dimanche 13 septembre 2020

A PROPOS DE LA CARRIÈRE CLOUDT A ARQUENNES



A PROPOS DE LA CARRIÈRE CLOUDT A ARQUENNES

                                                                                                 Alain GRAUX

En complément de notre article sur les carrières d’Arquennes, voici le projet de statuts de la « Société Anonyme des carrières de Feluy-Arquennes » réalisé en 1876 devant Me Albert Mangin, notaire à Mons, assisté de témoins : Théodore Cloudt-Aulit[1], demeurant à Mons, propriétaire des carrières dites de Feluy-Arquennes, situées à Arquennes, déclare que, voulant continuer une société anonyme par voie  de souscription, mode déterminé par la loi du 18 mai 1873, il a dressé de la manière suivante le projet de statuts de cette société :

Chapitre 1erNature, objet, durée, nom et siège de la société

Art. 1. Il est formé, entre ledit comparant et les personnes qui seront par la suite propriétaires des actions ci-après créées, une société anonyme sous a dénomination de « Société des carrières de Feluy-Arquennes ».
Son siège est établi à Arquennes, mais il pourra être changé par décision de l’assemblée générale, moyennant publication dans le Moniteur et dans deux journaux de Mons de ce changement de domicile.
Art. 2. la société a pour objet :
1° L’exploitation et le développement des carrières de granit dites pierres bleues, situées à Arquennes, province de Hainaut ;
2° L’acquisition totale ou partielle et l’exploitation d’autres carrières ;
3° La fabrication de la chaux et autres dérivés de la pierre calcaire ;
4° Toutes les opérations qui tiennent à l’exploitation, au traitement, au commerce et au transport des pierres et ses dérivés.
Art.3. La société aura cours le jour de la constitution définitive et durera aussi longtemps que le permettra l’exploitation de ces carrières.
En cas de perte de la moitié du capital social, les administrateurs soumettront à l’assemblée générale la question de la dissolution de la société.
Si la perte atteint les ¾ du capital, la dissolution pourra être prononcée par les actionnaires possédant un quart des actions représentées à l’assemblée. En cas de dissolution l’assemblée générale règlera le mode de liquidation.
Art.4. Tous actes qui ne se lient pas immédiatement aux opérations sus indiquées, ainsi que l’émission de billets de caisses et de tous autres papiers de la même nature sont fortement interdits.

Chapitre II. – Apports, fond social.
Art.5. Le comparant ci-dessus dénommé et qualifié apporte à la société la propriété des carrières de granit de Feluy-Arquennes, situées à Arquennes, province de Hainaut
Cette propriété d’un ensemble comprenant 2 hectares 64 ares 26 centiares de fond en comble, est apportée quitte et libre de toutes charges hypothécaires et de toute remise à forfait.
Elle est limitée comme suit : au nord, par le canal de Charleroi à Bruxelles ; à l’est, par le comte de Lalaing ; au sud, par le chemin de Feluy à Arquennes à la station, et à l’ouest, par le chemin de fer de Manage à Nivelles.
Elle comprend :
La carrière Boulouffe sise au village, reprise au cadastre sous la section B. n° 659k, 659t, 659n, 659o, 657p, 660a, 661a, 661b, 661c, 665a et 664b, pour une contenance de 1hectare 35 ares 40 centiares, réduite à 1hectare 32 ares, 96 centiares par suite d’une emprise de 2 ares 10 centiares pour le chemin de fer.
Sur ce terrain existent :
  1. Une maison bâtie sur caves ayant plusieurs chambres au rez-de-chaussée et à l’étage, avec cantine pour les carrières.
  2. Six maisons de demeures d’ouvrières placées vers la route et vers le canal ;
  3. Une usine avec grande cheminée, construite en briques et carreaux. Cette usine renferme : 1° une machine à vapeur horizontale et son générateur, d’une force approximative de 8 CV ; 2° une armure de 15 à 24 lames pour le sciage des granits de moyennes dimensions ; 3° deux pompes d’exhaure, et 4° les outillages mobiles, tels que wagonnets, rails, pièces de rechange, marteaux et refendresses, chaînes, scies neuves et vieilles, madriers, etc.
      D.   Le quai d’embarquement ;
 2° La carrière dite Mathias, située au village d’Arquennes ;
 3° La carrière dite du Rossignol, contiguë à la précédente, avec laquelle elle ne forme qu’un ensemble. Ces deux carrières sont reprises au cadastre sous les n° 715, 718, 719a, b, c et f, 720a, 721a, 722a de la section B pour une contenance de 1hextare 31 ares 50 centiares.
Sur ce terrain existent :
   A. Le bâtiment d’exploitation avec grande cheminée construite en briques avec des carreaux, registres et accessoires. Dans cette construction est installé le matériel industriel ainsi que l’outillage mobile de l’exploitation composé notamment : 1° d’une machine à vapeur neuve à condensation, système à balancier, pour la traction et l’exhaure, ayant la force de vingt chevaux-vapeur environ, avec tous accessoires, trécit, mouvement de pompes, volant, engrenages ; 2° un générateur avec tube impilleur, timbré pour subir une pression de six atmosphères effectives, avec tous les appareils de sûreté prescrits par la loi ; 3° pompes d’épuisement avec tous les accessoires.
   B. Environ trois cent mètres de voies ferrées, y compris le plan incliné pour la remonte ;
   C. Tous les objets servant à l’exploitation de ladite carrière tels que chaînes, wagons, crics, chariots cabestans, leviers, marteaux, matériel de forge, etc.
Le bail d’un terrain contigu à la carrière Boulouffe appartenant aux époux Lescart-Dubois, concédant le droit d’y déposer les déblais provenant des découvertes des autres carrières.
Le droit de faire les apports qui précèdent et de constituer la présente société résolue, pour le propriétaire, de l’acquisition qu’il en a reçu des époux Demesse-Dubois, propriétaires à Arquennes, suivant acte passé devant Me Doumont, notaire à Feluy le 20 novembre 1875, enregistré.

Art.6. Pour le prix de ces apports, ledit comparant recevra 150.000 Fr. en espèces et 80 actions de la présente société, entièrement libérées.
Les 270 actions restantes seront offertes aux souscripteurs.
Art.7. Le capital social fixé à 350.000 Fr., est divisé en 350 actions de 1.000 Fr. chacune.
Toute émission ultérieure est réservée à l’assemblée générale.
Art.8. La société ne peut amortir ou rembourser ses actions qu’au moyen des bénéfices.
Dont acte sur projet présenté par le comparant, fait et passé à Mons en l’étude, le 23 mars 1876.
Lecture faite le comparant a signé avec les témoins et le notaire
(ont signé) Th. Cloudt-Aulit, Louis Sclavons, A. Dacquin, Albert Mangin[2]

 CARRIERE DE FELUY-ARQUENNES




  Cette carrière est appelée  par les Arquennais « Trou Cloudt ».
Le terrain de cette carrière sis le long de la rue des Carrières actuelle, appartint à l’Etat belge depuis 1894 et s’étend en bordure du trou de carrière abandonné et sur toute la longueur de la côte montant à la gare. L’administration de l’Enregistrement annonce pour le lundi 12-6-1922, la vente des biens domaniaux et notamment l’ancienne carrière d’une contenance de 82 ares 93 ca. Celle-ci est achetée par l’administration communale pour 15.000 Fr.
Le terrain de l’ancienne carrière Cloudt a été comblé et l’administration communale lotit ce terrain au profit de la construction de villas.




                                 




[1] Cloudt Théodore, ° 1811 env., juge au tribunal de commerce, x Aulit Flore-Victoire-Thérèse,° 1817 env., + Mons 19-4-1881
[2] Annexes du Moniteur Belge 1876/370