dimanche 14 août 2011

LOUIS XIV

FELUY SOUS LES GUERRES DE LOUIS XIV

                                                                                                                                        Alain GRAUX

A partir du règne de Louis XIII, la France, enserrée de toutes parts par les états de la famille des Habsbourg, n’aura d’autre politique que de lutter contre ceux-ci. Le cardinal Richelieu  réussit à transformer la guerre de
30 ans, d’abord religieuse et intérieure en un conflit politique et européen.
L’habileté politique du premier ministre français, Mazarin fit conclure, en 1659, le traité des Pyrénées qui ampute le Hainaut de cinq villes, 81 villages et 1/6e de son territoire. Cette paix paraît être durable puisque Louis XIV épouse l’infante d’Espagne Marie-Thérèse

Le 17 septembre 1665, le roi d’Espagne Philippe IV décède, son fils mineur, Charles II aussi chétif d’esprit que débile de corps lui succède.
Louis XIV obtient de juristes complaisants une interprétation tendancieuse et fait valoir les droits de son épouse sur les Pays-Bas espagnols. Impatient d’en finir, il jette ses armées en Flandre. Elles sont contenues  par des troupes alliées : anglaises, suédoises et espagnoles.
Le 8 mai 1667, le roi de France reprend les hostilités, entre dans la Belgique à la tête de 35.000 hommes. Les conquêtes furent faciles; aucune place n'était défendue, et cette campagne avait plus l'air d'une partie de plaisir que d'une guerre. Le 2 juin, Turenne enleva Charleroi, et Feluy reçut une garnison française, qui y resta jusqu'à la conclusion de la paix d'Aix-la-Chapelle, le 2 mai 1668.

Pendant cette campagne, Feluy dut envoyer 70 pata­cons et cinq muids d'avoine aux officiers du baron de Vaulx, en garnison à Braine-le-Comte, et payer 40 livres qu'ils avaient dépensé en différentes tavernes de Feluy, afin de n'être plus pillé, ni fourragé, ni molesté, comme il l'avait été du passé.  
Feluy dut envoyer quatre vingt-huit pionniers, deux chariots et cinq chevaux, pour travailler aux fortifications de Mons.

Le 16 juin 1667, Jérôme Poliart, censier de Renissart  loge en sa ferme Louis XIV et sa suite. A sa requête, les échevins de la baronnie d'Arquennes, déclarent qu'il ne reste rien de la houblonnière et du jardin potager, que sont entièrement ruinés, le lin, le champs d’orge, le verger, les bois et fagots, trois bonniers d'avoine, la totalité des pâturages sont fauchés et piétinés par les chevaux
Le traité d'Aix-la-Chapelle est signé en 1668. II donne à la France, outre plusieurs grosses villes flamandes, Charleroi, Binche, Ath, Tournai et Douai, avec leurs bailliages et seigneuries. Vauban rétablit les fortifications de Charleroi, Tournai, Avesnes et Ath.
En 1672, s'appuyant sur le Rhin, les armées françaises exécutent un audacieux mouvement tournant, et envahissent les Provinces-Unies. Héroïquement, les Hollandais crèvent leurs digues, et l'inondation refoule les armées françaises sur la Meuse, la Sambre et l'Escaut. Emus de ce coup d'audace qui dévoile l’étendue des ambitions françaises, l'Angleterre, le Danemark et 1'Empire joignent leurs forces à celles des Provinces ­Unies et de l'Espagne.

Le prince de Condé,par Leuze, Thieu et Piéton, ravage tout sur son passage mène son armée à Seneffe, où a lieu la bataille du 11 août 1674. Le prince d’Orange campa à Feluy
La bataille de Seneffe dura plus de 8 heures de jour et de 2 heures à la tombée de la nuit. Elle laisse 17.000 morts sur le terrain, dont 10.000 pour l’armée alliée, et, 7.000 pour les français parmi lesquels 1.000 officiers. Les deux armées se retirèrent sans qu’une victoire décisive soit déclarée dans l’un des deux camps
En 1675, la campagne commença de bonne heure. Louis XIV voulut voir le champ de bataille de Seneffe, avant de commencer les hostilités.

Le prince de Condé  

 La commune de Feluy, comme tous les villages voisins, eut continuellement à souffrir par le passage de troupes, tant françaises qu'espagnoles. Elle paya encore une contribution de 1.700 florins à Charleroi; c'était la cinquième depuis le commencement de cette guerre. Elle dut livrer en outre une grande quantité de bois aux troupes logées dans le château d'Ecaussinnes




Bénigne Gagneraux (1756 -1795), la bataille de Seneffe, huile sur toile

     
En 1676, le seigneur de Feluy, afin de conserver son château et ses propriétés, s'adressa au gouverneur-général, Charles de Gurrea, duc de Villa-Hermosa, pour en obtenir une sauvegarde. II demanda la même faveur au roi Louis XIV, qui la lui dépêcha le 12 février. Feluy dut encore payer deux contributions de guerre à Charleroi, une en mars, de 1280 florins et l’autre en novembre, de 1.700 florins.
Le 28 janvier 1677, le châtelain de Braine-le-Comte demanda 350 palissades pour les fortifications de cette ville, et le sieur de Chaunoy, commissaire de guerre a Enghien, demanda une contri­bution de 206 livres 2 sols. Le 4 février, la commune de Feluy dut livrer 6.000 bottes de foin et 3.000 bottes de paille, à Braine-le­-Comte.
L'armée française passa à Feluy, le 11 juin, avec une grand partie de bagage qui y resta la nuit; cette armée ruina les campagnes, leva les grains et détruisit les mars. Le 23, un grand convoi, allant a Mons, sous la conduite du duc de Holstein, campa à Feluy et causa de grands dégâts
L'armée française, qui se trouvait en ce temps à Piéton, vint presque tous les jours fourrager les champs de Feluy.
L'intendant du Hainaut ordonna le 20 juillet, de livrer 3.300 rations d'avoine à Charleroi. Le prince d'Orange alla investir Charleroi le 6 août, mais dès le 13 il fut obligé d'abandonner ses bivouacs. Pour se préserver de tout désastre, la commune de Feluy s'était procuré une sauvegarde du maréchal de Luxembourg, qui campait à la tête de 40.000 hommes dans la plaine de Piéton. Le 20 août, la commune reçut ordre de payer à Charleroi sa huitième contribution de 1.700 florins.
L'armée des Alliés, étant à Soignies et à Braine-le-Comte le 24 et le 27 septembre, vint fourrager au nombre d'environ 5.000 hommes, et emportèrent les foins, les pailles et les grains, enlevèrent plusieurs chevaux et pillèrent la maison pastorale où nous nous trouvons.
Le 17 octobre, la même armée revint d'Enghien à Braine-le-Comte : à leur approche les habitants s'enfuirent avec leurs meubles et leurs bestiaux. Le 18, toute l'armée des alliés passa à Feluy, et alla camper entre Arquennes et Nivelles : tout ce que l’on avait conservé par sauvegardes et à force d'argent pendant les passages antérieurs, fut alors emporté et plusieurs habitants furent maltraités. Le 5 décembre, une partie française de 400 chevaux pilla plusieurs maisons. Le 23 et le 24, une autre partie française, après avoir brûlé les moissons dans plusieurs villages voisins, vint à Feluy et mit le feu au peu qui était resté, et exerça de grandes cruautés sans avoir égard aux prières et aux représentations des magistrats. Pendant cette année, plus de cent partis, tant français qu'alliés, obligèrent le mayeur et les échevins de leur donner tout ce qu'ils désiraient.
Le 5 janvier 1678, Feluy reçut ordre de payer sa neuvième contribution à Charleroi. Le 8, le châtelain de Braine-le-Comte demanda dix-huit paillasses et vingt-deux couvertures pour la garnison française logée à Cambron. Le 21, un parti français, conduit par le commandant Pinet, vint faire de grandes dépenses au cabaret de Marie Jaumot. Le 24, cinq cents cavaliers français pillèrent le village de Marche-les-Ecaussinnes et y brûlèrent les fourrages, de là ils se rendirent à Ecaussinnes ; à leur approche, les habitants de Feluy s'enfuirent et cachèrent ce qu'ils avaient de plus précieux; mais ils en furent quittes pour la peur ; les cavaliers se rendirent, le 26 à Nivelles et se dirigèrent ensuite sur Binche.
Le 31, un parti fran­çais, commandé par le partisan Leveau, vint à Feluy, avec l'ordre de mettre tous les fourrages hors des maisons et des granges, à peine d'être brûlés, comme il était arrivé aux fermes de Forier et d' Hélincourt près de Nivelles. Le 10 février, le bailli et le curé se rendirent à Binche afin d'obtenir de pouvoir conserver quelques fourrages: ils présentèrent au commissaire deux poulets, un chapon et un lièvre. Le 20, un parti français vint se rafraîchir à la maison de Marie Jaumot. Le 25, soixante cavaliers français brulèrent tous les fourrages à Feluy et à Arquennes, à l’exception de quelques fermes situées à l’écart, dont on a obligé les fermiers à les brûler eux mêmes.
Un parti espagnol de la garnison de Gand, vint, le 2 mars, se rafraîchir chez Guillaume du Bois; le 4, un parti espagnol de quinze hommes se rafraîchit chez Herman Gaudré, de même que le 13, où un autre parti venu d'Ath  voulut loger au village; mais on lui donna 3 patacons pour passer outre. Le 15, Feluy paya sa dernière contribution de 1.700 livres à Charleroi, c'était la dixième. Le 29, des cavaliers français surprirent le château ouvert, requirent des vivres et des fourrages.
Le 23 mai un parti français de vingt-cinq hommes vint se rafraîchir au village; le 28, un autre vint du Rœulx faire des dépenses chez Herman Gaudré. Le 30 mai, une troupe de Français donna l'alarme du côté de la Tourette.
Le 31, trois différents partis français vinrent jeter l'épouvante parmi les habitants, qui craignirent quelque pillage.



Le 6 juin, un parti français vint réclamer des vivres. Le 15, l'armée campée à Saint-Symphorien demanda trois vaches ; et le lendemain, la grande armée stationnée au Petit-Bigard en demanda quatre.

Quelques cavaliers français vinrent, le 10 juillet, se rafraîchir. Le 12, quatre sauvegardes et leurs chevaux se restaurèrent chez la veuve Sturbecq ; à peine furent-elles parties qu'une troupe espagnole entra dans la même maison. Le 19, au soir, un autre parti espagnol se rafraîchit chez Herman Gaudré, il vint faire quelques dépenses à la même maison. Le 27, l’armée française vint camper a Ecaussinnes, et la commune demanda une sauvegarde : un messager du duc de Luxembourg, accompagné de quelques soldats, vint demander deux chariots pour le service du duc. Le 28, les fourrageurs de cette armée vinrent à Feluy, emportèrent tous les grains, les foins, les ustensiles de labour et de ménage, et prirent les barreaux de fer et les serrures des maisons, tandis que deux régiments d'infanterie dévastèrent tous les jardins potagers. Le 29, une partie de ces troupes, allant fourrager à Nivelles, occasionna encore de grandes pertes aux campagnes. Le 30, le bailli et le curé portèrent du Poisson au duc de Luxem­bourg, François-Henri de Montmorency-Routeville, maréchal de France
Le 31, le maréchal accorda une sauvegarde au curé de Feluy.
Plusieurs chariots de Nivelles vinrent, le premier août enlever tous les grains qu’on avait pu récolter et cacher. Le 4 août, plus de 600 hommes allèrent à Nivelles et dans les communes voisines ramasser les grains et les fourrages. Le 5, ils repassèrent à Feluy avec un grand nombre de chariots chargés de butin. Le 6, deux gardes du duc de Luxembourg, vinrent à dix heures du soir demander douze chariots et prirent tous les chevaux refugiés au château. Le 7, l'armée française décampa d'Ecaussinnes et alla loger à Soignies : la sauvegarde Demaret quitta en même temps Feluy. La guerre se poursuivit avec des fortunes diverses, et se termina le 10 août 1678 par le traité de Nimègue.
Louis XIV renonçait à Charleroi, Binche et Ath, mais gardait Tournai, cependant que Bouchain, Valenciennes, Condé, Bavay et Maubeuge devinrent pour toujours françaises.
Néanmoins, après le 10 août, le lieutenant Maisonville, commandant de Charleroi, demanda onze chariots. Le 12, l'armée française partit de Soignies et se rendit à Cambron : une escarmouche avait eu lieu près de Mons, entre les Français et les Hollandais. Le 15, un parti espagnol passant par Feluy alla loger à Ronquières. Le 18, les alliés, campés au Rœulx, fouillèrent plusieurs maisons, malgré la sauvegarde accordée par le prince d'Orange, et emportèrent tout ce que les Français n'avaient pu enlever. Le 19, ils revinrent et depouillèrent plusieurs personnes. Le 21, les alliés se rendirent  Ecaussinnes, et envoyèrent leurs four­rageurs à Feluy ; mais n'y trouvant plus rien, ils furent contraints d'aller plus loin. Le 25, quatre guides furent demandés pour conduire l'armée des Alliés qui vint camper le 26, à Feluy, Arquennes et Seneffe; elle était commandée par le prince d'Orange et le duc de Villa-Hermosa. Le 28, l'armée des alliés se rendit à Houtain-le-Val et Genappe. Le 29, environ 200 cavaliers vinrent se rafraichir à Feluy.
Pendant les premiers jours de septembre, plusieurs troupes pas­sèrent à Feluy, auxquelles il fallait livrer des vivres et des fourrages. Le 15 septembre, Feluy et Arquennes durent loger quatre régiments, qui causèrent beaucoup de désordres, principalement à Arquennes, ou ils brûlèrent plusieurs maisons avec l'église.
En 1680, à peine les alliés eurent-ils séparé leurs forces, que Louis XIV recommença la lutte, l’année suivante des détachements français violèrent le territoire des Pays-Bas, le maréchal d’Humières, campé à Lessinnes, met en coupe réglée le plat pays.
L’année 1683, voit déferler 70.000 français vers notre pays qui est rançonné et dévasté. Feluy paie une contribution de 1.000 florins aux français, cette armée campa à Ecaussinnes en juillet 1684, brûla le château de Gaasbeek,
Feluy obtint une sauvegarde le 15 juillet du maréchal de Schomberg, toute cette troupe passa par Feluy le 17 en direction de Nivelles, d’où partaient ses fourrageurs rançonner la région.
En 1689, le greffier de Lalieux écrit à  Marie-Florence de Berghes qu’à Arquennes « il n’est resté ni bailli, ni mayeur dans le village et que le peuple se retire avec ses bestiaux, tous les soirs, à Nivelles ou dans les bois »
en 1691, les armées prennent leur campement  dans les campagnes entre Soignies et Feluy, et le duc de Luxembourg prend son quartier au château de Feluy.
De la chute de Namur en juin 1692, en passant par la bataille de Steenkerke en août 1692, et à la nouvelle prise de Charleroi, le 11 octobre 1693, le sort des armes est constamment favorable à la France.
Il faut signaler cette année là une escarmouche le 11 juin, une troupe française fut assaillie à Feluy par des espagnols, les Français en très petit nombre furent défaits, et eurent quelques hommes blessés, les Espagnols se présentèrent devant le château, et menacèrent de brûler le village, si on n’en ouvrait les portes. Ils y enlevèrent un troupeau de moutons.
Le 12 septembre 1693, pendant le siège de Charleroi, le château de Feluy  fut entièrement dégarni. Philippe Seutin, censier de Croncul perdit tous ses grains et fourrages, la ferme de Croncul  perdit tout son grain, les fermes du Graty et d’Ansielsart furent pillées le 16 juin, quelques jours plus tard, un second fourragement est effectué au village, aucune maison n’est épargnée, la cure fut pillée. La commune est dans la plus grande misère, 48 maisons  furent abandonnées
Le 17 janvier 1694, des fantassins vinrent causer des troubles et maltraiter quelques habitants, ils forcèrent à coups de bâtons Jean Gaudré, censier de la ferme des Grands Pâturages, à leur servir de guide jusqu’à Obaix, où ils le dépouillèrent de ses habits et le renvoyèrent tête et pieds nus par la neige et la gelée. Au passage, ils avaient enlevé un cheval au fermier de l’Escaille.
Je ne reviendrai pas sur la façon dont s’est fait tuer le mayeur de Feluy, Gilles Bernard, le 25 février 1695, le fait est suffisamment connu.
Le 13 avril 1696, une troupe de 50 hommes vint enlever le mayeur et l’emmena à Binche, parce que la commune avait négligé d’envoyer à Charleroi 3 tailleurs de pierre, demandés par l’intendant  Roisin, pour relâcher le mayeur la commune dut envoyer 6 tailleurs de pierre.
Le 26 juillet l’armée des Alliés campait de nouveau à Feluy, le duc de Bavière logeait à Arquennes et l’électeur de Cologne, prince évêque de Liège, à Feluy. Ce campement provoque d’immenses dégâts à la paroisse, la seigneurie de l’Espinette était à feu et à sang, la cure fut brûlée avec la grange de la dîme, le maréchal flemming, au service de brandebourg, donna aux familles Cuvelier et Lechien, des sommes d’argent pour rebâtir leur maison, ainsi qu’au curé pour réédifier la cure. Cette même année, le 4 octobre, le Croquet et les grands Pâturages furent pillés.
Comme on le voit, cette guerre, apportait chaque jour son lot de vexations, réquisitions, confiscations, fourragements, etc. Elle se poursuivit jusqu’en 1697, mais les belligérants sont militairement, et surtout financièrement épuisés. On peut dire que le traité de Rijswijck, conclu le 20 septembre 1697, est celui de la lassitude. Il laisse à 1'Espagne Charleroi, Thuin, Mons et sa prévôté, Ath et sa châtellenie, a l'exception d'Antoing et de 15 villages. En fait, malgré ses victoires, Louis XIV doit restituer presque tout ce que le traité de Nimègue lui avait accordé.
Le 1er novembre 1700, le roi d’Espagne, Charles II, âgé de 39 ans, meurt sans descendance. Louis XIV, l’avait persuadé de désigner pour successeur, Philippe d’Anjou, son petit fils. Il régnera sous le nom de Philippe V. il a 17 ans, élevé à la cour de France,  à l’autorité de son aïeul qu’il « prie de veiller à la sauvegarde des Pays-Bas » et lui remet dès le 4 décembre 1700, une procuration lui abandonnant le gouvernement de nos provinces.
Le roi entreprend alors d’incorporer les Pays-Bas dans le système de centralisation que Colbert a établi en France, et est dirigé par l’intendant Jean-François de Roisin ; il instaure la conscription pour les hommes de 20 à 40 ans ; et augmente la pression fiscale. L’annexion du pays est à peine déguisée.
Au laisser-aller espagnol dont on s’accommodait tant bien que mal succède un absolutisme qui consterne et irrite.
Le 15 mai 1702, exaspéré, l’empereur d’Autriche, qui se considère comme le seul héritier de Charles II, déclare la guerre à l’Espagne de Philippe V, ainsi qu’à la France et obtient l’alliance de l’Angleterre, du Danemark, de la Prusse et du Portugal. Ainsi s’ouvre la guerre de succession d’Espagne qui ravagea bientôt nos malheureuses contrées.
Outre les débordements et destructions que des bandes armées des deux camps firent pendant cette décennie, je vous citerai quelques faits saillants de cette guerre:
Mai 1706: bataille de Ramillies
Sept. 1706 prise d’Ath par Marlborough.
Juillet 1709: prise de Tournai
Sept.1709: bataille de Malplaquet
Oct. 1709: prise de Mons. La défaite française paraît sans appel.
Le 23 novembre 1710, l’armée des Alliés, venant de Soignies, passa par la  Gratière et le Pont de Soignies,
se rendant à Nivelles. Le 24 l’armée prussienne campa à Feluy et fourragea quelques pâtures ;  le 26 l’armée hollandaise, passa dans le village et incendia la ferme de Marimont, le fermier perdit tous ses meubles et sa récolte.
Après des négociations difficiles qui forcèrent Louis XIV, réduit aux dernières extrémités, à faire des démarches humiliantes pour obtenir la paix, trois traités se succèdent Utrecht en avril 1713, Rastadt en mai 1714 et Anvers en novembre 1715. Nos provinces sont attribuées à l’Autriche.
Si la mémoire du roi soleil ne finit pas de resplendir en France, elle ne dut pas être honorée très longtemps dans nos provinces qui durent subir son joug et que l’on appela « le siècle de Malheur »

dimanche 7 août 2011

Histoire de Seneffe

par Alfred HAROU

 Nous avons jugé intéressant, bien que dépassée, de transcrire cette monographie d’Alfred Harou éditée en 1888, par la Société Royale Belge de Géographie, 12e année, pp. 44-96.

Quoiqu’évoquant de grands souvenirs et rappelant une des batailles les plus meurtrières des temps modernes, Seneffe n’a pas encore de monographie historique. Nous nous sommes efforcés de combler cette lacune en publiant ce recueil de notes, auxquelles des recherches consciencieuses et éclairées pourront peut-être donner, dans l’avenir, plus d’extension.

GEOGRAPHIE PHYSIQUE

Etymologie     La Samme, petite rivière qui arrose le village, semble avoir motivé ce nom. Seneffe signifie littéralement voie d’eau, ruisseau ; il a pour radicaux Sen, voie et effe, eau.

Situation         La commune de Seneffe est située sur la grand-route de Nivelles à Bray (appelée aussi route de Mons à Nivelles), à 25 kilomètres N-0. de Charleroi, 29 km, N-N-E. de Mons, à 10km S-O. de Nivelles et à 10 km N-E. du Rœulx.

Bornes                        Seneffe est limitrophe des communes de Manage, Godarville, Gouy-lez-Piéton, Obaix, Arquennes, Feluy et Familleureux.

Etendue          Avant l’érection de son hameau de Manage en commune (1880), la superficie de Seneffe mesurait 3.242 hectares, 60 ares et 60 centiares.

Par suite de morcellement, l’étendue de son territoire a diminué dans de notables proportions ; elle n’est donc plus aujourd’hui que de 2.302 hectares environ.

Aspect             Le sol, généralement assez inégal, offre aux regards une série de collines appartenant à la ligne de partage des bassins de l’Escaut et de la Meuse ; son altitude varie entre 120 et 165 m. (Bois des Nauwes).
Les courbes de niveau, en lignes hypsométriques tracées sur la carte militaire à l’échelle 1/20.000e nous donnent l’élévation des diverses parties du territoire.
Dans la vallée formée par quelques-uns de ces coteaux, la Samme et le canal de Charleroi à Bruxelles serpentent au milieu de verdoyantes prairies.
De la tour de Belle (150m) se découvrent la plupart des villages environnants ; les uns à demi cachés derrière de hauts arbres, les autres perchés au sommet des coteaux qui couvrent le pays.
Les champs, bien cultivés, produisent le seigle, le froment, l’avoine, le colza, le blé sarrasin, les féveroles, les vesces, les pommes de terre, le trèfle, etc. Les parties basses fournissent d’excellent foin.
Le village traversé par la grand-route de Nivelles à Bray, est propret et bien construit, et, détail qu’on a rarement à enregistrer dans nos villages, a ses rues bien éclairées. De grandes artères, telles que canaux, chemin de fer, routes, mettent Seneffe en communication directe avec les différentes localités du pays.
L’agglomération principale se trouve groupée autour de l’église, entre la route de Bray ou de Mons à Nivelles et le canal ; le chemin de fer de Manage à Wavre le traverse du Sud au Nord.
L’aspect du village a peu varié depuis bon nombre d’années ; il n’y a rien à signaler que le nouveau tunnel construit à travers le bois de la Bommerée, aux hameaux de Soudromont et de Belle.
Dans le centre du village, on a bâti de belles maisons et ouvert deux nouvelles rues, l’une dans la propriété de M. Jamar-Papin, partant de la place de stationnement du chemin de fer et aboutissant à la Grand-rue, en face de l’avenue du château de l’Espinette ; l’autre à travers la propriété  de M. Fontaine-Motte, et reliant le chemin de Maffle à la place du Jeu de balle.
Quelques hameaux, détachés de l’agglomération s’élèvent de ci, de là, dans les campagnes ; de beaux châteaux, d’élégantes villas, jetés sur différents points de son territoire, lui donnent un aspect riant et varié.

HYDROGRAPHIE

 Le territoire de Seneffe est arrosé par les cours d’eau suivants :
-          La Samme, affluent de la Senne, nait sur le territoire de Bellecourt et traverse Seneffe du Sud au Nord. Cette rivière ne doit pas être confondue avec le petit cours d’eau du même nom, qui prend sa source à Buvrinnes (Hainaut), passe à Epinois, Binche et Waudrez, etc.
-          Le ruisseau de Scaillemont , qui se jette dans la Samme à Soudromont (Seneffe) après avoir pris naissance à la Basse-Hestre (Fayt).
-          Le ruisseau du Graty, venant de Feluy et coulant à l’Ouest du hameau de Claire-Haie.
-          Le ruisseau de Renissart, qui se dirige vers le hameau de ce nom (Territoire d’Arquennes).
-          Les ruisseaux de la Coulette, du bois de Bommerée, du pré de la ferme de Belle, du pré Martin, du Fort Bavay, du chemin du Maffle, d’Hainaut, de la Tannerie, de l’étang de Buisseret, du pré de la Masure, du Petit Monceau, du pré des Diables, du pré à Bry et de la Ronce.
-          Enfin le canal de Charleroi à Bruxelles, dont nous parlerons plus loin.

CONSTITUTION GEOLOGIQUE

 Le terrain moderne, formé de dépôts détritiques et d’alluvions modernes, constitue la partie superficielle du sol.

Terrain quaternaire

Le limon hesbayen, qui recouvre la plus grande partie du Hainaut, et bien développé à Seneffe, il comprend deux étages dont l’un, le limon supérieur, est très bien fertile et peut servir à la fabrication des briques. Ce terrain est susceptible d’âtre amendé par le calcaire des étages crétacés et tertiaires à peu de profondeur.

 Terrain tertiaire

Le système yprésien occupe la majeure partie de la commune et une grande partie du canton, vers l’Ouest ; il forme en outre une tache dont la ville du Rœulx serait le centre.

L’argile de ce système est assez employée pour la fabrication des tuiles et des carreaux.

Le système bruxellien se relève également en maints endroits, principalement sur les hauteurs.

Les sables sont imprégnés en plusieurs points de limonite qui les colore en brun ; c’est ce qui fait donner le nom de Sart rouge à un lieu-dit.

Les marnes tongriennes des terrains tertiaires ont donné lors de la construction du tunnel de Godarville, aux confins de Seneffe, des quantités d’argile variant de 23  jusqu’à 80,5 % d’argile.

Terrain secondaire

Le terrain secondaire, ou terrain crétacé est fermé à Seneffe et aux environs du Rœulx, de gravier, glauconie, de marne et de calcaire grossier, qui le classent dans le système nervien d’André Doumont.

Terrain primaire

Représenté par le terrain houiller, affleure la partie Sud-est de la commune

Telles sont les principales assises qui entrent dans la constitution géologique du sous-sol de Seneffe.

 Lieux-dits.

Fort Bavay, Bel ou Belle, le Bouloir, Bois de Nauwe, buisseret (de Buxus ou Buxeria, Buissière), Champ del Baille, Champ du Douaire,, Champ de Nauwelette, du VivierBourdeau, du Grand Saussois, du Petit Saussois, Champ Jean Mitant, Champ des Monceaux, de la Houssière, de la Ravisée, Claire-Haie, les Favresses, le Gibet, Grands Rieux, Champ du Gripiau, Grone ou Crone, Champ des Noires Bouteilles, Pont de Binche, Prés des Diables, Prés Mahaut (1674), Profondrieux, Rivage de Buisseret, Rivage de Mariemont, Ronce les Sarts (dont Sart Rouge), le Sart Rouge de Seneffe indique qu’un sol ocreux, c.-à-d. rouge, en constitue la nature), Scrawelle, Soudromont, Terre Pelée, Tienne à Coulons, Tienne d’Hérimont, Champ du Trieu Balausse, Trieux de Rêves, Collet, Rouge Croix, Trieu des Pauvres, Champ de Biermont, Martinvaast, les Riboves, les Charliaux, le Haut Trieu, Champ des Roquettes, les Biermonts, Champ de Presles, Champ du Seigneur, les Bruyères, Trieux Bavay, Fief du Chenoy, Bois Royal, les Sartis, Champ du Moulin Brûlé, Bête Refaite, Champ des peupliers, Champ Hanon, les Caillai, les Plats Rieux, Champ des Bois Tyberchamps (Partie de Seneffe, partie sur Manage), Champ de Manage (Egalement sur les deux localités) Bois de Bommerée, Mont Bleumont, Place du jeu de Balle.

GEOGRAPHIE ECONOMIQUE

 Agriculture

Seneffe peut être classé parmi les communes agricoles du Hainaut. Les fermes y sont assez nombreuses, ainsi qu’on peut s’en convaincre par le tableau qui va suivre.
Le recensement de 1880 a donné les renseignements suivants sur l’état de l’agriculture dans la commune :
- Terres exploitées par les propriétaires ou usufruitiers :                    660 hectares.
- Terres exploitées par des locataires :                                               1444 hectares
                                                                                                            ___________

                                                                                                            2104 hectares.
A la même date, Seneffe renfermait :
32 machines à battre, 1 moissonneuse, 407 chevaux, 15 ânes et mulets, 939 bêtes à cornes, 319 bêtes à laine, 794 porcs, 49 boucs et chèvres et 36 ruches d’abeilles.
Propriétés boisées : 51 hectares 44 ares 30 centiares.
L’usage de laisser les terres en jachère une année sur trois subsistait encore à Seneffe à la fin du siècle dernier.

Industrie

Les quelques établissements industriels suivants s’élèvent sur le territoire de Seneffe :
-           Un atelier de construction de la S.A. des forges et ateliers.
-           Un atelier de construction de M. Camille Ledru, de Seneffe.
-           Les rivages charbonniers de la Société de Mariemont et Bascoup.
-           Quatres brasseries, qui produisent une bonne bière brune exploitées par MM. Joseph Lintermans, Lucien Penoy, Papleux et Cie, et enfin l’ancienne S.A. des brasseries et moulins de Seneffe.
-           Deux moulins,  du Maffle, Favresse et de la Terre Pelée, renseignés sur la carte du dépôt de la guerre, sont aujourd’hui démolis.
-           Quelques essais d’exploitation houillère ont eu lieu à différentes époques sur le territoire de Seneffe-Manage.
Le 25 septembre 1766, un octroi fut accordé à Benoit Poliart et Cie (renouvelé en faveur de Joseph Garin et Cie, le 11 février 1779) pour exploiter les mines de houille qui se découvriraient à Nivelles et aux environs, de Seneffe à Baisy et de Trazegnies à Ittre, à charge de ne pas faire de recherches sur le territoire compris dans la concession du vicomte Desandrouin et de payer au Domaine le 1/120e de la houille extraite.
-          M. Emile Dupont, maître de forge à Fayt, obtint par arrêté royal du 22 août 1863, pour les charbonnages de Fayt et de Bois-d’Haine, la concession de mines de houille gisant sur une étendue de 359 hectares, comprenant tout le territoire de Fayt, une partie des communes de Bois-d’Haine, Bellecourt, Seneffe et Saint-Vaast.
-          Seneffe possède aussi plusieurs briqueteries parmi lesquelles celle de la veuve Hap, de François Boudart et de la veuve Jenet

 Commerce

Le commerce principal consiste dans la vente des produits de l’agriculture : céréales, bestiaux, chevaux, etc.
On compte également à Seneffe divers magasins de quincaillerie, objets de ménage, effets d’habillements et beaucoup de petits commerces qu’il serait trop long de détailler.

Voies de communication

Comme nous le verrons par l’énumération qui va suivre, Seneffe a des communications nombreuses et faciles avec les différents points du pays.

A)                Routes

1.         La route de l’Etat, de Nivelles vers Bray, traverse le territoire de Seneffe.
La route de Nivelles au Pont de Pierre, près des carrières d’Arquennes, fut décrétée par octroi du 2 avril 1751. Le Magistrat de Nivelles, par décision du 3 mai 1756, résolut de prolonger cette route vers Bray, parce que par cette manière, on se rapprochait davantage de Mariemont, où les gouverneurs généraux des Pays-Bas résidaient fréquemment l’été, qu’en la prolongeant vers Binche.
Du 1er mai 1762, date d’octroi pour la concession de l’embranchement allant du Pont Neuf, sur la chaussée d’Arquennes jusqu’à l’Equipée à Feluy.
Le 31 octobre 1764, on autorise encore la Ville de Nivelles à construire une route qui irait de la chapelle Sainte-Barbe au Pont de Pierre à Arquennes, jusqu’à Bray.
La route de Mons à Binche, que les Etats de Hainaut ont fait construire.
La Ville de Nivelles dépensa pour la construction de la route vers Bray et l’embranchement de Feluy, 108.528 florins.
De 1780-1781 à 1787-1788, les barrières sur cette route produisirent :
Barrière Saint-Michel              Fl.                    22.934
Barrière de Seneffe                                         10.417
Barrière de Fayt                                                4.663
Demi-barrière de Haine-St-Paul et Péronnes   18.409
                                                                       ---------
                                               Total                56.423 florins.

Embranchement de Feluy                                 3.720 florins.
2.      Le chemin de grande communication de Seneffe à Courcelles.
Indépendamment de ces deux routes, Seneffe possède les communications vicinales suivantes :
Chemin de Feluy à Gouy-lez-Piéton, de Seneffe à Gouy-lez-Piéton, de la ferme de Longsart au hameau de Bois de Nauwes, de Seneffe à Familleureux, du hameau de Renissart, de celui de Belle à Bascoup, du hameau de Soudromont au chemin dit Bois Roulet, de celui de Noire Bouteille au chemin de la Bête refaite, de celui dit Profondrieux au chemin de Renissart, de celui de la Bête refaite à Morellemont, de celui de Renissart au hameau du Bois de Nauwes, de Seneffe à Felu, de la Terre Pelée à Saint-Antoine, de la route de Mons à Nivelles au chemin de Buisseret à Scrawelle, de la route de Mons à Nivelle à la limite d’Arquennes, de la route de Mons à Nivelles au bois de Feluy, de Feluy à Familleureux, du hameau de la Ronce au territoire d’Arquennes, de la ferme Delinte à la limite d’Arquennes, de la route de Mons à Nivelles au hameau de Soudromont, du hameau de Soudromont à Longsart, de celui du Bois Roulet à celui de Bel, de la ruelle du Rossignol à celui de Bel, de celui de la Noire Bouteille à celui dit « Félix Laurent », de la ruelle des Morts à celle du Roblet, de celui dit Profondrieux à celui de Renissart, des Sarts au hameau de Bois de Nauwes, de celui de Scrawelle à celui de la Terre pelée, de celui de Buisseret à celui de la Terre pelée, de celui de Buisseret à Scrawelle à la limite de Feluy, du hameau de Tyberchamps au chemin de Buisseret à Scrawelle, de celui de Buisseret à celui de Familleureux, de la route de Mons à Nivelles au Grand-Morlanwelz, du hameau de Soudromont au chemin de Bois Roulet, de la ferme Delinte au bois de Renissart, de celui dit Bois Robert à la maison Couturiau, du Pont de Binche à Tyberchamps, de celui dit Infante Isabelle au sentier du Trieux de Rêves, de celui de Bel à la ferme Lecrinier, de la route de Mons à Nivelles au chemin de Buisseret, de celui de la Noire Bouteille au canal de Bruxelles, de la Ronce au Blanc Bonnet, de celui dit Claire Haie au hameau du même nom, de la route de Mons à Nivelles aux Mourettes, de la Tour à la ferme de Bel.

B.                 Chemin de fer
Seneffe possède, sur la ligne de Mons à Wavre une station de chemin de fer, rangée dans la 4e classe, ainsi qu’un bureau de poste et télégraphe géré par le chef de station.
Le 17 septembre 1855, fut inaugurée la dernière station de chemin de fer de Wavre à Manage, qui mit la première de ces ocalités en communication directe avec Nivelles, Seneffe et le bassin houiller de Mons.
Avant la reprise de la ligne de Manage à Wavre par l’Etat, la Compagnie anglaise qui l’exploitait eut à soutenir de longs et onéreux procès, causés par de nombraux accidents dont cette ligne fut le théâtre.
Le chemin de fer de Manage à Wavre fait actuellement partie du groupe de Bruxelles-Midi.

C.                 Canaux

A différentes reprises, on avait projeté de relier le Hainaut à Bruxelles par un canal, mais ces projets, aussitôt abandonnés que conçus, ne furent mis en exécution, comme nous allons le voir, qu’à une époque relativement proche de la nôtre.
Dès le XVe siècle, ce projet germa dans l’esprit de nos gouvernants. C’est ainsi que nous voyons, le 17 novembre 1436, Philippe le Bon accorder au Magistrat de Bruxelles l’autorisation d’approfondir la Senne jusqu’aux frontières du Hainaut, de redresser son lit, et de retenir les eaux au moyen d’écluses. Mais ce projet ne fut jamais exécuté.
Après la paix de Munster, on reprit l’ancien projet d’un canal vers le Hainaut, canal qui aurait prolongé jusqu’à la Sambre, afin de faciliter le transport à Bruxelles de la houille, du fer, et des pierres blanches que recèle le sol de la partie occidentale du Hainaut.
Le 6 avril 1656, Chrétien-Martin Beer, Hubert Ranthou, Florient de Minez et Cie, obtinrent un octroi pour construire un canal entre Bruxelles et Charleroi, et le 29 avril 1656, Léopold donna le premier coup de pelle pour creuser le lit du canal qui, partant des prairies situées près de la grande écluse, devait être dirigé sur Hal, Nivelles et la vallée du Piéton. Ces projets furent de nouveau abandonnés par suite de difficultés soulevées par la Ville de Bruxelles.
Quatre années plus tard, le même projet fut repris par la Ville de Bruxelles, et le 25 juin 1660, la Chambre des Comptes émit un avis favorable sur la demande d’octroi. Deux plans furent proposés, l’un faisait passer le canal par Nivelles, l’autre par Hal. Après de longues délibérations ce dernier eut la préférence. Mais les événements vinrent à nouveau rendre inutiles les mesures prises.
En 1698, le Magistrat présentait à l’Electeur un nouveau plan par lequel le canal devait longer Hal, passer près de Nivelles et arriver à Charleroi par Fleurus, et enfin se diriger vers Namur par la Sambre. L’octroi nécessaire fut délivré par décret du 8 avril. Cette fois encore l’entreprise resta à l’état de projet.
En 1750, il fut de nouveau question de relier Bruxelles au Hainaut par un canal, comme les autres fois, on se borna à lever quelques plans.
Le projet de canal de Charleroi fut encore repris en 1783 et en 1801.
La question fut enfin tranchée sous le Consulat par le mémoire que l’ingénieur en chef Viennois soumit au gouvernement le 4 germinal an XI. Un décret du 14 floréal an XI (4 mai 1803), ordonna la construction du canal de Charleroi d’après les plans tracés par l’auteur du mémoire cité.
Ce fut cependant sous le roi Guillaume que ce décret reçut son exécution. Ce prince fit rédiger le cahier des charges le 10 janvier 1826, et le 6 mai suivant, il déclara adjudicataires de la construction du canal, MM. Thomas Van Nieuwenhuizen et Cie, d’Anvers. Les revenus du canal leur furent concédés pour un terme de 34 années, y compris 5 années accordées pour la construction.
Commencé le 5 avril 1827 par l’ingénieur J-B. Vifquin qui suivit à peu près entièrement les plans de l’ingénieur Viennois. Le canal fut livré à la navigation le 25 septembre 1832. Il a coûté 10.528.010 Fr.
Sa direction est du sud-est à l’est-Nord-est. Il a une longueur de 74.529 mètres (16 ¼ lieues) et de largeur à la ligne de flottaison, 13 mètres, et en profondeur 2,8 mètres lorsque la hauteur s’élève à 2m. Ce canal a deux versants dont les pentes sont rachetées par 55 écluses, le bief de partage se trouve entre la 11e et la 12e écluse.
Le mouvement de la navigation sur cette voie est très considérable, elle sert principalement au transport des charbons provenant des zones de Charleroi et de Mariemont, des pierres, des pavés et de la chaux tirés des carrières d’Arquennes, Feluy, Quenast, etc.
Du 1er octobre 1835 au 30 septembre 1836, les droits de perception s’y sont élevés à 1.579.371 Fr. 78 cts[1].
De Godarville à Seneffe, le canal court sous une galerie souterraine de 1283 m de longueur et 6m de largeur.
Par des travaux récents, on a élargi les embranchements de ce canal vers le Centre (mis à grande section) et construit un nouveau tunnel, en partie sur Godarville.
Sur le territoire de Seneffe, le canal de Charleroi est bordé de hauts peupliers et coupé par de nombreuses écluses numérotées de 12 à 20. Un des embranchements de ce canal se dirige vers La Louvière, traverse la grandroute de Nivelles à Bray au pont dit de Binche.

GEOGRAPHIE POLITIQUE

Population     

En 1868, la population de Seneffe s’élevait à 5.480 habitants, occupant 1234 maisons.
Aujourd’hui Seneffe, séparé de Manage, ne renferme plus que 3.438 habitants et 829 aisons.

Antiquités

M. le docteur Norbert Cloquet, M. Charlé de Tyberchamps, etc. ont recueilli un grand nombre de silex taillés à  Seneffe et dans les environs[2]
Les publications de la Société paléontologique et archéologique de Charleroi nous apprennent que :
« En dénudant complètement la couche argileuse de l’immense campagne nommée Champ du Bois et Champ des Bails, de Seneffe, situés  à la limite de cette dernière commune et de Gouy-les-Piéton, on a rencontré deux très grands cimetières belgo-romains, le long du chemin de Nivelles à Bascoup, chemin antique fort encaissé qui, un peu plus loin, à Renissart[3], sur Arquennes, porte le nom de chemin romain, dénomination que nous croyons exacte. Ces deux cimetières sont précisément situés au dessus du tunnel actuel du canal »
Aux XI et XIIIe siècle, Seneffe faisait partie du Hainaut. A l’Est en effet, le Hainaut confinait à la hauteur de Feluy, au Brabant Wallon, situé dans le diocèse de Liège et dans lequel se rencontre Nivelles et peut-être aussi Feluy-Marche-lez-Ecaussinnes, village voisin. Il a certainement pris son nom, comme Forchies-la-Marche, de sa position à la limite des deux cantons ou des deux diocèses. Plus bas, et laissant Seneffe dans le Hainaut, se continue la ligne de séparation de ce canton et du Pagus-Lommensis, comme aussi des deux diocèses de Cambrai et liège.
Au XIVe siècle, Seneffe ressortissait déjà de la mairie de Nivelles, comprise dans le Brabant Wallon ou Roman Pays.
La mairie de Nivelles comprenait, entre autres localités, les suivantes, qui sont citées avec l’indication de leurs cotes respectives dans l’aide accordée en 1383 :

[1] HENNE A. et WAUTERS A., Histoire de Bruxelles
[2] M. le professeur Malaise fait également mention de silex qu’il a rencontrés aux bois de la Samme, entre Feluy et Arquennes, territoire d’Arquennes.
[3] Le prieuré de Renissart fut fondé en 1137 par Gérard, frère d’Amarory, connétable de Flandres, en faveur de l’abbaye St-Corneille de Ninove. En confirmant l’appropriation des bois de ce prieuré, le pape Eugène III mentionne les donations faites par le brugray de Bruxelles, du consentement de Gui de Gaullier de Haselem. Ces terres étaient voisines de Seneffe.
Le prieuré de Renissart devait pour redevance annuelle au duc de Brabant« 40 corvées de ses lamas et charriots »
Franco II, châtelain de Bruxelles, donna aux Prémontrés de Ninove, en 1146, la ferme de Renissart, ou Sart Reni. Un champ nommé Maleville, situé près de l’ancien prieuré, contient des fondations romaines.
Sous Louis XIV, le prieuré de Renissart servit de Q.G. à l’armée française.
Antoine Collins, seigneur de Wavre, né à Mons en 1598, docteur es-lois à Louvain en 1630, conseiller au grand conseil de Malines, puis président du conseil d’Artois, enfin conseiller au conseil privé, mort le 16 octobre 1666, âgé de 68 ans, fut enterré dans la chapelle de Renissart, où l’on voyait son épitaphe avec ces quartiers : Collins, Heyms, Huymans, Fromont, Caudenberg, Trickart, Velu, Soyé, Berlaimont, . Il avait été commissaire pour le roi catholique chargé de régler l’exécution du traité des Pyrénées sur la délimitation des territoires respectifs entre les deux couronnes en 1660 et 1661.
En 1632, Gabriel Collins, né à Enghien en 1592, successivement religieux à l’abbaye d’Ename et curé d’Atheghem, était prévôt de Renissart.

Villages seigneuriaux :
Familleureux               18 vieux écus.
Pont-à-Celles               22 1/3 vieux écus
Seneffe                                   122 2/3 vieux écus
Gouy-lez-Piéton          66 2/3 vieux écus, etc.
La coutume de Nivelles était suivie à Buisseret, Familleureux, Gouy-lez-Piéton, Seneffe, Tyberchamps,
Pont-à-Celles, Rêves, etc.
La coutume de Nivelles, nous dit Alphonse Wauters, se ressentait de l’influence de l’ancien droit franc. Elle attribuait aux fils, à l’exclusion des filles, le droit de succéder aux immeubles ; seulement si parmi les revenus se trouvaient des ciseaux à plumes, c.à.d. des redevances en chapons, poules, etc. le partage s’opérait sans distinction de sexe. A défaut de fils, les filles héritaient en ligne collatérale, les enfants des fils étaient aussi préférés aux filles.
Dans le ressort de la coutume de Nivelles, on pouvait disposer d’un fief, sans la permission de son seigneur.
L’ammanie de Bruxelles étendait sa juridiction sur les mairies de Nivelles, Seneffe, le Hulpe, etc.
Sous la domination française, Tournai et le Tournaisis ont été joints au département de Jemappes ainsi que les ville et canton de thuin, Charleroi, Gosselies, Seneffe et quelques autres du pays de Liège, du Namurois et du brabant, mais les villages du pays de Hal, du ci-devant baillage d’Enghien, furent détachés du Hainaut et réunis au département de la Dyle.
A la Cour d’Appel qui siégeait à Bruxelles, étaient soumis les départements de la Dyle, de la Lys, de l’Escaut, des Deux-Nethes et de Jemappes ; elle fut installée le 25 thermidor an VIII (13-8-1800).

Conditions administratives

La commune de Seneffe, située dans la province de Hainaut, appartient à l’arrondissement administratif de Charleroi.

 Recettes et dépenses de l’Etat

a)      le service de la conservation du cadastre : Seneffe fait partie du ressort de Manage (Seneffe)

       b)      Service de contributions directes, accises et comptabilité :

Cette commune appartient au contrôle de Manage (Seneffe) et forme elle-même une recette qui comprend les localités suivantes : Arquennes, Bois-d’Haine, Familleureux, Feluy et Seneffe.

c)      Service de l’Enregistrement. Et la recette de l’impôt et revenus publics : Seneffe est du ressort de la division de Charleroi et est le siège d’un bureau comprenant : Arquennes, Bois-d’Haine, Buset, Familleureux, Fayt, Feluy, Gouy, La Hestre, Obaix, Luttre, Petit-Rœulx, Pont-à-Celles, Rêves, Seneffe.

 Hiérarchie judiciaire

Au point de vue judiciaire, ce village est le siège d’une justice de paix et relève de l’arrondissement judiciaire de Charleroi. Il est du ressort de la Cour d’Appel de Bruxelles.

Circonscription militaire

Seneffe fait partie de la deuxième circonscription militaire (Quartier général de Bruxelles), du district de Charleroi et du canton militaire de Manage.

Juridiction ecclésiastique

 a) ancienne juridiction

L’autel de Seneffe, placé sous l’invocation de Saint-Cyrius, fut fondé en 1126. Il avait pour collateur l’abbé de Bonne-Espérance et appartenait au diocèse de Cambrai.
Dans le tableau des archidiaconies du Hainaut et Valenciennes avec leurs divisions en décanats antérieurement au XVIe siècle, on voit figurer l’autel de Seneffe dans le diocèse de Cambrai, dans « l’archidiacoatus hannoniensis » et dans le « decanatus de Binchio » avec l’indication suivante :
Localité : Senneffe. Patron : Saint-Cyrius. Taxe XXX/liv. Collateur Bonne-Espérance.
 On trouve dans le pouillé de 1639 :

« specificatio ecclesiarum parochialius diocesis Namurencis 
Décanatus de Nivellensis. Abbas Bonnae Spei
Monasteria et Collegia
Praepositura sancti Nicolaï sub Seneffe, ex monasterio Bonnae Spei, Praemonstratensis » Prieuré de Saint-Nicolas, sous Seneffe.

Dans le pouillé de la fin du XVIIe siècle ou commencement du XVIIIe siècle :
« Décanatus de Nivellensis
Seneffe integra aura. Valet 9 modios siliginise et 9 avense. Collator Bonnae Spei »[4]

A la fin du siècle dernier, l’autorité du doyen de Nivelles s’exerçait sur les églises-mères de Seneffe, Wauthier-braine et sur les quartiers chapelles de Familleureux, Petit-Rœulx-lez-Nivelles, etc.
           A l’autel de Sainte-Gertrude, à Nivelles, on montrait la chasse aux habitants de Seneffe, Buset, Gouy-lez-Piéton, etc. le mercredi après la Pentecôte.
En vertu du concordat de 1802, Seneffe devint le chef-lieu d’un doyenné ayant pour succursales Arquennes, Bois-d’Haine, Buset, Familleureux, Fayt, Feluy, Godarville, Gouy, La Hestre, Obaix, Luttre, Manage, Petit-Rœulx, Pont-à-Celles, Rêves.
L’église de Seneffe a aujourd’hui pour patrons Saints Quirice et Julitte. On voit encore de nos jours dans l’ancien cimetière trois pierres tumulaires provenant de la vieille église, l’une date de 1613 et les inscriptions qui la recouvrent sont à peu près effacées, la seconde de l’an 1622, se trouve dans une situation analogue, et enfin la troisième qui remonte à 1786, recouvrait autrefois la tombe de plusieurs religieux de Bonne-Espérance.
En 1838, on construisit sur la route de Nivelles à Bray un nouveau cimetière qui coûta 9.000 Fr. On y remarque quelques belles tombes, notamment le calvaire qui surmonte la sépulture de la famille daminet.

b) Nouvelle juridiction.

Actuellement la paroisse de Seneffe relève de l’évêché de Tournai. Elle est le siège d’un doyenné comme nous venons de le dire plus haut.

Communautés religieuses

Dans la notice sur le couvent de Pénitentes récollectines de Fontaine-l’Evêque, insérée dans les analectes pour servir à l’histoire ecclésiastique de Belgique, on remarque les noms de plusieurs religieuses originaires de Seneffe ou des environs :
-          Dame Desmont ou d’Esmont, native de Morlanwelz, fille de Gabriel-Joseph et de Marie Philippe, prit l’habit le 25-10-1739 à l’âge de 21 ans, elle devint supérieure du couvent et mourut le 29-6-1800.
-          Marie-Joseph Demanet, de Seneffe, fille de… et de Marie-Antoine Paquet, prit l’habit le 27-5-1770, à l’âge de 24 ans, morte en mars 1823.
-          Marie-Barbe Moreaux, de seneffe, fille de Jean-Joseph et de Marie-Joseph Cogniaux, prit l’habit le 18-7-1756 à l’âge de 26 ans, morte le 12-10-1785.
-          Anne de Traux, de Seneffe, fille de Jérôme et d’Anne Bouloigne, prit l’habit le 6-12-1663, à l’âge de 16 ans, morte le 23-9-1711
Le nécrologue de l’abbaye de Villers relate le décès de quelques religieux originaires de seneffe et des environs. Ce sont :
-          Michel Decœur, ex Morlanwelz, sacrae théologine lector, né le 28-9-1697, obeit Villarei 11-4-1737.
-           Constantius Delbauche, ex Trazegnies, né le 23-2-1696, professous 17-5-1716, sacerditio initiatus 1719, obeit villarei 10-7-1742.
-          Cyrillus Duquesne, ex haine-St-Pierre, né 1672, obeit villarei 15-4-1724.
-          Philippus Tamineau, ex Seneffe, né 1635, professus 1662, sacerdos factus 1666, obeit villarei 1698.
-          Basilius Trigau, ex Trazegnies, sacellanus in Parco, Dominarum, né 16-3-1696, obeit in Parco Dominarum 6-7-1713.
[4] Tiré des analectes pour servir à l’histoire ecclésiastique de la Belgique.

-          Nicolas Vray, de Feluy, né 4-1-1772, ancien religieux de Villers, curé de Limelette le 17-2-1804, il y mourut le 12-5-1849.

District agricole

Cette commune est comprise dans le 10e district agricole de la province de Hainaut.

 Administration communale

 a)      Budget

Le budget communal de 1887 s’est élevé à la somme de 51.646, 51 Fr. pour les recettes et à 51.381,7 Fr pour les dépenses.

b)      Biens communaux

La commune, à part l’église, le presbytère, la maison communale et les écoles, ne possède aucun bien.
La maison communale, qui sert en même temps de prétoire à la justice de paix, a été reconstruite en 1860, d’après les plans de l’architecte Cada, dont coût de 20.000 Fr.

c)      Archives

Les anciennes archives sont déposées à Mons
Les registres de décès déposés à la maison communale remontent à l’an 1624, ceux des mariages à l’an 1626 et ceux des naissances à l’an 1572.

d)      Bourgmestres

La liste suivante nous donne les noms des bourgmestres qui se sont succédés dans l’administration de la commune depuis 1830 :
M. le vicomte Louis Charliers de Buisseret.
Joseph Deschamps
Le chevalier Adolphe Daminet
Jean-Baptiste Motte
Dominique Navez
Le notaire Florimond Castelain, actuellement en fonction.
Le baron Camille de la Motte
Victor Lintermans

Bureau de Bienfaisance.

Ses ressources : Le budget de 1887 s’est élevé pour les recettes à 1.209,24 Fr., et pour les dépenses à 1.209, 24 Fr.

Fabrique d’église

Budget de 1887 :
Recettes : 2.938, 40 Fr.                       Dépenses : 2.746,25 Fr.                      excédent : 237, 20 Fr.

 Instruction publique

Seneffe, du ressort d’inspection principal de Mons, fait partie du 4e canton scolaire (Seneffe).
On sait que l’inspection principale à Mons comprend 5 cantons scolaires, savoir : Ath (1er canton), Mons (2e canton), Pâturages (3e canton), Seneffe (4e canton), et Soignies (5e canton).
Cette commune possède trois écoles communales fréquentées par 200 garçons et 125 filles ; deux écoles privées avec une population de 125 garçons et 150 filles.
Les bâtiments affectés à l’usage des écoles communales (centre) et construits en 1859-1860, ont coûté 26.000 Fr., ceux du hameau de Bel datent de 1871-1872 et les dépenses qui ont entraîné leur construction se sont élevés à 26.000 Fr.[5]

L’ecole privée des filles dirigée par des religieuses de la Providence, de Campion, a été construite en 1878-1879, et l’école privée des garçons, placée sous la direction d’un personnel laïc, en date de 1884-1885.
[5] Architecte Cador, de Charleroi.

 Fêtes et réjouissances
La kermesse a lieu le deuxième dimanche de juillet et le second dimanche de septembre.
La foire a lieu le dimanche et lundi de la Pentecôte.

Seigneuries

La seigneurie de Seneffe, apanage de la famille de Bruxelles, qui portait le titre de Châtelaine de Bruxelles, parait avoir eu en dot de grands domaines dans le Hainaut et le Brabant Wallon ; en 1131, de concert avec Gillard de Ruez et Helwide de Feluy, elle abandonna aux religieux de Bonne-Espérance quarante jugera[6] ou arpents de terre et de pâtures situés à Seneffe, à l’endroit où ces religieux bâtirent une église et le prieuré de Saint-Nicolas au Bois (Manage).
Vers l’an 1260, Seneffe avec Maransart, Braine-l’Alleud, Chain, Ottignies, etc. formaient un riche domaine appartenant aux châtelains de Bruxelles. Après la mort du châtelain Godefroid, presque tous ses biens passèrent aux mains de son second fils, Godefroid, qui les prit en fief de Léon, son aîné, et qui se qualifie dans les actes, tantôt de seigneur de Seneffe (1231-1233), tantôt de Godefroid de Braine, seigneur de Couturelle (1230).
En 1242-1255, Sohier de Braine, chevalier, était seigneur de Seneffe.
Englebert d’Enghien, oncle de Walter, seigneur d’Enghien, mort en 1380, et son héritier pour une part, prenait d’ordinaire la qualification de seigneur de Rameru (terre située en France), de la Folie (Ecaussinnes) et de Tubize (Brabant). Il possédait aussi Seneffe, qui relevait de la châtellenie de Bruxelles.
            Englebert II, d’Enghien, seigneur de Rameru, et Tubize, s’étant pris de querelle avec la ville de Nivelles, le duc Philippe de Saint-Pol fir séquestrer les seigneuries d’Englebert : Seneffe, Tubize, Gouy-lez-Piéton, Ittre, Factuez, Ways, Bogarrden, Breydel et Leerbeke, y nomma un bailli, Gérar de Heylissem.
 On lit dans le livre des feudataires de Jean III, duc de Brabant :

1)      Scaillemont, Scaelgemont, Scihallemont et Schallemont, près Seneffe.

Domina de Saelgemont, filia domini Johanisde Outre[7], militis, bona de Scaelgemont, apud Seneffe.

Elisabeth de Shallemont, militissa, altam justiciam

Ibidem, DominusJohannes Dotre, maritus a jus, prestiti fidelitatem tan quam mamburnus (comme mambour)

Robertus de Bevre, feodam de Scaillemont

2)      Buisseret, Busseret

Johannes de Buisseret, le hauteur, terre de Seneffe et de Buisseret

Item, XIII bonaria, terre jacentia apud Les. Gibbon de Busseret tenet modo.

3)      Seneffe, Seneffia

Egidius, filius Johannis de Bussereyts id quod habet in alta justicia et aliis bonis auia jacentatibus in parchia de senoffia propre Nivellam. Gobbon tenet modo

            Robertus de Buscho ou dou Bos, altam justician de seneffia

 Robertus Brisetete[8], altam jusustician de Senoffia secundua quod pater suus eam tenere debet Daleatu pater ai deletus non fueri

Dans la liste des baillis du Brabant Wallon figurent les noms de :
Bernard d’Orley, écuyer, seigneur de Seneffe, Tubize, etc., conseiller et panetier de Philippe le Beau (1498-1501).
Bernard d’Orley, de nouveau (1503-1505).
Philippe d’Orley, seigneur de Seneffe, Tubize, etc., fils du précédent, qui fut blessé au siège de Hottem (1528) et qui commanda en 1537, les Bas-Allemands de l’armée espagnole, réunis en Artois.
Les archives seigneuriales, déposées à Mons, nous donnent les renseignements suivants sur la seigneurie d’Enghien à Seneffe :

[6] Jugera ; journal, terrain que deux bœufs peuvent labourer en un jour.
[7] La famille d’Oultre de Outre, descendait des seigneurs d’Aa, seigneurs de Bruxelles.
[8] L’obit du chevalier Robert Brise-Tête, qui vivait sous Jean III, et qui avait un château à Manage sous Seneffe, se célébrait le 1er juillet.

Enghien à Seneffe, recueil intitulé « Ce sont les escripts et cartulaires des biens, cens, rentes et revenus appertenant à note dame Franchoise d’orley, de sa terre et seigneurye d’enghien à Seneffe, renouvellez , présent mayeur et eschevins dudict Seneffe, rapportez et accordez par les héritiers et furent parfaicts et accomplis en l’an de grasce mil cinq cent soixante et cincq »
Il est précédé d’une table onomastique et de la transcription des lettres de Philippe II, datées du 1er février 1558, autorisant le renouvellement des registres de cens et droits seigneuriaux des quatre seigneuries d’Enghien, Scaillemont, le Bois et Tyberchamps à Seneffe[9]. On y trouve au f°122 v. « Schaillemeont et Manage ; au f° 138, la seigneurie du Bois et au f°155, Tyberchamps et Buisseret.
Ces archives nous font connaître l’existence de plusieurs seigneuries de Seneffe, et si nous examinons les différentes juridictions qui existaient à Nivelles, on trouve que les échevins de Rognon[10] jugaient des sentences des échevins de Mellet, Luttre, Orival (Nivelles) et de sept différentes cours qui existaient à Seneffe, savoir, Seneffe dit d’Enghien, Tyberchamps, Scaillemont, Bois, Buisseret, Piéton, Vaillampont et Sainte-Gertrude.
Les archives seigneuriales, déposées à Mons, renferment encore un registre ayant trait à la seigneurie de Tyberchamps, précédé d’une table alphabétique et intitulé : « Ce sont les escripts et cartulaires des biens, cens et rentes appertenant à hault et noble seigneur monseigneur Adryen de Reubempret, de sa terre et seigneurie de Tyberchamps, rapportez et accordez par les hérytiers et furent parfaicts et accomplis l’an de grâce mil cinq cent et soixante sept »
Le livre censal (Tyberchamps) aussi avec table alphabétique, formé sur le registre précédent, pour les années 1669-1761.
            Le fief de Soudromont (Seneffe) dépendait de la seigneurie de Tyberchamps et comprenait un demi bonnier de terre et tenait au chemin de Bellecourt à Soudromont. Sa valeur était de trois vassaux (Boisseaux) de blé par année (1655- cartulaire de Tyberchamps)
            Nous avons déjà eu l’occasion de parler plusieurs fois de la seigneurie de Scaillemont dans les bulletins de la Société de Géographie. Voici encore quelques détails complémentaires la concernant :
Guillaume-Joseph Boscheron était en 1744, seigneur de Scailmont, Bois et Manage. Sa fille, Marie-Madeleine-Joseph-Ghislaine, épousa en 1769, Michel-François-Xavier de Wauthier, officier du régiment du duc de Lorraine, qui mourut à Seneffe (Manage) le 21-1-1809.
Thérèse-Pauline de Wauthier, fille du précédent épousa Désiré-Jean-Joseph de Kerpen.

Bernard d’Orley[11] dont nous avons déjà cité précédemment le nom portait : d’argent à deux pals de gueule. Il hérita du chef de sa mère, Françoise d’Argenteau, des seigneuries de Tubize, Moriamé, Saintes, Wibecq, la Folie[12] ; il épousa en 1487, Isabeau de Witthem, alias Isabelle de Beersele, Arquennes et Isabeau van der Spout, dame de Smeyersberg et dame de Scailmont. Gouverneur provisoire du Luxembourg en 1554, il mourut le 18 décembre de cette année. Bernard d’orley n’a laissé qu’une fille mariée en 1538 à Charles de Rubempré, vicomte de Montenaken.

            Emeric-François, baron van der Nath, fils de Thérèse, comtesse de Zichy de Hamona et de Gothard-Joseph-Casimir, baron van der Nath, membre du Conseil impérial aulique, chambellan de l’empereur, mort en 1742, qui avait été impliqué dans les intrigues du baron Goertz et, à la mort du roi de Suède, Charles III, arrêté et condamné à la prison perpétuelle[13], hérita de Seneffe, Releghem et Wolputte.
            Par lettres patentes du 28 mars 1768, Julien-Ghislain de Pestre[14], seigneurs de Floriville, d’Haseville, etc. en Normandie, baron de la Ferté de Pestre, ci-devant Saint-Aignan, en Sologne, de la châtellenie de Saint-Riquier, de Gramont et d’Agentville etc. fut créé comte de Seneffe et de Turnhout.

[9] Voir les notices qui ont parus dans les bulletins de la Société belge de Géographie, sur les communes de Manage (1885, page 188 et suivantes) sur la commune de Bellecourt.
[10] Hors la seigneurie du Franc etau et de Rognon dans la recette particulière de Nivelles, les ducs n’étaient en aucun endroit seigneurs censiers, sinon à Odoumont (Rêves) et sauf que, vers l’an 1400, ils furent renommés en cette qualité dans le hameau de Besonrieux (aujourd’hui Familleureux) sur Seneffe.
[11] D’Orley ou Boucle. Le célèbre peintre, d’Orley ou plutôt van Orley, comme on l’a flamandisé à tort, était de cette famille.
[12] En 1489, le chevalier Bernard d’Orley entretenait des bandes armées aussi redoutables par leur soif de butin que par leur férocité, dans ses châteaux de Facuwez, d’Astrenpont et de la Folie (Ecaussinnes).
[13] Mémoires du duc de Saint-Simon, CXXXIII, p.253.
[14] Jean-Charles-Joseph de Mérode, lieutenant général des armées de Marie-Thérèse, vendit la terre de Ouffet le 28 juillet 1773 à Julien-Ghislain de Pestre, comte de Seneffe.
Par son testament il avait, en vertu lettres patentes de 1768, érigé en majorat les terres de Seneffe, Scailmont, Bous, Manage, ainsi que Turnhout et les terres qu’il possédait dans les environs de cette ville, chargeant sa femme, Claire-isabelle Cogels

Cette dernière épousa en secondes noces Albert-Louis le Fournier, comte de Wargimont, en Normandie, brigadier des armées du Roi très Chrétien, chevalier de Saint-Louis, commandeur de l’Ordre de Saint-Lazare, commandant pour le roi dans le pays de Bray et de Caux, en Haute Normandie, seigneur de Wargimont, Grincourt, Cornillon, Floque, etc.
En 1795, M. Joseph-François-Xavier de Pestre de la Ferté, fils aîné du précédent, faisait partie d’une société pour l’exploitation d’une papeterie à la Hulpe avec MM. De cellier et Cogels, d’Anvers.
Julien-Ghislain de Pestre, mort le 21 janvier 1774, était le petit-fils de d’Eloi de Pestre, bourgeois d’Ath, et fils de Jean-Baptiste de Pestre, échevin de la même ville, anobli par lettres patentes de Marie-Thérèse et qui avait acquis une fortune rapide et considérable dans le commerce de toile des Indes[16].
En 1817, le comte de Pestre fonda à Bruxelles un journal philosophique, politique et littéraire, intitulé Le Vrai libéral. En 1821, le gouvernement intenta un procès au propriétaire « pour articles de nature à troubler la tranquillité de l’Etat ».
M. de Pestre fut condamné à subir un emprisonnement, il traîna ensuite une vie misérable, sa santé ayant été cruellement altérée pendant sa captivité.
Le château et la terre de Seneffe devinrent ensuite la propriété de la famille Daminet, originaire d’Enghien.
Il appartenait, il y a quelques années encore à M. Albert-Louis-François-Marie-Anne Fournier, comte de Pellan, ancien officier de cavalerie (carabiniers) au service de la France, époux de Valérie-Adèle-Louise-Félicité-Émilie Daminet.
Seneffe renfermait encore une petite seigneurie qui fit parler peu d’elle, c’était la seigneurie du Longsart, dont Philippe Tricquet, docteur en médecine, était propriétaire en 1775.
Les abbayes et les communautés religieuses des environs avaient de nombreuses propriétés sur le territoire de Seneffe.
L’abbaye de Saint-Feuillien, au Rœulx, avait des biens à Arquennes, Seneffe, Ecaussinnes, etc. On trouve dans le registre de cette abbaye, on trouve un chassereau pour la perception des rentes en grains aux villages d’Arquennes et de Seneffe.
L’abbaye de Bonne-espérance, outre la collation de la cure, était propriétaire de quelques terres de Seneffe.
Les Prémontrés de Ninove durent à la générosité de Franco II, châtelain de Bruxelles, les fermes de Renissart (Seneffe[17]) ou de Sart de Regnier.
L’abbaye de l’Olive, possédait 215 bonniers de terre à Gouy-lez-Piéton, Seneffe, Bellecourt, etc.
D’après le relevé des archives de l’Ordre de Malte fait en 1854, n°80, nous voyons que : « Godefroid, seigneur de Seneffe, donne aux frères de la milice du Temple[18] de Jérusalem :
Un cens de huit muids d’avoine, à la mesure de Nivelles, de 4 deniers, monnaie de cette ville, qu’il tenait en fief de son frère Léon, châtelain de Bruxelles, sur huit bonniers de terres situées au territoire de Seneffe.
  1. Un autre cens de 12 deniers, même monnaie, et d’un demi muid, qui lui était dû annuellement sur 5 ½ bonniers de terre près de la marnière de longsart et qui relevait aussi de son dit frère.
  2. Autorisation de prendre dans la terre de Seneffe, la marne nécessaire à la culture de 13 ½ bonniers précités. Il déclare que son frère le châtelain, qui est son seigneur, et lui, ont délivré les choses ci-dessous aux dits religieux, sur l’autel de vaillaupont[19].
[15], de l’exécution de ces dispositions.
[15] Fille de Jean-Baptiste Cogels, d’Anvers, trésorier général de la Compagnie des Indes.
[16] L’hôtel qu’habitaient à Bruxelles les comtes de Pestre, s’appelait la maison de Gauche, il eut sont heure de célébrité. C’est dans cet hôtel, rebâti en 1554, que logea le duc d’Albe, à son arrivée à Bruxelles, c’est là aussi que furent arrêtés les comtes d’Egmont et de Hornes. Il a été incendié en 1843 (Henne et Wauters,Histoire de Bruxelles). Le cimetière de Laeken est le lieu de sépulture des comtes de Pestre de la Ferté.
[17] Renissart fait aujourd’hui partie du territoire d’Arquennes.
[18] On sait que l’ordre de Malte hérita des nombreuses propriétés des templiers.
[19] Le château de Vaillampont (Thines-lez-Nivelles) siège d’une commanderie de l’Ordre du Temple et de Malte, annexé plus tard à la commanderie de Chantraine près de Jodoigne, est aujourd’hui transformé en ferme.

Le chapitre de Sainte-Gertrude de Nivelles, dont l’immense domaine s’étendait dans tous les sens de l’espace de plusieurs lieues, y possédait aussi quelques biens.
L’abbaye de Floreffe avait également des propriétés à Seneffe, comme l’indique le cartulaire de cette communauté religieuse. En mai 1242, Walter, seigneur de Seneffe, du consentement de son épouse Helwide, renonce en faveur de l’abbaye de Floreffe aux droits qu’il pouvait posséder sur le bois de Haoussarts..
Le 28 septembre 1289, Sohier de braine, chevalier et seigneur de Seneffe déclare que les manants de Seneffe n’ont aucun droit sur le bois de Houssarts, dit présentement le bois de Nauwes appartenant à l’abbaye de Floreffe.
Le 31 mai 1295, une lettre de Sohier de Braine, chevalier et seigneur de Seneffe, déclare que l’abbaye de Floreffe a propriété libre et entière du bois de Nauwes.

 Monuments

1. Le château de Seneffe,

Bâti en 1760, d’après les plans et sous la direction de l’architecte Dewez[20] est sans contredit le plus beau de la Belgique. Il est entièrement exécuté dans le genre des anciennes villas romaines et quelques-unes élevées par Palladio. Ce château forme un carré long à deux étages, terminés en terrasses ornées de balustrades, au centre est un avant-corps de 4 colonnes corinthiennes surmontées d’un fronton.
Deux galeries ouvertes d’une grande longueur, soutenues par des colonnes ioniques et couronnées de balustrades, passant à droite et à gauche du grand corps de logis pour aboutir à deux charmants pavillons surmontés par des coupoles élégantes.
L’un de ces pavillons sert de logement au portier, l’autre est une chapelle ornée d’un bel autel en marbre de Gênes. Toutes ces constructions sont en granit.
M. Charlé de Buisseret signale en ces termes à l’attention du touriste, les points les plus remarquables de ce palais (c’est le mot qu’il emploie) :

Extérieur :

  1. L’étang dit le Miroir, sur l’emplacement de la maison de pierre Berlingien, qui a préféré sa chaumière à une somme considérable à lui offerte par le comte de Pestre, ce trait rappelle les propositions de Frédéric II, roi de Prusse, rejetées par le meunier de Sans Soucis.
  2. La grande avenue de hêtres, à six rangées d’arbres, tirées en ligne droite sur le clocher du bourg, ce qui présente l’aspect d’un obelisque, lorsqu’on est sur le perron du palais, elle a plus d’un quart de lieue de long.
  3. Les deux quinconces plantés à gauche et à droite du palais en entrant.
  4. Le grand grillage d’entrée est un travail très recherché.
  5. Le palais est bâti en granit des Flandres (espèce de marbre) des quatre côtés, orné de huit colonnes d’ordre corinthien, à chaque façade, de marbre semblable à celui du palais, et de galeries sur le toit.
  6. Les galeries latérales formant les ailes du palais dont de l’ordre ionique, surmontées de plates-formes, elles sont décorées de niches dans lesquelles sont placées de belles statues ; deux dômes bâtis au dessus de chaque galerie en forment le commencement, l’un sert de logement au jardinier, l’autre de chapelle, bâtie à l’italienne, l’autel est de marbre de Gênes. Le tableau qui représente la Sainte Vierge est peint par la comtesse D.G., née D.
  7. Le parc, entouré d’une muraille de huit pieds de hauteur.
  8. Les serres chaudes, bâties à l’italienne, où les toits sont en glaces.
  9. Le coup d’œil de la tour de Bel.
 [20] Benoit Dewez, architecte du prince Charles et époux de Marie-Françoise Mertens, acheta du comte de Wynants, seigneur de Houtain-le-Val et de Sart-Dames-Avelines, moyennant 24.402 florins de change, le château de Steen (Elewijt) illustré par P.P. Rubens et par le séjour qu’y fit Louis XV en 1746. En 1855, le château appartient à M. Charles Coppens, des barons Coppens, ancien commandant de la garde civique de Gand, ancien membre du Congrès National, etc. Il est aujourd’hui la propriété de M. Wauters-Coppens, bourgmestre d’Elewijt. Après avoir habité de Steen près de Vilvorde, puis le château de Grand-Bigard, Dewez mourut dans une maison de campagne qu’il s’était fait bâtir à l’entrée du village de Chapelle-St-Ulric. L’église de Saint-Gilles à Grand-Bigard renferme sa pierre sépulcrale.

Dans le parc, la salle de spectacle, où se trouve le panorama du château de Lunéville (Lorraine), fait en fer blanc.
  1. L’escarpolette.
  2. L’île, au milieu de laquelle se trouve un Laris (près du pont rouge)
  3. Le gros tulipier.
  4. La perspective d’un château lointain, peint en jaune, pris à 30 pas de la tour de Bel, dans l’allée où l’on se promène en voiture.
  5. L’étang qui sert de réservoir hors le parc, sur le sommet de la montagne, il a 100 pieds carrés.
  6. Un quinconce qui, par sa similitude, offre un aspect semblable à la forêt de Soignes.
  7. La cabane de voleur.
  8. La glacière.
  9. La colonne de Trajan.
  10. L’écho à trois sons.
  11. L’ermitage
  12. Le pavillon, où l’on goûte, admirer près de là un laris extraordinaire par sa grosseur.
  13. L’orangerie, dans laquelle on remarque un oranger qui a cinq siècles et qui existait déjà dans l’orangerie du duc de Brabant, tous les orangers ont appartenu à S.A.R. le prince Charles de Lorraine, et furent achetés après la mort de ce prince.
  14. La basse-cour.
  15. Admirer deux statues de marbre de Gênes apportées de Rome et posées sur l’escalier du palais du côté du Midi.
  16. Le point de vue de la belle pelouse.
  17. Celui du lac, au milieu duquel se trouve un jet d’eau qui va jusque 25 pieds de hauteur.
  18. Celui de la belle allée de peupliers d’Italie, du côté gauche.
  19. Celui de la tour de Bel (observatoire). Ces cinq points de vue sont pris sur l’escalier du palais, côté du midi.
  20. Dans les allées du parc et les différents points de vue, on y trouve de belles statues et de beaux vases.
  21. On y voit des points de toutes formes, parmi les rustiques plusieurs sont hardies.
  22. Les trois jardins en amphithéâtres, au milieu de chacun desquels se trouve un bassin, au second on découvre un château et le village de Fayt-lez-Mariemont.
  23. Les eaux, qui servent tant à l’usage du palais (Bois de la Bommerée)
Intérieur du palais

  1. Le salon d’entrée a soixante pieds de longueur, est éclairé par six croisées, il est pavé artistement de marbres de différentes couleurs.
  2. L’escalier en acajou est parqueté, la rampe en fer est magnifique, elle est travaillée en arabesques, comme les ouvrages d’orfèvrerie.
  3. Tous les plafonds sont contre-gîtés, l’on n’y rencontre jamais le même dessin, tous ces ouvrages ont été exécutés par des Italiens.
  4. Tous les appartements sont parquetés différemment.
  5. Ils sont éclairés par un grand nombre de lustres d’un haut prix.
  6. Toutes les tapisseries sont de riches étoffes, on n’en voit point en papier.
  7. Les glaces qui ornent tous les trumeaux et les cheminées sont de Venise.
  8. Dans un des grands salons, les pilastres qui ordinairement sont en stuc, sont en marbre de Saint-Rémy, les portes sont en glaces.
  9. La qualité des marbres est variée à toutes les cheminées de chaque appartement.
  10. Il en est de même de la forme des pendules
  11. Le billard est en acajou.
  12. Un lit, entre autres, est soutenu de sept génies dorés. Tout ce qui concerne la garniture de cet appartement est en bon or. Il est bordé en application. Madame la comtesse D.G. a mis trois ans pour faire la courte pointe. Le tout a été embarqué à la révolution.
  13. La bibliothèque a 4.000 volumes, l’atlas de robert de Vatengondi in f°, s’y trouve.
  14. La galerie de tableaux est superbe, entre autres, un bas relief représentant une bataille livrée par Alexandre le Grand à Darius, roi de perse. On y voit de belles statues qui ont été exposées pendant plusieurs années au musée de Bruxelles., ainsi que les bustes d’Henri IV, de Louis XIV, des princes de Soubise et de Condé ; au dessus d’une niche est une belle tête de Méduse, en bronze, qui fut apportée de Rome. Il y a aussi un cheval, de même métal, bien exécuté.
  15. On remarque deux tables magnifiques, une en mosaïque, qui renferme une collection de [21]marbres de tous les pays ; une en acajou, décorée d’ouvrages en or fin, dite de Mariemont, parce qu’elle avait été faite pour S.A.R. le prince Charles, la première a été achetée à Rome, à la vente d’un cardinal, elle est inappréciable ; la seconde a coûté 4.000 florins de Brabant.
  16. Les salles de bains ou les baignoires sont en marbre (il s’y trouve trois sortes d’eau).
  17. Dans l’appartement de Mme la comtesse D.P. on y voit tous les portraits de tous les membres de la famille du propriétaire du palais. La cheminée est en marbre de Gênes, faite il y a 50 ans, a des colonnes détachées comme on les fait aujourd’hui.
  18. Admirez avec quelle adresse l’architecte a tiré parti des extrémités du palais, pour y placer les entresols.
  19. Enfin les souterrains ont 12 pieds de hauteur.
Il nous reste peu de chose à ajouter à la longue description de M. de Tyberchamps, faisons cependant remarquer que cette splendide demeure surpassait tellement en luxe et magnificence les châteaux des environs, que le prince Charles de Lorraine, lorsqu’il venait d’y promener, avait coutume de dire en retournant à Mariemont « Je retourne dans mes écuries ».
Cette belle résidence seigneuriale, bâtie par le comte de Pestre de la Ferté et devenue ensuite la propriété de la famille Daminet, a été mise en vente le 7 septembre 1884, avec ses dépendances, trois fermes et diverses maisons contenant ensemble 164 hectares, 80 ares et 73 centiares divisée en 5 lots.
Au moment où nous écrivons ces lignes, nous apprenons que le château de Seneffe vient d’être acheté par le comte de Flandres pour 800.000 Frs. Il servira dit-on, de résidence au prince Baudouin[22]

 2. Le château de Buisseret

Il porte le nom du hameau sur lequel il s’élève.
Ce château, peu remarquable par lui-même est entouré de vastes prairies où s’élevaient des chevaux de sang qui ont rendu l’écurie de Buisseret célèbre dans le pays et l’étranger.
M. Henri de Buisseret, son propriétaire actuel, est comme on le sait, un sportman distingué, qui a remporté de nombreux succès sur le turf belge et étranger. Son haras de Buisseret était autrefois très connu et justement apprécié[23]

La terre de Buisseret est en possession de la famille depuis 1741. Antoine François Charliers, licencié es-lois, avocat fiscal du Conseil de Brabant, épousa en 1706, Thérèse-Barbe-Joseph Gillis ou Gielis-Hujoet, dame de Buisseret, qu’elle achète cette année là par vente judiciaire. La famille Charliers fut anoblie en la personne de Louis-Laurent-Joseph-Ghislain Charliers de Buisseret, le 13 octobre 1827, n°229, par lettres données à la Haye.

 3.      Le château de Bucéphale
Le château de Bucéphale, singulier nom donné par son propriétaire, M. Dubray, a une construction assez originale, qui s’élève le long de la route de Binche à Nivelles, au milieu de prairies dans lesquelles des essais de plantations semblent avoir été téntés.
Ce château appartient actuellement à M. de Lalieux-Dubray, de Feluy.

 4.      Le château de l’Espinette



[21] Une note au crayon en marge dit : Mise probablement par M. Genet et M. Lambert ; en 1887, elle fut achetée par la baronne Goffinet. Les héritiers de celle-ci vendirent le château de Seneffe et ses dépendances le 26 juin 1906 à M. Philippson, banquier à Bruxelles.
[22] Il est inexact dit L’Indépendance, que S.A.R. le comte de Flandre ait fait l’acquisition du domaine de Seneffe pour le prince Baudouin. Le château a été mis aux enchères, mais il n’a pas encore trouvé d’acquéreur définitif, et personne ne s’est présenté au nom du prince Baudouin. L’erreur provient sans doute de ce que la plus forte enchère a été mise par un dignitaire du palais agissant pour son compte et non pour le compte du prince comme on l’avait supposé.
[23] M. Henri de Buisseret réside actuellement à Maisières et son fils, M. Louis de Buisseret habite le château de buisseret.

L’ancienne campagne de Mme Dubray, mère appelée château de l’Espinette, est aujourd’hui habitée par M. de la Motte-Baraffe, époux de Melle de Lalieux.

 5.      Quelques petites campagnes de moindre importance, parmi lesquelles nous citerons la campagne de M. Fontaine-Motte, inhabitée, à l’entrée du village, du côté de Manage.
 6.      L’église
L’église d’architecture ogivale. L’adjudication des travaux de construction de cette église eut lieu le 23 avril 1875. M. Mahaux, de Dampremy, fut déclaré adjudicataire pour la somme de 151.000 francs. L’architecte est M. Bruyenne, de Tournai.
 7.      Chapelles
Quelques petites chapelles, buts de pèlerinages et de dévotion des fidèles, se remarquent encore sur le territoire de Seneffe.
Ce sont les chapelles des Affligés, de Notre-Dame de Tongres, de Notre-Dame de Walcourt, de Notre-Dame de Hal et enfin la chapelle Poliart (en ruines) près de la ferme du Héaume.

 HOMMES REMARQUABLES

Bailly Jules
Né à Seneffe le 14 décembre 1832, poète et littérateur à Paris.
Parmi les nombreux ouvrages publiés par Jules Bailly nous citerons :
Les trois Napoléon, poème
Epanchements, poésies avec une préface de B. Quinet, Mons, 1853
Poésies, avec une préface de B. Quinet, Mons, Manceaux-Hoyois, c’est un extrait du précédent.
A la mémoire de M. Adolphe Dechamps, ministre d’Etat.
Les heures du soleil, qui passe pour une de ses meilleures productions. Cet ouvrage dit le bibliophile de l’Office de publicité, révèle un vrai talent, bien personnel et bien vivant.
M Bailly a en outre collaboré en Belgique et en France à une foule de journaux et revues.

 Dupont François-Joseph
François-Joseph Dupont est un des industriels les plus distingués de la Belgique. Il naquit à Seneffe le 28 mars 1780. Il entreprit d’abord la fabrication et le commerce de clous. En 1809, il construisit à Feluy-Arquennes une forge pour la fabrication des fers battus, cet usine reçut dans la suite de notables accroissements.
M. Dupont établit à Fayt en 1820 et 1821, des laminoirs pour la fabrication du fer, ainsi qu’une fonderie. Des laminoirs plus considérables furent créés en 1836. Ce fut une des premières fabrique du continent pour la fabrication du fer affiné au charbon minéral et étiré en laminoirs.
M. Dupont fut élu membre du sénat par les électeurs de Thuin, le 29 juin 1836, et mourut à Fayt le 25 avril 1838, âgé de 58 ans.

 FAITS HISTORIQUES

Comme le nom de toutes les localités, celui de Seneffe a fréquemment varié, nous le voyons apparaître  sous les formes suivantes : Senephyum (1084), Senophe (1125) Seneffia (1167 et XIIe siècle), Senefia (1193), Senophia (XIIIe siècle), et enfin Senef et Seneffe.
Il est fait mention de Seneffe pour la première fois en l’an 1007. Mais si par le Senophe dont parlent les Acta Belgica il fallait entendre le village de Seneffe, son origine remonterait à l’an 656. Selon toute vraisemblance, c’est de la forêt de Seneffe qu’il s’agit dans ce document, car on sait qu’au moyen-âge quatre forêts couvraient le Hainaut, savoir
La forêt charbonnière.
  1. La forêt de Mormal, signalée au XIIe et XIIIe siècles.
  2. La forêt de Seneffe (Sonefia silva, XIe s. qui se prolongeait jusqu’à Nivelles
     3. Ces deux dernières ne doivent pas être concondues avec la Charbonnière, mais il est probable qu’elles en dépendaient.

  1. La forêt de Broqueroie, dont une partie s’étendait en Hainaut et l’autre en Brabant. Elle est citée en 863 et 1181.
C’est dans la forêt de Seneffe que Saint Feuillien fut assassiné en 656, une chapelle et un monastère furent construits à l’endroit même où le saint succomba. Rœulx-Hillin, dans le récit qu’il nous a légué des miracles de cet apôtre, place l’endroit de son martyre dans la forêt charbonnière.
Dans le haut moyen-âge, Rœulx et Senophe faisaient partie du pagus Haynoensis, canton du Hainaut
 Le jeudi 1325, Jean Renaus, de seneffe, Godefroid brise-Tête, Collins Maubrians, de Lombise, furent justiciés et pendus la nuit de Saint-Christophe, pour ce qu’ils ravirent en l’église Notre-Dame de Tournai, pour le meurtre de Willem Maissent, qu’ils laissèrent pour mort devant l’atre puis rentrèrent dans l’église.
Suivant le plus ancien compte de la Vénerie qui soit conservé aux Archives du Royaume[24], compte qui va de la Saint-Jean à la Noël de l’an 1406, quelques habitants des villages voisins de Nivelles, Lillois, Witerzée, Baulers, Ronquières, Maransart, Houtain, Rêves, Bousval, Obaix, Tangissart, Arquennes, Seneffe Loupoigne, Baisy, devaient 36 muids d’avoine, mesure de Louvain, l’obligation de loger le duc et ses officiers et les veneurs du prince accompagné de ses chiens.
Vers l’année 1525, une bande de brigands, recrutée parmi les soldats licenciés ou les déserteurs, se tenait à la limite du Brabant et du pays de Liège. Elle fut attaquée cette année, par le lieutenant bailli du Brabant Wallon et 20 hommes armés. Six de ces brigands furent pris, enfermés à Jodoigne et condamnés par le lieutenant-bailli, qui se fit assister par le sire de Dongelberg, Jacques de Glimes, bailli de Wasseige, Pierre du Pont, bailli de Jodoigne et Jean Franchet, bailli de Seneffe, tous hommes de fief de la haute cour de Lothier.
Le 20 juillet 1554, Henri II, roi de France, entra dans le Hainaut, pendant qu’il campait à Jumet, un fort détachement tentait de surprendre Nivelles, mais la place étant mieux gardée que ne l’avait pensé le roi, ses troupes durent se retirer sans faire autre chose que de détruire les villages de l’environ. Après avoir brûlé Seneffe, l’armée royale se dirigea sur Binche, laissant tout au long de sa route, feux, flammes, fumées, et toutes calamités.
En 1633, deux régiments allemands du corps de Picolimini vinrent planter leurs tentes aux Estinnes. Ces soldats ravagèrent, pillèrent et emportèrent « tout, sans miséricorde des censiers, tant de Sa Majesté qu’autres, des environs de Binche et Mariemont jusqu’à Seneffe ».
On lit dans les comptes de la massarderie de Soignies tenus par Jacques Jocquet, depuis la Noël 1646 jusqu’à la veille de la Saint-Jean-Baptiste 1648 :
«  Paiements d’individus ayant servis de guides aux soldats lorrains jusqu’à Erbaut, aux Espagnols jusqu’à Neuville, et à un régiment de Bourguignons jusqu’à Seneffe, et ainsi qu’aux prisonniers jusqu’à Stambruges ».
En 1674 eut lieu la bataille de Seneffe. C’est entre Fayt et Manage dans ces terrains convulsionnés par la formation houillère, dans les ravins qui se prolongent vers Bois-d’Haine, que se livra la fameuse bataille de seneffe.
Cette bataille qui eut lieu le 11 août 1674, dura huit heures de jour et deux de nuit. Les Français, sous Condé, perdirent 7.000 hommes et les Alliés, commandés par le prince d’Orange, eurent environ 10.000 hommes hors de combat. La tradition qui se rapproche, peut-être d’avantage de la vérité que les rapports officiels, assigne aux deux armées deux pertes plus considérables, d’après elles, 27.000 hommes auraient trouvé la mort dans les champs de Seneffe.
L’armée alliée, composée d’Allemands, de Hollandais et d’Espagnols, comptait 65.000 combattants. Les Français, inférieurs en nombre, ne purent mettre en ligne que 40.000 hommes[25].
Le peintre De Keizer, mort récemment, nous a laissé une toile représentant la bataille de Seneffe.

[24] A.G.R. Chambre des Comptes, reg. 863 du supplément.
[25] Suit la relation en détail de la bataille de Seneffe, que nous sautons ici et reproduiront une autre fois.

Avant de commencer la campagne de 1675 dans les Pays-Bas espagnols, Louis XIV voulut visiter le champ de bataille de Seneffe. Il s’y fit montrer par le prince de Condé, les lieux témoins de la gloire de son armée et de tant de combats héroïques. Il examina avec soin jusqu’aux haies et buissons qui avaient servis de défenses aux ennemis et ne put s’empêcher de témoigner de la tristesse à la vue de ce champ de bataille qui avait servi de tombeau à tant de braves.
En mars 1677, après le départ des Français de Nivelles et à l’approche de l’armée alliée, un grand nombre de paysans de Feluy et Seneffe se réfugièrent à Nivelles avec leur bétail. Comme ce bétail épuisait les prairies et les remplissait d’ordures, ordre fut donné aux malheureux fugitifs de quitter la ville et sa juridiction (9 août 1677).
 Le 1er juillet 1690 eut lieu la bataille de Fleurus, après celle-ci, des détachements de l’armée de Luxembourg se montrèrent à Seneffe (17 juillet). On sait que l’armée française campait à droite près du village de Piéton, à gauche près de Gouy et le ruisseau de Piéton derrière elle.
En septembre 1691, la marche de Luxembourg, de Strée-lez-Beaumont à Feluy, se fit sur six colonnes. La 3e colonne passa à la cense del Court et à Ragny d’où elle descendit à la forge du Grand Marteau, traversa la Sambre sur le pont de Thuin et de là prit le chemin royal qui va à Anderlues, laissant ensuite ce village à gauche, passa à la Fontaine Saint-Médard et continua sa marche à travers champs. Elle laissa la rivière d’Haine à sa gauche et celle du Piéton à sa droite, elle prit ensuite sa marche par la chapelle des Sept-Douleurs et descendit à travers la prairie pour passer le ruisseau de Seneffe, au pont de la Codaine, d’où elle entra dans la plaine du camp.
Au mois de mai 1692, le roi Louis XIV passa la revue des deux armées françaises assemblées près de Mons en vue du siège de Namur. Cette solennité militaire terminée, l’une de ces armées, commandée par le maréchal duc de Luxembourg, se mit en marche vers Haine-Saint-Paul, Mariemont, Fayt-lez-Manage, Seneffe et Feluy, tandis que le roi, à la tête de l’autre, traversait la plaine de Binche et allait camper à Chapelle-lez-Herlaimont.
Dès les premiers jours de juin 1693, les troupes de Luxembourg, en marche de Givry à Feluy, passèrent à Seneffe, ravageant la plus grande partie des moissons dont les champs étaient couverts. L’armée que commandait Luxembourg devant couvrir celle de Sa Majesté, décampa de Givry le 3 juin pour aller à Feluy. Cette marche se fit sur trois colonnes. La colonne de droite partant de son camp, prit la grande chaussée pour aller aux Hautes-Estinnes, de là elle passa à la Maldrerie en laissant Waudrez sur sa gauche, et Binche à droite. Elle suivit le chemin de Passe-Jonc et alla ensuite à Morlanwelz, laissa le prieuré de Montaigu sur sa gauche pour se rendre dans la plaine de Bellecourt, d’où laissant la chapelle des Sept-Douleurs à droite, elle passa à la cense de la Codaine (Coq d’Inde) et aux gués qui sont sur le petit ruisseau qui prend sa source près de la cense de Bellecourt et entra dans son camp sis entre les Wanages et Seneffe.
La deuxième colonne alla de Vellereille-le-Secq et aux Basses-Estinnes, de là elle alla au gravier de Péronnes, laissa ce village à gauche pour prendre le chemin de Haine-Saint-Pierre, elle alla ensuite à la hauteur de Hardimont, au Fayt et aux Wanges, où fut la droite du camp.
La troisième colonne passa au pont de Bray, suivit le chemin de Péronnes, alla au pont de Taperiau et à Saint-Vaast, d’où elle monta à la plaine pour aller à la cense du Sart. Elle prit le chemin de Familleureux, alla de là à Seneffe et lorsqu’elle fut en deçà de ce village, elle se trouva dans son camp
En septembre 1693, après la bataille de Neerwinden, l’armée française campa de nouveau dans la plaine de Seneffe, la droite à Obaix, la gauche au prieuré de Herlaimont et le quartier général au château Vanderbecq, à Gouy-lez-Piéton.
Après ces marches et contremarches de l’armée française, tous les fourrages étaient consommés à Familleureux, Seneffe, Fayt, aux Ecaussinnes, la Folie, et au bois de la Houssière[26]

[26] Chevalier de Beaurain,Histoire de Flandre.

Au mois d’octobre 1710, une partie de l’armée de Marlborough, en marche des Estinnes à Nivelles, passa par Seneffe.
Chaque année, il sortait de l’université de Louvain un élève, parmi tous les élèves, un vainqueur parmi tous, on l’appelait Primus, ou premier en philosophie. Le trajet du Primus à son pays natal, était une sorte de marche triomphale qui ne s’arrêtait qu’à la porte de sa maison[27].
En 1736, Seneffe eut l’honneur de compter le Primus de Louvain (Pédagogie du lis) au nombre de ses enfants, en la personne de Jean-François Nopère[28].
En juillet 1745, l’armée française campa à Feluy, Arquennes et Seneffe.
En 1790, le maire de Nivelles, M. de Wauthier, désigné à la vengeance populaire à cause de son attachement à Joseph II, fut arrêté à Manage.
Suite à l’invasion française en 1792, Tubize fut agitée par de grandes dissensions. Des élections avaient eu lieu pour la nomination d’officiers municipaux. La victoire resta au parti opposé aux idées nouvelles. Une députation du parti contraire se rendit à Bruxelles, et y remit ses protestations aux représentants provisoires de cette ville, dans leur séance du 10 janvier 1793.
Le nommé Cumel qui présenta les députés de l’assemblée, et qui n’était autre, parait-il, que l’exploitant des carrières de Tubize, avait appartenu au parti vonckiste et prit ensuite du service dans les armées françaises, se donnait alors le titre de général des sans-culottes.
Cumel partit pour Tubize et les localités voisines où de nouvelles élections se firent « légalement », c.à.d. comme il le voulut, le 12, à Tubize, le 15 à Seneffe, le 16 à Rebecq et le 17 à Hennuyères[29].
En 1794, les troupes françaises remportèrent à Seneffe un léger avantage sur les Autrichiens.
Par arrêté, en date du 23 vendémiaire an III (14-10-1794), les républicains français imposèrent une contribution de trois millions de livres aux ecclésiastiques, nobles et riches propriétaires du Brabant wallon. Le comte de Seneffe figure dans la liste des imposés pour la somme de 25.000 livres.
De 1795 à 1814, beaucoup d’habitants de Seneffe servirent sous le drapeau français pendant la réunion de la Belgique à la France, comme le prouvent les nombreuses médailles de Sainte-Hélène accordées aux habitants de la localité :
Boucher Alexis,  Bourgeois Hubert-Joseph, Burgeon Jacques-Joseph, Canelle Jean-Baptiste, Clara Adrien-Joseph, Deppe Jean, Ghislain Joseph, Godefroid Hubert-Joseph, Godissart Ferdinand, Houssard André, Hoyaux Antoine, Linard Célestin, Nicaise Léopold, Noot Augustin, Potdevin Charles-Joseph, Sibille Pierre, Sibille Jean-Baptiste, Triquet Norbert-Joseph, Wasterlain Emmanuel et Wauty Jean-Baptiste.
En 1814, au mois avril, les troupes saxonnes cantonnèrent à Seneffe pendant 12 jours. Les dépenses occasionnées pour le séjour de ces troupes s’éleva à 4.000 Frs.
 En mémoire de la participation des habitants aux événements de la révolution de 1830, le gouvernement provisoire décerna en 1832 un drapeau d’honneur à la commune. Les villes de Bruxelles et Liège imitèrent l’exemple donné par le gouvernement, en offrant également un drapeau d’honneur à la municipalité.
Parmi les combattants qui se distinguèrent particulièrement dans les combats livés pour la cause de l’indépendance, on cite M. Florent Gilmont et Antoine deduc. Le gouvernement récompensa leur belle conduite par la Croix de Fer.

[27] M. RONSENS, dans les Analectes, a publié la liste des lauréats de la faculté des Arts, de l’université de Louvain. Dans la promotion du 29-3-1542, on voit cité le nom de Joannes Descrolières, ex Seneffe, et dans celle du 20 mars 1559, celui de Joannes Dessaers, ex Seneffe.
[28] HOVELAND de BEAUWELAERE, Histoire e Tournai
[29] Tarlier et Wauters,Géographie et Histoire des communes belges, Tubize, p.146.

Dans la table chronologique de l’introduction de l’imprimerie dans le Hainaut, on trouve que la première presse fut introduite à Seneffe en 1846, par Jean-Baptiste Laurent.
Il y a quelques années, plusieurs journaux s’imprimaient à Seneffe, notamment le Messager de Seneffe. Aujourd’hui on y édite encore un journal d’annonces.
 L’ouragan qui s’abattit sur le Hainaut en 1876, causa de grands dégâts à Seneffe. Des bâtiments furent renversés, des bestiaux écrasés, des arbres déracinés et brisés, etc. les pertes subies de ce chef furent évaluées à 465.000 Fr environ.
 Le 11 février 1885, le moulin à vapeur le la « S.A. de Seneffe » fut incendié. Les dommages causés s’élevèrent à 30.000 Fr environ.


                                                                                                                               Décembre 1887.