dimanche 23 mai 2021

A PROPOS DE LA RECONSTRUCTION DE L’EGLISE DE SENEFFE

 

PROPOS DE LA RECONSTRUCTION DE L’EGLISE DE SENEFFE

     Alain GRAUX

 Le 20 janvier 1846, lors du conseil communal présidé par le chevalier Adolphe Daminet, bourgmestre, celui-ci fait la lecture d’une lettre émanant de la Fabrique d’église proposant  qu’étant donné la vétusté et l’exiguïté de l’église elle mettrait à disposition de la commune la somme de dix mille francs pour être employée à son agrandissement et demandant que le surplus de la dépense soit complété par le budget communal et par une collecte auprès des habitants. On présente un devis estimatif des travaux effectué par l’architecte Dumont, de Bruxelles.

Des vives discussions ont lieu suite à cette proposition, principalement par le conseiller Motte qui s’est levé pour démontrer qu’il ne voyait aucune urgence d’agrandir l’église, qu’elle était suffisante pour contenir tous les fidèles et qu’au reste il y a des travaux plus urgents à faire que ceux là, en désignant la maison communale, l’école communale du centre.

Après maintes palabres, le conseil accepterait le don de la fabrique d’église, à condition que la collecte susdite réalise au moins 5.000 Fr. Une commission est formée de MM. Motte, Dubray et Navez pour organiser cette collecte.

Plus tard, de l’agrandissement de l’église il ne fut plus question mais bien de sa démolition et de la construction d’une nouvelle église à ériger sur le terrain du presbytère.

Une pétition des paroissiens de Seneffe fut lancée, « …les soussignés ayant appris qu’il est question de l’érection d’une nouvelle église, et de l’abandon de l’ancien emplacement demandant de ne pas donner votre approbation à ce projet, si réellement il existe. En effet quelque soit l’emplacement nouveau qui sera choisi, cela causera un préjudice considérable à un grand nombre d’habitants de la commune. Tous les commerçants de la place et des environ de l’emplacement de l’ancienne église verront leur clientèle diminuer parce que le passage sera moins fréquenté et amènera fatalement une moins value de leurs propriétés…mais pourquoi agrandir l’église ? Personne ne peut prétendre qu’elle soit aujourd’hui insuffisante, et aucune raison n’existe pour faire supposer que la population de Seneffe subira une grande augmentation dans un avenir assez éloigné. Si notre ancienne église a pu paraître insuffisante il y a quelques années par suite de l’augmentation de la population de Manage, augmentation due à l’établissement du chemin de fer, cette insuffisance a disparu par la construction d’une église dans ce dernier hameau ; si nous ne voyons par nécessité de l’agrandissement de notre église, nous ne voulons pas nous opposer à sa restauration, ni même à sa réédification entière.

Les soussignés osent espérer, Messieurs, que vous prendrez en considération les motifs qu’ils viennent de faire valoir en faveur du maintien de l’église actuelle, et que vous refuserez votre approbation à tous projet qui aurait pour but le choix d’un nouvel emplacement… »

 L’idée de construire une nouvelle église prit du temps, lors de sa séance du 22 avril 1858, le conseil communal accorde un subside de 15.000 Frs à la fabrique. Au moyen de ce subside, cet établissement s’engage :

1°- à faire construire en remplacement de l’édifice actuel, une église d’une valeur d’au moins 90.000 F.

2°- à couvrir le restant de la dépense inclusivement au moyen de la valeur des anciens matériaux, de souscriptions particulières et de subsides à obtenir de l’état et de la Province.

3°- à ne pas aliéner ses revenus actuels

4°- à ne plus rien réclamer de ce chef à la commune.

 C’est au conseil communal du 22 mars 1860 que délibérant sur la nécessité qu’il y a de construire une nouvelle église en remplacement de celle existante qui est trop exiguë, insalubre, peu élevée et dont les pavements, les vitres, les murailles et les toitures sont dans le plus mauvais état, et aussi réellement insuffisante au point de vue hygiénique on donne  l’autorisation de démolir et de reconstruire l’église dans les conditions du conseil du 22 avril 1858.

 En 1866, divers projets sont soumis à l’architecte provincial Vincent par Auguste Cador (architecte de la maison communale), Charles Foulon, Raymond Carlier de Nivelles, Justin Bruyenne de Tournai, c’est ce dernier qui sera choisi.

 En 1870 eut lieu la souscription publique qui rapporta la somme totale de 50.665 francs, les principaux donateurs sont :

Le baron Daminet (10.000 Fr.), le comte et la comtesse de Pellan (5.000 Fr.), le vicomte H. de Buisseret (10.000 Fr.), M. Derbaix-Thiriar (10.000 Fr.), le curé-doyen J-B. Créteur (2.000 Fr.), P. Hancart (2.000 Fr.), B. Bousier (2.000 Fr.).

 Le 18 septembre 1873 le curé-doyen Jean-Baptiste Créteur rapporte et constate les ressources nécessaires pour la construction de l’église en projet et résume :

Le devis estimatif de l’architecte Bruyenne s’élève à 125.078 francs, il paraît suffisant et proportionné à l’édifice projeté car il a tenu compte de l’accroissement des prix des matières premières et de la main-d’œuvre. Le plan projeté est notablement moindre que celui du premier projet, il est plus petit d’environ huit mètres sur la longueur et de deux mètres sur la largeur et le devis estimatif du premier plan qui était plus vaste

- subside de la commune                               15.000 Fr.

- subside de la Province                                 18.145 Fr.

- subside de l’Etat                                          18.145 Fr.

- Souscription des paroissiens                        50.665 Fr.

- Valeur des matériaux de l’église actuelle     5.000 Fr.

- Gain sur les briques                                       4.000 Fr.

-Intérêt des argents placés                               4.000 Fr.

                                                                      -------------

Total                                                               114.915 Fr.                

- Somme garantie par le curé-doyen             10.123 Fr.

                                                                      -------------

                                                                      125.078 Fr.

 

Le 19 mai 1875, un rapport de la commission royale des monuments au ministre de la justice signale que l’emplacement de l’église actuelle peut être adopté, mais à condition de créer plus tard un parvis en démolissant les murs et bâtiments qui se trouvent devant la façade principale.

Les travaux commencèrent en 1876, sur les plans de l’architecte Julien Bruyenne, c’est un édifice de style néo-roman en briques et pierre calcaire. L’adjudication des travaux est enlevée par M. Clément Mayaux, entrepreneur de Dampremy.

La façade comporte une tour carrée de cinq niveaux flanquée de tourelles d’angles, avec portail en plein cintre conduisant au narthex.

La nef de quatre travées de baies semblables, épaulée de bas-côtés et suivie d’un transept étageant quatre niveaux. Le chœur de même hauteur, également terminé par un chevet semi-circulaire, complété latéralement par deux petites chapelles.

 





Plan de la nouvelle église en superposition avec celui de l’ancienne église et en noir les bâtiments adjacents.

 Le 3 mai 1877, les marguilliers de la fabrique d’église demandent l’autorisation d’établir une loterie dont le but est de pourvoir à l’ameublement de la nouvelle église et spécialement à l’érection du maître-autel.

Les fonds recueillis seront remis en main du trésorier qui en disposera au but indiqué. Les opérations dureront un an sous le contrôle des membres du bureau. Les lots consisteront en objets de piété, tels que statues, bénitiers, en cristaux, en linges, en meubles et en livres.

 


 En 1878, on fit venir le fondeur de cloches de Tellin, M. Causard pour effectuer un devis approximatif pour la refonte d’une cloche, faire de nouvelles montures et remplacer les cloches de la tour de l’église.

Après avoir examiné attentivement tous les accessoires, montures, roues, coussinets, il trouve qu’il n’y a rien à remployer sans compromettre la sonorité où la tour.

Il propose de nouvelles montures en bois de chêne et accessoires. De reprendre la cloche fêlée qui pèse environ 1550 kilos au prix de 3 Fr. le kilo, faisant 4650 Fr. moins 5% de déchets. Et de fournir une nouvelle cloche pesant le même poids renfermant toutes les conditions désirables tant sur l’accord que sur la qualité au prix de 4 Fr le kilo faisant 6.200 Fr. Reste alors à payer pour les travaux à effectuer : 2050 Fr.

 L’ordre du jour du conseil de fabrique lors de sa séance du 24 mars 1878, signale l’insuffisance des subsides accordés par la Province et l’état pour la construction de la nouvelle église qui devaient s’élever à 18.000 Fr. chacun, or la Province et l’état n’ont accordé que 14.310 Fr. chacun.

Signale la nécessité de refondre la cloche fêlée et de fournir de nouveaux appendices pour la suspension des trois cloches. Le devis estimatif dressé par M. Causard, fondeur, s’élève à 2050 Fr.

L’urgence de placer un paratonnerre sur le clocher dans le but de préserver des dangers de l’orage. La somme estimée par M. Carette de Meulebeke est de cinq à six cent Fr.

Vu l’impossibilité absolue où se trouve la Fabrique de couvrir ces diverses dépenses, son conseil sollicite de l’administration communale les subsides suivants :

Pour supplément des subsides de la province et de l’état : 7.380 Fr.

Pour la refonte de la cloche et les accessoires : 2.050 Fr.

Pour le paratonnerre : 570 Fr. faisant en tout 10.000 Fr.