dimanche 25 février 2024

ÉCHOS DE LA « GUERRE SCOLAIRE » Â FELUY EN 1881

 

Échos de la « guerre scolaire »   Feluy en 1881

                                                                                                                                             Alain graux

 

En 1881, la Chambre des représentants institua une Commission d'enquête scolaire, elle recueillit le témoignage des autorités communales et des enseignants, et parents d’élèves, par canton[1].

Le 17 décembre 1881, pour le canton de Seneffe, les représentants Victor Lucq[2], Philippe Mondez[3] et Xavier Olin[4], ont procédé au local de la Justice de paix, à une audience publique, à l’audition des témoins cités à la requête du président, et pour la commune de Feluy les témoins suivants :

 

Pennart Oscar, 39 ans, bourgmestre de Feluy, prête serment et déclare :

La commune de Feluy a aussi été sous le coup de menées cléricales et des mesures intempestives du clergé. Lors de la promulgation de la loi[5], je venais d’être nommé bourgmestre.

Je me rendis immédiatement chez M. le curé qui avait toujours été vénéré de tous. Cependant il me reçut très peu gracieusement et, à mon grand regret, notre entretien devint très peu amical.

Je dus alors intervenir pour le placement des élèves à l’église.

Les bancs qui servaient anciennement à l’école des garçons étaient pris par les élèves de l’école catholique ; quant aux nôtres, ils pouvaient se placer comme ils pouvaient. Je dus aller moi-même placer les enfants sur les chaises, le long de la grande nef. Quant aux enfants des écoles religieuses, sur l’ordre du curé ils ne se dérangèrent pas pour faire place aux nôtres.

Je ne parlerai pas des petites vexations ni des propos tenus aux enfants eux-mêmes : enfants du diable, etc. ;  ce fut chez nous comme ailleurs.

A confesse aussi, on refusait l’absolution à tous ceux qui de près ou de loin s’occupaient d’écoles.

Sur 32 de nos élèves en âge de première communion, 2 seulement la firent. Les autres cependant étaient suffisamment instruits.

Malgré les sermons violents, malgré tout, nous avons laissé faire, et aujourd’hui je dois dire que la fougue semble être diminuée.

 


Denis François[6],  tailleur de pierre à Feluy, prête serment et déclare :

Je suis veuf et j’ai cinq enfants.

Le curé a dit à mes enfants qu’ils devaient aller à l’école catholique pour faire leur première communion.

Après cela, mon fils ne voulait plus aller à l’école ; heureusement il y est retourné après 6 à 7 semaines, mais pour arriver à ce résultat j’ai eu beaucoup de peine. Pour faire sa première communion, il a du aller au catéchisme pendant trois ans.

 


Vanden dooren Emile[7], 54 ans, industriel à Feluy, prête serment et déclare :

Je n’ai aucun fait personnel à signaler, je dois cependant dire qu’en général, à Feluy, la lutte a été très vive, de part et d’autre d’ailleurs, fortement attaqués, nous nous sommes vivement défendus.

Malheureusement le clergé s’est mêlé à cette lutte, qui sans cela serait restée plus digne[8].

Un jour, à la messe, j’ai entendu le clergé dire la fameuse prière, avec une énergie, avec une haine inusitée.

Cela m’a profondément ému, d’autant plus que cela se disait en présence de notre digne instituteur. Et j’entendais après cela les De profundis ou les autres prières qui devaient sauver les âmes, prononcées en bredouillant, de façon qu’on ne les comprenne pas. J’en ai été vivement ému, et depuis lors je n’ai plus su retourner à l’église.

J’ai entendu un prêtre étranger traiter de crapuleux les libéraux, et notre digne curé, qui jusqu’alors avait été un modèle, ne protestait pas.

Le vicaire de Feluy, aujourd’hui curé d’Arquennes, traitait dans ses sermons les libéraux de racoleurs du diable. Dans un autre sermon qui m’a été rapporté, le même vicaire disait : « qui dit libéral dit trompeur et voleur ».

C’est donc le clergé qui a apporté dans cette lutte l’acrimonie qui la distingue.

 

Thiéry Théodore, 32 ans, instituteur à Feluy, prête serment et déclare :

Les écoles officielles de Feluy ont eu à supporter une lutte très ardente de la part du clergé et des catholiques influents.

Sermons violents, refus d’absolution aux parents et aux élèves, avec une distinction cependant, aux élèves on demandait ce qu’ils feraient s’ils étaient libres.

Un de mes élèves répondit que dans ce cas il fréquenterait encore mon école, celui-là a été renvoyé sur le champ, sans absolution.

Les membres du clergé ont essayé de trouver les enfants seuls à la maison paternelle, et alors ils les effrayaient en leur parlant de l’enfer, etc.

Je citerai le cas du petit Denis qui avait été jusque là assidu à mon école. Mais le curé la lui rendit odieuse, que cet enfant n’osait plus rentrer chez moi. Son père et moi avons eu toutes les peines du monde à le ramener.

Le curé a été aussi chez M. et Mme Deladrière pour les engager à me retirer leurs enfants. N’y parvenant pas, le curé fit intervenir le grand-père de Mme Deladrière, un vieillard de près de 90 ans. On comprenait bien dans quel sens il faisait cette menace. J’ai appris qu’après la visite du curé, ce vieillard se mit à pleurer.

Avant la loi, j’avais 151 élèves maximum, aujourd’hui j’en ai 142. Sur 22 de mes élèves en âge de faire leur première communion, il n’y en a que deux qui l’ont faite.

Mes élèves étaient cependant assez instruits, et ils étaient aussi âgés que ceux qui l’ont faite l’année précédente. Des parents sont allés trouver le curé à cette occasion.

Il parait que le curé et le vicaire ne m’ont pas ménagé, me traitant d’hypocrite, disant que mon école était mauvaise, que mes élèves deviendraient de mauvais sujets et qu’il était préférable de les laisser courir que de les mettre à mon école.

Avant la loi, le curé était enchanté de mon enseignement.

Au retour de l’école, mes élèves étaient souvent accostés, soit par un membre du clergé, soit par un catholique zélé.

J’ai appris un jour que le curé avait refusé de donner la bénédiction à certains élèves de l’école communale des filles en disant qu’il ne donnait pas de bénédiction aux enfants du diable.

Plusieurs enfants ont quitté mon école sans le consentement de leurs parents et sur des promesses qui leurs étaient faites. Ces enfants sont revenus.

Je puis citer parmi les plus zélés catholiques dans cette question, M. Désiré Vray

 

Declercq J.[9], 59 ans, tailleur à Feluy, prête serment et déclare :

Mon fils fréquentait le petit catéchisme, mais le vicaire l’a refusé au grand catéchisme. Mon fils a continué de fréquenter le petit catéchisme de M. le curé.

Cependant il n’a pas fait sa première communion. Il a maintenant 13 ans, et il ne la fera pas tant que le vicaire Bourgeois restera à Feluy.

 

 

Vangeleukel Charles[10], 75 ans, curé de Feluy, prête serment et déclare :

Je n’ai pas dit à M. le bourgmestre que les enfants des écoles communales devaient quitter leur place à l’église, c’est lui qui m’a proposé de changer ces places, ou plutôt il les a changées lui-même.

Je n’ai été que dans une seule maison pour parler d’école, c’est chez M. Deladrière. Je ne connais pas le petit Denis ni son père.

Le témoin Denis, rappelé, confirme expressément ce qu’il a dit. M. le curé continue. Il dit que M. Pennart est bien parvenu, lui, à reprendre 125 élèves en un jour.



[1] Chambre des Représentants. Commission d’enquête scolaire. Procès verbaux, tome 1, Bruxelles, 1881

[2] Lucq Victor Charles, ° Chimay 11-2-1829,  Marcinelle 26-1-1887, avocat, représentant libéral de Charleroi

[3] Mondez Philippe-Joseph, ° Frasnes-lez-Gosselies 24-12-1834, † Rêves 9-3-1890, représentant libéral de Charleroi

[4] Olin Xavier-Victor, ° Bruxelles 14-12-1836, †  Saint-Gilles 30-1-1899, juriste, industriel, représentant libéral de Nivelles.

[5] La loi Van Humbeeck, votée le 1er juillet 1879 stipule que si chaque commune doit, à l’instar de la première loi organique de 1842, organiser au moins une école primaire laïque et neutre, elle ne doit cependant plus dispenser de cours de religion mais bien un cours de morale laïque. Exception est faite si les parents le demandent expressément. Dans ce cas, un ministre du culte peut venir dispenser un cours de religion au sein de l’école dans un local mis à disposition, en dehors de l’horaire normal des cours. Les instituteurs doivent être diplômés des écoles normales officielles, dont le cours de religion est également exclu. Enfin, les collectivités locales (provinces et communes) ne peuvent plus adopter ni subsidier les écoles du réseau catholique.

[6] Denis François, ° Feluy 28-1-1845, y 12-4-1907, x Feluy 2-5-1866, Laforge Julie-Catherine, ° Arquennes 22-1-1841, † Feluy 24-10-1876, servante

[7] Vanden Dooren Emile-Henri-Léopold, ° Frasne-lez-Buissenal 18-5-1826, Bruxelles 20-5-1909, x de Lalieux Rose-Aye, ° Feluy 26-3-1829

[8] L’épiscopat belge mit en œuvre une série de sanctions spirituelles à l’égard des parents et acteurs scolaires. Les évêques publièrent un mandement le 7 décembre 1878 qui refusait les sacrements aux instituteurs des écoles officielles et aux parents qui y envoient leurs enfants. La sanction porte aussi sur les élèves et aux parents d'élèves des écoles normales officielles. Selon l’épiscopat l’école neutre est qualifiée d’« antireligieuse ».

[9] Declercq François-Joseph, ° Feluy 3-6-1822, † Braine-le-Comte  4-6-1899, x Dautzemberg Marie-Thérèse,° Heerlem 23-11-1830

[10] Vangeleukem Charles-Maximilien, ° Ecaussinnes d’Enghien 1803

dimanche 8 octobre 2023

 LES SOCIÉTÉS DE SECOURS DE Feluy-arquennes  AU XIXe SIÈCLE

Alain  GRAUX

 A  ARQUENNES

 Société de secours « Saint-Joseph »

La société de secours « Saint-Joseph » créée à Arquennes fut reconnue par arrêté royal le 17 août 1874.

Le conseil d’administration est alors composé de Philippe Hoyaux, président, Emile Trigalez, vice président, Alphonse Beroudiaux, secrétaire et Antoine Lebrun, trésorier.

Les membres sont Jules Valenne, Emile Bayot, Eugène Guillaume, Louis Termolle, François Waterlot

La société comprend 106 membres en 1874, et eut 130 membres en moyenne les années suivantes

La cotisation de la société de secours mutuels d’Arquennes est d’un franc par mois, du fait que lors de sa fondation, on ne connaissait pas tous les besoins auxquels une société de secours mutuels peut avoir à faire face.

Le total des secours distribués depuis la fondation de la société s’élève, à Arquennes, à 19.671 Fr. On dépense annuellement à Arquennes 16 francs par tête d’ouvrier.

 C’est à partir de 18 ans que l’on peut devenir membre de ces deux sociétés. Lorsque la maladie, a eu l’ivresse pour cause, aucun secours n’est accordé. Les réunions ont lieu le dimanche.

 

Société de secours mutuels « L’égalité »

En 1891, à la Louvière, la Fédération des groupements de mutualités socialistes est créée. Suite à cette décision, la Ligue socialiste d’Arquennes décide le 3 décembre 1891 de fonder une société de secours mutuels à partir de janvier 1892, les statuts en sont arrêtés le 3 janvier.

En décembre de cette année, le docteur Goffin est nommé médecin et Alphonse Beroudiaux pharmacien de la société mutuelle.

 

 A FELUY

 Société de secours « La fraternelle »

La société de secours mutuels « La Fraternelle » d’inspiration patronale, fut créée en 1879 à Feluy et reconnue par arrêté royal le 3 novembre 1880.

Le conseil d’administration est alors composé d’Oscar Pennart-Wincq, président, Henri Vanden Dooren, vice président, Alphonse Beroudiaux, secrétaire et Antoine Dumont, trésorier.

Les membres sont Grégoire Deleau, Edouard Ducastelle, Valentin Duquesne, Auguste Godeau, Louis Monnier.

Composée de 179 membres à sa création, leur nombre double dans les cinq premières années, soit 486 membres en 1881, 494 membres en 1883, et 475 membres en moyenne les années suivantes.

Quatre membres honoraires paient une cotisation de 100 francs annuellement. Les membres effectifs paient de 2 à 5 francs pour leur admission suivant leur âge et 1,50 Fr. de cotisation par mois.

Ils reçoivent comme secours en cas de maladie, 4, 50 Fr. par jour pendant les trois premiers mois, 4 Fr. pendant les deux mois suivants. Après quoi, le bureau avise et, souvent, il est accordé 75 centimes par jour. Le médecin reçoit pour ses visites 4 Fr. par membre effectif.

Outre l’indemnité journalière, l’ouvrier a doit aux secours médicaux et pharmaceutiques, non seulement pour lui-même, mais pour tous les membres de sa famille.

Le total des secours distribués depuis la fondation de la société s’élève à Feluy, à 19.834 Fr.

On dépense annuellement à Feluy par tête d’ouvrier, 14, 85 Fr.[1]

 

La Conférence de Saint-Vincent de Paul.

Société de charité fondée à Feluy en 1874.

Les ressources de cette société consistent en quêtes réalisées aux réunions hebdomadaires, par la souscription des membres honoraires et par l’organisation de fêtes d’hiver, que donne aussi la section dramatique de la société ouvrière.

Ses recettes s’élèvent annuellement à environ 1.200 Fr. que la conférence distribue en pains, charbon, vêtements, chaussures et literie.

En 1875, la Conférence de Saint-François de Paul créa un patronage de jeunes gens ; 50 membres de 12 à 18 ans y participent.

En 1876, elle crée une école de dessin pour la jeunesse. Une bibliothèque est ouverte aux familles de membres.


 L’Union Ouvrière de Sainte-Aldegonde

La Conférence de Saint-François de Paul créa en 1879 une société de secours mutuels et un cercle dramatique. Dès sa création, 70 membres en font partie, dont 40 à la section de secours mutuels, ils paient 1 Fr. de cotisation.

Cette cotisation jointe au subside de la Conférence de Saint-François de Paul permet à chaque membre, en cas de maladie ou d’accident, de recevoir gratuitement pour lui et sa famille, les soins d’un médecin et des médicaments nécessaires. Le local des activités est dû à la générosité de la famille de Lalieux de la Rocq qui est promotrice des œuvres ouvrières catholiques de la commune.

 

La Sociale

A côté des deux sociétés existantes il fallait créer une alternative socialiste à Feluy, ce sera fait le 4 août 1892, lorsque l’assemblée de la Ligue Ouvrière de Feluy crée une société de secours et de propagande ayant pour titre « La Sociale ».

Son siège est fixé à la Maison du Peuple de Feluy.

Le but de la section est ;

-         d’assurer à tous ses membres en cas de maladie, de blessure ou d’infirmité, une indemnité, pour se soutenir durant ces causes d’incapacité de travail.

-   de s’occuper de tout ce qui peut contribuer à l’émancipation politique et économique des travailleurs et de tâcher par le concours mutuel ‘le Progrès », à arriver au complet affranchissement de la classe ouvrière.

-        la section déclare s’affilier au parti ouvrier belge.

La cotisation est de 1 Fr. ou 1,50 Fr. selon l’intention du sociétaire. Elle est de 0,50 centimes pour les membres de 16 à 18 ans.

Le comité est celui de la Ligue Ouvrière transformée en syndicat socialiste des ouvriers de Feluy. Le président et le trésorier sont élus par l’assemblée générale et le secrétaire par le comité.

Dès sa fondation le nombre des membres est important. Un registre allant de 1906 à 1910 indique 157 membres en 1906, 354 membres en 1907, atteignant 413 membres en 1908.

 



[1] Déclaration d’Alphonse Beroudiaux, secrétaire des deux sociétés, en septembre 1886.

 

mardi 27 juin 2023

DES GRANDS PÂTURAGES A LA FERME DU CAPITAINE

 DES GRANDS PÂTURAGES A LA FERME DU CAPITAINE

                                                                                      Alain GRAUX

 Les Grands Pâturages sont déjà cités en 1518, lorsque Jehan de Gochelies vend à son fils Godefroid, un demi-bonnier de terre « emprès du Grand pasturaige dudit Jehan »La Cense des Grands Pâturages appartenait en 1524 à Jacquemart Francquart dit du Wesprin, qui y vivait avec son épouse Jehenne Gaudy.

La propriété comprenait une maison, prairie, jardin, étang et terres labourables.

Leur fils, Guillaume Francquart, leur succéda. Il était l’époux de Barbe le Feron.

Le 18 juillet 1553, Guillaume Francquart censier du Grand Pasturaige, a Feluy déclare « qu'il avoit une rente de 10 livres 5 solz de rente assise sur deux bonniers de pret appertenant a Barbe Francquart, vefue de Jehan Deschamps, tenant a Joachim Deschamps, a Jacques le Vassal ».

C’est ensuite la fille des époux Francquart-le Feron, Annette Francquart qui hérita de la propriété. Elle épousa Guillaume Anthoine, la cense passe ensuite à leurs deux filles, Isabeau Anthoine, épouse Jean Reston, et Barbe Anthoine épouse Jacques le Vassaux (Le Vassal), greffier de Feluy. Ce sont ces derniers qui habitent la ferme, ils rachètent la partie appartenant aux époux Reston-Anthoine.

 Le 28 décembre 1572, « Jean Reston, censier de la Maison de Renissart à Arquesne come marit et époux de Isabeau Antoine d'une part et Jacques le Vassaul fils Jacques, maître de quairiere résident a Felluy son beau frère à tiltre de Barbe Antoine sa femme d'aultre part; accompagné de Guillaume Francquart grand père aux deux sœurs résident aussy a Feluy lequel remonstroit qu'en 1562 il avoit conditionné debvises, héritaiges et rentes des héritaiges qu'il avoit a Felluy, entre autres une maison, grange, estables, fournil, brasserie, gardin etc.., condist au Grand Pasturaige, venant des hoirs Henry de le Rue et Jehan Hanicq gisant à Perulwez tenant de deux costets a l'héritaige de la vefve de Godefroid de Gochelies, a Antoine Hanicq et au rieu d'Ansiessart et au chemin, pour après son trezpas à la dite Barbe Anthoine a présent femme a Jacques le Vassault tant pour elle que pour ses hoirs, a la charge de payer chacun an a Isabeau Anthoine sa sœure la somme de 20 livres tourn. de rentes. Après cette remonstrance, le dict Jehan Reston dit que Jacques le Vassault son beau-frère avoit fait le rachapt de cette rente de 360 livres tourn. et de ce fait se déshérita en présence des mayeurs et eschevins des 20 livres de rente qui nommèrent Cyprien del Rouillie comme mambour de ce chirographe »

Les époux Le Vassal-Anthoine, eurent une fille Isabeau Le Vassal, cette dernière épousa Jean Gaudré, seigneur de Froidmont en Petit-Rœulx.

 En 1631, Jean Gaudré, fils du précédent, époux de Charlotte de Davre, devait à l’église une rente de 22 sols due sur les terres des grands Pâturages. Jean Gaudré décéda le 28 avril 1657.

Les époux Gaudré-de Davre eurent trois enfants : Jérôme Gaudré, chanoine de Sainte-Gertrude à Nivelles ; Jean Gaudré, mort en célibat dans la ferme parentale le 12 octobre 1703, et Hélène Gaudré qui épousa Guillaume Dawaigne. Ces derniers eurent un fils, Jean Dawaigne, seigneur de Froidmont, qui épousa à Nivelles le 13 octobre 1687, Jeanne-Marie Le Hoye, dame de la Haye à Gouy, née à Nivelles le 30 août 1659.

En 1689, ces derniers doivent une rente à l’église : « au lieu de Jacques le Vassal leur grand père pour un pret au Grand Pasturaige doibvent par an vingt trois sols. Icy pour trois années escheultes terme de ce compte soixante neuf sols mais de tant que les at faict modération d'une année sur les trois pour foulles  de guerre et de touttes rentes au dessus de vingt sols ».

Le 4 octobre 1696, un fourragement général eut lieu à Feluy: le Croquet et les grands Pâturages furent entièrement pillés.-

Le 1er juillet 1698, Jean Gaudré déclare se déshériter de sa maison qu'on appelle le -rand Pasturaige, consistant en 11 bonniers de prés, 18 bonniers de terres labourables, maison, édifices ainsi que tous les bestiaux, chevaux etc., et les attirails de labour au profit de son neveu a condition de le nourrir et soigner sa vie durant :

« Le Sr Jean Gaudré demeurant audit Feluy et de sa bonne volonté sans contraincte considérant les services qu'il at receut du Sr Jean Dawaigne, son nepveu, déclare ce qui suit: Le dict Dawaigne a soufier pendant cette dernière guerre en se maison depuis le Toussaint 1693 jusqu'a présent faict déshériter a son prouffict de sa maison dépendance et appendance que l'on dist le Grand pasturage gisant a Feluy cornme il se contient consistant en onze bonniers tant pret que paischy et entrepresure et dix huict bonniers de terres labourables sous Feluy tant

pretz que terre soubz Seneffe pour en jouyr et luy appertenir a tousiours entirmt (entièrement) et amplmt (amplement) qu'en auroit peu proufiter et user ledit Jean Gaudré parmy payant les charges des dits biens et le nourrir à sa table. Le dict Sr Jean Gaudré sa vie durant luy servant de mesme, tous les bestiaux tant vyaulx que vaches et aultres aussy, les attirails de labours et meubles dont il se servoit dans sa mesnagerie et dont il est en possession par pure et simple donation lui verbalement faicte depuis le Toussain 1693 et qui est ratifiez présentement par ledit Sr Jean Gaudré renoncant de ses biens au prouffict dudit Dawaigne ».

 Le 6 août 1698, Jean d'Awaigne  déclare « qu'étant en possession de la maison et héritaige du Grand Pasturage que son oncle Jean Gaudré luy a cédé ainsi 18 bonniers de terres labourables en commun avec sa mère et d'autres cohéritiers, ils sont mis d'accord pour l'évaluation de ces biens ».

De nombreuses rentes sont dues par la cense des Grands pâturages, elles attestent la possession de la ferme par Jean Dawaigne :

En 1701, une rente est due à la Table des Pauvres (Notre CPAS actuel) : « Dudit Jean Gaudré à pnt. le Sr Jean Dawaigne son nepveu sur ses héritages du Pasturage, doibt par an en bled deux rasières ».

Une autre rente est due à l’église : « Au Sr Jean Dawaigne au lieu du Sr Jean Gaudré venant de Jacq le Vassal pour un pret au Grand Pasturaige, doibt par an ving trois sols ».

Encore en 1730, on trouve : « Du Sieur Dawaigne au lieu de Jean Gaudré sur ses héritages du Pâturage dit par an 2 rasières de bled ».

  La ferme fut reconstruite en 1702, elle se présente comme suit : c’est un quadrilatère de brique et calcaire, du début du XVIIIe siècle,  Un mur clôture la cour, il est interrompu par une tour-porche restaurée: le rez-de-chaussée est bâti en pierres de taille et moellons de calcaire, remontant peut-être au XVIIe siècle, la porte en anse de panier est inscrite dans une feuillure rectangulaire à congés, forme un débouché sous une large arcade surbaissée du début du XVIIIe siècle, à claveaux en bossages un-sur-deux, dont la clé s'orne du monogramme des familles Dawaigne-le Hoye.

L’étage est érigé en briques, contemporain de ce portail, harpé aux angles et parcouru de chaînes. Au-dessus des arcades, on trouve une fenêtre à croisée de pierre avec montants à harpes saillantes prolongés en allèges. La toiture est en pavillons superposés.

Dans la cour à droite se trouve le corps de logis à étage, daté par ancres décoratives de 1702. La façade, comptant cinq travées de baies entre les harpes d'angle reliées par des chaînes de pierre, les fenêtres à croisée sont similaires à celles du porche. Surmontée des armes des Dawaigne-Lehoye,


la porte centrale s’ouvre en anse de panier sous corniche et baie d'imposte, avec encadrement creusé d'une gorge ourlée, rehaussé de harpes et d'une clé saillantes.

 En 1758, le plan partiel de Feluy réalisé par le géomètre Fonson indique 1758. Le plan indique que le  Grand Pâturage appartient au Sieur Mahieux, c’est à mon avis une erreur, il est propriétaire du Croquet. 

    

En réalité, la propriété appartient alors à Marie-Hélène Dawaigne, dame de la Haye à Gouy, née à Nivelles le 30-10-1688. Elle épousa  à Feluy le 7 janvier 1710, Louis-Henri-Jean, libre baron de Hérissem et du Saint-Empire, né à  Crucenay le 25-7-1674, licencié en droit de Louvain. Il mourut assez jeune, le 7 janvier 1725, sa veuve, Marie-Hélène Dawaigne mourut à Nivelles le 24-7-1757 De cette union naquirent neuf enfants

Ils vendirent la propriété au maître de carrière Jean-Baptiste Capitte dit le Capitaine, et à sa seconde épouse, Marie-Jh. Marcq.

En 1811, il paie aussi une rente à l’église (compte des chapelles) : « Capitte Jean Bpte au lieu de Sr de Hérissem sur la cense du Grand Paturage à Feluy contenant quatre bonniers d'héritage doit l'an de rente cinq rasières une pinte de seigle ».

 Jean Baptiste Capitte ne possède pas toutes les terres de la propriété initiale, les d’Hérissem avaient gardé une partie des terres. Vers 1850, le baron d’Hérissem ne possédait plus que deux parcelles qui passèrent par la suite à Jean-Baptiste Lavendhomme et Nicolas Jurion.

Jean-Baptiste Capitte décéda en 1828 (Ep. F. 79), la propriété passa à sa veuve et ensuite à son fils Herman Capitte (Né à Feluy le 20-1-1768) et à sa fille Antoinette Capitte, épouse de Jean-Baptiste Lavendhomme. Elle habite marche-lez-Ecaussinnes. La veuve Herman Capitte, Marie-Thérèse Delbruyère loue la propriété à Hubert Fournit vers1862. Jean-Joseph Goffin lui succède en 1876.

Les biens furent vendus en 1879 à Léopold Winckel (Né Haut-Ittre 11-5-1837, décédé à Marche-lez-ecaussinnes 10-7-1890, marié à Marie-Jh. Hanique, née à Feluy 25-12-1830).

On retrouve ce dernier payant la rente due au bureau de Bienfaisance, en 1887 « sur la cense du Grand Pâturage dite ferme du Capitaine, sise à Feluy, tenant à Louis Pède, à Pennart, à de Hérissem, le tout contenant Ha ».

Ce fut ensuite Emile Wapelhorst (Né à Feluy le 3-4-1894, époux de Bertha Lavaux, née à Glabais 16-3-1894, qui exploita la ferme.

On trouve également comme fermiers Emile Rousseau (Nivelles 1895- Feluy 1957) et son épouse Rénée Dechief (Rebecq 1903-Feluy 1958).

M. et Mme Vandestraete ont acheté la ferme et l’ont rénovée avec beaucoup de soin, mais en apportant de substantielles transformations aux communs.

Ils louent des chambres d'hôtes qui se trouvent dans le corps de logis et dans les dépendances. Elles sont très luxueuses et décorées avec beaucoup de goût.



samedi 13 mai 2023

                L’occupation du Château de Seneffe par

                      le général von Falkenhausen                     José BUCHET                                                          

Jules Philippson est banquier, propriétaire du château de Seneffe, il possède une ligne de presse en Allemagne et fonde en 1934, l’association des demeures Historiques de Belgique.

En 1939 une Compagnie de Chasseurs à Pied de l’armée belge occupe le château. Cette troupe est chargée de défendre le Canal Charleroi Bruxelles et les Philippson doivent évacuer, ils s’expatrient au Etats Unis.

L’armée française qui déclare la guerre aux Allemands, établit une ligne de défense en avant de leur ligne Maginot et ils se chargent de défendre la ligne de la Dyle. L’armée Belge est regroupée dans le nord, sur la ligne de la Meuse et les forts de Liège, Beverloo, Anvers.

En mai 1940, l’Allemagne entre dans le territoire belge pour combattre la France.

La Belgique ne peut rester neutre et refuse de laisser le passage aux troupes Allemandes. Les premiers combats ont lieu, lors de la défense du canal Bruxelles Charleroi, eut lieu la bataille de la Rocq à Feluy, où les français en pleine déroute font sauter les ponts, coulent les péniches et poussent les habitants à l’évacuation.

Le Château de Seneffe est réquisitionné par l’armée Allemande avec l’intention d’y opérer des transformations pour aménager un lieu de récréation pour les soldats Allemands.

Ce plan de restructuration du château est rejeté par Alexander von Falkenhausen, désigné comme Gouverneur militaire de la Belgique.

von Falkenhausen pour protéger le bien en l’absence des propriétaires, s’installe dans le pavillon Louis XVI et réserve le château pour les réceptions. Son Officier d’ordonnance, von Moltke, un historien, fait l’étude du Château en vue d’une publication. Le château est gardé par la troupe qui loge dans les communs, les bureaux de von Falkenhausen sont à Bruxelles, il ne vient au château que les week-ends et pour les réceptions.

Alexander von Falkenhausen est un aristocrate prussien né en 1878, certainement un antinazi, son frère, ayant été assassiné par les nazis en 1934, il est le neveu de Ludwig von Falkenhausen, gouverneur militaire de la Belgique lors de l’occupation en 1917 à 1918 ; il eut une stricte formation militaire, dirige l’école d’infanterie de Dresde (bombardé et complètement détruit en 1944), il devint le conseiller militaire de Tchang Kaï-check. Il offre son soutien aux conspirateurs agissant pour démettre Hitler, avec von Moltke, le frère de son officier d’ordonnance, de l’ambassadeur von Hassel et von Stulpnagel, il est en relations avec Marie-José Reine d’Italie, sœur de Léopold III et du Vatican, avec le Pape Pie XII. Il est pressenti avec l’accord des Alliés, pour être désigné comme Chancelier du régime intermédiaire.

Après l’échec de l’attentat contre Hitler  du 20 juillet 1944 il est démis de ses fonctions et reçoit un ordre de rappel par Berlin, bien qu’il n’ait pas participé directement à l’attentat. Il sera arrêté, interné à Buchenwald et Dachau, il sera délivré et détenu par les Alliés, il fut confié à la Justice belge en 1951 et  est condamné à 12 ans de travaux forcés (qu’il ne purgea pas).

Il meurt le 31 juillet 1966, à 87 ans, à Nassau en Rhénanie-Palatinat.

 


  Sa déclaration lors de l’invasion de la Belgique : 

Au peuple Belge !

C’est avec le plus grand regret que les troupes Allemandes se voient forcées de franchir la frontière de Belgique. Elles agissent sous la contrainte d’une nécessité inévitable, la neutralité de la Belgique ayant été déjà violée par des officiers français qui sous un déguisement ont traversé le territoire Belge en automobile pour pénétrer en Allemagne.

Belges c’est notre plus grand désir qu’il y ait encore le moyen d’éviter un combat entre deux peuples qui étaient jusqu’à présent, jadis même alliés.

Souvenez-vous du glorieux jour de Waterloo c’étaient les armées Allemandes qui ont contribué à fonder et établir l’indépendance et la prospérité de votre patrie.

mardi 10 janvier 2023

A PROPOS DE LA FAMILLE MOORS

 

HENRI MOORS

Né vers 1611, décédé le 12-6-1720 à Bruxelles.

Conseiller et résidant de l'électeur de Cologne.

Il acheta la seigneurie d'Arquennes par engagère le 15 juin 1716 pour la somme de 60.000 florins

Le prince de Berghes continue à avoir le titre de comte d'Arquennes.

En 1712, Henri Moors fait arranger la chapelle du château d’Arquennes, car au commencement du dix-huitième siècle, le château d'Arquennes depuis longtemps abandonné, sembla ressusciter par l'arrivée de la famille Moors. Henry Moors et Marie Moors, son épouse en devinrent les locataires. Ils en firent arranger une place pour la célébration des saints mystères et firent à cette occasion incruster à la muraille une petite pierre sur laquelle on lit encore le chronogramme suivant :

" Moors sponsaqve sVa ConseCrant DIVInitati "

Ce qui en français signifie : « Moors et son épouse consacre ce lieu à la divinité ».

Moors ne survécut pas longtemps à l'arrangement de cette chapelle, qui porte la date de 1719. Il mourut à Bruxelles le 14 août 1720. Il était l’époux  de Marie Moors (° Batavia, † Bruxelles 26-2-1729, enterrée dans le chœur de l’église d’Arquennes sous une pierre ornée des armes accolées de Sibille et de Moors). Celle-ci se remaria à Arquennes le 14 mai 1721 à Maximilien-Joseph de Sibille, écuyer, seigneur de Buisseret.

Par acte du 9-7-1721, Marie Moors avait engagé au conseiller avocat Antoine-François Charliers, en garantie de sommes dues par son époux, la terre, seigneurie et revenus de la baronnie d'Arquennes.

 En 1722, la veuve du seigneur engagiste Henri Moors, achèta une machine d’exhaure, mue par la force chevaline et fit creuser au fond de la carrière un réservoir de 16 pieds (4,88 m) destiné à recueillir les eaux.

 GILLEs-JEAN MOORS

Le 5 septembre 1758, devant le notaire Nuewens, de Bruxelles, renouvelle une convention entre Ferdinand-Gaston-Joseph-Alexandre, duc de Croÿ, prince de Berghes et du Saint-Empire, Grand d’Espagne de première classe, stipulant pour Maximilienne-Thérèse d’Ongnies, comtesse de Coupignies, duchesse de Croÿ, d’une part, et Gilles-Jean Moors d’autre part, relative à la seigneurie d’Arquennes, engagée audit Moors par Dominique-Alphonse, prince de Berghes.

Gilles-Jean Moors s’est marié le 2 mai 1736 à Thérèse-Françoise Jaerens

En 1754, Gilles-Jean Moors, se mêle de prospection d’or, le seigneur d’Arquennes résidant alors à Mont-Houffalize, avait été chargé par Charles de Lorraine d'une prospection des ressources métallifères de l'Ardenne. Dans un des rapports transmis à son digne commanditaire, Moors cite: "Le nommé Houssonloge déclare une mine d'or à La Pisserotte, en terre de Luxembourg. Si Sa Majesté admet sa requéte, le baron de Goswin y fera travailler. Par une lettre du 25juillet 1754, celui-ci m'a répondu que cette mine doit être mélée d’or et d'argent... que le trou est entièrement bouché, difficiIe d'accès parmi des roches extrémement dures.".

 Le 5 avril 1757, Gilles-Jean Moors, acheta à Glimes, le vieux moulin de Thorembisoul pour la somme de 6.200 florins, qui le fit rebâtir et l’exploita.

 Gilles-Jean Moors, châtelain du Mont à Houffalize, s’associa à Mathias Monnoye, maître de carrière, afin d’exploiter des carrières et un moulin à vent qu’il fit bâtir le 16-5-1748, une tour de pierre à laquelle on travaille pour servir à un moulin à vent pour évacuer l’eau des carrières, et y faire en même temps de l’huile.

Le contrat stipule

« Que les meules et bassin nécessaires, pour le dit moulin à l’huille, seront tirés de ladite carrière à faix communs, travaillés, façonnés et placés de même.

Que l’entretien de ladite tour et moulin et de tous instruments, outils et ustenciles y servans sera à fraix communs durant ladite association.

Que le gage ou les gages de celuy ou ceux qui dirigera ou dirigeront ledit moulin et fera ou deront de l’huille, se payera ou se payeront moitié par moitié… »

 N'ayant pu remplir les obligations de l'engagère, la terre d'Arquennes revient au prince d'Albert.