LA COLOMBOPHILIE
Alain
GRAUX
La
colombophilie est l’art d’élever et de faire concourir des pigeons.
Si
sa vocation fut très souvent militaire, elle est aujourd’hui pacifique et
sportive. Ainsi les colombophiles n’attendent plus les messages importants mais
bien la bague qu’ils prélèvent pour actionner le « constateur ».
Nombreux
furent les colombiers qui fleurirent sur les toits de nos villages ou dans les
jardins. Aussi appelés pigeonniers, ils constituaient des enclos quasi sacrés
sur lesquels nos « coulonneux » veillaient jalousement, avec patience et passion. Voici
un des hobbies qui égayait la vie de nos grands pères qui en ont transmis le
virus à quelques irréductibles.
Produit
des plus anciens de la domestication, le pigeon occupa toujours une place
importante dans la civilisation et ce, depuis l’antiquité. Messager chez les
égyptiens, les perses, les grecs et le romains. N’est ce pas lui qui annonça le
sacre de Ramsès III (1198-1166 avant J.-C.) aux quatre coins de son empire.
Les
colombiers étaient souvent impressionnants, ainsi l’empereur Alexandre Sévère
(225-235 après J.-C.) entretenait-il sur ses propres deniers un élevage de plus
de vingt mille pigeons.
Symbole
de fidélité, de fécondité, de douceur et de pureté, il occupa et occupe encore
une place importante dans la symbolique de plusieurs religions.
Par
ailleurs, l’auteur latin Apicius en décrivait déjà les vertus culinaires et
diététiques mais il s’agit là d’une autre histoire.
Au
Moyen-âge, le fait de posséder un pigeonnier était souvent un privilège royal.
Il s’agissait souvent alors d’élevage d’agrément.
C’est
lors des conflits de 1870 et lors de la première guerre mondiale que la
colombophilie acquit ses lettres de noblesse.
Pol
Jenet nous raconte que dans nos villages de Feluy et Arquennes, une société
colombophile vit le jour dans l’immédiat après-guerre. Elle avait ses locaux
chez Martha au café de « La Cambuse » face à l’ancienne gare, cette
situation facilitait le transport des pigeons vers les étapes d’entrainement de
La Croyère, Bois-du-Luc et Quévy avant l’entrée en France. Le président en
était Oscar Meurisse qui habitait rue du Bossu, le secrétaire était Auguste
Goncette et l’enlogeur, Fernand Gérard dit « le Carat ».
Après
l’arrêt de l’exploitation de la ligne de chemin de fer à la fin des années
1950, le local fut transféré au café « Havaux », le président en
était Henri Vanneste, les fonctions de secrétaire, trésorier et régleur étaient
remplies par Julien Desantoine. Les pigeons enlogés étaient alors transportés à
Seneffe par les soins du transporteur Léon Buchet. Ils y étaient regroupés avec
ceux d’autres sociétés.
Le
local fut ensuite transféré au « café des arts » dont l’exploitant
était Marc Van Gheest. Pour l’enlogement et le réglage des appareils, la
société disposait de son ancien atelier de menuiserie situé à l’arrière du
café.
La
société fut ensuite dissoute.
Une
dernière société fut alors recréée à Seneffe. Le président en était Pol Jenet,
les postes de secrétaire et de trésorier étaient occupés par Léon Desamblancx
et l’enlogeur était Christian Henri.
Aujourd’hui,
il n’existe plus de société colombophile dans nos villages.
Nous
terminerons en citant les noms de quelques colombophiles qui animèrent ou
animent encore nos villages de leurs exploits.
Pour
Feluy : Pierre Denis, Fernand Libotte, Fernand Favresse, Gaston Lejuste
(dit « le Cogne »), Oscar Meurisse, Auguste Gonzette, Fernand Gérard
et le meilleur d’entre eux Henri Vanneste qui fut même champion d’Europe.
Pour
Arquennes : Georges Gailly, Clément Dupont, Joseph Piron, Denis Dejonghe,
Hubert Cremers, Raoul Stevens, Pol Jenet, sans oublier les Coudyser, Robette et
autres.
L’essor
du chemin de fer permit par la suite le développement de ce sport, au départ de
la Belgique, vers les pays limitrophes
comme les Pays-Bas, la France et l’Allemagne. Il connait aujourd’hui une
reconnaissance mondiale.
Depuis
son apparition, ses principes n’ont guère évolué. Ainsi, en Belgique, une
fédération nationale chapeaute des sections régionales et provinciales
regroupant elles- mêmes un ensemble de sociétés locales dont le siège se situe
bien souvent dans un café.
Chaque
colombophile est tenu d’identifier son pigeon en lui attribuant une bague
reprenant un numéro, la couleur de cette bague variant d’une année à l’autre et
ce dès sa naissance.
Le
programme des concours ayant été établi durant l’hiver, la saison s’étendra du
printemps à la fin de l’été. On distingue plusieurs types de compétition, la
vitesse sur courte distance, le demi-fond et le fond. Elles peuvent être régionales,
nationales voir internationales. Une distinction sera également déterminée en
fonction de la catégorie d’âge du pigeon entre jeunes, juniors et vieux.
Durant
la saison, le colombophile prépare son pigeon pour le concours. Cette
préparation réclame de nombreux soins ainsi qu’une hygiène parfaite. Avant le
départ pour le concours, les couples seront dissociés, mâles et femelles seront
isolés. Le colombophile joue là sur l’esprit de fidélité du pigeon qui reste
acquis sa vie entière.
Les
pigeons sélectionnés seront ensuite conduits au local colombophile pour y être
inscrits au concours, on leur appliquera une bague identificatrice et on
parlera de « l’enlogement ». Les pigeons seront regroupés dans des
paniers avant d’être pris en charge par des transporteurs qui les conduiront
sur les lieux où ils seront lâchés. Une participation financière minimum sera
demandée au colombophile pour les frais de fonctionnement mais, les paris sont
également autorisés.
Un appareil appelé constateur, constitué d’une horloge,
d’un mécanisme de pointage et d’emplacements destinés à recevoir la bague
identificatrice lors du retour du pigeon sera alors réglé sur une montre de
référence. Aujourd’hui, ces appareils sont peu à peu remplacés par de nouvelles
technologies entièrement informatisées.
Il
ne reste plus au colombophile qu’à patienter jusqu’au lâcher dont il sera
averti par des messages diffusés par les radios.
Après
le concours, il rentrera son appareil pour le dépouillement des résultats.
Ceux-ci sont déterminés en fonction de la vitesse parcourue par le pigeon entre
le lieu de lâcher et l’emplacement du colombier.
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