samedi 8 mars 2025

LA MAISON DU PEUPLE DE FELUY

 

LA MAISON DU PEUPLE DE FELUY

                                                                                                                   Alain GRAUX

ORIGINE DE LA PROPRIÉTÉ

Le premier cadastre de Feluy indique que le terrain, sur lequel les bâtiments de la Maison du Peuple seront construits, appartenait à Pierre Leloup[1], rentier. De maisons ouvrières étaient construites sur ce qui deviendra le parc, les maison cadastrées 149, 153 et 150 furent détruites en 1843, de même les maisons cadastrées 161, 162, 163, 166 et 167, le furent en 1859. Le groupe cadastré 154, 155, fut désaffecté en 1859, le bâtiment 156 fut désaffecté alors mais utilisé ensuite jusqu’en 1909.

 

Extrait du plan cadastral de 1836 réalisé par Germain Bauduin.

 A la mort de Pierre Leloup, sa fille Lice-Marie Leloup[2] épouse d’Eugène Pennart, le bourgmestre de Feluy et maître de carrière.

En 1844, ils firent construire une belle demeure, digne de leur condition, sur le terrain.

L’avant cour du bâtiment principal était fermée par une grille,

 

elle était flanquée par deux demeures dont celle de gauche, renfermait la conciergerie (aujourd’hui pâtisserie Renoirte).

A l’arrière du bâtiment, une magnifique verrière fut construite en 1859, est toujours existante. Elle mériterait une restauration.


Une orangerie se situait à la gauche du parc, il subsiste une pierre sculptée apparente encore dans la.propriété voisine (maison Delbruyère).

Dans le dernier, un magnifique hêtre de Pologne constituait l’ornement principal. Il disparut lors d’une tempête en janvier 1990.

 

A la mort d’Eugène Pennart, la propriété revint par succession en indivision à ses enfants, puis par partage à l’un d’entre eux, Victor[3], qui fut lui aussi bourgmestre de Feluy.

                    Plan Popp vers 1860, la propriété appartenant à Victor Pennart

 Section B.       158a                Jardin d’agrément             33a 30ca   

                        181b                Maison                               11a 40ca

 LES MUTATIONS DE PROPRIÉTÉ

Victor Pennart, demeurant alors à Binche, vendit la propriété avant son décès, au pharmacien André, et celui-ci la revendit à Octave Petit[4], maître de carrière.

 Le 15 mars 1909, devant le notaire Delhaye, de Feluy, Octave Petit vendit l’entièreté de la propriété à la société coopérative L’Union Feluysienne qui y installa la Maison du Peuple.

Quelques Feluysiens, la plupart tailleurs de pierres, décident d’entamer les fondations d’une salle qui devait leur servir de lieu de rencontre. En 1910, la salle des fêtes était bâtie en annexe du bâtiment principal et l’inauguration eut lieu dans la joie générale.

Le 13 juin 1923, devant le notaire Cordemans, de Bruxelles, la propriété est cédée à la société coopérative L’Avenir du Centre, par apport.

Le 5 octobre 1925, par acte sous seing privé, la société coopérative l’Avenir du Centre change de dénomination et devient l’Union des Coopérateurs du Centre, du Borinage, des régions de Soignies, d’Ecaussinnes et du Brabant-Wallon.

En 1929, la coopérative fit construire une annexe à front de rue, servant de magasin.

Le 12 octobre 1935, devant le notaire Vanisterbeek, de Bruxelles, la Maison du Peuple de Feluy est cédée à la Société Nationale de Gestion Coopérative (N.A.C.O.).

 Le 16 mai 1959, par acte du notaire Coche, de Feluy, une partie de la propriété est vendue à l’A.S.B.L. Union Feluysienne (constituée par acte sous seing privé le 3 octobre 1934), toujours actuelle Maison du Peuple. 

En 1978, après avoir subi d’importants travaux de rénovation et de sécurité, la salle des fêtes restaurée fut rouverte lors d’une manifestation grandiose, en présence du ministre Jacques Hoyaux, des députés André Baudson et Jean-Claude Van Cauwenberghe, du député permanent Philippe Busquin et de nombreuses personnalités provinciales et communales.

 LES GÉRANTS

 Les gérants successivement engagés par l’A.S.B.L. l’Union Feluysienne furent :

Désiré Denis et Marie Colinet                                   (1910-1923)

Louis Hiernaux et Louise Aigrisse                            (1922-1944)

Decaluwe Léon et Charlier Berthe                            (1945-       )         

Raoul Bauduin et Rosée Delhaye                              (        -1955)

Vandenbulke Raymond et Cottels Georgette           (1955-       )

Dubuisson Lucienne                                                  (       -1960)

Deruyck Cyrille et Fernande                                     (1960-1963)

Il créa un berceau de tir à l’arc sous la salle des fêtes.

Decraecker et Demaret                                              (1963-1964)

Janssens Florent et Dubois Marie-José                      (1964-1967)

Sauvage Armand et Delferrière Lucienne                 (1967-1969)

Verly Adelin et Janssens Jacqueline                          (1969-1969)

Carmen Sauvage et Georges Roland                         (1970-1987)

Carmen Sauvage s’investit beaucoup dans l’organisation des « Vieux pensionnés ».

Herrebrandt Michèle et Dejean Claudy                    (1987-1989)

Darquennes Chantal et Couder Rudy                        (1989-1990)

Darquennes Willem et Arquin Georgette                 (1990-1993)

Decraecker Mireille                                                   (1994-1997)

Tumson Henri                                                            (1997-2009)

C’est à son initiative qu’on fit construire un plan incliné pour handicapés à l’extérieur de la salle des fêtes, ainsi que des pistes de pétanque dans le parc.

 



[1] Leloup Pierre-Joseph, ° Marche-lez-Ecaussinnes 25-9-1763,  † Feluy 29-12-1842, x Feluy 12-10-1801, Delfairière Marie-Rosalie, ° Feluy 9-9-1761, y † 16-9-1819

[2] Leloup Lice-Marie, ° Feluy 23 messidor an X (12-7-1802), y † 19-7-1860, x Feluy 17-7-1832, Pennart Eugène-Joseph-Ghislain, ° Feluy 1-7-1793, y † 16-7-1862

[3] Pennart Victor-Prosper-Ghislain, ° Feluy 2-1-1836, † Binche 25-4-1903, x 1858, Massart Delphine-Stéphanie-Ursmarine-Rosalie, ° Battignies 5-5-1839, † Binche 8-11-1909

[4] Petit Octave, ° Feluy 6-7-1854, x Comblain-au-Pont 14-8-1896, Paulet Marie-Joséphine, ° Comblain-au-Pont 19-11-1872

lundi 23 décembre 2024

Philippe Joseph Parmentier

 

Philippe Joseph Parmentier

                                                                                                                     Alain GRAUX

 Le sculpteur Philippe Joseph Parmentier naquit à Feluy le 6 février 1784, fils de d’Antoine Joseph Parmentier[1] et Marie-Madeleine Remiens. Son père, sculpteur ornemental, lui transmit les notions de son art. Ensuite, il suivit des études de sculpture à l’Académie de Paris sous la direction des célèbres professeurs Bosio[2] et Bridan[3]. Il effectua alors un voyage en Italie pour y étudier les chefs-d’œuvre de l’Antiquité.

Au salon de Bruxelles de 1818, il présente un Anacréon, statue en pierre. Cette œuvre est présentée au concours de la Société à l’encouragement des Beaux-Arts. Mais l’artiste ne peut être récompensé; la date de clôture des inscriptions étant dépassée. En compensation, la Société lui acheta l’œuvre. Cette statue est alors offerte à la société Royale des Beaux-Arts de Gand qui décerne à Parmentier une médaille d’honneur.

Il exécuta ensuite une Baigneuse en marbre blanc acquise par le roi Guillaume 1er et qui fait partie du cabinet du roi à Bruxelles.

En 1823, il est à Gand et sculpte des chapiteaux, des armoiries, des cariatides, des bustes et des décorations au palais de l’université et à la façade de la salle des spectacles.

Philippe Parmentier expose à plusieurs reprises au Salon de Bruxelles et de Gand et à l’exposition des Maître vivants à Amsterdam (1824) et à Haarlem (1825)

En 1829, il cisèle la statue du professeur Jacobs Cats élevée dans la ville de Brouwershaven  en Gueldre.

 

Le 26 octobre 1836 il épouse à Pommerœul, Mathilde Rousseau[4].

 Il devient ensuite professeur à l’académie de Gand. Il y exercera de 1836 à 1850.

En 1839, il façonne le monument commémoratif de Karel Van Hultem dans l’église des Augustins à Gand.

La même année, pour l’église de Furnes, il représente en bois quatre évangélistes et la légende de Saint-Nicolas en marbre pour la chaire de vérité.

 

 En 1841, il sculpte le buste de l’architecte Louis Roelandt pour le musée des Beaux-Arts de Gand.

 


En 1842, il collabore avec son frère Léopold Joseph[5], lui aussi sculpteur, aux tombeaux des chanoines Joos et Ambrosius Goethals en la cathédrale Saint Bavon de Gand.

Il réalise également à Gand deux statues de guerriers croisés et deux statues de théologiens au palais épiscopal ; un Mercure au repos ; les bustes des professeurs Kuyskens et Verbeek ; les bustes du comte Philippe Vilain XIV et du chanoine Triest ; la statue l’Abondance qui est réalisée pour une maison de campagne ; une Flore en marbre à Londres ; le monument de Borthier, dans l’église de Laeken.

 Namur lui doit en 1826, le mausolée de l’évêque Pisani de la Gaude dans la cathédrale Saint-Aubin.


Il exerça la charge de professeur et est membre de la commission directrice de la Société Royale des Beaux-Arts et de littérature de Gand et de celle de l’académie d’Amsterdam.

Il décéda à Gand le 5 mai 1867.

 



[1] Parmentier Antoine François, ° Feluy 9-8-1748, y † 19-4-1809, x Feluy 5-2-1782, Remiens Marie Magdelaine, ° Feluy 3-12-1856, y † 18-7-1827

[2] Bosio François Joseph, sculpteur renommé, ° Monaco 17-3-1768, † Paris 29-7-1845.

[3] Bridan Pierre Charles, statuaire, ° Paris 10-11-1766, † Versailles  4-8-1836.

[4] Rousseau Mathilde Aglaé Philippine, ° Pommerœul 11 pluviôse an XII (1-2-1804)

[5] Parmentier Léopold Joseph, ° Feluy 16 pluviôse an VI (4-2-1798), † Saint-Josse-ten-Noode 10-10-1881, x Pommerœul 21-6-1836, Colsoulle Ludivine, ° Pommerœul 9-12-1813

mardi 29 octobre 2024

LE COMMERCE DE PIERRES TOMBALES À FELUY-ARQUENNES

 

LE COMMERCE DE PIERRES TOMBALES à FELUY-ARQUENNES

                                                                                                     Alain GRAUX

LA FIRME COLINET -THEYS

 Le maître de carrière Léon Colinet[1] et le tailleur de pierre Jules Theys[2] s’associèrent, pour créer un chantier de taille du petit granit.

Ils avaient un bureau de vente de leurs produits à Nivelles.

 

Publicité dans L’Aclot 28 décembre 1880

                                                                                                                             

LA FIRME VALENNE – PODVIN

 Jean-Baptiste Valenne[3], maître de carrière à Feluy, est un des commanditaires de la société par commandite simple « Henneau et Compagnie ».

Vers 1900, il loue avec son frère Emile[4] la carrière Vanden Dooren dite Trou Barette (cadastrée C.442), continuatrice de la société en liquidation « Carrières de Saint Georges ».

Parallèlement, il exploite une marbrerie (scierie et polissage des marbres)

 Il établit à Anor (Fr./059) une fabrique de monuments, il y travaille avec son fils, Jules[5].

Cette firme est le maître d’oeuvres de monuments aux morts de plusieurs communes : d’Ebouleau (Fr./02), de Nizy-le Comte (Fr./02), de Saint-Gildas (Fr./022), de Bologne (Fr./052), de Saint-Jean-lès-Buzy (Fr./055), d’Anor (Fr./059), de Missy-lès-Pierrepont (Fr./059), de Tracy-le-Val (Fr./060), de Etricourt-Manancourt (Fr./080)

  



Firme franck –jacqmin

Suivant une lettre de 1903, J. Franck et Jean-Baptiste Jacqmin sont en activité à Feluy-Arquennes à proximité de la gare


 BAYOT ET LIARD (CARRIERES --)


Vers 1906, Télesphore Bayot[6] et Auguste Liard[7] commencèrent à exploiter en partie le trou du Comte.

Une publicité datée du 25-11-1915 signale que cette carrière vend des pierres pour bâtiments et travaux d’art, monuments funéraires et chapelles en tous genres, des bordures et pavés.

HENNEAU VICTOR (Carrière)



 

 



[1] Colinet Léon Joseph, ° Arquennes 10-11-1848, † Haine-Saint-Paul 23-3-1905, x 1°- Arquennes 11-11-1868, Dumeunier Catherine, ° Feluy, † Arquennes 18-6-1877. x 2°- Arquennes 17-2-1883, Vanderbecq Hortense, ° Arquennes 20-6-1850, † Haine-Saint-Paul 20-3-1905

[2] Theys Jules Octave, ° Arquennes 12-1-1841, x Arquennes 22-5-1867, Coulon Flore Ghislaine, ° Arquennes 7-3-1843, y † 27-51902

[3] Valenne Jean Baptiste Jules Joseph, ° Arquennes 27-9-1874, y † 1-5-1928, x Feluy 11-7-1900, Podvin Rosa Henriette Ghislaine, ° Feluy 3-9-1871, y † 6-5-1917

[4] Valenne Emile Joseph Ghislain, ° Arquennes 8-3-1873, X Watterman Emilie Adèle, ° Ghislengien 25-5-1872, † Feluy 19-4-1900

[5] Valenne Jules Frédéric Ghislain, ° Feluy 22-9-1902, † Anor (Fr./059) 19-1-1944, x Anor 27-12-1924, Colinet Lucile Alice Jeanne, ° Anor (Fr./059) 12-1-1906,  Felleries (Fr./059) 29-4-1986

[6] Bayot Tèlesphore, ° Arquennes 30-3-1854, y † 1932,  X Arquennes 16-2-1887, Dethier Mathilde-Marie, ° Arquennes 25-1-1859, y † 1934, sage-femme,

[7] Liard Auguste, ° Arquennes 15-5-1872, x Arquennes 21-2-1900, Dechief Flore Maria Ghislaine, ° Ronquières 13-5-1874, y † Etterbeek 28-7-1960

mardi 13 août 2024

Parcours d’un horloger feluysien (Gérard Lairein) et de ses enfants

 Parcours d’un horloger feluysien (Gérard Lairein) et de ses enfants, l’abbé Louis Lairein, archéologue et Jules Lairein, fabricant de fleurs artificielles.

Jean-Pierre De Caluwé

C’est la conjonction d’un article récent paru dans le Bulletin Campanaire et d’une ébauche d’un répertoire des fabricants de fleurs artificielles et plumassiers bruxellois (1800-1870) qui m’a incité à poursuivre des recherches complémentaires au sujet de la famille Lairein.

L’article de Jean Ramlot paru dans le Bulletin Campanaire[1] est consacré aux horloges du Roeulx, œuvres de deux horlogers-mécaniciens mal connus (Gérard Joseph Lairein et François Losson[2]) et est à compléter par celui paru dans Nos cinq blasons, publication du Cercle d’Histoire Léon Mabille[3].

Quant au répertoire des fabricants évoqué ci-dessus, il mentionne un Jules Gérard Lairein, fabricant et commerçant de fleurs artificielles, fils de Gérard Joseph Lairein, horloger, et de son épouse Marie Thérèse Pède, domiciliés au Roeulx[4].

 

Gérard Joseph Lairein (père), tailleur de pierres, maréchal-ferrant, serrurier 

Le père de notre horloger se prénomme également Gérard Joseph et est baptisé à Feluy le 13 novembre 1763, fils de Jean-Baptiste Lairein (dont la profession n’est pas indiquée) et Anne Catherine Gamache[5].

Il épouse à Feluy, le 7 août 1787, Marie Josèphe Hauwy née et fille d’horloger à Feluy, âgée d’environ vingt-huit ans. Selon l’acte de mariage, il est âgé d’environ 22 ans et tailleur de pierres de profession[6].

 Détail de l’acte de mariage

 


 C’est le seul acte qui donne la profession d’horloger au sein de la famille Hauwy, orthographiée de manière diverse (Houwy, Houy, …).

 

Gérard Joseph Lairein (père) décèdera à l’âge de 56 ans, à son domicile de Feluy, le 7 février 1817[7]. Il était signalé tantôt comme tailleur de pierres (son acte de mariage), tantôt comme serrurier (son acte de décès), tantôt comme maréchal-ferrant (acte de mariage de son fils Gérard et acte de décès de son beau-père Jean-Baptiste Hauwy).

 Gérard Joseph Lairein (fils), horloger 

Il est né et baptisé à Feluy, le 24 juillet 1791, fils de Gérard Joseph Laireint (sic), de Feluy et de Marie Joseph Hauwy (ou Houwy). L’épouse signe très lisiblement Marie Joseph Hauwy[8]

L’acte de naissance ne précise pas la profession du père[9]. Toujours domicilié à Feluy, Gérard Joseph Lairein épouse Marie Thérèse Pède, marchande, née et domiciliée à Feluy, fille majeure de Louis Joseph Pède, négociant domicilié à Feluy et de Norbertine Joseph Lechien[10]. Marie Thérèse Pède décèdera le 30 avril 1859, en sa demeure au Roeulx, rue Verte[11]. Quant à Gérard Joseph Lairent (sic), il décède le 4 février 1881 à Estinnes-au-Mont, en la demeure de son fils Louis, curé, rue de la Chaussée ; il était alors âgé de 89 ans et demi, et domicilié au Roeulx[12].

Gérard Joseph a grandi dans un environnement propice à l’apprentissage du métier d’horloger. Son père était signalé comme maréchal-ferrant et comme serrurier. Son beau-père, Jean-Baptiste Hauwy, était horloger.

L’horloger Gérard Lairein n’est connu que par l’horloge de l’hôtel de ville de la commune du Roeulx. L’hôtel de ville actuel du Roeulx date de 1862. En 1864, le prince Emmanuel de Croÿ fait placer dans le fronton une horloge. Son autonomie est de 8 jours et elle est dotée d’une sonnerie des heures et demi-heures. En façade, au premier niveau, les heures sont indiquées par des chiffres romains, de I à XII, sur un cadran d’horloge de forme circulaire. Dans la grande salle de l’étage, on peut remarquer le mécanisme de l’horloge ; celui-ci porte une plaque portant l’inscription gravée : « Cette horloge a été construite par Gérard Lairein, horloger mécanicien d’après les dessins et sous le conduite de Prince Emmanuel de Croÿ qui l’a fait placer ici en 1864 »[13].

En dehors de l’horloge de l’hôtel de ville du Rœulx, ses autres réalisations sont inconnues. Mais comme il a été domicilié successivement à Feluy (1813), à Houdeng-Gœgnies (1817), à Houdeng-Aimeries (1826, 1831, 1841), puis au Rœulx (depuis au moins 1854), il est fort probable qu’il ait œuvré à la construction ou à l’entretien d’horloges monumentales dans des communes voisines (Feluy, Ecaussinnes, Ronquières, Seneffe, Binche, Estinnes, …).

Rappelons qu’à l’époque de la construction de l’horloge de l’hôtel de ville du Rœulx, il était déjà âgé de plus de septante ans et donc en fin de carrière. Il est également possible que Gérard Joseph Lairein ait initié François Losson à l’horlogerie. Ce François Losson est connu comme constructeur de l’horloge de l’église Saint-Nicolas du Roeulx, selon la plaque datée 1873 apposée sur l’horloge[14].

Trois enfants sont issus du couple formé par l’horloger Gérard Lairein et Marie Thérèse Pède : Léocadie Thérèse, Louis François et Jules Gérard.

 .Léocadie Thérèse Lairein, modiste

Elle est l’ainée des trois enfants de l’horloger Gérard Joseph Lairein et naît à Houdeng-Gœgnies le 28 octobre 1817[15]. L’acte de naissance précise bien que son père se prénomme Gérard (Lairin c’est de cette manière que le nom est transcrit par l’officier d’état civil ; c’est aussi de cette manière que signe le père), est âgé de 28 ans et horloger de profession, domicilié à  « Gougnies-Houdeng ». Les témoins ont été Nicolas Joseph Mercier, 58 ans, horloger[16] et Ferdinand Michel, 28 ans, instituteur primaire, tous deux domiciliés à « Gougnies-Houdeng ».

 Le 13 octobre 1841,  Léocadie Thérèse Lairein épouse à Houdeng-Aimeries (où sont alors domiciliés ses parents), Pierre Adolphe Plisnier (âgé de 21 ans, commis voyageur, né au Rœulx, le 1er octobre 1820, fils majeur de Philippe, décédé au Rœulx, le 23 mai 1832 et de Marie - (illisible) Perin, aussi décédée au Rœulx, le 4 janvier 1826). Selon l’acte de mariage, Léocadie exerce la profession de modiste.[17].

Les témoins sont Alfred Piérard, 23 ans, commis voyageur, domicilié au Rœulx ; Pierre Monoyer, 31 ans, pharmacien ; Jean Joseph Mainy, 39 ans, cabaretier ; Jean Baptiste Roland, 65 ans, cabaretier.

Veuve de Pierre Adolphe Plisnier (décédé à Anvers le 20 septembre 1878 ; en son vivant, contrôleur au chemin de fer)[18], Léocadie décède à son domicile de la Leopoldstraat, 104, à Malines le 5 juin 1887. Le décès est déclaré par son fils Pierre, 43 ans, contrôleur aux chemins de fer de l’Etat, domicilié à Malines.

 Louis François Lairein

Il est né à Houdeng-Aimeries, le 7 février 1826, fils de Gérard Lairein, 35 ans, horloger et de Marie Thérèse Pède[19]. C’est ce Louis Lairein, curé des Estinnes, qui déclare le décès de son père, l’horloger. Curé d’Estinnes-au-Mont, Louis Lairein a aussi été archéologue et numismate amateur[20]. Comme archéologue, il entreprend des fouilles dans les villages environnants de sa commune (Haulchin, Waudrez, Vellereille-le-Sec) et publie les résultats de ses recherches[21]. C’est à ce titre qu’il a été membre du Cercle d’histoire de Mons, section de la Commission permanente des Fouilles. Théophile Lejeune ne tarit pas d’éloges : « Notre estimable collègue M. Lairein, curé d'Estinnes-au-Mont, dont le zèle pour la recherche de nos antiquités nationales mérite les plus grands éloges, possède dans ses collections un morceau notable d'une meule de moulin à bras et d'autres débris curieux qu'il a recueillis sur l'emplacement de la villa du Mont-des-Bergers »[22].

L’abbé Louis Lairein décède le 19 mai 1893, en sa demeure de la rue Fétis, 31, à Mons[23]. Son mobilier et sa riche bibliothèque, composée d’environ 9000 volumes, sont mis en vente par les soins du notaire Emile-Prosper Lestrate[24] :


Nombre d’objets issus des fouilles et collections de l’abbé Lairein ont été acquis par le comte Louis Cavens[25], puis légués : « Une partie des collections de Louis Lairein est venue enrichir la section d’ethnographie ancienne des Musées royaux du Cinquantenaire. L'acquisition de la collection de feu l'abbé Lairein, des achats isolés, ainsi que des fouilles heureuses, sont venus accroître, dans une proportion notable, le fond belgo-romain des Musées du Cinquantenaire. Elle se compose d'objets recueillis presque entièrement dans la province de Hainaut »[26].

 La bibliothèque de l’abbé Louis Lairein a donné lieu à la rédaction d’un catalogue[27], comportant 1725 lots, principalement des ouvrages religieux, mis en vente les 25, 26 et 27 juillet 1893 (la veille, 24 juillet, étaient mis en vente le mobilier, ainsi qu’un grand nombre de tableaux, gravures et sculptures).


La bibliothèque contenait principalement des ouvrages religieux, mais aussi des ouvrages de sciences (astronomie, chimie, géologie, paléontologie, histoire naturelle : lots 1193 à 1260), des biographies (lots 1338 à 1407), des chartes, coutumes, archives de la Belgique (lots 1408 à 1487) ; médecins et divers (lots 1526 à 1566), d’archéologie (lots 1567 à 1630).

 Jules Gérard Lairein, fabricant et marchand de fleurs artificielles

Jules Gérard est le cadet de la famille, naît le 9 février 1831 à Houdeng-Aimeries, fils de Gérard Joseph Lairein, horloger et Marie Thérèse Petre (sic, pour Pède)[1].

D’abord employé à Bruxelles (1851), il a été rapidement à la tête d’une fabrique et d’un commerce florissants de fleurs artificielles, initiés vers 1851 par sa future épouse, Marie Victoire Adèle Lobel[2]. Elle associe son mari vers 1856.



La carte porcelaine est datée de ca. 1866 – 1876 (AVB/ASB CI, N-3162)

 Suite au décès prématuré de celui-ci[3] (9 mai 1879), elle reste seule à la tête de la boutique pendant quelques années. Elle sera même parée du titre de fournisseur breveté de la Cour de Hollande (1881)[4]. La relève sera assurée par son fils Jules Charles Dominique. Elle-même décèdera après le 1er décembre 1910.

Jules Charles Dominique Lairein, fabricant de fleurs artificielles

Il naît à Bruxelles le 9 octobre 1855, fils de Jules Gérard Lairein et Marie Victoire Adèle Lobel[5]. Suite au décès de son père, il est initié à la fabrication de fleurs artificielles, puis tient le commerce en association avec sa mère pendant une dizaine d’années.

Jules Lairein (fils), négociant-fabricant (de fleurs artificielles), établi 40, rue de la Montagne, à Bruxelles, figure parmi les membres de la Société belge d’études coloniales, dès la fondation de celle-ci

Il devait avoir noué des relations commerciales avec des fournisseurs de Constantinople, car il est mentionné dans un annuaire commercial majeur : « Fleurs artificielles, Belgique, Bruxelles : Lairein Jules ». Il était d’ailleurs le seul représentant belge de cette industrie artisanale[1].

En 1912, Jules Lairein cède son commerce à Louis Jean Verdeyen[2]. L’enseigne devait jouir d’une excellente réputation puisque la référence à la Maison Lairein sera conservée par les successeurs (Louis Verdeyen, puis son fils Felix Henri) jusqu’en 1950 :


Almanach du Commerce et de l’Industrie, 1950,

rubrique « fleurs artificielles, feuillages et plumes, fabricants »

Annexe  : Jean-Baptiste et Marie Joseph Hauwy

Acte de décès de Marie Joseph Hauwy, épouse de Gérard Lairein  

« Mairie de Feluy, arrondissement communal de Charleroy »

« Du quatorzième jour du mois de frimaire, l’an douze de la République française »

« Acte de décès de Marie Joseph Houwy (Hauwy), épouse de Gérard Lairain, décédée le treize du courant [5 décembre 1803], à huit heures du soir, profession de fileuse, âgée de quarante-sept ans, née à Feluy, département de Jemmappes, demeurant audit Feluy, fille de feu Jean-Baptiste Houwy et de feue Thérèse Remiens »

« Sur la déclaration à moi faite par le citoyen Jean-Baptiste Charles, demeurant à Feluy, profession de tailleur de pierres, qui a dit être beau-frère de la défunte et par le citoyen Nicolas Jaucet, demeurant audit lieu, profession aussi de tailleur de pierres, qui a dit être voisin de la défunte »

 

(Feluy, registre des actes D, 1797-1866)

 

Acte de décès de Jean-Baptiste Houwy (Hauwy) daté du 10 prairial an 9 (30 mai 1801)

« Arrondissement communal de Charleroi »

« Du dix prairial l’an neuf de la République française »

« Acte de décès de Jean-Baptiste Houwy, décédé ce jourd’hui, à deux heures du matin, âgé de septante-six ans, né à Feluy, département de Jemmappes, y demeurant, fils de feus Martin Houwy et de Marie Josèphe Wilmotte »

« Sur la déclaration à moi faite par le citoyen Gérard Lairein, demeurant à Feluy, profession de maréchal et le citoyen Guillaume Bourdon, demeurant aussi à Feluy, profession de maréchal, tous deux amis du défunt et ont signé »

 (Feluy, registre des actes D, 1797-1866)

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[1] Annuaire oriental du commerce, de l’industrie, de l’administration et de la magistrature : Edité par Cervati Frères et Cie, à Constantinople : 1891, p. 1062 

 

[2] Le Soir, 21 avril 1912 ; 16 avril 1914

 

Louis Félix Verdeyen, né à Saint-Josse-ten-Noode, le 3 janvier 1870, fils de Félix Verdeyen et Marie Catherine Rademakers ; décédé à Bruxelles le 26 janvier 1942 et inhumé au cimetière de Saint-Josse-ten-Noode, selon l’avis nécrologique paru dans Le Soir, édition du 30 janvier 1942




[1] Houdeng-Aimeries, registre N, 1797-1846, acte N° 9, 10 février 1831

 

[2] Bruxelles, registre M, 1854, acte N° 1057, 26 octobre 1854

 

[3] A Bruxelles, (registre D, 1879, acte N° 2180, 11 mai 1879

 

[4] Almanach du Commerce et de l’Industrie, 1881 : « Lairein, veuve, fournisseur breveté de S.M. le Roi des Pays-Bas, rue de la Montagne, 40 et Lairein J., fils, fabrique de feuillages en tous genres, rue des Longs-Chariots, 19 »

 

[5] Bruxelles, registre N, 1855, acte N° 4033, 10 octobre 1855 (déclarants Dominique Lobel, grand-père, marchand, 76 ans ; Hilaire Lubeke, employé, 22 ans et Jean-Baptiste Simons, accoucheur, 35 ans )

 




[1] Jean Ramlot, « La passion d’un Prince. Un atelier d’horlogerie monumentale au château du Roeulx », dans Le Bulletin Campanaire, 2021/1, n° 102, p. 32-39

 

[2] Gustave François Joseph Losson naît le 14 mars 1841, au Roeulx, fils de Nicolas Joseph Losson, faiseur de bas, âgé de 39 ans, et de Marie Thérèse Bouchy (Le Roeulx, reg. N, 1826-1850, acte N° 16, 15 mars 1841. Il décède au Roeulx le 8 août 1906 (Le Roeulx, reg. D., 1901-1910, acte N° 33, 8 août 1906).

 

[3] Jean Ramlot, « Les horloges du Roeulx. Hommage à Gilbert Colpaert », dans Nos cinq blasons, 2012, 1, p. 1-10

 

[4] Jean-Pierre De Caluwé, Fabricants de fleurs artificielles et plumassiers bruxellois (1800-1870). Précédé d’une introduction historique (données non publiées)

 

[5] Feluy, registres paroissiaux B, 1750-1768

 

[6] Feluy, registre M, 1784-1791, 7 août 1787. L’acte de mariage ne précise pas les noms et prénoms des parents

 

[7] Feluy, registre D, 1797-1866, acte daté du 7 février 1817

 

[8] Feluy, registres paroissiaux B, 1780-1794

 

[9] Feluy, registres paroissiaux B, 1780-1794

 

[10] Feluy, registre NMD 1797-1830, acte du 19 août 1813

 

[11]  Le Roeulx, registre 1838-1870, acte N° 14 du 1er mai 1859

 

[12] Estinnes-au-Mont, reg. D, 1881-1900, acte N° 9, 4 février 1881

 

[13] Gérard Bavay, Charles Friart, « L’hôtel de ville du Rœulx », dans G. Bavay (éd.)., Hôtels de ville et maisons communales en Hainaut du Moyen Age à nos jours. Mouscron, Monographie Hannonia, 1995, p. 147

 

[14] Jean Ramlot, « La passion d’un Prince… », op. cit.

 

[15] Houdeng-Gœgnies, registre N 1811-1825, acte du 29 octobre 1817

 

[16] L’horloger Nicolas Mercier ne manque pas d’interpeler : il est ignoré des dictionnaires d’horlogers belges et hennuyers (Eddy Fraiture, Belgische uurwerken en hun makers. Horloges et horlogers belges, Louvain, Peeters, 2014 ; Raymonde Stilmant, Orfèvres, joailliers et horlogers en Hainaut au 19e siècle, Mons, 2008).

 

[17] Houdeng-Aimeries, registre M, 1797-1850

 

[18] Décès survenu le 5 juin 1887 à Malines, à son domicile de la rue Léopold, 104 (Family Search, acte de décès N° 664, 6 juin 1887. Consulté le 17 décembre 2021

 

[19] Houdeng-Aimeries, registre N, 1797-1846, acte N° 8, 8 février 1826

 

[20] Louis Lairein, « Le denier des Estinnes a-t-il existé ? » dans Revue belge de Numismatique, 1875, t. 31, p. 313-315.

 

[21] Louis Lairein, « Découvertes à Peissant, aux Estinnes et à Haulchin », dans Annales du Cercle Archéologique de Mons (ACAM), 1875, t. 12, p. 529-534 ; « Découvertes d'antiques, aux Estinnes et à Waudrez »., dans ACAM, 1875, t. 12, p. 377-383 ; « Lettre concernant des fouilles faites à Estinnes-au-Mont et à Vellereille-le-Sec », dans ACAM, 1877, t. 14, p. 389-390

 

[22] Théophile Lejeune, « Histoire et Archéologie. Les Estinnes », dans ACAM, 1875, t. 12, p. 20, n.1

 

[23] Mons, registre D, 1888 à 1893, acte N° 258, 20 mai 1893

 

[24] Annonce parue dans L’Indépendance Belge, 21 juillet 1893, p. 4

 

[25] Sur le comte Louis Cavens, voir Janette LEFRANCQ., « Le comte Louis Cavens (1850-1940)», dans Liber Memorialis 1835-1985, Bruxelles, Musées royaux d’Art et d’Histoire, 1985, p. 89-98 ; A. DUCHESNE, « Louis Cavens », dans Biographie nationale, Bruxelles, Académie royale des Sciences, des Lettres et des Beaux-Arts, XXXIII, 1965, col. 153. et ss. ; Catherine Gauthier, « Aux origines des collections du Musée de la Ville. Le cas de deux mécènes, Louis Cavens et Jules Vandevoorde », dans Cahiers Bruxellois, 2016/1 (t. XLVIII), p. 185-206

 

[26] Alfred de Loë (baron - ; 1858-1947 ; archéologue, conservateur en chef adjoint aux Musées royaux du Cinquantenaire), « Les accroissements de la section d’ethnographie ancienne des Musées royaux du Cinquantenaire, en 1895 et en 1896 », dans Bulletin des Commissions Royales d’Art et d’Archéologie, Bruxelles, 1900, t. 39, p. 91, 92, 96, 101, 107, 108

 

[27] Emile-Prosper Lestrate  (notaire), Catalogue de livres anciens et modernes, gravures, objets de collection, etc., provenant de la Bibliothèque de feu M. l’abbé Lairein, curé d’Estinnes-au-Mont, Mons, Dequesne-Masquillier et fils, 1893, 85 p.