INVENTAIRE DE RENISSART EN L'AN 6 DE LA
REPUBLIQUE FRANCAISE
Alain Graux
Comme tous les
biens ecclésiastiques, le prieuré de Renissart, fut placé sous séquestre sous
le régime français. Un inventaire des biens mobiliers fut réalisé par Louis
LEGAY, orfèvre montois, délégué à cette tâche dans tout le département de
Jemappes:
« Ce jourd'huy 30 prairial an sixième de la
République[1], en exécution de
l'arrêté de l'administration centrale du département de Jemappes en date du 29
ventôse an six, Je, Louis Legay, commissaire proposé aux inventaires du
mobilier national, accompagné des citoyens Boulouffe et Hainaut, agent et
adjoint de la commune d'Arquennes, canton de Seneffe, me suis transporté au
ci-devant prieuré de Renissart à l'effet d'y faire l'inventaire estimatif du
mobilier réservé à la République, qui se trouve dans cette maison où étant
arrivés, nous y fument introduis par le citoyen Poulet, locataire de la dite
maison, qui nous a introduis dans une chambre sur laquelle étoit apposé un
scellé signé Battelet.
Les
citoyens agents sus nommés l'ayant examiné et l'ayans reconnu être dans la même
position qu'ils étoient intervenus. Nous l'avons levé et avons procédé à
l'inventaire estimatif des objets qui y étoient renfermés comme s'en suit,
savoir:
En
argent de France
1.
Une tapisserie en toile cirée peinte, un grand tableau rep (reproduisant) : le Christ sur la croix, deux autres à
coté de la cheminée rep: la Vierge et l'enfant Jésus, un rep: la résurrection
et deux autres rep: deux bouquets de fleurs, un porte chandelle en fer, deux
mauvaises chaises en cuir bouilli et deux prie-Dieu. Le tout estimé: à six
francs
2.
La châsse de Saint Cornille garni en velours cramoisi brodé en or, estimé à dix
huit francs.
3.
Trois mauvaises chasubles avec étoles et manipules, une mauvaise aube de toile,
quatre chandeliers de cuivre et deux bras garnis de cuivre, un calice et sa
patère en étain, un missel, un pupitre, trois canons, une croix et un cadre
doré, le tout app: à neuf francs.
4.
Dans une chambre à côté de la précédente, trois mauvais tableaux rep: des
moines et un autre rep: des gibiers, une tapisserie en cuir bouilli doré plus
un autre tableau au haut de l'escalier rep: un moine, le tout estimé à quatre
francs.
5.
Dans une chambre à manger, une tapisserie en toile cirée peinte, un tableau au
dessus de la cheminée rep: un moine, et quelques morceaux de tapisserie dans un
cabinet à coté, le tout estimé à neuf francs.
6.
Toute la décoration de la chapelle consistante en un autel en bois peint, deux
bancs garnis d'armoires en bois de chêne et en sapin, la boiserie y compris
douze tableaux qui en font partie, un vieux confessionnal et deux prie-Dieu, le
tout app: à trente francs.
7.
Une brasserie consistante en une chaudière de cuivre d'environ sept pieds de
diamètre sur quatre de profondeur, deux grands cuviers auxquels il manque
chacun un cercle de fer, un refroidissoir, deux bacs en bois et quelques autres
attirails de brasserie, le tout apprécié à
5
frs.
Après
recherches exactes faites en la dite maison, nous n'avons rien trouvé de plus
susceptible d'être vendu avant l'immeuble, pourquoi nous avons clos le présent
inventaire et avons laissé le tout à l'exception des objets repris au n° 3 à la
garde et surveillance du citoyen Ghislain Poulet, locataire de la dite maison
et les objets repris sous le n° 3, sous
la surveillance des agents municipaux de la commune d'Arquennes qui se sont
fait transporter au lieu du cy devant prioré de Renissart le jour et mois comme
dessus.
L. Legay »[2].
La châsse de Saint
Corneille fut soustraite du prieuré et cachée dans les environs, le calme
revenu les reliques du saint furent déposées à l'église paroissiale d'Arquennes[3].
Le prieuré de
Renissart fut vendu comme bien national au citoyen François Masure, ce dernier
fut conseiller de la préfecture de Jemappes et plus tard membre du conseil
communal sous la période hollandaise.
La ferme de
Renissart, ancien prieuré
[1] 18 juin 1796.
[2] A.E.M. Fonds français et hollandais, n° 477, art.196.
[3] COTYLE R., Arquennes, in "Annales historiques. Val de Samme
1940-1945", t.2. 1976, p. 111.
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