LES SEIGNEURS DE PETIT-ROEULX-LEZ-NIVELLES.
Les seigneurs fonciers qui ont présidé aux destinées du village de Petit-Roeulx sont issus de grandes familles nobles. Si on en trouve des mentions, elles figurent dans des écrits épars où bien souvent on répète les mêmes dires sans en vérifier le bien-fondé.
La liste des seigneurs de ce village n’a jamais été établie ; cette liste n’est pas exhaustive car les archives sont souvent muettes pendant de longues périodes à propos desquelles on ne peut que conjecturer.
En 1137, le seigneur de Petit-Roeulx est GUISLARD D’ARKENNES, écuyer, fils de FRANCON D’ARKENNES, seigneur de Neuve-Rues à Nivelles (seigneur supposé de Petit-Roeulx).
Le 7 mars 1285, la seigneurie de Petit-Roeulx fut fondée en fidéicommis par le duc Jean de Brabant au chevalier WAUTHIER de WAFREZEE avec la haute et basse justice et dépendances, « fors », dit le duc, « les apéans de bataille et les chans s’ils échoient en celuy, en aucuns tems, lequil chose mettons hors et retenons pour nous et nos hoirs... ».
Nous retrouvons la famille d’Arkennes, car JEHAN fils de Jehan est cité seigneur du lieu en 1365. Son fils, LANCELOT D’ARKENNES, écuyer, seigneur d’Arquennes et de Petit-Roeulx, vassal de la duchesse Jeanne, céda Petit-Roeulx à son beau-père s’il venait à mourir jeune. Elisabeth VAN COUDENBERGHE dite T’SER HUYGS, sa femme, était fille de WILLEM, échevin de Bruxelles et de Marie VAN BOGAERDEN dite Goutsmet. Elle lui survivait encore en octobre 1442. Le 9 janvier 1404 n. st. Elisabeth entra en accommodements avec le seigneur de Bailleul touchant à leurs droits sur Petit-Roeulx. Dans le cloître des Carmes de Bruxelles, une pierre portait deux effigies et ‘lépitaphe suivante :
"Cy gist Lancetot d’Arkennes, seigneur de Petit-Roeulx lez Nivelles.
Qui mourut l'an 1579 en mars et damoiselle
Elisabeth de Couwenberg dit T’zerhuygs sa femc Légitime
qui mourut l'an 14.. le 27 septembre »
On leur connaît trois fils : Lancelot, Melchior et Jaspar.
LANCELOT D'ARKENNES, écuyer, quelque temps seigneur d'Arquennes. En 1386 ou 1387, il releva par résignation de Willem t’ser Huygs la seigneurie de Petit-Roeulx et un winage dans ce village. Il mourut sans postérité après 1402.
MELCHIOR D'ARKENNES, écuyer, seigneur d'Arquennes en 1393, seigneur de Petit-Roeulx après son frère, fut émancipé par ses parents le 9 novembre 1411.
Il entra avec ses parents dans la ligue des amis du duc, ce qui entraîna leur bannissement pour 40 ans par les Etats. Il vivait à Nivelles en novembre 1446 ; de son épouse, Elisabeth VAN DER ROOSEM, il eut une fille appelée YSABEAU, dame d'Arquennes et de Petit-Roeulx. En 1436, elle épousa en premières noces Jehan de Marchiennes et, avant 1455, se remaria à BERNARD VAN DER SPOUT, chevalier, seigneur de Spout et de Bousval, famille noble de Bruxelles, originaire d’Yssche où se trouvait la ferme ter Spout ; elle en partageait encore l’existence en octobre 1482 n. st. Ils furent enterrés en l'église Saint Jacques à Nivelles.
Leur fille ISABELLE en recueillit l’héritage. Isabelle VAN DER SPOUT épousa HENRI DE WITTEM, seigneur de Beersel, chevalier de l’Ordre de la Toison d’Or.
Henri de Wittem
Après son trépas, elle fit faire le dénombrement de Petit-Roeulx le 20 juin 1531. De ce mariage naquit ISABELLE DE WITTEM qui épousa BERNARD, sire d’ORLEY, fils de Bernard d’Orley, justicier des nobles du Luxembourg et de Françoise d’Houffalise dite d’Argenteau.
Bernard van Orley
Bernard d’Orley fut longtemps bailli du Brabant wallon. Il fut appelé à cette tâche en septembre 1497 en remerciement « des bons et agréables services qu’il avait rendus à l’archiduc Philippe dès son enfance ». Lorsque le prince partit pour l’Espagne, il l’accompagna. Il rentra de nouveau dans son emploi en novembre 1503. Isabelle de Wittem lui donna un fils, PHILIPPE D’ORLEY, qui était aussi sire de Seneffe, Tubize, Follie à Ecaussinnes et Scaillemont. Il remplaça son père au bailliage du Brabant wallon. En 1521, il fut chargé de garder Yvoix dans le Luxembourg à la tête de fortes milices. En 1528, il coopéra au siège de Hattem en Gueldre où il fut blessé dans un assaut. Il reçut le gouvernement du Luxembourg en 1554. Il eut une fille, FRANÇOISE D'ORLEY, dame de Petit-Roeulx.
Par son mariage, elle apporta en dot la seigneurie à CHARLES DE RUBEMPRE, baron de Rêves, sire de Bièvres, Feluy, etc. chevalier, colonel aux guerres d'Allemagne.
De cette union naquirent un garçon et trois filles.
C’est à ANNE DE RUBEMPRE, « la moinée », que revint Petit-Roeulx ; elle s’unit, vers 1577, à PONTHUS DE NOYELLES, seigneur de Bours, colonel d’un régiment d’infanterie wallonne, gouverneur et capitaine de Malines et, ensuite, gouverneur et bailli de Courtrai. Il décéda le 6 décembre 1581 d’une blessure reçue au siège de Tournai.
Ponthus de Noyelles
Anne épousa en secondes noces ARCHIBALD DE PATTON, un écossais qui avait fuit la Réforme. Des deux filles q’relle eut du premier lit, c’est à ROBERTINE DE NOYELLES qu’échut la seigneurie de Petit-Roeulx ;
Robertine épousa sire FRANÇOIS BERNARDIN DE CASSINA, baron de Boulers, pair de Flandres, seigneur de Schendelbeke. La seigneurie passa à leur fils HUGUES JEAN FRANCOIS DE CASSINA qui fut page de l'infante Isabelle puis colonel d’un régiment de cavalerie au service de l’Espagne et écuyer au service du prince cardinal infant.
Il épousa MARIE MADELEINE MONTANA, comtesse de Wonsheim, dame de Promelles, Vieux-Genappe et Glabais. Le baron de Boulers mourut le 24 octobre 1653 à 38 ans ; il fut enterré à l’abbaye Saint Adrien à Grammont.
Le village appartint alors à leur fils PHILIPPE GUILIAUME DE CASSINA baron de Boulers, comte de Wonsheim.
Le 24 janvier 1678, suite au décès du baron de Boulers, eut lieu le transport de la seigneurie au profit de SEBASTIENNE BOISSCHOT, son épouse.
Cette union sans postérité fit vendre la seigneurie. Elle fut achetée par messire ALBERT DE TRAZEGNIES, vicomte de Bilsteyn, prévôt du chapitre de Nivelles.
Mausolée d’Albert de Trazegnies et de son frère Ferdinand-François à Nivelles
Le château de Petit-Roeulx souffrit beaucoup pendant les guerres de ce temps. Hormis le corps de logis à l’entrée de la cour, il fut ruiné de fond en comble ; mais, il fut rebâti peu de temps après son rachat. Albert de Trazegnies déclara le 2l mars 1687 vouloir laisser à la famille de Trazegnies sa terre et seigneurie de Petit-Roeulx « moyennant que son frère messire EUGÈNE, marquis de Trazegnies lui fournisse promptement la somme de 9.000 florins et que cette terre soit convertie en fidéicommis en faveur des enfants mâles du même marquis ». Cet acte passé devant le notaire Dartevelt ne fut enregistré que le 26 mai 1730. Mais, en 1697, les conditions familiales avaient changé ; il y apparaissait clairement que les descendants d’Eugène n'étaient pas à la hauteur.
GILLION OTHON II, ex-jésuite, est traité « d’imbécile ». Dans certains textes on peut lire que son épouse MARIE-PHILIPPINE DE CROŸ n’avait qu’une idée : le fuir; tandis que PIERRE JEAN-GÉRARD était un bossu sadique qui s’amusait à tirer sur les ouvriers qui travaillaient sur les toits. L’espoir de postérité mâle de ce côté était quasi nul.
Aussi, l'héritage du vicomte de Bilsteyn fut-il orienté vers la branche cadette.
Le 28 octobre 1697, fut signé à Nivelles, le contrat de mariage de son neveu ALBERT-LOUIS (1672-1716), seigneur de Bomy, vicomte d’Armuyden et de Jacqueline d’EGMONT, fille du vice-roi de Sardaigne et de MARIE-FERDINANDE DE CROŸ, marquise de Renty. On y stipulait :
"Au sujet de la terre et sgrie du Petit-Roeulx lez cette ville, la même terre et seigneurie, est sujette au retour en cas que le dit enfant mal délaissez par ledit feu seigr marquis viennent sans enfant mâle à décéder de légitime mariage, ledit seigneur vicomte de Bilstein déclare le cas arrivant de céder comme il cède par cette, en faveur dudit futur mariage, sa même terre et seigneurie avec toutes et quelconques ses appendances et dépendances valissant annuellement an par an sept à huict cent écus..."
La terre et seigneurie passa ensuite à FERDINAND OCTAVE de TRAZEGNIES, leur fils (1676-1747), comte de Fléchin, marquis de Trazegnies (en titre seulement), marquis de Bomy, prince de Rognon, pair du Hainaut, mestre de camp de cavalerie au service du roi de France ; il épousa Marie-Thérèse D’ANSAN D’EGREMONT. Ces époux eurent quatre enfants dont GILLION CHARLES ADRIEN, marquis de Bomy, qui hérita de Petit-Roeulx dont il fut le dernier seigneur. Il était maréchal de camp et chevalier de Saint-Louis ; il épousa sa nièce JEANNE MARIE, princesse DE CROŸ, marquise de Molembais. Le 15 février 1787, en son hôtel de Béthune, il fit modifier l'obit chanté en l'église de Petit- Roeulx depuis 1698 pour les membres de sa famille. La révolution le surprit. Il mourut à Maastricht en 1793. La Révolution française supprima les institutions de l’ancien Régime et les privilèges de la noblesse furent définitivement abolis.
Aucun commentaire:
Enregistrer un commentaire