samedi 21 juin 2014

Canal de Seneffe


UN PROJET DE CANAL DE SENEFFE A LOUVAIN IRRÉALISÉ

 
                                                                                                                      Alain GRAUX

 
En 1848, Raymond Carlier[1], architecte ; Charles Van Moorsel, négociant, et Joseph Bonnet, entrepreneur, présentèrent au ministre des Travaux Publics, Hyppolite Rolin, un projet de canal reliant Seneffe à Louvain.

Voici le tracé qu’aurait repris ce canal appelé canal de Seneffe :

« Le canal de Seneffe prend son départ au centre de cette commune près du moulin de M. Gilmont[2], il longe le canal de Charleroi à Bruxelles jusqu’au 17e bief qu’il traverse à niveau.

A ce passage, 4 portes d’écluses seront établies au point de jonction des deux canaux, de manière à isoler constamment les eaux de l’un et de l’autre, soit à la traverse du canal de charleroi, soit à celle du nouveau canal.

A partir du canal de Charleroi, le canal de Seneffe longe le premier jusqu’à la 19e écluse, d’où il se sépare un peu, puis continue à le suivre à une petite distance, en décrivant une courbe moins irrégulière que le canal de Charleroi, jusqu’au point où, traversant la chaussée de Nivelles à Binche, à 500 mètres de la 24e écluse. A Arquennes, il se dirige par une courbe de ce dernier point vers Monstreux, continue vers Nivelles et longe le boulevard de la Dodaine, où serait établi le quai de la ville de Nivelles, il suit la côte, pour traverser la nouvelle chaussée de Gosselies au faubourg de Charleroi et la chaussée de Namur près de la ferme du Colombier, et passe dans la commune de Baulers, après avoir traversé la rivière la Thines.

De baulers, il suit le bas-fond du ruisseau ; et traversant la côte, sous Vieux-Genappe, par le moyen d’un tunnel débouchant au hameau dit de Promelles, il poursuit jusqu’à l’extrémité opposé du dit village.

En cet endroit, au confluent du ruisseau de Fonteny et de la Dyle, serait établie la première écluse du canal, de manière qu’il y aurait depuis seneffe un seul bief de 21 km et demi.

De cette écluse, le canal descend la vallée de la Dyle ; traverse, sous un pont fixe, la chaussée de Bruxelles à Charleroi, et rachète cette pente par quatre écluses, jusqu’auprès de l’église de Ways, où serait établie la cinquième écluse.

De Ways, le canal continue jusqu’au château de Thy, où la 9e écluse avec un pont fixe, est à une distance de 250 mètres seulement de la 10e écluse, également avec un pont fixe. Il poursuit ainsi laissant la Dyle à gauche, jusqu’auprès de Bousval, où il passe la rivière, laissant la rivière à droite, et la chaussée de Wavre à Genappe à gauche, et redressant la rivière partout où le besoin s’en fait sentir, le canal passe la route qui conduit à Court-Saint-Etienne , pour traverser à nouveau la Dyle en cette commune où serait la 19e écluse.

De Court-Saint-Etienne le canal se dirige vers Limal ; il suit une pente qui nécessitera la construction de qutre écluses, dont la dernière, le 23e, sera établie à Limal.

En cet endroit, redressant la rivière qui y décrit une courbe, il continue jusque Wavre ; joignant le moulin de Wavre, où serait la 24e écluse, il poursuit à travers la plaine du Sablon en cette ville, où serait établi un quai de chargement, avec deux petits ponts levis continuant le pourtour de la place.

De ce point, le canal poursuit son tracé et prend la direction de Basse-Wavre, où il passe la Dyle à gauche jusqu’à Rhodes-Sainte-Agathe, où la 29e écluse serait construite.

De Rhodes-Sainte-Agathe, le canal suit la côte jusqu’à Heverlée ; là, il croise le chemin de fer de Louvain à la Sambre, passant en dessous, au point où ce dernier traverse la Dyle, près du château des Jésuites.

Continuant ensuite jusqu’à Louvain, il traverse la Voer (ruisseau), les remparts ; et, suivant la même direction que le chemin de fer, n’abandonne celui-ci qu’aux approches du souterrain, pour passer en face de la grande brasserie ; il longe l’établissement du gaz et se jette dans le bassin du canal de Louvain, sur le prolongement de la ligne de ce canal au Rupel.

De Rhodes-Sainte-Agathe jusqu’au canal de Louvain, cinq écluses, dont la dernière, la 34e du canal, complèteront la série d’ouvrages d’art de cette nature, rachetant ainsi une pente de 92 mètres, qui existe entre les eaux du grand bief d’amont du canal de seneffe et celles du bassin du canal de Louvain.

 Le tracé qui vient d’être décrit exige peu d’explications. Commandé par la nature et et la situation des lieux, il franchit en un seul bief 21 km ½ la crête qui sépare le canal de Charleroi de la vallée de la Dyle.

Passant par Nivelles, Genappe, Wavre, il ouvre un débouché direct aux charbonnages du Centre. Cet immense résultat serait obtenu sans exiger la moindre dépense d’eau, ni des embranchements, ni du canal de Charleroi, qu’il traverse à niveau, mais dont il est indépendant par le jeu de quatre portes d’écluses.

Le parcours de la ligne de navigation est de 63 km. »


Les promoteurs du canal de Seneffe, voulaient aussi créer un nouvel embranchement :

«  Partant de l’embranchement de Houdeng, à 1080 mètres du point où cet embranchement se réunit à celui de Mariemont, un nouvel embranchement sera construit en prolongation du canal de Seneffe.

Cet embranchement traversera la commune de Seneffe sur une longueur de 1340 mètres et aura une pente de 10 mètres qui sera rachetée par cinq écluses de 2 mètres chacune ».
 

Ce projet ambitieux ne fut jamais réalisé, vu le nombre d’ouvrages d’art qu’il nécessitait : un tunnel, 34 écluses, de nombreux ponts, etc.


[1] Voir notre article : L’architecte Raymond Carlier (1805-1883). Son œuvre, dans Bulletin S.R.H.F.E.S., n° 3, 1995, pp.  26-32.
[2] Florent Gilmont, Brasseur de  Seneffe, son moulin à eau  et à vapeur et à farine était cadastré  section C.223