mardi 29 juin 2021

A PROPOS DE LA « BANDE DE SENEFFE »

 

A PROPOS DE LA « BANDE DE SENEFFE »

La lecture du livre de Roger Darquenne, Brigands et larrons dans le département de Jemappes, édité par le Cercle Henri Guillemin, d’Haine-Saint-Pierre, nous apprend les mésaventures de malfrats de Seneffe et des environs

Sous l’Empire français, un groupe de Seneffois commit de nombreux méfaits dans notre région, ils furent lourdement condamnés par la cour de justice criminelle[1] présidé par les juges Charles-François Foncez, Jean-Baptiste Fonson et Jean-Baptiste Willems, le 19 thermidor an XIII (7-8-1805).

 Pendant trois ans d’activités ces malfrats s’en prennent à des gens aisés susceptibles de détenir des réserves de vivres, fermiers de Seneffe, de Petit-Rœulx-lez-Nivelles, chez le meunier Adrien Gaudy à Chapelle-lez-Herlaimont, dans des maisons à Rosseignies :  chez un marchand de sel et chez M. Gohy, pasteur appelé le chanoine de Rosseignies, un voisin du fermier Jaucot qui, occupé à bâtir, avait entreposé des marchandises dans la cave du religieux, chez le cabaretier Adelin Derbaix, d’Obaix, chez Jean-François Lutte, brasseur de bière à Luttre, chez le garde Forestier Pierre Colinet à Bois-des-Nauwes à Seneffe.

Ils étendent leurs vols à Nivelles, chez Grégoire Mercier, hôtelier du « Cheval Blanc », à Gosselies chez Alexandre Quairet, boutiquier du « Gros Chapelet », etc.

 Leur tactique est l’intrusion des maisons par les caves où ils passent par les soupiraux dont ils décèlent les barreaux, ou par les toitures, encore souvent couvertes de chaume à cette époque.

 Quatorze truands impliqués dans cette bande sont pris :

- La famille Faverly ; Philippe Joseph Faverly, âgé de 54 ans, entraînant dans l’aventure son fils Louis-Joseph, cloutier de douze ans, sa fille Françoise-Joseph Faverly, fileuse âgée de 17 ans, de même que son beau-frère François Taminiaux, dit Pileau, briquetier de 38 ans.

- Jean-Baptiste Parmentier, dit Long Pierrot, journalier de 49 ans.

- François Laurent, dit Deffe, cloutier de 30 ans.

- Nicolas-Joseph Mottequin, dit Coleau Monkinne, journalier de 34 ans.

- Joachim-Joseph Navez, dit Joasse, tailleur de pierre de 35 ans.

- Charles Cordier, dit Latour ou Taloure, cloutier de 35 ans.

- Adrien Pilette, dit Sautière, laboureur de 40 ans.

- Vincent Vincentius, dit Prague, couvreur en paille de 50 ans.

- Nicolas Rochez, marchand de cendres, de 35 ans.

Tous habitent Seneffe sauf Nicolas Mottequin, d’Arquennes, et Nicolas Rochez de Godarville.

 Faverly, père, Parmentier, Laurent et Mottequins sont condamés à seize ans de fers[2].

Taminiaux, Navez, Cordier, Pilette, Vincentius et Rochez écopent de 14 ans aux fers

L. Faverly et sa sœur F. Faverly sont acquittés pour avoir agi sans discernement mais envoyés en maison de correction, respectivement jusque 18 ans pour Louis et 20 ans pour Françoise.

 Le 15 frimaire an XIV, François Colinet, journalier d’Arquennes, « latitant » (faisant défaut) est condamné par contumace à seize ans de fers et aux frais du procès.

De la même époque, on connaît un autre malfrat, Michel-Joseph Deschamps, né et domicilié à Arquennes né en 1785, grand gaillard d’1 mètre 95, ancien détenu à Vilvorde, plus souvent cité mendiant que marchand de gamelles fabriquées à Ronquières, c’était le chef d’une bande de voleurs.

Dans la nuit du mardi 28 au mercredi 29 juin 1806, lors d’un vol qui tourna mal, accompagné de ses complices, Pierre-François François dit la Mouche, âgé de 41 ans, de François Thibaut, domestique de 23 ans, de Michel Claes, scieur de bois de 25 ans, et de Marie-Joseph Michel, fileuse de 27 ans, il assassina François et Joseph Saquin fermiers de Braine-le-Comte. Torturant et terrorisant les sœurs Marie-Joseph et Jeanne-Joseph Saquin qui révélèrent sous la menace où se trouvent les caches de leur argent.

800 couronnes françaises et impériales furent dérobées et partagées entre les comparses.

 Ces gredins furent identifiés facilement dus aux imprudences verbales de Michel Deschamps et par des achats inconsidérés à Nivelles, aussitôt rapportés au commissaire de police Jacques-Olivier Dunet. Ce dernier suivit à la trace les achats de Deschamps : deux paires de boucles d’argent, l’une à rosette pour souliers, l’autre pour jarretières ; des chemises, bas et draps avec lesquels il se fait confectionner des habits chez un tailleur ; un coffre pour enfermer le tout, confié à la garde d’un aubergiste complaisant.

Ses complices, firent aussi des achats anormaux en divers endroits, notamment à Binche chez un fripier appelé « le Parisien ».

L’un après l’autre, grâce à la ténacité du policier, les truands se font pincer.

Le 22 septembre 1807, ils seront jugés par la cour de justice criminelle tenue par les juges Foncez, Fonson et Willems.

Michel-Joseph Deschamps, et les membres de sa bande : François Thibaut, Pierre-François François, Michel Claes et Marie-Joseph Michel seront condamnés à mort.

Après un pourvoi en cassation rejeté le 29 octobre 1807, les cinq condamnés seront guillotinés le 18 novembre 1807 à midi.



[1] Dans chaque département français le tribunal civil de première instance juge les délits correctionnels, dont l’appel en matière correctionnelle est assuré par le tribunal criminel désigné sous le nom de cour de justice criminelle, instauré par les lois du 27 pluviôse an VIII (16-2-1800) et 27 ventôse an VIII (18-3-1800).

[2] La peine des fers est définie par le code de 1791, elle consiste en travaux forcés au profit de l’Etat, ouvrages pénibles à l’intérieur ou à l’extérieur des maisons de force (mines, ports et arsenaux, etc.). Ces condamnés doivent traîner un boulet de fer attaché à un pied avec une chaîne.