A PROPOS DE LA CARRIÈRE CLOUDT A ARQUENNES
Alain GRAUX
En complément de
notre article sur les carrières d’Arquennes, voici le projet de statuts de la « Société
Anonyme des carrières de Feluy-Arquennes » réalisé en 1876 devant Me
Albert Mangin, notaire à Mons, assisté de témoins : Théodore Cloudt-Aulit[1],
demeurant à Mons, propriétaire des carrières dites de Feluy-Arquennes, situées
à Arquennes, déclare que, voulant continuer une société anonyme par voie de souscription, mode déterminé par la loi du
18 mai 1873, il a dressé de la manière suivante le projet de statuts de cette
société :
Chapitre 1er – Nature, objet, durée, nom et siège de la société
Art. 1. Il est formé, entre
ledit comparant et les personnes qui seront par la suite propriétaires des
actions ci-après créées, une société anonyme sous a dénomination de « Société
des carrières de Feluy-Arquennes ».
Son siège est
établi à Arquennes, mais il pourra être changé par décision de l’assemblée
générale, moyennant publication dans le Moniteur et dans deux journaux de Mons
de ce changement de domicile.
Art. 2. la société a pour objet :
1° L’exploitation
et le développement des carrières de granit dites pierres bleues, situées à
Arquennes, province de Hainaut ;
2° L’acquisition
totale ou partielle et l’exploitation d’autres carrières ;
3° La fabrication
de la chaux et autres dérivés de la pierre calcaire ;
4° Toutes les
opérations qui tiennent à l’exploitation, au traitement, au commerce et au
transport des pierres et ses dérivés.
Art.3. La société aura cours le
jour de la constitution définitive et durera aussi longtemps que le permettra
l’exploitation de ces carrières.
En cas de perte de
la moitié du capital social, les administrateurs soumettront à l’assemblée
générale la question de la dissolution de la société.
Si la perte atteint
les ¾ du capital, la dissolution pourra être prononcée par les actionnaires
possédant un quart des actions représentées à l’assemblée. En cas de
dissolution l’assemblée générale règlera le mode de liquidation.
Art.4. Tous actes qui
ne se lient pas immédiatement aux opérations sus indiquées, ainsi que
l’émission de billets de caisses et de tous autres papiers de la même nature
sont fortement interdits.
Chapitre II. – Apports,
fond social.
Art.5. Le comparant ci-dessus
dénommé et qualifié apporte à la société la propriété des carrières de granit
de Feluy-Arquennes, situées à Arquennes, province de Hainaut
Cette propriété
d’un ensemble comprenant 2
hectares 64 ares 26 centiares de fond en comble, est
apportée quitte et libre de toutes charges hypothécaires et de toute remise à
forfait.
Elle est limitée
comme suit : au nord, par le canal de Charleroi à Bruxelles ; à
l’est, par le comte de Lalaing ; au sud, par le chemin de Feluy à
Arquennes à la station, et à l’ouest, par le chemin de fer de Manage à
Nivelles.
Elle
comprend :
1° La carrière Boulouffe sise au
village, reprise au cadastre sous la section B. n° 659k, 659t, 659n, 659o,
657p, 660a, 661a, 661b, 661c, 665a et 664b, pour une contenance de 1hectare 35
ares 40 centiares, réduite à 1hectare 32 ares, 96 centiares par suite d’une
emprise de 2 ares 10 centiares pour le chemin de fer.
Sur ce terrain
existent :
- Une maison bâtie sur caves ayant
plusieurs chambres au rez-de-chaussée et à l’étage, avec cantine pour les
carrières.
- Six maisons de demeures d’ouvrières
placées vers la route et vers le canal ;
- Une usine avec grande cheminée,
construite en briques et carreaux. Cette usine renferme : 1° une
machine à vapeur horizontale et son générateur, d’une force approximative
de 8 CV ; 2° une armure de 15 à 24 lames pour le sciage des granits
de moyennes dimensions ; 3° deux pompes d’exhaure, et 4° les
outillages mobiles, tels que wagonnets, rails, pièces de rechange,
marteaux et refendresses, chaînes, scies neuves et vieilles, madriers,
etc.
D. Le quai d’embarquement ;
2°
La carrière dite Mathias, située au village d’Arquennes ;
3° La carrière dite du Rossignol, contiguë à la précédente, avec laquelle
elle ne forme qu’un ensemble. Ces deux carrières sont reprises au cadastre sous
les n° 715, 718, 719a, b, c et f, 720a, 721a, 722a de la section B pour une
contenance de 1hextare 31 ares 50 centiares.
Sur ce terrain
existent :
A. Le bâtiment d’exploitation avec grande
cheminée construite en briques avec des carreaux, registres et accessoires.
Dans cette construction est installé le matériel industriel ainsi que
l’outillage mobile de l’exploitation composé notamment : 1° d’une machine
à vapeur neuve à condensation, système à balancier, pour la traction et l’exhaure,
ayant la force de vingt chevaux-vapeur environ, avec tous accessoires, trécit,
mouvement de pompes, volant, engrenages ; 2° un générateur avec tube
impilleur, timbré pour subir une pression de six atmosphères effectives, avec
tous les appareils de sûreté prescrits par la loi ; 3° pompes d’épuisement
avec tous les accessoires.
B. Environ trois cent mètres de voies
ferrées, y compris le plan incliné pour la remonte ;
C. Tous les objets servant à l’exploitation
de ladite carrière tels que chaînes, wagons, crics, chariots cabestans,
leviers, marteaux, matériel de forge, etc.
4° Le bail d’un terrain contigu
à la carrière Boulouffe appartenant aux époux Lescart-Dubois, concédant le
droit d’y déposer les déblais provenant des découvertes des autres carrières.
Le droit de faire
les apports qui précèdent et de constituer la présente société résolue, pour le
propriétaire, de l’acquisition qu’il en a reçu des époux Demesse-Dubois,
propriétaires à Arquennes, suivant acte passé devant Me Doumont, notaire à
Feluy le 20 novembre 1875, enregistré.
Art.6. Pour le prix de ces
apports, ledit comparant recevra 150.000 Fr. en espèces et 80 actions de la
présente société, entièrement libérées.
Les 270 actions
restantes seront offertes aux souscripteurs.
Art.7. Le capital social fixé à
350.000 Fr., est divisé en 350 actions de 1.000 Fr. chacune.
Toute émission
ultérieure est réservée à l’assemblée générale.
Art.8. La société ne peut
amortir ou rembourser ses actions qu’au moyen des bénéfices.
…
Dont acte sur
projet présenté par le comparant, fait et passé à Mons en l’étude, le 23 mars
1876.
Lecture faite le
comparant a signé avec les témoins et le notaire
(ont signé) Th.
Cloudt-Aulit, Louis Sclavons, A. Dacquin, Albert Mangin[2]
CARRIERE DE FELUY-ARQUENNES
Cette carrière est
appelée par les Arquennais « Trou Cloudt
».
Le terrain de cette
carrière sis le long de la rue des Carrières actuelle, appartint à l’Etat belge
depuis 1894 et s’étend en bordure du trou de carrière abandonné et sur toute la
longueur de la côte montant à la gare. L’administration de l’Enregistrement
annonce pour le lundi 12-6-1922, la vente des biens domaniaux et notamment
l’ancienne carrière d’une contenance de 82 ares 93 ca. Celle-ci est achetée par
l’administration communale pour 15.000 Fr.
Le terrain de
l’ancienne carrière Cloudt a été comblé et l’administration communale lotit ce
terrain au profit de la construction de villas.
[1] Cloudt Théodore, ° 1811
env., juge au tribunal de commerce, x Aulit Flore-Victoire-Thérèse,° 1817 env.,
+ Mons 19-4-1881