lundi 30 janvier 2012

A PROPOS DU CHEMIN DE FER DES CARRIERES DE FELUY

                                                                                                     Alain GRAUX

La société civile du chemin de fer des carrières a été fondée le 8 décembre 1858, devant le notaire Dumortier, de Feluy, les fondateurs sont :
Eugène Pennart père, maître de carrière et bourgmestre de Feluy.
Norbert Cloquet, docteur en médecine et maître de carrière.
Auguste Gérard-Delalieux, maître de carrière
Eugène Pennart-Verzyl, maître de carrière
Victor Pennart-Massard, maître de carrière.
Ils s’associent entre eux et avec tous ceux qui en devenant possesseurs d’actions seront sensés adhérer  à cet acte de fondation.
Ils forment une société civile ayant pour objet la construction et l’exploitation d’un chemin de fer de raccordement.
La société est établie à Feluy sous la dénomination « Société civile du chemin de fer des carrières ». La raison sociale est « Pennart, Cloquet, Gérard et Cie »
La durée de l’exploitation est fixée à 50 ans prenant cours le 1er décembre 1858.
Le capital de 100.000 Fr. est représenté par 200 actions de 500 Fr.
La formation d’un premier capital de 50.000 Fr. étant seule jugée nécessaire aux premiers besoins de l’entreprise.
Les cinq actionnaires avancent chacun 10.000 Fr.
Ils décident que lorsque le premier capital ainsi fourni par les comparants se trouvera épuisé, le conseil d’administration pourra augmenter le capital jusqu’à concurrence de 100.000 Fr. si les nécessités de l’entreprise l’obligent.
La société est dirigée collégialement par les cinq fondateurs qui constituent le conseil d’administration[1].
Il fallut attendre l’année 1863 pour que la réalisation complète de ce projet soit réalisée.

Le tracé de cette ligne de raccordement partait des carrières situées le long de notre actuelle rue Victor Rousseau, bifurquait à gauche au lieu-dit l’Equipée, suivait la rue de Crombize desservant ainsi la scierie de Norbert Cloquet, se dirigeait à travers le Champs à Brebis pour rejoindre la carrière de la Baronne, continuant vers la gare de Feluy-Arquennes par l’arrière des maisons de la rue des Quatre Jalouses.

 
On voit ici les rails du chemin de fer des carrières à proximité de l’Equipée
(Actuelle rue Victor Rousseau, vers 1890)
 
 
 
 
 
 
 

[1] A.E.M. Notariat. Jean-Baptiste Dumortier, 16.032


Il est intéressant de voir comment s’est créé le chemin de fer des carrières qui fut un des moteurs de l’expansion des établissements carriers de Feluy.

Compagnie des chemins de fer de la jonction de l’Est
La concession du chemin de fer des carrières de Feluy.
 
Le 20 mai 1863, un arrêté royal a accordé à cette société la concession d’un embranchement de chemin de fer destiné à relier à la station de chemin de fer de Feluy-Arquennes les établissements industriels de Feluy[1].
Le cahier de charges, clauses et conditions de la concession est conçu comme suit :
Art.1.   L’entreprise a pour objet la construction, par voie de concession de péages, d’un embranchement de chemin de fer destiné à relier les carrières, fours à chaux et autres établissements industriels de Feluy au chemin de fer de Manage à Wavre.
Art.2.   Le tracé prend naissance à la carrière de M. Pennart, près du village de Feluy et vient se joindre à une voie d’évitement de la station de Feluy-Arquennes.
La longueur du tracé est d’environ 1.400 m.
Art.3.   La disposition générale du tracé et celle du système des pentes et rampes sont indiquées au plan général et au profil longitudinal annexés au présent cahier de charges.
Art.4.   L’embranchement sera établi à simple voie et aura une largeur de 4,5 m en crête.
Art.5.   Dans les deux mois de la date de la concession définitive, la société concessionnaire soumettra à l’approbation du département des travaux publics des projets complets et détaillés de tous les ouvrages à exécuter pour l’établissement de l’embranchement faisant l’objet de la concession.
Art.6.   Dans les six mois de la même date, les travaux de construction devront être entièrement terminés et le railway devra pouvoir être mis en exploitation sur toute son étendue.
Art.7.   La société concessionnaire devra permettre la construction des ouvrages au-dessus et au-dessous de la voie que l’exploitation des carrières pourra exiger.
La voie pourra également être détournée dans le même intérêt, le tout sous l’autorisation de l’administration supérieure, après que la société concessionnaire aura été entendue et sans que le service régulier du chemin de fer puisse en aucun cas être entravé ou interrompu.
Art.8.   La traction se fera par des chevaux.
Art.9.   Les transports de marchandises allant du chemin de fer de Manage à Wavre, vers l’embranchement faisant l’objet du présent cahier de charges, et vice-versa, seront effectués au moyen de wagons et de chevaux fournis par la société concessionnaire.
Art.10. Pour tous les transports de marchandises qui ne se feront que sur une partie du nouveau railway, sans toucher à la station de Feluy-Arquennes, les véhicules, avec les chevaux et les conducteurs nécessaires seront fournis par les exploitants intéressés.
Art.11. Il ne pourra être établi un service de voyageurs sur l’embranchement à construire.
Art.12. Pour indemniser la société concessionnaire des dépenses et des travaux qu’elle s’engageà faire, et sous la condition expresse qu’elle remplira exactement toutes ses obligations, le gouvernement lui concède pour un terme qui finira à l’expiration de la concession du chemin de fer de Manage à Wavre, l’autorisation de percevoir sur le chemin de fer industriel de Feluy, les droits déterminés ci-dessous :
Pour le transport de grosses marchandises en destination ou en provenance de la station de Feluy-Arquennes
1ère classe. Marchandises non dénommées, 90 centimes par tonne.
2e classe. Pierre façonnées, 80 centimes par tonne.
3e classe. Pierres brutes, moellons, pavés, chaux, houille, coke, fontes brutes, minerais, briques, fumier, sables et terres, 40 centimes par tonne.


[1] Moniteur belge 24-5-1863.

Le tarif sera appliqué avec 50p.c. de réduction aux transports en destination ou en provenance des établissements raccordés moins de 400 mètres de distance de la station de Feluy-Arquennes, ou situés à plus de 400 mètres de l’embranchement à construire.
Pour les transports de grosses marchandises de l’un à l’autre des établissements raccordés par l’embranchement à construire, 20 centimes par tonne sans distinction de la nature des marchandises.
Pour le transport d’articles de messageries, de la station de Feluy-Arquennes à un point quelconque de l’embranchement à construire et vice-versa, 10  centimes par 100 kilos avec un minimum de 10 centimes applicable aux petits paquets.
Art.13. La société concessionnaire versera à titre de frais de surveillance, dans la caisse qui lui sera désignée, une somme de 300 francs payable dans le mois après l’octroi de la concession, ensuite et jusqu’à l’expiration de la concession, et dans le premier trimestre de chaque année, la somme de 100 francs.
Art.14. A dater de l’expiration du terme fixé pour la concession, le gouvernement sera subrogé dans tous les droits  des concessionnaires et entrera immédiatement en possession de la route et de ses dépendances, telles qu’elles existeront à cette époque, ainsi que des produits de l’embranchement à construire.
Art.15. Le gouvernement pourra, après avoir entendu la société concessionnaire, autoriser l’établissement, le long de l’embranchement concédé, de magasins, , gares ou abordages avec les machines, engins ou attirails nécessaires pour effectuer le chargement ou le déchargement des wagons, à la condition de construire une ou plusieurs voies latérales sur lesquelles les wagons puissent être chargés ou déchargés sans entraver ni empêcher la libre circulation sur l’embranchement.
La construction et l’entretien de ces voies, y compris les raccordements avec l’embranchement, seront à la charge des intéressés.
Tous les frais résultant de la présente concession et notamment ceux de l’enquête à laquelle il a été procédé, seront à la charge de la société concessionnaire.

                                                                                     Fait en double à Bruxelles le 16 mai 1863. » 


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