lundi 4 mars 2013


LES ECOLES ET HOSPICE  DE LA RUE DE FAMILLEUREUX


                                                                                                       Alain Graux

 

En 1856, le comte René‑Albert d'IJsendoorn à Blois projette la construction d'un bâtiment devant servir d'hospice et d'école. Malheureusement, il meurt en son domicile de Vaasen (Hollande), le 4 mars 1856. Le comte Charles‑Frédéric, son frère, respecte la volonté du défunt et fait ériger la bâtisse à sa mémoire dès avril 1857. Cette dernière est terminée à la fin de cette année.

Le 10 septembre 1859, il en fait donation au bureau de bienfaisance de Feluy, par acte passé devant le notaire de Feluy J. B. Dumortier. La donation comprend "un bâtiment récemment construit en pierres et briques se composant de plusieurs places au rez‑de‑chaussée et à l'étage, grenier au-dessus, couvert en ardoises, caves au dessous, remises, puits, citerne, four et fournil avec le jardin y annexé, de la contenance de 31 ares 85 centiares ; partie prise dans "les Petites Douaires", tenant au donateur, à Liénard, Gorez et à Sauvage et au chemin de Feluy à Familleureux. Ce bâtiment est destiné à l'usage d'hospice pour vieilles femmes, veuves ou filles, et d'école avec logement pour les institutrices ..."

Le comte d'Ijsendoorn à Blois créa, au profit dudit bureau, pour l'entretien de cinq vieilles femmes et l'entretien et traitement d'une Sœur de charité chargée de leur donner des soins, une rente annuelle de 2150 F.

La donation est alors acceptée par le bureau de bienfaisance et le Conseil communal, et approuvée par la députation permanente du Hainaut. Par lettre du 15 décembre 1859, le commissaire d'arrondissement de Charleroi, Monsieur de Gerlache, informe le comte que le ministre de la justice ne pourra donner son approbation si on n'apporte pas de changements à l'acte de donation. Le ministre ne fait pas d'objection pour l'école qui comprend "deux salles de classes, 4 pièces de rez‑de-chaussée, 5 pièces à l'étage pour le logement des instituteurs, avec grenier, cave, cour et jardin, le tout faisant 17 ares 6 ca ..." Il en fait au sujet de certaines clauses de la donation :

    - Qu'une religieuse soit attachée à l'établissement.

    - Celle qui fixe à 350 F la fondation d'un lit.

    - Celle qui limite à 12 le nombre de lits.

    - Celle qui réserve la gestion, le droit d'entrée, etc. à l'approbation du comte et à son épouse.

 Il veut qu'au terme des lois du 16 vendémiaire an V (7-10-1796) et de la loi communale, une commission administrative d'hospice civil soit créée pour accepter la fondation et gérer l'établissement.

Le 3 janvier 1860, le comte informe le gouverneur du Hainaut qu'il ne veut rien changer à ses dispositions. C'est la rupture. La donation de l'hospice est refusée. Le comte gère alors l'hospice et dès le début de l'année, cinq femmes entrent à l'hospice et une Sœur de l'ordre de la Providence de Champion (Namur) est choisie pour leur donner des soins. La commune prit possession de l'école, le comte s'en réservant la propriété. Les cours sont donnés par des religieuses du même ordre.

En 1865 (le 26 septembre), par testament olographe fait à Feluy, il lègue l'hospice à Monsieur François de Lalieux et crée une rente annuelle de 2150 F. Le comte d'Ijsendoorn à Blois décède au château de Cannenburg‑Vaasen, le 9 décembre 1865. La baronne Charlotte Oldenneel d'Oldenzeel, usufruitière des biens en vertu du testament de son mari, paie la rente qu'elle augmente de 100 F. D'autres personnes lèguent des rentes pour l'entretien de l'hospice.
 
 



Le 27 mars 1866, un état des biens du comte, fait à sa mort, signale:

« …il s'ensuit de là, comme aussi de l'inobservation des règles de l'art lors de l'érection du bâtiment, en outre qu'il existe des lézardes dans plusieurs murs, faute de la solidité des poutres, que les experts ont été unanimes d'estimer ce bien à la valeur vénale de 15000 F ..."

Les héritiers des d'Ijsendoorn à Blois firent opposition au testament[1]. Un jugement du tribunal d'Arnheim, en date du 12 novembre 1868, disposa que le code civil néerlandais défend aux Hollandais de tester à l'étranger en la forme olographe. Le 15 juin 1869, Madame d'Oldenzeel perdit ses droits d'usufruitière sur les biens de la succession et le testament fut annulé. L'hospice échut alors à la baronne de Sprimont et à son frère le comte Émile de Hamal, à la comtesse de Berlo, à sa sœur, ainsi qu'à François Hallo. Ils réservèrent l'hospice à l'agrandissement de l'école.

L'enseignement communal était régi par une commission administrative. François de Lalieux de la Rocq racheta une partie du bâtiment (Partie gauche) aux héritiers d'Ijsendoorn à Blois. Cela se fit peu à peu car il ne fallut pas moins de 14 actes pour s'en rendre pleinement propriétaire (il y avait 14 co-héritiers). Les religieuses s'occupèrent de l'école jusqu'en 1879, date de leur démission en tant qu'institutrices communales.




[1] Les héritiers du comte d'Ysendoorn étaient définis par un jugement du tribunal d'Arnheim, le 12 novembre 1868, pour le côté paternel : a) le comte Émile de Hamal, propriétaire à Seraing. b) la baronne Comhaire de Sprimont, née comtesse de Hamal, domiciliée à Liège. c) Marie‑Ferdinande‑Joséphine, comtesse de Berlo, épouse de M. Pierre‑François Van der Gracht, propriétaire à Molle. d) Anne‑Marie‑Louise, comtesse de Berlo.
Et, pour le côté maternel: Franciscus‑Johannes Hallo, domicilié à Rotterdam, représentant la famille Van Veningen.
 
 


ECOLE COMMUNALE DES FILLES (RUE DE FAMILLEUREUX)

La partie droite du bâtiment fut offerte en donation à la commune de Feluy par Monsieur Vandergracht, le 25 août 1881. Le Conseil communal approuva les travaux d'aménagement de l'école de filles. L’école maternelle communale s’y implanta aussi.

 

ECOLE LIBRE DES FILLES (RUE DE FAMILLEUREUX)

Quant à l'école libre des filles installée dans l'ancien hospice, elle fut toujours entretenue par la famille de Lalieux de la Rocq jusqu'en 1967, date où partage familial la fit échoir à Madame de Montpellier d'Annevoie, née de Lalieux de la Rocq, qui en fit don aux œuvres paroissiales.

En 1930, les locaux furent jugés exigus et on décida de construire de nouvelles classes.

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