Le village d’Arquennes comportait deux prieurés importants, l’un,
prieuré de Renissart dépendait de l’abbaye de Ninove, l’autre, le prieuré
d’Hubeaumont, dépendait de l’abbaye Saint-Feuillien du Rœulx, nous nous
attacherons à l’histoire de ce dernier.
HISTORIQUE
Hubaldi mons = mont de Hubaud, patronyme.
Le cense d’Hubeaumont dite la « Bonne maison d’Hubeaumont »,
sise à Arquennes en Brabant, fut donnée en partie à l’abbaye de Saint-Feuillien
du Rœulx par Arnould et Goswin de Feluy.
En 1153, le duc de Brabant, Godefroid le Barbu, approuva cette donation.
Un conflit concernant la fraterna
pax de 1142 entre cisterciens et prémontrés était latent. Villers obtint
raison et la mauvaise volonté de l’abbé du Rœulx, Nicolas, amena son
excommunication d’abord par l’évêque de Cambrai, puis par le pape. Finalement,
en 1153, un accord fut passé entre les principaux abbés des ordres de Prémontré
et de Citeaux touchant le rachat par les chanoines de Saint-Feuillien aux
moines de l’abbaye de Villers, de la cour (curtis)
d’Hubeaumont. Le duc de Brabant devint l’avoué brabançon du prieuré.
En 1181, le seigneur Franco d’Arquennes cède 1/3 de la dîme de
Hubeaumont à l’abbaye de Saint-Feuillien du Rœulx.
En 1216, le duc Henri de Brabant rendit une sentence dans le conflit
qui opposait les bourgeois de Nivelles aux chanoines de Saint-Feuillien à
propos du droit qu’avaient les Nivellois de laisser paître leur bétail dans le
bois de la Court de Hubeaumont
Comme pour beaucoup de biens religieux, des spoliations ou usurpations
avaient eu lieu. En 1300, le duc Jean de Brabant interdit à ses officiers de
saisir sans juste cause les biens du prieuré.
Le domaine d’Hubeaumont s’étendait sur 100 bonniers de terre, 18
bonniers de prairies, 7 bonniers d’aunaies, 17 bonniers de trieux (essartages),
14 bonniers de bois.
Le plus ancien censier connu d’Hubeaumont est Collart Disabeau. Il passa
un bail avec l’abbaye en 1507. Une convention d’arbitrage eut lieu entre lui et
les chanoines de Saint-Feuillien le 14 octobre 1518, à propos des clauses du
bail.
Sur ordre du duc d’Albe, des arbres furent abattus dans la propriété
d’Hubeaumont en 1574, afin de faire des navires destinés aux opérations de
Zélande.
Il faut attendre le XVIIe siècle pour avoir de plus amples informations
concernant le domaine.
Un acte du 15 juillet 1627, fait connaître le censier d’Hubeaumont qui
achète alors , Jean du Boys, il achète alors une terre à Quintin Surrin ;
l’année suivante, le 13 juillet, il paie une rente de 3 florins, qu’il doit à
Philippe Gilbor, sur la ferme de Lamberdam.
Le 8 mai 1630, il achète 14 florins de rentes, qu’il lègue à Jean du
Boys, fils Nicolas, et à son épouse Marie Lenglez. La même année le censier
d’Hubeaumont il achète une autre rente de 3 florins à Martin Poulain, ce qui
démontre qu’il avait une certaine aisance.
Il n’était plus fermier du prieuré en juin 1642, car l’abbé de
Saint-Feuillien, Philippe Malapert, le poursuit pour des réparations qu’il
devait faire à la fin de son bail.
Jean du Boys s’arrange avec le nouveau fermier, Philippe Lavendhomme
pour clore cette contestation. Ce dernier avait passé un bail le 26 février
1641.
Le 30 juillet 1653, l’abbé de Saint-Feuillien, Julian Giard, établit
Jérosme de Lannoy, comme sergent de la ferme et du bois d’Hubeaumont.
En 1679, Marie-Jacqueline Maeghe, veuve de Nicolas Foucart, censière de
Hubeaumont renouvelle le bail consenti à son mari défunt. Elle se remaria à
Jean Vierendeel, dont elle est veuve en date du 29 avril 1686, date où elle
renouvelle son bail.
En février 1685, eut lieu un procès entre la municipalité du comté
d’Arquennes et l’abbaye, concernant la contribution de guerre, que cette
dernière doit sur le domaine d’Hubeaumont.
En 1690, la chapelle Saint-Nicolas, au prieuré d’Hubeaumont, est desservie
par les religieux de Saint-Feuillien. Le pasteur d’Arquennes a le droit d’y
célébrer la messe plusieurs fois par an, mais
des difficultés surgissent entre les deux Prémontrés au sujet de la
fourniture de vin, luminaire et ornements nécessaires à la célébration de la
messe.
Le curé d’Arquennes reçoit lors du passage des baux de la ferme, quatre
muids de froment, cinq de seigle, cinq d’avoine, six d’escourgeon, un cochon de
lait, un agneau et 21 florins.
Le 16 novembre 1700, Martin Baland loue la ferme d’Hubeaumont, mais le
11 avril 1705, la guerre faisant rage, les moines de Saint-Feuillien, décident
qu’ils ne peuvent plus vivre en communauté au sein de l’abbaye. Ils dispersent
les membres au sein des biens qu’ils possèdent dans le Hainaut et le Brabant.
Trois moines sont désignés par le prélat, Henry Ponsart, pour vivre dans le
domaine d’Hubeaumont, Frères Félicien Ghistellin, Nornbert Ermel et Pierre
Navez « de les laisser suivre pour
leur subsistement et entretien tous les biens que leur monastère a sur le
Brabant croyant que vivre ménagèrement et en religieux ils voudront bien faire
réflexion, qu’en ce temps de misère l’on ne peut avoir les choses en abondance
mais qu’il faut se passer de peu en compatissant à la misère du peuple ».
Le 14 mai 1769, l’huiiser Willame, de Nivelles, fit une saisie à la
requête de Niolas Boudart et de Corneille Trigalet, pour non paiement de rente,
sur la cense d’Hubeaumont, terres, bois, et jardins, touchant au chemin de
Nivelles à Seneffe, à celui du Petit-Rœulx vers Feluy, à la rivière Samme,
occupées par Jean Sibille et de celle touchant le Pavé de Nivelles vers le Pont
de pierre, au chemin allant du Pont de pierres vers les communs d’Hubeaumont
occupés par Estienne de l’Escolle, le tout appartenant à l’abbaye de
Saint-Feuillien.
Le 1er pluviôse an III (15 janvier 1795), sous l’occupation
française, un abvis est apposé sur la porte de l’église d’Arquennes, il annonce
qu’étant donné que l’abbaye de Saint-Feuillien
n’a pas payé sa contribution militaire, la République établit l’avocat
Joseph Lelièvre, de Nivelles, curateur des biens de l’abbaye, chargé de vendre publiquement leurs biens pour le
recouvrement de la quote-part qu’elle doit, soit 80.000 livres .
Le 15 pluviôse an III (3 février 1795), tous les biens religieux, dont
le domaine d’Hubeaumont, furent saisis et vendus par les commissaires de la
république.
15 lots furent vendus :
- Une pièce de terre et carrière faisant partie
de la cense d’Hubeaumont, de 2 bonniers 100 verges, louée par Jean-François
Sybille. La carrière se trouvant dans la dite terre est louée à N. Trigalet.
Adjugée à Jean-Baptiste Pieron pour 1210 florins.
- Une terre et jardin d’1/2 bonnier 40 verges,
adjugée à Jean-Baptiste Piron pour 620 florins.
- Une terre de 7 bonniers 366 verges faisant
partie de la cense d’Hubeaumont, adjugée à Josse Decuyper pour 3025 florins.
-
Une terre
de 5 bonniers joignant de midi à la grande pâture de la cense d’Hubeaumont,
adjugée à Jean-Baptiste Romel, pour 920 florins
-
Une terre
de 5 bonniers joignant de midi à la grande pâture de la cense d’Hubeaumont,
adjugée à Jean-Baptiste Romel, pour 810 florins.
-
Une terre
de 5 bonniers joignant de midi à la grande pâture de la cense d’Hubeaumont,
adjugée à Jean-Baptiste Romel, pour 760 florins.
-
Une terre
de 5 bonniers joignant de midi à la grande pâture de la cense d’Hubeaumont,
adjugée à Jean-Baptiste Romel, pour 810 florins.
-
Une terre
de 148 verges joignant de midi au Pavé de Nivelles, adjugée à Pierre Rossignol,
pour 103 florins.
-
Une terre
de 130 verges joignant de midi au Pavé de Nivelles, adjugée à Pierre Rossignol,
pour 190 florins.
-
Une terre
de 150 verges joignant de midi au Pavé de Nivelles, adjugée à Jacques Dubrulle,
pour 390 florins.
-
Une terre
de 53 verges, dite la Pépinière, joignant de midi au Pavé de Nivelles, adjugée
à Albert Dedoncker, pour 100 florins.
-
Une terre
de 253 verges joignant de midi au Pavé de Nivelles, adjugée à Joseph Braeckman,
pour 80 florins.
-
Une terre
de 213 verges joignant de midi à l’abbaye de Villers, adjugée à Dieudonné
Randoux, pour 270 florins.
-
Une terre
de 1 bonnier 52 verges joignant de midi à l’abbaye de Villers, adjugée à
Dieudonné Randoux, pour 410 florins.
Par acte du 31 décembre 1814, les sieurs Limbourg et Morren avaient loué
la ferme d’Hubeaumont au Sieur Soupart.
Le bail fut renouvellé dans les mêmes conditions en 1822, ce bail
expirait en octobre 1835.
Les bailleurs louent alors la ferme au Sieur Rascar.
Ils assignèrent par exploit du 1er mai 1835 le Sieur Soupart,
devant le tribunal de Charleroi, afin qu’il eut à laisser à la disposition du
nouveau fermier, le tiers de la ferme d’Hubeaumont, qui devait être en jachère.
Ils posèrent en fait, avec offre de preuve « que dans le canton de
Seneffe, il était d’un usage constant qu’en l’absence d’une disposition
spéciale, le fermier devait laisser le tiers des jachères, lors de la dernière
année du bail » Soupart répondit qu’aux termes de son bail il n’était tenu
de laisser que les jachères qu’il avait trouvées lors de son entrée en
jouissance ; que cette même quantité de terres en jachères était à la
disposition du nouveau locataire de ses bailleurs ; qu’ainsi leur action
était mal fondée, et le fait posé par eux irrélevant
Le 27 mars 1837, le tribunal débouta les propriétaires Limbourg et
Morren.
En 1883, lors du 25e anniversaire de son
entrée en fonction, le bourgmestre d’Arquennes Othon Philippe offre un goûter avec
craquelins et tasses de chocolat, aux enfants des écoles qui le félicitent, à
sa résidence, la ferme d’Hubeaumont,
Cette ferme était
occupée ensuite par M. Albert Plennevaux[1]
et est, depuis 1987, la propriété de la famille Sténuit.
DESCRIPTION
Vaste ferme en
quadrilatère dont le corps de logis fait face à une énorme grange de 40m sur
15m, aux soubassements en moellons et à la vieille charpente ouvragée d'époque,
reconstruite au XIXe s.. La maison d'habitation arbore trois fenêtres de part
et d'autre d'une belle porte surmontée d'un linteau à console. Le majestueux perron de cette porte principale
affiche en façade, un cartouche avec la mention: - A L Vve. E. G. 1880-
Ces ouvertures sont
encadrées de pierres en ressaut et en retrait avec des griffes de maîtres de
carrières d'Arquennes dont celle de Gilles Lisse (l646-1722), et de Jean Delfontaine.
Au-dessus des fenêtres actuelles, on voit encore nettement les traces de hautes
et étroites fenêtres à meneaux.
Le pignon d'entrée
de la grange porte un grand écusson en pierre rectangulaire avec, d'un côté une
mitre d'évêque et de l'autre une crosse. En dessous, au milieu, trois cœurs
crachant des flammes. En bas, la date 1755.
L'arrière du corps
de logis étale, très bien conservé, un ancien "travail" pour ferrer
les chevaux et, alentour, on repère des petites fenêtres à meneaux et
grillagées.
D'une superficie
d'environ 65 Ha ,
cette antique et très belle ferme s'occupe d'élevage bovin et de la culture de
céréales et de la betterave.
Bibliographie
Cotyle R. Arquennes, glossaire toponymique, Braine-le-Château,1974
Cotyle R. Arquennes, annales
historiques. Val de Samme 1940-1945, Braine-le-Château, 1976
Wymans G. L’abbaye de
Saint-Feuillien du Rœulx en Hainaut, Averbode 1967
Dussausois M., Chasse aux vieilles
censes de l’entité de Seneffe, s.d.
Pasicrisie belge. Recueil général
de la jurisprudence des cours de France et de Belgique, Bruxelles 1853
Le patrimoine monumental de la
Belgique/ Hainaut/ Arquennes,
T. 20, Liège 1994
[1] Albert Plennevaux, dernier maïeur d’Arquennes (de 1958 jusqu’à 1976) et le premier maïeur
de l’entité de Seneffe.
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