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Autrefois partie intégrante du duché de Brabant, séparée du comté de Hainaut par la Samme qui traversait notre commune, Arquennes est aujourd'hui une paisible bourgade qui possède une longue et riche histoire, qu'il ne nous appartient pas ici de détailler. Des siècles d'exploitation d'un gisement de petit granit dit des Ecaussinnes ou de Soignies ont apporté à notre village la richesse et une réputation dépassant largement les limites de nos contrées. Ils ont également modifié de façon unique la toponymie des lieux, que ce soit par les carrières en elles-mêmes ou par les développements qu'elles induisirent, comme le creusement du canal de Charleroi à Bruxelles ou l'établissement du chemin de fer de Manage à Ottignies, afin de tenter de maintenir la prospérité de cette industrie de la pierre et aussi de maintenir l'équilibre économique avec le bassin d'Ecaussinnes-Soignies. Cette histoire si riche nous a également laissé quelques beaux témoignages architecturaux, qu'il n'est pas toujours facile de resituer du fait des éléments indiqués ci-dessus, par manque de documents disponibles ou parce que ceux-ci ont subi d'importantes modifications. Nous vous invitons maintenant à une promenade-découverte de quelques-uns de ces lieux.
Point de départ : la Grange à la Dîme
Ce bâtiment ancien, constitué d'une belle salle de style gothique, a été rénové à la fin du 20eme siècle par les soins de l'administration communale, qui en est aujourd'hui propriétaire.
Il faisait autrefois partie d'un ensemble plus important, comprenant l'ancienne cure ainsi qu'un jardin. En 1125, l'autel d'Arquennes fut cédé par le chanoine de l'abbaye Saint-Feuillien de Fosses-La-Ville à
l'abbaye de Saint-Feuillien du Rœulx, ces abbayes appartenant à l'ordre des Prémontrés.
En 1279, apparaît le nom du premier curé connu : il s'agissait d'Hugues de Bornival. Jusqu'en 1827, la
paroisse sera administrée par des Prémontrés désignés par l'abbaye de Saint Feuillien du Rœulx.
Ce bâtiment ayant été acquis par des particuliers, on y exploita même, au siècle dernier, un atelier de
mécanique (Georges Hiernaux), et il servit également d'entrepôt (Fernand Delvaux).
En sortant, vous remarquerez sur la droite l'escalier, installé lors des travaux de rénovation,
qui relie la grand-place à la place Albert Ier et à l'église.
L'ensemble de la rénovation confère à cette cour un certain cachet
Nous quitterons ce lieu par la gauche pour déboucher sur la grand-place.
Face à nous, nous découvrons une petite ruelle qui constitue l'accès à l'ancienne ferme de la Dave, ou seigneurie du Châtel. Nous y distinguerons également le pignon en moellons d'un bâtiment appelé le patronage. Il s'agit en fait d'une construction de style néo-gothique, datant de la fin du 18 ème siècle, construite sur l'emplacement de l'ancienne grange de la seigneurie citée ci-dessus; elle était destiné aux écoles libres et servit de patronage. Le bâtiment fut occupé pendant la seconde guerre mondiale par des collaborateurs rexistes, membres de la Légion Wallonne, qui l'incendièrent lors de la débâcle allemande. Cet édifice, accessible par la rue de Chèvremont, a fait l'objet d'une importante rénovation à la fin du 20eme siècle, à l'initiative de l'administration communale; il abrite aujourd'hui un ensemble de logements.
Nous remontons vers le canal et le pont tournant.
Sur la droite, sur le parking longeant la Samme, se situait autrefois l'ancien moulin banal (moulin Dubois). Il a été détruit dans les années 1970. Un projet communal est actuellement à l'étude en vue d'élever à cet endroit un immeuble de logements.
De l'autre côté de la route, à l'arrière de l'arrêt de bus, le terrain aujourd'hui remblayé voyait autrefois s'écouler la Fausse Samme, qui était un petit canal de déviation installé sur ladite rivière et destiné à amener l'eau au moulin.
Nous arrivons à l'ancien pont tournant, ouvrage d'art aujourd'hui classé, qui fut érigé vers 1885, lors de la construction du second canal de Charleroi-Bruxelles. Il est doublé d'une passerelle piétonne qui permettait le passage lorsque le pont était en service. Il était actionné par un seul homme au moyen d'une manivelle. Il homme au moyen d'une manivelle. Il constitue un témoignage du savoir-faire de nos entreprises et de la richesse de notre région, et c'est l'un des symboles de notre commune; il serait dommage d'un jour le voir disparaître, comme a aujourd'hui disparu l'ancien viaduc du chemin de fer qui surplombait autrefois le canal et dont on peut encore apercevoir les soubassements, lorsque l'on regarde vers Feluy.
De l'autre côté du canal, sur la gauche, se situaient autrefois les anciennes carrières d'Arquennes. Ces exploitations du gisement de petit granit firent la fortune de plusieurs familles du village et apportèrent une certaine prospérité à celui-ci.
Pour ceux qui le souhaitent, il est possible de passer le pont et de se diriger sur la gauche, le long du canal, où après quelques centaines de mètres ils découvriront la ferme dite de la
Basse-Cour, ou ferme de Lalaing, du nom d'une famille à laquelle elle a appartenu.
Il s'agit d'un bâtiment dont le gros œuvre daterait du 16eme siècle et qui aurait été remanié au 18 ème. Il semble qu'avant le creusement du canal, la Samme décrivait un méandre entourant la propriété.
Quant à nous, nous descendrons avant le pont par la droite, en empruntant la ruelle qui longe le canal. Nous enjamberons alors la Samme par la petite passerelle, pour arriver sur une petite place où plusieurs bâtiments ont également fait l'objet d'une rénovation. Nous emprun¬terons l'escalier qui conduit à l'église.
L'église paroissiale de la Sainte Vierge était autrefois dédiée à Saint Boniface. Il s'agit d'un édifice élevé vers 1500 en style gothique hennuyer, après l'incendie qui suivit le passage des troupes de l'empereur Maximilien d'Autriche. Il fut encore restauré plusieurs fois vers la fin du I7eme siècle et au I8eme pour réparer les dommages occasionnés par divers incendies dus aux allées et venues incessantes des troupes étrangères, françaises, espagnoles, hollandaises... qui s'affrontaient alors dans toute l'Europe, et plus particulièrement sur le sol de notre Belgique actuelle, lors d'interminables conflits. C'était l'époque de Louis XIV et de ce qu'on appellera plus tard le Grand Siècle. Pour nos contrées, ce ne fut souvent que ruines et désolations... Citons ainsi, à titre d'exemple, la bataille de Seneffe, le bombardement de Bruxelles, la bataille de Steenkerque... Une dernière restauration intervint dans les années 1950. Nous remarquerons autour de ce bâtiment plusieurs pierres tombales de familles de maîtres de carrières.
En contournant l'église par la gauche, nous arrivons dans la cour de la Copenne dont le nom trouve son origine dans celui d'une ferme qui s'y élevait autrefois avec ses dépendances; on y trouve référence dans des actes remontant à la 2eme moitié du 16eme siècle. Plusieurs petites maisons, dont l'une est occupée par l'ancien boucher du village Mr. Jean Bardiaux et son épouse, ont ici aussi fait l'objet d'une belle restauration.
Nous descendrons alors vers la place Albert 1er, en longeant l'ancienne maison communale, qui date de 1838 et est de style néo-classique. Ce bâtiment devrait faire l'objet de différents aménagements en vue d'être mis à la disposition, par l'administration communale, de différents services publics et associations.
Face à nous s'élève alors le presbytère, bâtiment de style classique, daté en façade de 1760. La porte est surplombée d'un cartouche aux armes de l'abbaye des Prémontrés de Saint Feuillien du Roeulx. Un escalier menant aux caves est surplombé d'un linteau daté de 1649. Ce bâtiment était autrefois entouré de prairies exploitées pour le compte de la cure.
Sur la droite, faisant l'angle de la place, nous remarquerons le café du stade, anciennement appelé café des combattants
Une plaque commémorative en pierre, installée en façade, rappelle que c'est ici que vécut et mourut Philippe Demoulin, dernier combattant de la révolution de 1830. Ce dernier, comme il le souhaitait, reçut en 1912 la visite du jeune roi Albert 1er.
Cette place était également occupée autrefois par plusieurs commerces et a fait récemment l'objet d'une importante rénovation de voiries .
Nous nous dirigerons ensuite par la rue des écoles, sur la gauche de la cure, vers le château d'Alcantara. Nous remarquerons au passage, sur la hauteur, l'ancienne école des garçons construite en 1868 et qui leur fut réservée dès 1875. Elle était précédée d'une habitation occupée par le directeur.
Nous arriverons ainsi au château d'Alcantara, ainsi nommé en référence à la famille qui le fît ériger. Il s'agit en réalité d'une maison de plaisance avec jardin élevée en 1722 par Ferdinand, comte d'Alcantara, époux de Suzanne de Bestenraedt, fille du seigneur de la Rocq. Un des ancêtres de ce personnage fut gouverneur de la ville de Mons.
Cet édifice fut construit sur des bâtiments plus anciens qui portaient le nom de Censé Mère André. Certaines traces laissent à penser qu'il pourrait s'agir d'un bâtiment de la première moitié du 16eme siècle.
Ces biens furent vendus par les héritiers de la famille d'Alcantara en 1789. Selon l'acte de vente, il semble bien que la propriété était d'importance, puisqu'elle comprenait une maison de plaisance avec jardin, parvis, boulangerie, remise écuries, cours, le tout entouré de murailles avec une maison de ménager...
Aujourd'hui, une glacière reste visible, creusée dans le mur situé face à la tour de l'autre côté de la rue. Il semble également qu'un puits ait existé sur le milieu de la chaussée et que celle-ci ait été fermée par des grilles dans le bas de la rue.
Sur ce domaine fut construit en 1875 une école pour les filles. Elle fut remplacée en 1963 par le complexe scolaire que nous connaissons aujourd'hui, inauguré en son temps par Mr Georges Bohy, Arquennais et ancien ministre.
Le corps de logis fut également occupé par les écoles et la direction, et servit au logement de professeurs.
Aujourd'hui, il s'agit d'un bâtiment communal, abritant la bibliothèque publique ainsi qu'un centre citoyen. Le complexe omnisports de Seneffe a également été construit sur le site voisin.
Nous descendrons ensuite vers le quartier de la fontaine, en empruntant la ruelle qui longe le complexe sportif à droite de la façade et qui séparait autrefois les biens de la cure de ceux de la Censé Mère André.
En arrivant au quartier de la fontaine, nous découvrons la fontaine dite de l'Hoya,
qui doit son nom au bâtiment situé à sa gauche, au dessus de la chapelle Sainte Anne, que l'on appelait hôpital de l'Hoya. Ce bâtiment était déjà cité fin du 15eme siècle. La construction actuelle remonte partiellement à la fin du I7eme et au début 18ème
Nous prendrons alors sur notre droite, pour nous diriger vers la place Mathy, ainsi nommée en référence à Mathieu Nopère, frère du constructeur de l'Alcazar, qui y avait établi une ferme et avait installé son fumier devant sa maison, d'où également le nom de fosse Mathy que l'on retrouve au fil du temps.
Cette petite place a fait l'objet d'une récente et importante rénovation de voirie. Plusieurs bâtiments y ont aussi été transformés et plusieurs façades ont ainsi été sablées pour laisser réapparaître leurs murs de moellons en pierre du pays. On remarquera également sur cette place un bel immeuble avec porte cochère, datant du début du 19eme siècle et qui abritait autrefois une brasserie. Cet endroit hébergea toujours de nombreux commerces tels que boucherie, boulangerie, épicerie, cordonnier, café et même cinéma...
Nous rejoindrons la grand-place en logeant l'ensemble de maisons dit « La Longue Maison » qui faisait la jonction avec le bâtiment de l'Alcazar. Jusque dans les années 1970, un bourrelier y avait son atelier (Arthur Vandevelde).
De retour sur la grand-place, nous ne manquerons pas de nous attarder quelque peu sur le bâtiment dit de l'Alcazar. Il s'agit du nom donné à la fin du 19eme siècle à un immeuble construit en 1664 par Jérôme Nopère, héritier d'une illustre famille de maîtres de carrière déjà citée vers 1400, lui-même mayeur d'Arquennes et grand mayeur député de l'Office de Nivelles en 1652.
Par la suite, l'édifice devint propriété de la fabrique d'église et servit de salle de fête. C'est dans cette partie, qui constituait également l'ancienne grange, qu'au milieu des années 1970 débuta un terrible incendie qui ravagea la partie droite du bâtiment.
Reconstruit, le bâtiment continua encore pendant quelque temps à être exploité en tant que café et salle de fête, avant d'être racheté par la Commune de Seneffe qui le dota d'une aile moderne en 1998, en vue d'y accueillir les services communaux du C.P.A.S. On remarquera le perron à double volée, les fenêtres à croisées de pierres et les nombreux autres détails architecturaux, ainsi qu'à sa droite la porte cochère en plein cintre, qui font de ce bâtiment un des plus beaux de notre commune.
Par ailleurs, quelques autres bâtisses situées également sur la grand-place attireront également notre attention. Il s'agit des bâtiments situés sur la droite en restant dos à l'Alcazar. Il s'agit d'immeubles mitoyens remontant au moins au 17 siècle. On y remarquera les façades en pierres de taille qui ont été sablées, conservant des soubassements chanfreinés et des témoins de fenêtres de type traditionnel. L'une d'entre elles, précédée par un perron, supportait autrefois semble-t-il un cadran solaire et était appelée « Maison de l'Ange » ou « Hostellerie de l'Ange ». Elle fut occupée par les baillis d'Arquennes.
Nous rejoindrons alors notre point de départ.
Sources d'informations :
Curé D'Awan :Histoire d'Arquennes
Robert Cotyle :Arquennes, Pays de la pierre Glossaire Toponymique
Annales Historiques
Robert Gailly :Note sur le Château d'Alcantara Jean-Louis Van Belle :L'industrie de la Pierre en Wallonie
Les Maîtres de Carrières d'Arquennes sous l'ancienrégime
Signes Lapidaires -nouveau dictionnaire
A. Sterling :Histoire des Voies Navigables, le canal de Charleroi à Bruxelles Inventaire du patrimoine architectural de Wallonie
Maison de la mémoire de Seneffe Module Histoire de nos carrières.
Site Web : http://mdmemoireseneffe.blogspot.com