jeudi 11 septembre 2014

A PROPOS DES MOULINS A VENT DE L’ENTITE DE SENEFFE

Peu de personnes le savent encore, mais de nombreux moulins à vent faisaient partie du paysage de notre région, nous étudierons ici les moulins à vent qui étaient situés dans l’entité de Seneffe, y compris ceux de Manage qui était un hameau de Seneffe avant la scission de 1880 et du hameau de Besonrieux qui faisait partie de Familleureux  avant la fusion des communes en 1977.

Arquennes

Le greffe scabinal d’Arquennes cite en 1686 « 3 florins de rente pour sa parte dans une rente de 40 florins affectée sur le moulin à vent et héritage en dépendant gisant à la rue de la Herdavoye, le surplus de la dite rente se recevra par égale portion »

MOULIN MOORS
Gilles-Jean Moors, fils d’Henri, seigneurs par engagère d’Arquennes, s’associe à Mathias Monnoye, maître de carrière, afin d’exploiter des carrières et un moulin à vent qu’il fit bâtir le 16-5-1748, une tour de pierre à laquelle on travaille pour servir à un moulin à vent pour évacuer l’eau des carrières, et y faire en même temps de l’huile.
Le contrat stipule
« Que les meules et bassin nécessaires, pour le dit moulin à l’huille, seront tirés de ladite carrière à faix communs, travaillés, façonnés et placés de même.
Que l’entretien de ladite tour et moulin et de tous instruments, outils et ustenciles y servans sera à fraix communs durant ladite association.
Que le gage ou les gages de celuy ou ceux qui dirigera ou dirigeront ledit moulin et fera ou deront de l’huille, se payera ou se payeront moitié par moitié… »


FAMILLEUREUX

MOULIN BANAL
En 1616, Josine Courteville, veuve de Georges de Maulde, seigneur de Familleureux, obtient avec son fils, l’octroi des archiducs Albert et Isabelle, permettant d’établir un moulin banal mû par le vent.
Le moulin à vent de Familleureux s’affermait en 1620 pour la somme de 120 livres.
Cette année là, par son testament daté du 28 mai, Jean de Maulde ordonna que le moulin banal soit légué à ses filles :
-          Isabelle-Albertine, épouse Philippe-François Daelman
-          Antoinette-Françoise, épouse Maximilien-Henri d’Auxbrebis de Saint-Marc.
-          Marie-Florence, épouse du seigneur de Gougnies
-          Marie-Philippe, épouse Jacques Palastre de Moire.

En 1672, c’est Jacques Berlaymont qui est le meunier au rendage de 150 florins.
Le 1-9-1714, le seigneur Jean-Joseph Daelman, acheta de sa tante Antoinette-Françoise de Maulde, et de son cousin Charles d’Auxbrebis de Saint-Marc, leur portion de la terre de Familleureux pour la somme de 7.400 florins, comprenant entre autres un moulin à vent et la maison du meunier[1].
Une lettre sans date (environ 1803), signée de M. de Biseau de Familleureux et adressée à M. d’Ysendoorn à Blois, parle de son moulin :
« Vous allez peut-être dire que je suis le recommandeur perpétuel, cependant quand des braves gens se présentent à moi, je fais ce qu’ils me demandent, et celui à qui j’écris, lit ma lettre et en fait naturellement ce qu’il désire selon sa libre volonté.
Je vous dirai donc que Scutnaire, mon ancien meunier aiant du mettre un arbre tournant à mon moulin, il a choisi pour cette besogne le nommé Antoine, actuellement, je crois, de résidence à Seneffe, qui a esté trois mois pour cet ouvrage et ce qui lui étoit dû,  pour le prix il l’avoit déjà bu en genièvre et autres liqueurs dans les cabarets de familleureux avant d’avoir posé cet arbre. J’ai du mettre un autre sommier il y a trois ans, j’ai pris le charpentier Vandenbore d’Enghien, celui-ci pouvoit donner la main à Antoine, il est comme lui consommé pour avoir avalé trop d’eau de vie de France, alors j’ai du prendre le charpentier Minner pour mettre au prédit moulin  un nouvel entrebut ; de deux que je lui présentoit, il a eu soin pour avoir encore de l’ouvrage, de choisir le mauvais et qui n’étoit point susceptible d’être employé à cause qu’il étoit brûlé et consommé dans le milieu ainsi que l’avoit avoué le même Minner après l’avoir posé. Je ne connais pas un plus avéré fripon, il a posé cet entrebut le 16 aoust 1803 et le 15 septembre suivant , c'est-à-dire un mois après, cet entrebut par un temps doux et calme s’est brisé, et en tombant a fracturé trois pointes, presque cassé la tête de l’arbre tournant.
Une personne de Braine-le-Comte m’avait recommandé d’avance Isidore Theystart, maître charpentier de moulin, de résidence à  Horrues, je l’ai appelé d’abord, et sur dix jours de temps , avec ses deux fils, il a réparé ces dégâts effroyables, et le moulin contre toute attente  a fait farine après ce terme , ces gens sont d’excellents ouvriers , doux de caractère, et d’une grande sobriété
Sans vouloir donner de conseil, le moulin le mieux construit qu’il y eut, c’est celui de Familleureux. Une personne qui adapteroit ce plan ne commetroit point, je crois, une imprudence. C’est le savant Luc Josse qui a fait le moulin avant de mourir, c’est son chef-d’œuvre »[2]



Détail d’une peinture où l’on voit le cœur de l’église de Familleureux et à l’arrière plan, le moulin à vent en bois
Le moulin mû au vent existait toujours en 1833, il est cité par Ph. Vandermaelen, La superficie de l’espace du moulin était de 9 perches 50 aunes carrées[1].
Le propriétaire était alors  M. Carton de Familleureux. Ce dernier vendra le moulin le 18-1-1842 à Jean-Joseph Meurice, propriétaire à Familleureux, pour une rente annuelle de 400 Frs.
 Le 20-11-1847, Jean-Joseph Meurice loue pour 9 ans à Auguste Meurice, meunier et cultivateur « une maison de ferme et moulin à vent avec deux paires de meules et accessoires, le tout bâti sur 2 ha 84 a, tenant au grand chemin de Fayt à Familleureux et au sentier de Messe
Le moulin, construction en bois, subit un incendie en 1858, il appartenait à cette époque au fermier Meurice Auguste-Joseph. Le plan Popp révèle que la parcelle B. 384 du moulin, occupait une superficie de 6a 46 ca.



[1] LEHEUT L. Les moulins à vent de Familleureux, Besonrieux, Bois d’Haine




[1] LEJEUNE Th. Notice historique sur le village de Familleureux, dans A.S.A.M., t. 4, 1863..
[2] A.E.M. Fonds des seigneuries de Feluy, 795

MOULIN DE BESONRIEUX
Sis au lieu-dit « la Petite Suisse », il appartenait en 1858 à Eloi-Joseph Bacq, cultivateur à Houdeng-Goegnies


FELUY

LA CONSTRUCTION
« Comme par convention faite le 23 du mois de mai 1804, entre Isidore Theystart, charpentier demeurant à Horrues d’une part, et Jacques Delalieux, demeurant à Feluy, gérant pour les héritiers de madame Henriette d’Ysendoorn de Blois, d’autre part, le premier nommé s’engage de construire un moulin à vent sur le bien des dits héritiers audit Feluy, et de relivrer le moulin en état de travailler et d’en faire usage, au dire d’experts à nommer de main commune : à quel effet le dit Theystart a choisi et nommé pour experts Maximilien Briant, charpentier demeurant à Soignies et Guillaume-Joseph Gosorsky, meunier demeurant à  Familleureux.
Et le dit Delalieux a choisi et nommé expert Antoine Lambiotte, charpentier demeurant à Seneffe et Jacques Remy, meunier domicilié à Roseignies, tous ces experts s’étant assemblés sur le moulin dont s’agit, nouvellemenbt construit aux conditions reprises ès convention sus datée après avoir mûrement examiné toutes les pièces formant la mécanique de ce moulin, après avoir fait tourner, travailler et moudre, ils ont trouvé que tout était bien conditionné, travaillé en bon ordre, au point qu’ils n’ont rien trouvé à critiquer, ni corriger pour en faire bon usage, sauf qu’il faut placer un peu plus droit le grand fer du grand moulin, et couper un peu les chevilles du même grand moulin, ouvrage de peu de conséquence » [1]



[1] A.E.M. Fonds des seigneuries de Feluy, 795







Photo du moulin de Feluy par M. F. de Lalieux de la Rocq















La construction du moulin à vent de Feluy fut autorisée en vertu de l'extrait ci-après de la délibération du conseil municipal :
«  Vu la lettre du sous-préfet de l’arrondissement de Charleroi du 4 Vendémiaire dernier qui le convoque au 3e dito, a l'effet de délibérer sur l'utilité ou l’inconvénient d’un moulin à vent que le sieur Disendorn de Blois demande de faire construire sur ses propriétés dans la commune de Feluy
Considérant que les deux moulins qui existent dans cette commune, tournant sur le même courant d’eau, sont ordinairement un tiers de 1’année sans pouvoir pour ainsi dire moudre par défaut  d'eau.
Considérant en outre que le défaut occasionne un déplacement notoire à la plupart des habitants de la commune qui sont obligés de se transporter dans les communes avoisinantes pouvoir moudre, sont d'avis que l’érection d’un moulin au vent ne peut être qu'utile, que par conséquent rien n’empêche d’accorder »[1].

Une ordonnance du préfet de Mons stipule que le moulin doit être éloigné du chemin public de deux cent pieds.
32 chênes pris dans le bois de Feluy furent nécessaires pour la construction du moulin, pour la somme de 1549 florins
De même le chêne de l’arbre tournant coûta 126 florins
5 arbres de bois blanc, achetés à Nicolas Herman, utilisés pour les plancher coûtèrent 64 florins
Deux chênes servirent à faire les ardoises, évalués à 84 florins
Deux meules achetées  le 16 mars 1804 à Eustache Berlenmont, 659 florins
Les toiles des ailes revinrent à 15 florins
Nous n’énumérerons pas toutes les pièces nécessaires  à la construction de la mécanique du moulin, le tout revint à 5758 florins.
Le charpentier de moulin, Isidore Thiestart reçut comme gages d’abord 963 florins, puis le 17-5-1805, 254 florins et le 25-8-1805 401 florins[2]

LES MEUNIERS
Le premier meunier cité dès la construction du moulin est Louis Bouttieau.
Devant le notaire Robert, de Seneffe, à sa requête on fit l’évaluation des harnats travaillant et de tous les objets composant la mécanique le 13 février 1806
Le 8-11-1810, le comte d’Ysendoorn à Blois loue pour 6 ans les deux moulins à eau et le moulin au vent à Joseph-Fidel Jurion, fermier. Ce dernier a pour obligation de plier avec diligence les voiles du moulin en cas de grand vent, de veiller à l’entretien des volants et voiles, arbres, tournants.
Joseph Jurion cesse son activité de meunier le 15 septembre 1814.
Le 15 septembre 1814, le receveur du comte, Jacques de Lalieux, procède à l’inventaire du moulin.
Le bail suivant effectué le 26 septembre 1814, c’est Pierre-Joseph Liénard qui obtint le marché  des trois moulins de Feluy. Son bail finit le 15-9-1820.
Le meunier Liénard et son épouse  Marie-Joseph Castelain, renouvellent le bail le 8-11-1819, celui prend cours le 15-9-1820 et finit le 24-6-1826, de même ils renouvellent leur bail devant le notaire Dumortier le 27 mai 1839, bail ayant pris cours le 24 juin 1838[3].
Il est toujours le meunier, cité le 27 juin 1844, lors de l’expertise des trois moulins de Feluy effectuée par le notaire Dumortier.
Le bail du 22 octobre 1857, fut passé par son fils Emile Liénard, et son épouse Charlotte Clerbois.
Suit ensuite le bail du 25 avril 1866, passé par le meunier Joseph Staquet [4]. Ce fut le dernier meunier du moulin à vent de Feluy, car le moulin fut détruit par l’ouragan du l2 mars l876 et finalement démoli[5].

LA LEGENDE
"Un brave meunier du moulin à vent de Feluy avait refusé de la farine à une femme qu'on disait sorcière et qui lui jeta un sort. Le pauvre en mourut. Il était si. Brave qu'on décida de le mettre sur un mulet et qu’on l'enterrerait là où le mulet s’arrêterait et…le mulet s’arrêta sous la potence »

SENEFFE

En 1833, Philippe Vandermaelen[6] cite 4 moulins à moudre la farine, mus par le vent
Vers 1860, la matrice et plan cadastral de P.C. Popp, renseignent six moulins à vent.

MOULIN COLLET
Un billet extrait de compte du début du XIXe s. signale :
« Colet a démonté son moulin à vent à Seneffe et fut transporté à Odomont, juridiction de Rêves.
Le moulin à vent est achevé sans les meules »
Suit un décompte de pièces fournies au moulin[7].

MOULIN CONREUR
Le meunier du Traîneau (voir supra) Jean-Joseph Conreur, demanda à l’administration communale de Seneffe  le 16-5-1872, d’établir un moulin à vent à farine sur un terrain qu’il possédait à Longsart  le long du chemin de la Bête Refaite vers Chapelle-lez-Herlaimont, appelé aussi chemin de Bellecourt, à proximité du tunnel du chemin de fer.
L’autorisation fut accordée le 6-9-1872, à condition que le moulin soit entouré d’une haie d’au moins 1,2m  de hauteur ou toute autre clôture à indiquer et reconnue suffisante pour prévenir les accidents.
Ce moulin en  bois est situé section E parcelle 337 « Champ des Sept Douleurs »


MOULIN DE SENEFFE dit MOULIN BRÛLÉ
Le moulin à vent de seneffe existait déjà depuis le XVIIe siècle, comme l’attestent le texte du 22-4-1633 (inventaire des biens confisqués du comte de Warfusée) et l’affiche de vente de la seigneurie en 1642[8] :
« Item, un moulin à vent avec deux bonniers de terre, pau plus, passé au plus offrant pour six ans, dont le 9, de may 1636, est eschu le premier terme au prix de neuf muids de bled par an »




[1] A.E.M. Fonds français et Hollandais, 734. Conseil municipal du 30 vendémiaire an XIII (23-10-1804)
[2] A.E.M. Fonds des seigneuries de Feluy, 795
[3] A.E.M. Enr. A.C.P.  5/3.
[4] A.E.M. Fonds des seigneuries de Feluy, 794-795.
[5] Enquête d’Hannonia, 1930
[6]  VANDERMAELEN  Ph. Dictionnaire géographique de la province de Hainaut,  Bruxelles 1833 p. 438.
[7] A.E.M. Fonds des seigneuries de Feluy, 795.
[8] 1636: Le Roy J.,  Le grand théâtre du duché de Brabant, La Haye, 1636.
  1642 : Le ROY J. Topographiæ historica galio-Brabantiæ, Amsterdam, 1642

Déjà visible sur le plan de la bataille de Seneffe, réalisé par le chevalier de  Beaurain en 1674, il figure aussi sur la carte de cabinet du comte Ferraris vers 1773.
En février 1782, Jeanne-Marie Abbeloos, veuve André Verhavert, est citée meunière à Seneffe.
Le moulin en bois subit un incendie en 1788, le comte de Seneffe, Joseph Depestre, fit rebâtir en 1789, un moulin en briques par les soins du charpentier Geens, de Turnhout, le soubassement en pierre provient de l’association des maîtres de carrières Jean-Baptiste Capitte et Nicolas-Joseph Marcq, de Feluy.
Il est probable que c’est sous le Régime français que le moulin fut à nouveau incendié, depuis lors on l’appelle « moulin brûlé ». Il continua à appartenir aux châtelains de Seneffe, vers 1860, le plan et matrice Popp  indique
Art. 780. - Daminet, Alix-Félicité-Alexandrine-Elise, ép. de Briey, le Comte Albert-Marie-Charles, propriétaire.
Section D. Parcelle 1106. Moulin en ruine.   
Le moulin fut démoli en septembre 1983[1].




[1] A. PHILIPPART,  Le moulin brûlé à Seneffe, dans bulletin S.R.H.F.E.S.  n°1, 1984, pp. 1-13.

LA LEGENDE
Au début de l’été 1794, les troupes républicaines françaises s’avançaient triomphalement en Belgique, refoulant devant elles les armées autrichiennes.
Le 2 juillet, un important détachement français, commandé par le général François-Severin Desgraviers Marceau arriva aux environs de Seneffe, par les hauteurs de Bel ; les autrichiens occupaient le village derrière la Samme. Les officiers français s’aperçurent avec surprise que les moindres mouvements de leurs troupes paraissaient aussitôt connus de l’artillerie autrichienne qui les mitraillait avec une précision étonnante. Après quelques temps, ils constatèrent que les ailes du moulin cependant arrêté pendant la bataille, occupaient des positions diverses et portaient des toiles de différentes couleurs.
Il n’en fallut pas plus pour comprendre que le meunier était un espion qui renseignait l’ennemi. Aussi fut-il vivement saisi et pendu à une aile de son moulin, lequel fut ensuite incendié. Ainsi périt le « Monnier de Seneffe ».
Cette légende est très connue dans le Borinage alors que même les vieux Seneffois ne la connaissent pas ou presque.

LE MOULIN SAINT NICOLAS ou DUPONT (Manage)
Malgré la vive opposition des seigneurs voisins qui craignaient la concurrence, le moulin fut autorisé par le décret de l’empereur Joseph II le 29 mars 1786.
« …octroyons, consentons, accordons, par les présentes, audit Antoine Dupont qu’il pourra faire construire un moulin à vent à moudre les grains, sur un demi bonnier qu’il possède sous la seigneurie de St. Nicolas lez seneffe en Brabant, à charge de païer à la recette des Domaines, quartier de Nivelles, une reconnaissance annuelle de six rasières de froment à commencer à la date des présentes… »
Le moulin Saint-Nicolas, sous Seneffe,  fut alloué par bail emphytéotique à la famille Dupont, en voici la teneur[1]
"Cejourd'hui vingt d'aoust mil sept cent quatre vingt huit, par devant moi Notaire Roïal et public soussigné admis au Conseil Souverain de Brabant résident à Seneffe et en présence des témoins ci-après nommés, fut présent en personne Monsieur Fournier, Révérend prieur de St Nicolas au Bois paroisse de Seneffe, lequel ensuite de l'octroi accordé par sa Majesté l'Empereur et Roi de date 19 juillet 1700 quatre vingt sept et ensuite du consentement de Monsieur le Révérendissime Abbé et Religieux de l'abbaye de Bonne Espérance du 15 8bre 1784, nous a dit et declaré d'avoir mis et donné en bail emphytéotique comme il fait par cette, pour un terme de quatre vingt dix neuf ans consécutifs et routiers qui a pris cours au Saint André apôtre de l'an 1780 six, pour finir de lui même la veille de pareil jour le terme révolu, c'est à dire la veille St André mil huit cent quatre vingt cinq, à Antoine Dupont habitant sous la Seigneurie de Saint Nicolas au Bois audit Seneffe, présent et acceptant pour lui, son épouse et leurs aians cause c'est à dire les enfants procrées d'eux deux à l'exclusion de tous autres, même de celle ou de celui en cas de dissolution de leur mariage, avec qui l'un ou l'autre pourroit se remarier, certain demi bonier de terre sur lequel le moulin a vents qu'il a fait bâtir est érigé, tenant d'un côté au pavé de Nivelles vers Mons, de l'autre au chemin du Bois d'Haine allant au Fayt et des deux autres côtés aux biens de la cense dudit St Nicolas ainsi qu'il sera mesuré et borné, et dont il a du et devra rendre et paier annuellement pour rendage trois muids et demi d'avoine, mesure de Nivelle. bonne, bien nette et enfin très bien conditionnée, lequel rendage payable chaque année au prieuré dudit St Nicolas au jour St André apôtre, sera toujours franc et libre de toutes tailles du Xe, XXe, quarantième centième, plus ou moindre denier, contributions, blans rations et de toutes autres impositions généralement quelconques telles qu'on puisse les appeller, mises ou a mettre par le Souverain du pais, ses États ou princes étrangers, amis ou ennemis, nulles exceptées ni réservées, quoique les placcards ou envoës émanés ou a émaner porteroient clauses contraires, auxquels ledit acceptant a bien expressément et volontairement dérogé et renoncé comme il fait par cette de sorte que lesdits rendages ne seront jamais susceptibles de la moindre diminution pour quels raison ou motif que ce puisse être.



[1] Ce texte a été publié par D. Massart dans le bulletin de la S.R.H.F. E.S. n°4, 1999, pp. 11-12.



Il est stipulé qu'au décès dudit Dupont et de son épouse, Monsieur l'abbé de Bonne Espérance pourra laisser suivre le marché à celui de leurs enfants ou de leurs successeurs que bon lui semblera et c'est pour prévenir les difficultés qui pourroient quelques fois naître entre eux au sujet dudit marché.

Plus qu'à la fin de ce bail, il sera libre audit seigneur abbé de Bonne espérance, de reprendre le moulin érigé sur ledit demi bonnier parmi en paier la moitié de la valeur aux dire d'experts, que le même acceptant et ses représentants devront bien et dûment cultiver ledit demi bonier de terre sans pouvoir en sous louer la moindre partie a peine d'être déchus du présent bail ipso facto et d'être tenus aux fraix, dommages et intérêts qui pourroient en résulter.
Que si par malheur (qu'à Dieu ne plaise) ledit moulin venoit à être brulé ou autrement détruit et que ledit Dupont ou ses représentants ne le feroit rebâtir et travailler endéans deux ans au plus tard du jour de l'accident arrivé, le même seigneur abbé pourra reprendre ledit demi bonier sans aucune formalité" A ce bail sera mis à néant.
Pour assurance et accomplissement des clauses et conditions qui précèdent ledit acceptant a obligé sa personne et ses biens meubles et immeubles présens et futurs par tout et spécialement ledit moulin et s'est soumis à la clause de condamnation volontaire pour laquelle faire et laisser décréter à sa charge au besoin au Conseil Souverain de Brabant et pardevant tous autres juges ou mieux plaira, de même que pour faire reconnaître et réaliser ce contrat pardevant cour compétente si au cas on le juge à propos tous porteurs d’icelui ou de son double authentique sont irrévocablement commis et constitués de la part des comparants et acceptant, promettant, obligeant et les fraix du présent bail et ceux en dérivans à charge dudit Dupont de même que de la copie authentique à délivrer à Monsieur le prieur.

Ainsi fait et passé à Seneffe le  jour mois et an que dessus en présence d'Emmanuel Esbille et de Joseph Pourceau témoins à ce requis et appelés. La rature et les trois ajoutes approuvées.
Signatures : F. P. Fournier prieur de St Nicolas
Antoine Dupont                      Em. Esbille                  J. J. Pourceau                        Crousse, Notaire"

Vers 1860, le plan et matrice de P.C. Popp, souligne qu’il appartient toujours à la famille Dupont.
Art. 223. Dupont, François-Isidore, cultivateur, Seneffe.
Section A. Parcelle 310. Moulin à vent, 6 ares
Le 11-8-1865, Emile Dupont, maître de forge à Fayt, donna en location pour 9 ans à  Isidore et Prosper Gilbert, cultivateurs à Seneffe, et Emmanuel Lechien, marchand-brasseur à Familleureux, la maison écuries, grange et moulin à vent sis à seneffe, tenant au chemin de Familleureux à Fayt.
Le 30-9-1875, les héritiers Dupont : François Dupont-Brixhe, maître de forge et ses sœurs Sophie, Emilie, Marie et Juliette, passent un nouveau bail à Jules Staquet pour la somme de 365 Frs annuels.
La prisée avait eu lieu le 23-12-1874 par Henri Bauvois, mécanicien, François Dubois et Charles-Louis Dumont, charpentiers

MOULIN DE BELLE.
En 1835, Ferdinand Lauwers et son épouse Anne-Marie Nicaise achètent à Philippe Taminiau un terrain  de 59 ares. Ils y firent bâtir en 1841 un moulin à vent.
Le 26-6-1851, il teste et lègue ses biens en faveur de son épouse. Cette année là, il adjoint au moulin à vent un moulin à vapeur
En 1855, veuf, il partage ses biens entre ses enfants : Henri, farinier à Saint-Vaast, François, meunier à Seneffe, Jeannette épouse du charpentier Charles Pierreux. Un inventaire des biens  du meunier est alors effectué[1].
Le 25-10-1855, Ferdinand Lauwers et ses héritiers vendent le moulin en vente publique. Le moulin est  construit en  briques et pierres. Celui-ci comprend trois paires de meules et tous autres accessoires, auquel est annexé un moulin à vapeur avec deux paires de meules, le tout assis sur  un terrain de 59 ares nommé le « Pâchi brûlé ». Le moulin est acquis  pour la somme de 21.000 Frs par les trois fils  de Fernand, covendeurs, Henri et François et Jacques, et ce par indivision.
Le 25-3-861, Henri Lauwers vendait sa part indivise à ses deux frères pour 4.000 Frs.
A cette époque, le plan et matrice Popp indique :
Art. 865. - Lauwers, François-Jacques, meunier et consorts, Seneffe.
Section D. Parcelle 980b. Moulin à vent à farine, 80 centiares.
Le 20-3-1862, Jacques Lauwers institue son frère François, légataire universel.
A la mort de ces derniers, le moulin passa aux mains de la famille Jaupin. Il tomba en ruines avant d’être démantelé pour récupérer les matériaux.



















MOULIN FAVRESSE
Jean-Baptiste Favresse, cultivateur à Seneffe,  sollicita de l’administration communale de Seneffe le 14-2-1842, l’autorisation de faire construire un moulin à vent à moudre les grains sur une terre lui appartenant sur le « Champs de Presle » à Seneffe, cadastré section D. parcelle 21b, d’une contenance de 70 ca.
Une enquête commodo-incommodo eut lieu et il fut autorisé à le construire le 13-5-1842.






MOULIN DU MAFFLE.
Le 14-6-1801, Alexandre Detraux, de Seneffe vendit sa maison et moulin à Augustin Laurent et son épouse Marie-Thérèse Bardieau. Le 6-4-1805, ces derniers empruntent de l’argent à Jean Nicaise, ils hypothèquent alors leur moulin à vent situé sur la campagne de Manage, avec 36 ares de terrain sur lequel il est construit, terrain tenant au Pavé de Nivelles.
Le 17-9-1852, eut lieu le partage entre Augustin Laurent, fils, et ses sœurs Félicité et Marie-Thérèse, entre autres il y avait  le « moulin à vent dit moulin du Maffle, avec tous ses accessoires et le terrain sur lequel il est construit, d’une contenance de 18 ares, tenant à la chaussée de Mons à Nivelles, au vicomte de Buisseret , à Clément Bomal et à une maison appartenant audits Laurent ».
Le plan et matrice Popp renseignent :
Art. 1157. - Laurent Augustin, Félicité et Marie-Thérèse, meuniers, Seneffe.
Section A. Parcelle 607. Moulin  à vent à farine, 6 ares 20 ca.
Leur sœur Félicie étant décédée, Marie-Thérèse et Augustin Laurent exploitèrent  le moulin jusqu’en 1869. Le 21 novembre d cette année là, ils vendirent le moulin à Siméon Laurent, demeurant à Marche-lez-Ecaussinnes, pour le prix de 10.000 Frs.

MOULIN DE LA TERRE PELEE
Pierre-Paul Léonard possédait un moulin à vent sis au« Champ de la Terre Pelée » à Seneffe.
Le 8-5-1804, il le baille pour 6 ans à Jacques Crépin, cultivateur et locataire du moulin, et à son épouse Marie-Joseph Wargnies, pour la somme de 544 Frs annuelle.
La prisée du moulin s’effectue le 19-5-1804 par Antoine Lambiotte et Jean-Baptiste Reumont, charpentiers de moulins demeurant à Seneffe.




[1] MASSART D., Inventaire des biens de Ferdinand Lauwers, meunier à Seneffe en 1855, dans bull. S.R.H.F.E.S. n°4, 1997.






Le ..-..-1845, Pierre Navez et son épouse Rosalie spinaux acquièrent le moulin par adjudication publique
Vers 1860, le plan et matrice Popp, renseignent Art.457 Navez Pierre, cultivateur et meunier à Seneffe
Section B.  Parcelle 77, Moulin à vent, 6 ares.
Le 4-1-1869, leurs héritiers, Pierre, cultivateur à Feluy, Jules, cultivateur à Seneffe (Tyberchamps), Augustin, cordonnier à Seneffe, Elisa, demeurant à Gouy, Zélie demeurant à Seneffe et Jean-Baptiste, cultivateur à Seneffe (Buisseret), vendent une maison de ferme et moulin à vent à moudre blés, dit de la Terre Pelée, lieu-dit « le Bouloir » sis sur un terrain d’1 ha, section B. parcelles 71, 76 à 80.
Ce sont Henri-Charles-Félix-Gh. Et Louis-Laurent-Joseph, vicomtes Charliers de Buisseret qui l’acquièrent pour la somme de 16.500 Frs.
Le 25 juin suivant, ils louent le moulin et la ferme par bail de 9 ans à Pierre et Jean-Baptiste Navez. La prisée du moulin avait été effectuée le 8-2-1869

MOULIN SIBILLE
Le 29 frimaire an 6 (29-12-1797) et du 2e jour complémentaire an 6 (18-9-1798) François Sibille, cultivateur et meunier à Scoumont, commune de Seneffe, demande la construction d’un moulin à vent, à  Frasnes-lez-Gosselies[1].
En réalité, ce meunier s’appelle Arnould-François-Joseph Sibille[2], il travaille au moulin avec ses fils, François-Joseph[3], et Jean-François[4]. Ce dernier partit exercer son métier de meunier à Ways.

MOULIN TISON
Une lettre sans date (environ 1803), signée de M. de Biseau de Familleureux et adressée à M. d’Ysendoorn à Blois, parle de son moulin :
« …revenant un moment sur Antoine, qui a fait le dernier moulin à l’entrée de Seneffe, si Tison, qui l’a fait faire vivoit encore, il vous diroit les intrigues et les ruses qu’il a été obligé d’avoir, pour avoir l’accomplissement de son moulin qui a été achevé six mois après le terme stipulé par le contrat, mais quoi dire, il avoit avancé en acompte plus qu’il ne devoit et on peut peigner un diable qui n’a pas de cheveux »[5].

MOULIN DU TRAÎNEAU (Manage)
Il prit probablement le sobriquet du meunier
Le 21-4-1832, Marie Jeanne Straunard, veuve de Pierre Capitte,  achète pour la somme de 8.350 Frs, aux héritiers Demanet : Jérôme, Jeanne, Philibert, cultivateurs à Seneffe, ainsi qu’à Jeanne-Joseph Demanet, veuve Jérôme Demanet, un moulin à vent bâti en briques et pierres, avec tous ses accessoires, ainsi que le terrain sur lequel il est bâti, d’une contenance de 24 perches, sis au hameau de Longsart (Manage), tenant au grand chemin et à l’acquéreuse.
Cette vente comprenait « les cordages, le blutoir, les marteaux à battre les pierres, un levier en fer, un gros marteau, un lit, une armoire et le grand coffre au grain ».
Le 6-7-1845, la veuve Capitte et son fils Augustin, meunier,  se déclarent débiteurs envers Désirée Capitte, de Feluy, de la somme de 3.000 Frs. Ils hypothèquent le moulin, la maison et un terrain.
Le 7-7-1852, faisant suite à un partage survenu le 5-7-1839, Marie-Jeanne Straunard donne à son fils le moulin. Le lendemain, Augustin Capitte et son épouse Hermina Vanderwenden vendent le moulin, ce dernier comprend trois paires de meules.
Arès plusieurs enchères, le moulin échoit à Pierre Tilman pour la somme de 10.500 Frs. Outre quelques rentes qui grèvent la propriété.
Le 14-8-1853, Pierre Tilman donne par bail de 9 ans le moulin  à Philippe Dirix, meunier de Petit-Enghien, pour la somme annuelle de 650 Frs.
Vers 1860, le plan Popp, indique Art. 765. - Tilmant, Pierre-Joseph, cultivateur, Seneffe
Section E. Parcelle 79. Moulin à vent à farine, 1 are
En 1864, c’est jean-Joseph Conreur, meunier de Leval-Trahegnies, qui reprend un bail du moulin du Traîneau pour 9 ans.
Pierre Tilman meurt en 1871.
Le 26-6-1898, les héritiers Tilman-Evrard, vendent le moulin




[1]  A.E.M. Administration centrale du département de Jemappes, 962.
[2] Sibille Arnould-François-Joseph, ° Familleureux 6-11-1739, † Frasnes-lez-Gosselies 23-5-1834, x Familleureux 6-5-1776, Adam Marie-rose-Joseph, ° Buvrinnes 30-12-1759, † Frasnes-lez-Gosselies 28-8-1833.
[3] Sibille François-Joseph, ° Seneffe 30-1-1785.
[4] Sibille Jean-François, ° Seneffe 24-7-1792, †  Ways 18-6-1856, x Frasnes-lez-Gosselies 4-7-1807, Pigeolet Julienne-Isberghe, ° Frasnes-lez-Gosselies 8-3-1790,  † Nivelles 28-2-1860, meunière.
[5] A.E.M. Fonds des seigneuries de Feluy, 795




















BIBLIOGRAPHIE

D. Massart & A. Philippart, Moulins à eau et à vent de Seneffe, dans Bull. S.R.H.F.E., 1989, 103 p.
Moulins en Hainaut, Bruxelles, Crédit Communal, 1987.
J. Vandewattyne, Inventaire des moulins du Hainaut. Arrondissement de Charleroi - Arrondissement de Mons - Arrondissement de Soignies, dans Hainaut-Tourisme, n° 118, juli 1966, p. 139-144.