20-02-1890. De même la S.A. des Sucreries de Feluy-Arquennes demande le 29 septembre 1893 l'autorisation d'implanter des appareils supplémentaires :
a) un système mécanique horizontal de pompe à eau à traction directe,
b) une machine à vapeur de 4 CV pour donner mouvement à deux systèmes de pompes à écumer, jumelles;
c) un système mécanique horizontal de pompe à air pour le 2ème appareil à cuire dans le vide;
d) une machine à vapeur horizontale pour actionner une dynamo à 963 tours"
e) une machine à balancier commandant six pompes à pistons plongeurs conjuguées deux à deux pour trois services.
Tous ces appareils sont annexés et chauffés par les générateurs.
 Le 7 juillet 1898 la direction de l'usine demande encore l'autorisation de pouvoir installer dans sa fabrique et dans la salle réservée aux machines d'alimentation des générateurs
a) une pompe de 6 CV pour alimenter les générateurs;
b) une pompe de 12 CV pour pouvoir envoyer l'eau froide aux appareils d'évaporation.
L'administration communale autorise ces nouvelles installations le 24 juillet 1898.
La concurrence de sucreries plus importantes telles celles de Genappe et de Marche compromit l'expansion de l'usine de Feluy qui vit son chiffre d'affaire baisser d'année en année.

Le bilan du 30 avril 1907 nous montre que l'usine n'était plus compétitive :

ACTIFS : Francs
Immeubles, matériel fixe, machines 454.970,92
Matériel roulant, outillage, mobilier 15.208,80
Approvisionnement 6.755,25
Portefeuille, titres 2.400
Marchandises en magasin 120
Banque 33.433,59
Caisse 49,59
Profits et pertes 175.462.58
TOTAL 1.188.300,67
PASSIF: Francs
Capital, actions 860.000
Amortissements 248.085,28
Réserve 61.215,39
Prévisions 19.000
TOTAL 1.118.300,67

Suite à ces résultats les administrateurs décident la dissolution de la société qui eut lieu le 25 juin 1907 devant le notaire de Feluy, Maître Camille Delhaye, en présence des principaux actionnaires d'alors :

Albert Puissant, Propriétaire à Merbes-le-Château, Président 150 actions
Gustave Boë1, propriétaire, Sénateur de Bruxelles 203 actions
Ernest Delhasse, avocat de Bruxelles 20 actions
Maria Puissant, veuve Edouard Dufour, propriétaire de Bruxelles 187 actions
Emile Vanden Dooren, propriétaire de Bruxelles 110 actions
Henri Vanden Dooren, industriel (fils Emile) 45 actions
Jules Dechamps, ingénieur à Merbes-le-Château l0 actions
Fernand Colman, propriétaire de Bruxelles 50 actions
Louis Boë1, ingénieur de Bruxelles l0 actions
Comte Maurice de Looz-Corswaerem, propriétaire de Gingekom 10 actions

Les actionnaires décident que les liquidateurs seront Henri Vanden Dooren et Ernest Delhasse.
Ceux-ci vendront l'usine et ses installations à un industriel de Frameries, Charlemagne Quenon qui décide de changer la destination de l'usine.

2°. LA CARTONNERIE













Léopold Charlemagne Quenon, propriétaire et industriel (né à La Bouverie le 24-11-1858) demeurait à Frameries où il dirigeait une usine de cuirs et peausseries, il acheta la sucrerie de Feluy en 1910. Il fit remettre l'usine en état afin de créer une cartonnerie. L'usine était prête à la veille du 1er conflit mondial qui vint perturber la bonne marche des affaires.
Malheureusement les allemands ravagèrent l'usine, ils prirent tous les objets en cuivre, les matières premières et les cuirs servant aux transmissions. Pendant la durée de la guerre, ils firent un dépôt de munitions dans les locaux et parquèrent des centaines de prisonniers anglais dans les locaux.

Ce n'est qu'en l92I que la cartonnerie connut sa première mise en route.

Le 2 mai 1921, Monsieur Quenon créa alors une société en nom collectif sous la raison sociale CHARLEMAGNE QUENON ET CIE devant le notaire Ed. Lejeune de Frameries.

Y étaient présents :
- Léopold Charlemagne père.
- Charlemagne Remacle Florent Quenon, fils, directeur de l'Usine de Frameries.
- Gérard Renaud Quenon, directeur d'industrie à Frameries (né à Frameries, le 20-8-1894).
- Abel Pierre Quenon, directeur d'industrie à Frameries.

La société à pour objet :
a) la fabrication, l'industrie et le commerce de la chaussure, notamment la préparation, la fabrication et le commerce des cuirs et peausseries, comprenant l'établissement industriel sis à Frameries, 30 rue Jean Devolders.
b) la fabrication, l'industrie et le commerce des papiers, cartons et cartonnages, comprenant l'établissement industriel sis à Feluy, chemin d'Arquennes à Feluy.
Le siège social est établi à Frameries. La durée de la société est fixée à 30 ans.

Cette cartonnerie possédait une machine continue pour la fabrication des cartons qui fut installée par les usines Chantraine de Nivelles. L'eau nécessaire à la fabrication était tirée du trou Lacroix. Les matières premières arrivaient par bateau ou par train. Trois équipes d'ouvriers travaillaient à la confection de carton paille, de carton brut et de carton avec encollage de papier sur une ou deux faces en différents formats qui partaient vers tous les coins de la Belgique et en France pour la fabrication de boîte, 20 tonnes de carton sortaient journellement.
L'outillage comprenait des cuves de préparations de la pâte afin de la mélanger à la chaux, des meules, des instruments de raffinage en piles, des cuviers de mélange, la machine de confection du papier avec feutres et tamis, des séchoirs on rognait et mettait alors le carton en dimension et pesait les cartons en emballages de 25 kg.
En 1926, Gérard Quenon achète la carrière Saint-Georges à Feluy afin de pouvoir y prendre les eaux pour alimenter la cartonnerie. Du niveau du chemin au fond de la carrière, il y a 38 mètres de profondeur. Un puits artésien fut foré. En atteignant 78 mètres de profondeur, on toucha la nappe phréatique. Une colonne d'eau de 4,5 mètres en jaillit.

Messieurs Quenon ne faisaient que superviser le fonctionnement de l'usine, Félicien Cartiaux (né à Flawinnes le 24-10-1883) qui était chef de cour dès 1914, devint chef de fabrication en l92l et était en fait le chef principal dirigeant de l'usine. Il arrêta ses activités en 1956 et fut alors remplacé par Monsieur Crinckx qui était coloriste.

L'usine prit de l'extension, on y adjoint une papeterie. Elle prend ainsi le nom de

CARTONNERIE ET PAPETERIE DE FELUY-ARQUENNES.

Le nouvel atelier fut bâti en 1930/1932, il contenait une machine continue pour la fabrication de papier de toutes qualités allant du blanc au noir, pour l'emballage, pour l'impression et l'écriture à partir de 42 jusqu'à 250 m². Cette dernière commença à tourner à partir de 1932. La pâte de bois provenait des pays scandinaves. La matière première arrivait à la préparation dans différentes machines (telles que défibreuse, meules aux piles) pour un premier raffinage. De là, elle passait dans un mélangeur puis dans un mélangeur et ensuite dans des raffineurs coniques, de cette opération elle se dirigeait vers trois épurateurs pour arriver à la fabrication du papier.














Celui-ci se faisait avec une machins où la pâte se déposait sur la toile. Il y avait alors des rouleaux égouteurs pour la belle qualité depapier. Le papier continue dans la sécherie, au finissage et au bobinage. La transformation du papier terminait les phases de fabrication dans une salle où différents rouleaux et des feuilles de tous formats étaient ensuite emballés. Le papier n'était en principe pas stocké, il partait directement de l'usine, souvent vers la France.
L'usine arrêta pendant la seconde guerre mondiale du 15-12-194l à mai 1945. Vers 1955, une transformation substantielle eut lieu sur la machine continue, on installa un ramasse pâte qui remettait directement l'excédent de pâte revenant dans le cuvier. De trois à quatre tonnes de papier par jour fabriqué par deux équipes, on passa à 15 tonnes de papier par jour avec 3 équipes de travailleurs.
Toutes ces machines étaient alimentées par 4 chaudières à vapeur timbrées à 10 kg auxquelles on ajouta une machine à vapeur timbrée à 30 kg, vers 1932. Les machines étaient actionnées par des transmissions.
L'usine ne connut que des mouvements sociaux sporadiques. On fit grève en août 1950 lors de l'affaire royale et en 1956, 8 jours de grèves de protestations eurent lieu car le patron voulait garder un contremaître coloriste contre l'avis des ouvriers qui étaient en conflit avec ce dernier.
La mauvaise gestion de l'usine et de plus en plus de créditeurs furent les causes de la fermeture de la fabrique malgré un carnet de commande bien fourni.
L'usine ferma ses portes en février 1958 envoyant 250 ouvriers au chômage. Les machines furent vendues à l'usine Intermills à Malmédy. Les curateurs introduisirent une demande de pouvoir utiliser la carrière Saint-Georges afin d'y déverser des scories.
Ils louèrent l'usine à un négociant feluysien.













3° LA CONFITURERIE

Alfred Albert Joseph Ladrière, négociant (né à Feluy le 24-04-1898) exerçait son métier au 28 de la Grand-rue de Feluy, il avait épousé Alphonsine Mattagne (née à Wavre en 1903).
Ils louèrent l'ancienne cartonnerie-papeterie afin de créer une confiturerie. Ils se donnèrent comme enseigne la marque LAMA (Ladrière-Mattagne et fils).
Ils fabriquaient des corins de prunes, abricots pommes et faisaient des fruits en sirop. De plus, ils torréfiaient du café. L'usine servait aussi de dépôt pour des vins et porto qu'ils importaient. Plus tard une autre partie des bâtiments servit au stockage de denrées coloniales.

Alphonsine Mattagne décéda le 19 janvier 1965. Alfred Ladrière habitait encore le 39 de la Chaussée de Nivelles en 1972. On le qualifie d'importateur, il vit avec son fils Guy (né à Feluy le l8/08/1927), directeur commercial, et son épouse Colette Vivier. C'est à cette époque que les bâtiments servent d'entrepôts pour différentes firmes (pièces d'autos, meubles, etc.).

En 1980, les bâtiments sont abandonnés. La curatelle de la cartonnerie vendra les terrains et on abattit l'usine en 1993, Un complexe de maisons à bon marché a été construit à l’emplacement de l’usine.

mercredi 10 mars 2010

LES CARRIERES D’ARQUENNES

L'étude du travail de la pierre bleue dite "petit granit", du bassin d'Ecaussines-Feluy-Arquennes a tenté plusieurs historiens. L'amalgame entre les villages de Feluy et Arquennes se fait souvent, vu la proximité des deux villages et l'influence réciproque que ceux-ci peut engendrer. Pour la connaissance des carrières anciennes, Arquennes bénéficie d'un fonds d'archives important, c'est-à-dire le fonds "de Lalaing" et le "Notariat Général du Brabant", province dont dépendait ce village. Ces archives sont déposées aux Archives Générales du Royaume à Bruxelles.

D’excellents analystes n’ont pas manqué d’en tirer parti, tels Robert Cotyle et Jean-Louis Van Belle
L’exploitation de la pierre n’a pas eu à Arquennes l’extension qu’elle a eu au village, proche, de Feluy, car les bans exploitables n’étaient pas toujours de bonne qualité et plus difficiles quant à leur accessibilité.
L’activité perrière se déploya dès le XIIIe siècle, principalement au centre du village au lieu-dit « Trou du comte » autour duquel se développèrent toute l’activité d’extraction, de façonnage et de transformation de la pierre, notamment les fours à chaux. Les blocs extraits d’Arquennes comme dans les autres lieux d'extraction devaient être transportés vers La Buissière pour y être débités .
Ainsi en 1709, quatorze maîtres de carrières sont recensés dans le village
L’activité des maîtres de carrières s’accrut grâce (si l’on peut dire) aux guerres incessantes du XVIIe siècle, qui détruisirent de nombreux bâtiments et donnèrent du travail pour la reconstruction tant des bâtiments publics que privés.
Au début du XVIIIe siècle, les maîtres de carrières hésitent à prendre des baux de longues durées car la difficulté d’accès à la pierre est conjuguée au problème de l’exhaure des eaux. Ils déclarent qu’ « il est de leur cognoissance que les quairiers dudit village vont à rien ».
Vers 1755, quinze maîtres de carrières occupaient chacun de 5 à 10 tailleurs de pierre, se sont Joseph Boulouffe, Martin Brogniet, Joseph Demoulin, Jérôme Dieu, Norbert Dubois, Jean-Baptiste Fevrier, Martin Le Fils, Jean Lisse, Gaspar Mondron, Mathias Monnoye, Guillaume et Nicolas Paternotte, Nicolas Plamon, Jacques Piron et Cornil Trigalet. Il est à remarquer que certains d’entre eux exerçaient leur métier aussi bien à Feluy qu’à Arquennes.
Le recensement de 1764 signale qu’il y a à Arquennes 2 carrières employant 40 à 45 ouvriers et produisant 150 charrées de pierres évaluées à 7.000 florins. Ce sont évidemment les carrières du Comte et celle de Saint-Feuillien qui sont prises en considération, le recensement ignore donc les petites carrières qui pouvaient exister à l’époque.
A Arquennes La machine à vapeur apparaît à la scierie Dubois en juin 1839 .

LE TRANSPORT DES PIERRES
Les chemins en très mauvais état oblitérèrent largement le prix des marchandises, les chemins souvent étroits, mal entretenus et remplis d’ornières n’étaient praticables qu’à la bonne saison, aussi les maîtres de carrières devaient-ils employer plus de dix chevaux pour tracter des chariots pesant au moins1.500kg.
Cet état de fait durera jusqu'au milieu du XVIIIe siècle.

LE PAVE DE FELUY
La route de Mont-Saint-Jean-Nivelles-Bray fut créée en 1751, mais il fallut encore attendre l’année 1762, pour que l’impératrice Marie-Thérèse autorise la construction du Pavé de Feluy, réclamée depuis longtemps par les maîtres de carrières de Feluy et d’Arquennes. Malgré la construction de ces routes pavées des entraves à l’expansion du commerce de la pierre se faisaient encore sentir : l’établissement de barrières d’octroi et la limitation du tonnage des transports.
Les carriers des deux localités déposèrent plusieurs recours à l’impératrice, ils obtinrent satisfaction en octobre 1763, et purent circuler avec des charges allant jusque 50 à soit pieds cubes, soit 3500 kg. Environ  .
COTYLE R., Arquennes pays de la pierre, in Annales du Cercle Archéologique et Folklorique de La Louvière et du Centre, t.1., fascicule 2, 1963, pp. 71-105.

VAN BELLE J-L., Les maîtres de carrière d’Arquennes sous l’ancien Régime, Un métier, des hommes, Bruxelles, 1981
DARQUENNE R., Histoire économique du département de Jemappes, in Mémoires et publications de la Société des Sciences, des Arts et des Lettres du Hainaut, vol. 79, 1965, p.60.
COTYLE, pays de la pierre, o.cit.

LE CANAL DE CHARLEROI-BRUXELLES
En 1832, la construction du canal Charleroi-Bruxelles fut le premier détonateur de l'expression économique de notre région comme le prévoyait le projet de l'ingénieur Vifquain qui disait que le passage du canal serait profitable "tant pour les pierres d'Ecaussines, Arquennes, Feluy et leurs chaux hydrauliques"
Les discussions relatives aux expropriations de terrains eurent lieu en 1827, on notera que certaines terres à Arquennes, appartenant à la comtesse de Lalaing, étaient susceptibles de contenir de la pierre. Des contestations surgirent au sujet de leur prix, la propriétaire les estimait 3.000 florins le bonnier, vu leur qualité et leur situation au centre du village, à proximité de la ferme de la Basse-cour, de la chaussée, du moulin, et des carrières.
La terre joignant le « Trou du Comte » était louée 108 florins à Joseph Dubois, elle était susceptible de contenir de la pierre. Voulant faire baisser le prix, l’ingénieur Vifquin avança comme l’argument que l’exploitation de la pierre était impossible vu la proximité de la rivière, le receveur de la comtesse, Parmentier répondit qu’il n’existait pas de carrière sans eau et que si abondante qu’elle fût, on parvenait toujours à l’enlever au moyen de machines et qu’il pouvait « faire prouver par les maîtres de carrières qu’au moyen de machines, rien n’était plus facile d’exploiter en cet endroit comme ailleurs ». Il fallut un jugement, rendu à Charleroi le 21-10-1828, pour que les contestations finissent, le terrain fut exproprié pour cause d’utilité publique, et la comtesse reçut 2.000 Fr. au bonnier exproprié.

LE CHEMIN DE FER
Un projet de loi présenté en 1846 tendant à autoriser la concession d'un chemin de fer entre Manage et Wavre n'était pas satisfaisant pour notre industrie. Le Conseil Communal de Feluy s'adressa à la Chambre des Représentants le 14 mai 1846 pour obtenir une rectification du tracé:
" Le chemin de fer de Manage à Wavre doit être considéré comme une voie industrielle affectée surtout au transport de marchandises car il ne relie pas de grands centres de population. Son tracé peut donc se plier facilement de manière à desservir les différentes industries rencontrées sur son parcours, c'est la condition essentielle de sa prospérité. Les carrières se plaignent de ce que loin de suivre cette règle on eut prit à tâche de l'enfreindre non seulement en éloignant le chemin de fer des carrières si importantes de Feluy et Arquennes mais en mettant même les industriels dans l'impossibilité de s'y raccorder par de petits embranchements, car le tracé prévu place constamment le canal entre les carrières et le chemin de fer ".
Le représentant Pirmez présenta le rapport de la section centrale de la Chambre lors de la séance du 23 juin 1846 et le projet de loi fut adopté le 7 juillet de cette année.
La section du chemin de fer Manage-Nivelles fut inaugurée le 8 août 1854. Les fournitures produites par les carrières arquennaises furent surtout importantes aux XVIIe et XVIIIe siècles, ainsi qu’au début du XIXe siècle.
En juillet 1886, le Roi Pahaut, célèbre leader des carrières de Sprimont, vint en Hainaut haranguer un rassemblement d'ouvriers .

VAN BELLE J-L., L'industrie de la pierre en Belgique de l'ancien Régime à nos jours, Ath, 1979, pp. 29-39 VANBELLE Jean-Louis: Le rôle des chaussées au XVIIIème s dans le transport de pierres de Feluy-Arquennes, Ecaussines, in Etudes et documents du Cercle royal d'histoire et d'archéologie d'Ath et de la Région.

VANBELLE Jean-Louis: Le rôle des chaussées au XVIIIème s dans le transport de pierres de Feluy-Arquennes, Ecaussines, in Etudes et documents du Cercle royal d'histoire et d'archéologie d'Ath et de la Région.
STERLING A.: Histoire des voies navigables, le canal de Charleroi à Bruxelles, n°5, 1986, p. 421.
HAZEBROUCK P. Il y a cent ans…Juillet-Août 1886, in Bull. de contact du Cercle Archéologique de Soignies, n° 82, p. 40.

 
LES LUTTES OUVRIERES

LIGUES OUVRIERES
Nous avons eu la chance de consulter un carnet de notes relatant la formation d'une ligue ouvrière à Feluy et Arquennes, nous vous en livrons les grandes lignes:
Le 12-9-1886, une conférence donnée par le citoyen Huart afin de former une ligue ouvrière au sein des carrières d’Arquennes. Un comité provisoire est créé et 150 ouvriers carriers s’inscrivent à la ligue.
Le comité est formé le 10 octobre suivant, son président est Emile Trigalet, le trésorier est Théophile Peltier et le secrétaire Baptiste Huart.
Par une lettre du 26 octobre, le comité s'excusa auprès des organisateurs de la grande manifestation ouvrière du 31 octobre, étant donné le peu de moyens pécuniers de la ligue naissante, néanmoins le comité envoie une motion de soutien et stigmatise la crise économique.
Elle organisa un rassemblement à Feluy et Arquennes le 21 novembre 1886. Le groupement eut le soutien des ligues ouvrières des villages environnants, on inaugura un drapeau, la manifestation fut ponctuée des discours de messieurs Volders et Huart. Le 27 janvier 1887, suite à la lecture des tarifs proposés dans les carrières de Soignies l’assemblée des compagnons de la ligue décide de présenter un cahier de revendication aux maîtres de carrières.
Le 16 février, eut lieu un compte-rendu de l’assemblée des délégués de carrières, l’assemblée décide de l’attitude à prendre vis-à-vis du mutisme des patrons carriers.
Une grève est décidée le 19 février par 119 votants (les moins de 21 ans sont exclus), 85 contre et 34 abstentions, si toutefois la même décision était prise à Feluy et Ecaussines. La continuation de la grève est décidée le 23 mars, mais échoue le 14 avril. Les patrons instaurent une période de chômage. Le 8 juillet 1888, la ligue ouvrière socialiste d'Arquennes décida de suspendre provisoirement ses activités, les documents de l'association furent déposés au salon de Jean-Baptiste Abeels, dit local de la Ligue ouvrière.
Différentes enquêtes prouvent qu’à la fin du XIXe siècle, à Arquennes, les exploitants avaient déjà atteint les derniers bancs façonnables. Ne subsistèrent que des chantiers de tailleries

LE LOCK-OUT DE 1909.
En mai 1909, suite à un conflit survenu dans la carrière du Levant à Ecaussines, le comité de l’association patronale délégua une commission d’enquête chargée de rechercher les causes de la grève.
Le 4 juin 1909, 18 maîtres de carrières d’Ecaussines, Marche-lez-Ecaussines, Feluy et Arquennes convoqués en assemblée générale et extraordinaire approuva la résistance de cette société aux exigences de son personnel, se solidarisa avec elle et décida que toutes les pierres autres que celles destinées à la taille devront, au gré du patron, être roctées et épincées à la pièce et le patron sera seul juge d’affecter à ce travail tel nombre d’ouvriers qu’il estimera nécessaire. Que les tarifs de roctage et d’épincage alors en vigueur resteraient d’application.
Un maître de carrière d’Ecaussines mit à exécution cette décision, se heurta violemment à ses ouvriers. Il annonça alors que si pour le 9 juin, ses conditions n’étaient pas acceptées, il fermerait son établissement. Elles furent refusées et le patron exécuta sa décision. Le 14 juin, les patrons perriers se réunirent à Manage et signèrent une nouvelle affiche :
Les maîtres de carrières d’Ecaussines, Marche-lez-Ecaussines, Feluy et Arquennes,
Vu que les patrons se voient dans l’impossibilité de continuer, dans les circonstances actuelles, à diriger et organiser le travail de manière à ce que celui-ci s’exécute utilement pour eux et les ouvriers ;
Vu aussi que les grèves partielles sans cesse renouvelées qui entravent cette exécution, et spécialement aux carrières du Levant et de Thiarmont ;
Attendu que cette situation lèse gravement l’industrie de la région ;
Qu’il est de l’intérêt de tous, tant ouvriers que des patrons, que des règles nouvelles viennent mieux assurer la sécurité et la régularité du travail ;

Que l’avenir de l’industrie en dépend ;
En conséquence, décident

1°- A partir du 21 juin courant, le travail sera suspendu dans toutes les carrières et pour tous les ouvriers, sous la seule réserve que les tailleurs de pierre devront achever les pierres qu’ils auront entreprises ;
2°- Un nouveau règlement d’atelier et un contrat de travail seront élaborés par les patrons et portés très prochainement à la connaissance des ouvriers, conformément à la loi du 13 juin 1906 ;
3°- Le travail pourra être repris conformément à ce règlement dès que celui-ci sera devenu obligatoire et sur avis qui sera donné par voie d’affiche
Le 14 juin 1909.
Signèrent tous les patrons dont pour Arquennes : Bayot-Liard et Rousseau, Nestor Blase, P.J. et C. Bréda, L. et J. Colinet Frères, G. et C. Hennaut, Carrières de la Rocq.

Dès le 20 juin 1909, la Ligue ouvrière de Feluy et Arquennes, statuant sur les conditions créées par le patronat émit le vœu de voir tous les ouvriers occupés de n’importe quelle façon pour ou par les maîtres de carrières, cessent toute besogne. Elle donne conseil aux ouvriers de chercher du travail ailleurs . Des listes de souscriptions furent lancées pour aider les ouvriers dans le besoin. Les carriers d’Arquennes reçurent 2050 journées payées à 1Fr. et 1961 journées payées à 2,5 Fr. comme indemnités .
Le conflit se durcit de plus en plus, mais le 13 février 1910, suite à une assemblée générale du syndicat de Feluy-Arquennes il y eut 234 voix pour la reprise, 55 contre et 0 blanc ; les ouvriers après huit mois de lutte et l’inflexibilité des patrons, baissèrent les bras. Une conférence entre l’association patronale représentée par Henri Dethier et les délégués des syndicats socialistes représentés par Henri Delbruyère et Marte se poursuivit, ils arrivèrent à une solution le 10 février 1910, mais au désavantage des prolétaires qui n’obtinrent rien de substantiel.

SOUS LA BOTTE ALLEMANDE
Pendant la guerre 1914-1918, dans les carrières, tout le matériel a été enlevé : rails, machines, outillage. A la suite du manque de charbon, les pompes d’exhaure ne fonctionnent plus et les excavations sont devenues des lacs au fond desquels gît le coûteux appareillage.
L’industrie de la pierre ne se relèvera jamais, un seul chantier de tailleurs de pierre continue à subsister.
vant 1940, sept chantiers de taillerie de pierre occupaient 200 tailleurs de pierres.

LA FIN DES CARRIERES
Le 30-6-1931, le Conseil communal est informé d’une demande d’autorisation de remblayage des carrières dénommées « carrière du Comte », « carrière de la Terre volée » et « Trou à cannes ».
Vu qu’il en résulte qu’indépendamment du remblayage au moyen de déchets ménagers recueillis dans diverses communes en assez grande quantité, puisqu’on prévoit l’arrivée par train spécial , il sera procédé sur les chantiers avoisinant les carrières à un triage portant sur des matières telles que fer blanc, métaux, verre, papiers…le conseil décide de s’unir aux protestations pour s’opposer à la demande…
Ce projet ne fut jamais réalisé .

LES CARRIERES ET LEURS EXPLOITANTS
Les carrières anciennes du village d’Arquennes sont difficilement repérables car dès qu’elles n’étaient plus exploitées, elles étaient souvent rebouchées, parfois après plusieurs décennies, sans laisser de traces, car les terres et décombres gênaient considérablement le travail dans les « trous ».
De nombreux essais d’exploitations eurent lieu, mais la qualité de la pierre n’était pas toujours celle qu’on en attendait, ou parce que l’eau gênait rapidement la progression du travail, ainsi certaines carrières furent vite refermées.
En 1696, une ancienne carrière est rouverte suite à un jugement des échevins d’Arquennes, on cite une vieille carrière « abandonnée et enterrée gisante sous le vieu jardin du chasteau » .
Certaines carrières se situaient dans la vallée que forme la Samme. En raison de l’étroitesse des filons exploitables et la création du canal Charleroi-Bruxelles qui bouleversa le site considérablement, ces carrières furent remblayées, c’était une aubaine de pouvoir combler ces petites excavations par la masse considérable de terres nécessaires à la construction du canal. Seules les carrières les plus importantes au centre du village furent conservées, elles forment en réalité une seule grande excavation dont seule, la route de Manage à Nivelles créée en 1751 en fait la séparation.

Le Clairon, journal des ouvriers carriers, 26-6-1909.

Le Carrier, décembre 1909.
BAUDUIN G. Arquennes dans les années 30, in bulletin SRHFES 3-1999, p.23-24.

 
 

 








Les principales carrières d’Arquennes vers 1840




Parcelle          Dénomination             Superficie           Propriétaire                   Remarques
B.737           Trou du Comte            2,45 ha           Comte de Lalaing
B.756           Trou du Comte
B.757           Trou du comte
B.758           Trou St-Feuillien          0,43 ha            Vve. Paternotte
B.759           Four à chaux                                       Paternotte J-Bapt.            Popp.
B.765.          Scierie de pierre                                  Comte de Lalaing             act. Sonimat
B.772           Trou des Romains        0,46 ha            Vve. Paternotte
B.773                                               1,27 ha            Vve. Paternotte               Popp : prairie.

Cette grande carrière était exploitée au XVIe siècle comme l’attestent les archives, et peut-être déjà dans les siècles antérieurs, deux grands propriétaires se la partageaient, le seigneur d’Arquennes et l’abbé de Saint-Feuillien. Non loin de celle-ci, proche du Pavé de Feluy, se situait la carrière dite de la « Terre volée »
D’autres carrières existaient sur le territoire d’Arquennes, elles étaient situées à proximité du château de la Rocq, c’était la carrière dite du Bois de la Rocq et le trou Marchand.

A.G.R ; de Lalaing, n° 946

BAYOT ET LIARD (CARRIERES --)







Vers 1906, Télesphore Bayot et Auguste Liard commencèrent à exploiter en partie le trou du Comte.
Une publicité datée du 25-11-1915 signale que cette carrière vend des pierres pour bâtiments et travaux d’art, monuments funéraires et chapelles en tous genres, des bordures et pavés.

BOULOUFFE (CARRIERE --)
Exploitée en partie par la famille Dubois.
9-3-1859, autorisation accordée à Jean-Baptiste Dubois d’établir une machine à vapeur dans sa carrière dite « Boulouffe »
Le 2-5-1859, autorisation d’installer une scierie de pierre mue par la vapeur.

CLOUDTS (CARRIERE --)
Appelée aussi « Trou Cloudts »
A proximité de la gare d’Arquennes, le long de la rue de la station.
Le terrain de cette carrière appartient à l’Etat belge depuis 1894 et s’étend en bordure du trou de carrière abandonné et sur toute la longueur de la côte montant à la gare. L’administration de l’Enregistrement annonce pour le lundi 12-6-1922, la vente des biens domaniaux et notamment l’ancienne carrière d’une contenance de 82 ares 93 ca. Celle-ci est achetée par l’administration communale pour 15.000 Fr.
Le terrain de l’ancienne carrière Cloudts a été comblé et l’administration communale lotit ce terrain au profit de la construction de villas.

COCHA (TROU DU --)
Maison d’André Verstaen.
En 1893, la carrière du Cocha avait atteint le banc de sept pieds.

COMTE (TROU DU --)
Cette carrière appartenait aux seigneurs de la seigneurie principale d’Arquennes devenu comtes d’Arquennes.
Ceux-ci n’exploitaient pas eux-mêmes la carrière, ils la louaient par actes sous seing privés ou principalement par baux, parfois ils affermaient la carrière pour des périodes assez longues, 24 ans en 1611, 12 ans en 1634. Les fermiers locataires sous-louaient parfois à d’autres marchands de pierre, telle la veuve François Dubois qui sous-loue à Martin Poulez, qui lui même sous-loue une partie à R. Clinghermans.
La carrière était lotie en plusieurs buffets, ce qui explique que l’on parle tantôt de la « grande carrière » ou de la « vieille carrière », ou on la situe « vers le jardin vieux ».
Il fallut attendre la seconde moitié du XVIIe siècle pour atteindre le niveau d’infiltration permanente de l’eau, de ce fait l’installation de pompes fut alors primordiale. Le bail du 25-6-1685 stipule que les maîtres de carrière « debvront a fraix communs entretenir, réparer et nettoyer les canaux servant à la sortie des eaux de la ditte quairière ». En 1722, la veuve du seigneur engagiste Henri Moors, achète une machine d’exhaure, mue par la force chevaline et fait creuser au fond de la carrière un réservoir de 16 pieds (4,88 m) destiné à recueillir les eaux. En 1748, son fils Gilles-Jean Moors fit bâtir une tour de pierre pour servir de moulin à vent qui servit de pompe pour l’exhaure des eaux et de tordoir à l’huile.
Ces investissements procurèrent aux locataires de la carrière de meilleures conditions d’exploitation, au moment où les commandes de pierre ainsi que leur prix étaient en hausse.

Vers 1703-1707, 4 des 6 exploitants refusent de reprendre un bail « à cause de la guerre et de l’interruption de commerce » .
Des fours à chaux alimentés par le charbon de terre ou bois existent dans la carrière depuis le XVIe siècle. Ils seront ensuite alimentés par le charbon
Quels sont les maîtres de carrières connus ayant exploité la carrière du comte? :
XVIe siècle
Nopère Jean : 1548-1665, il exploite « le beau buffet ».
Nopère Jérôme : 1548-1665, il exploite « le beau buffet ».

XVIIe siècle
Brougniet Martin : 1761 ; 1765-1772
Cornet Jean : 1696-1697
                   : 1697-1703, dans une partie de la carrière abandonnée.
Darquennes Grégoire : 1765 ; 1773
Darquennes Jean-Baptiste: 1765-1773 ; 1775-1776
Delfontaine Jean : 1635-1672
Demoulin Honoré : 1771; 1774
Demoulin Joseph : 1760 ; 1768-1771
Dubois Jean-Joseph : 1732
Dubois Norbert : 1770-1772 ; 1776
Helen Louis : 1760
Lambert Jean : 1663 sous-loue à Jean Lermigneau une partie de carrière (A.E.M. Gr. Sc. A)
Lambert Jérôme : 1663 sous-loue à Jean Lermigneau une partie de carrière (A.E.M. Gr. Sc. A)
Lanneau Nicolas : 1780-1783
Lenglé Mathias : 1635-1647
Lienart Louis : 1639 « une certaine p(ar)tie de quayrier » sous louée à Jean Delfontaine
Lisse Gilles : 1685-1695
Lisse Jean : 1660-1697
Marcq François : 1639 « une certaine p(ar)tie de quayrier » sous louée à Jean Delfontaine
Mondron A. : 1771-1776 ; 1778-1779
Mondron Vve. Gaspard (Boulouffe Anne): 1760 ; 1778-1780
Mondron Vve. Gaspard avec son fils : 1779
Mondron Jean-Joseph : 1782 ; 1786-1787
Monnoye François : 1696-1697
Paternotte Mathias : 1769-1770 ; 1774 ; 1776 ; 1778-1780 ; 1782-1790
Paternotte, Vve. Nicolas : 1785-1790
Poulet Jean : 1696-1697
Remy Henry : 1696-1697
                    : 1697-1703, dans une partie de la carrière abandonnée.
Stilleman Jean : 1696-1697
Trigalet Jean : 1761 ; 1764
Trigalet Jean-François : 1784 ; 1788
Tigalet Nicolas : 1783 ; 1785 ; 1790
Trigalet Pierre-Cornil : 1765
Trigalet Vve. Pierre-Cornil : 1767-1778 ; 1780
Valenne Jerôme : 1661-1665, une portion de carrière
Van Eleym Guillaume : 1776/1783
Wincq Arnould : 1664-1665
Le comte d’Ongnies et de Mastaing vendit cette carrière au comte de Lalaing. Celui-ci louait la carrière à différents maîtres de carrières, notamment les Dubois et Paternotte (partie méridionale)
Le 14 messidor an XII (2-7-1804), Charles de Lalaing demeurant à Bruxelles, autorise Mathias Paternotte et Joseph Dubois demeurant à Arquennes à tirer et extraire la pierre dans sa carrière, pour le terme de 9 ans commençant le 11 floréal an XIII (1-5-1805), à charge de payer chaque verge, mesure ancienne, la somme de 228 Fr.8cts.
L’exploitation ne pourra pas être plus de 4 verges ce qui produit une somme de 914 Fr. 2 cts. .
Par bail du 5-8-1837 .
Par bail du 17-4-1847 .
Le 2-4-1841, suite à une demande du comte Maximilien de Lalaing, le conseil communal autorise la déviation du chemin Pilette pour permettre l’extension de la carrière du Comte vers le N-O.
On trouve ensuite Regnaud Lequime.









Vue sur la carrière et les bureaux du Trou du Comte



Vers 1884, la Société Saint-Georges exploita le "Trou du Comte" à Arquennes. Elle couvre une surface de 6 ha. Cette exploitation dura 18 ans.
Un élévateur composé de six piliers surplombait la carrière du comte et supportait des rails et un pont roulant ramenant les pierres du fond de la carrière à l’aide d’un plan incliné.
Une expertise effectuée par Victor Henneau à la fin du XIXe siècle, renseigne pour le trou du Comte:
De 0 à 4.00 m., raches et pierrailles.
Six pieds de mince                  1,5 0 m.                      très veineux
Warone                                  0,5 0 m                       très veineux

Délit à la terre

Marleu                                    0,56 m                       passable
Mince à balcon                        0,25 m                       très bon
Brock                                     0,50 m                       bon
Scaffottes                                0,50 m                       bon
Six pouces                              0,15 m                       très bon
Deux belles                             0,85 m                       bon
Mauvais mince                        0,25 m                       mauvais
Deux pieds demi                     0,73 m                       mauvais
1er 5/4                                   0,40 m                       bon
Broyasse                                0,85 m                       passable
Trois pieds minces                  1,10 m                       passable
2ème 5/4                                0,45 m                       bon
Quatre pieds                          1,40 m                        bon
Minces sous 4 pieds               0,15 m                        mauvais
24 pouces                              0,70 m                        passable
Mince à pôt                            0,36 m                       passable
Deux 24 pouces                     1,40 m                        bon
Banc d’un mètre                     1,00 m                        bon
Cinq pieds                              1,55 m                        bon
Sept pieds                              1,95 m                        mauvais
Six pieds                                 1,60 m                       mauvais
Banc d’or                               1,10 m                       mauvais
Diamant                                  1,05 m                       mauvais
Mince au stranye                     0,40 m très                mauvais
L’inclinaison est de 13%
Comme on peut le constater, cette analyse des strates nous montre que cette carrière ne présente plus que deux lits de pierre excellente ne faisant que 40 cm d’épaisseur, et 5,20 m de pierre de bonne tenue, le reste n’étant plus fort valable pour l’exploitation.
C’est cette étude qui poussa les administrateurs de la société anonyme Saint-Georges à délaisser l’exploitation de la carrière du Comte.





Elévateur de la carrière du Comte






En 1906, MM. Bayot, Liard et Rousseau reprirent l’exploitation en engageant un capital de 3.000 Fr.
Un essai d’exploitation de la carrière du Comte fut encore tenté par la Société Pâques frères.

COPENNE (CARRIERE DE LA --)
Cette ancienne carrière, exploitée par la famille Valenne sous l’ancien Régime. A la mort de Jean-Baptiste Valenne elle passa à la famille de Lau qui la revendit à Emmanuel de Lalieux, maître de carrière de Feluy, elle passa par succession à René de Lalieux. Ce dernier habitait le château d’Alcantara.
Le 13-11-1851, le conseil donne un avis favorable à la demande de Mr René de Lalieux pour l’érection d’une machine à vapeur pour l’exhaure des eaux de la carrière de la Copenne ainsi que pour le sciage des pierres.

DUBOIS (CARRIERES et SCIERIE --)
Nicolas DUBOIS (° Arquennes 1760±, y † 17-5-1825) et son épouse Marie-Françoise MOREAU (° Maffles 1774±, † Arquennes 16-8-1813) eurent quatre enfants qui devinrent possesseur de la carrière à leur décès:
* Jean-Baptiste DUBOIS, (° Arquennes le 25-8-1806), rentier, il épousa à Lodelinsart le 17-11-1830, Stéphanie HUART (° Lodelinsart 22-6-1806, † Ecaussines)
* Joseph DUBOIS, (° Arquennes 1803±, y + 24-9-1851), maître de carrière, bourgmestre d' Arquennes de 1830 à sa mort.
* Marie-Anne DUBOIS, épouse Jules de FOUCAULT, rentière
* Marie-Thérèse DUBOIS, († 1857) épouse Auguste BARBIER, rentière.

Les DUBOIS possédaient à Arquennes des carrières, une scierie de pierre sise entre le canal et la rivière la Samme et un quai de chargement sur ce canal. Les carrières que cette famille possédait à Feluy bénéficiaient de ces installations qui n'étaient distantes que d'un kilomètre.
Au décès de Joseph DUBOIS, tous les biens indivis furent partagés en trois. C'est à Jean-Baptiste DUBOIS que revinrent entre autres biens:
" - La moitié d'une usine ou moulin à scier avec maison contigüe et 50 ares de terrain tenant au canal et à la rivière.
- La moitié indivise du quai construit le long du canal près du pont de la chaussée d'Arquennes...." .

CARRIERES :
Par bail du 17-4-1847 , les Dubois exploitent une partie du trou du Comte.
En 1857, sont cités Joseph et Jean-Baptiste Dubois, maîtres de carrières à Arquennes ; Marie-Anne Dubois, épouse Jules de Foucault, leur sœur, et Marie-Thérèse Dubois, veuve Auguste Barbier.

SCIERIE A L’EAU :
La scierie de marbre de Jean-Baptiste Dubois est occupée par la famille Gilmont..
Le 11-6-1806, Jean-Baptiste Dubois et Jean-Baptiste Legriez furent autorisés à élever une scierie de pierre . Cette « scierie à l’eau » mue par la force hydraulique fut supplantée par l’installation de machines à vapeur dans le bâtiment qui devint beaucoup plus tard « Les Fibreries du Centre » et qui occupait une machine à vapeur de 12 cv.
Plan Popp:
Parcelle 776, Moulin à scier la pierre appartenant à la veuve Dubois-Huart .

GODFROID (CARRIERES --)







La carrière et fours à chaux d’Emile Godefroid étaient exploités vers 1915.
Les fours à chaux produisaient de la chaux grasse pour plafonnage, sucreries, papeteries, savonneries, etc. De la chaux pour l’agriculture et de la chaux hydraulique pour les maçons.
La carrière fournissait des blocs bruts pour le sciage, des pierres épincées de toutes dimensions, des pavés, bordures de routes, des moellons.

LEQUIME (CARRIERE ET SCIERIE --)
CARRIERE









La carrière Lequime vers 1900, était en fait l’ancienne carrière Saint-Feuillien.

SCIERIE
Ancienne scierie à vapeur du maître de carrières Paternotte, près de la carrière de Saint-Feuillien.

A.E.M. Enr. A.C.P. reg. 5, vol 34.

A.E.M. Enr. A.C.P. reg.5, vol. 23, p.54 v°.
A.E.M. Fonds Français, liasse 712.
Avenue François Deladrière, propriété de Jules Gilmont

LESCARTS
En 1877, la « Société des Carrières réunies » à Ecaussines, est créée le 20 avril, on trouve au nombre des actionnaires fondateurs, Alfred Lescarts-Dubois, maître de carrière à Arquennes.

MARCHAND (CARRIERE --) ou MARIE-BARBE
Carrière située à la Rocq.
Pierre-Joseph Marchand, maître de carrière vers 1864.





Raccordement aux carrières Marchand












MATHIAS (TROU) ou
Cette carrière avait été vendue le 20-3-1722 par les héritiers Mathias Boulouffe, la carrière est décrite comme suit :
« ..certaine belle carrière gisante audit Arquennes, joindante au Seigneur, et au grand chemin qui va d’Arquennes à Feluy contenante environ demy bonnier.. », C’est un des héritiers qui la rachète au prix de 416 florins d’argent fort pour le capital, soit 26 florins de rente rédimible au denier 16.
Elle fut probablement vendue à un autre Mathias, Mathias Monnoye, ce qui explique la toponymie du lieu.
Elle s’étendait, rue des Carrières, depuis environ la passerelle du canal jusqu’à la courbe de la rue de Feluy, à l’emplacement des maisons Jenet, Dediste, Vandevelde.
Le 20-2-1914, le conseil décide la mise en adjudication de la démolition de l’ancienne carrière Mathias comblée par les déblais provenant des travaux d’élargissement du canal

PATERNOTTE (CARRIERES, FOURS A CHAUX ET SCIERIE --)









CARRIERES
La famille Paternotte exploite en partie le « Trou du Comte », la carrière dite la « Terre Volée », la carrière dite « Trou des Romains » et celle du « Trou Saint-Feuillien »

SCIERIE
Le 7-6-1839, le conseil communal autorisa la veuve Paternotte à établir dans le bâtiment le long de la route de Nivelles à Bray, près du Trou à Cannes, une machine à vapeur.
Le 8-12-1845, Marie-Anne Semal veuve d’Alexandre Paternotte, propriétaire à Arquennes institue Nicolas Paternotte, contremaître de carrière à Arquennes comme tuteur de Hortense Paternotte, sa fille, et Joseph Paternotte, son fils, maître de carrière pour subrogé tuteur de sa sœur .

FOUR A CHAUX
Le plan Popp renseigne le four à chaux de Jean-Baptiste Paternotte, au lieu-dit le Warchais sur la parcelle B. 759.

RACCORDEMENT AU CHEMIN DE FER
Le 26-12-1876, le conseil communal d’Arquennes donne l’autorisation à Alexandre Paternotte de construire un raccordement de chemin de fer commençant aux voies de chemin de fer de l’Etat, au dessus du pont du Pavé de Feluy vers Seneffe (pont Tinsy), pour longer ce pavé jusqu’au coin Sud de la carrière de « la Terre Volée », puis continuer , en traversant le chemin Pilette, vers la grand route de Nivelles à Mons , derrière les jardins du hameau Boulouffe, pour après avoir longé la grand route jusqu’au château de Mr Paternotte, entrer dans ses carrières et fours à chaux.

RICHE ET RACHE

RATS (TROU AUX --)

ROMAINS (TROU DES --)
Le trou des Romains doit son nom à l’existence en ce lieu d’une villa romaine, fouillée par le Dr Norbert Cloquet en 1872.
La maison de feu Robert Cotyle est à l’emplacement de la machine qui remontait les pierres du « Trou des Romains » et qui actionnait la pompe d’exhaure.
Exploitée en partie par la famille Paternotte.

ROUSSEAU (TROU --)

TERRE VOLEE (CARRIERE DE LA --)
Carrière et terre située le long du Pavé de Feluy, elle fut achetée par les frères Paternotte.
La première pierre extraite dans cette carrière est scellée dans la propriété de son propriétaire elle porte l’inscription « La pierre terre volée 1856/ Paternotte Bte. et Jh. »
La nuit du 2 au 3 juin 1915 par suite de lourds convois de canons et de munitions, une partie du Pavé de Feluy disparaît dans la carrière de la « Terre Volée »

SAINT-FEUILLIEN (CARRIERE DE --) ou TROU A CANNES
Propriété de l’abbaye de Saint-Feuillien au Roeulx, elle faisait appel soit au curé d’Arquennes, qui s’occupait de la régie et de la recette de la carrière, soit au proviseur de l’abbaye.
Cette carrière ne connut les problèmes de l’exhaure que vers les années 1775-1777. L’abbé estima en 1777 que « vu l’abondance des eaux qui retardait leur exploitation et que pour la faciliter il seroit à propos d’y faire construire une machine à deux pompes ».
Les trois exploitants, à savoir, Jean-Joseph Trigalet, Nicolas-Joseph Trigalet et François Honoré Demoulin, recevront les bois non sciés nécessaire à sa construction, le reste étant à leur charge.
En 1780, un quatrième maître exploite la carrière, c’est François-Joseph Demoulin.
Exploitée en partie par la famille Paternotte.

VAN HULST (TROU --)
VINGERHOEDTS (CARRIERE --)