A PROPOS DU CANAL
DE CHARLEROI A BRUXELLES
Inauguré le 25 septembre 1832, le canal de
Charleroi à Bruxelles devient un bon pourvoyeur d’emplois pour les habitants de
nos villages.
Certains deviennent « éclusiers-cabaretiers » et
profitent ainsi des temps d’attente imposés aux écluses.
LES BATEAUX DITS « SABOTS »
Les bateaux sont immatriculés dans les communes
choisies comme port d’attache par leur propriétaire
À Feluy, entre 1832 et1860, une vingtaine de
bateau sont enregistrés[1].
Liste des bateaux parcourant le canal de
Charleroi-Bruxelles
Date Bateau propriétaire Chargement Tonnage
1834 « Capitaine »
Pède Louis Charbon 50 tonneaux
« Marie-Louise »
Capitte Ferdinand[2] 50 tonneaux
« Julia » 56
tonneaux
« Victoire » 55
tonneaux
« Alfred » 53
tonneaux
« Célina » 48
tonneaux
« Gustave » 53
tonneaux
« Joachim » 47
tonneaux
« Auguste » 47
tonneaux
« Victorine » 46
tonneaux
1836 « Albertine » Pède
louis Charbon 50
tonneaux
« Laurent » Pède Louis Charbon, pierres 50 tonneaux
1839 « Les
Deux frères » Damne Joseph[3]
1840 « Alexandre » Chappenet Narcisse[4]
1841 « Neptune » Soc. Bascoup[5] Charbon
« La
Confiance » Soc. Bascoup Charbon
« L’Union » Soc. Bascoup Charbon
« Jules » Soc. Bascoup Charbon
« Victor » Soc. Bascoup Charbon
« Corsaire » Soc. Bascoup Charbon
« Loyauté » Soc. Bascoup Charbon
1845 « Joséphine
de Watteau Jean-Baptiste
Charbon, chaux 56 tonneaux
Fontaine l’Evêque »
1846 « Désirée » 58
tonneaux
« Louise
de Virginal » Watteau Jean-Baptiste Charbon 58 tonneaux
« Rosalie » 57
tonneaux
1848 « Petit
bonheur Manche Augustin[6] Charbon, pierres 70 tonneaux
de Ronquière »
1853 « Léopold » 53
tonneaux
1856 « Camille » Deltenre Napoléon[7] Charbon
« Godefroid
de Deltenre Napoléon Charbon
Bouillon »
« Charles-Quint » Deltenre Napoléon Charbon
1858 « Jeune
Pauline » 56
tonneaux
« Quatre
frères » 56
tonneaux
1860 « Siméon » 59
tonneaux
1863 « Jeune
Henriette » 58
tonneaux
A partir de 1865, on compte un fléchissement du
service des bateaux locaux il n’y seulement que les sabots
« Désirée », la « Jeune Pauline » et la « Jeune
Henriette » qui assurent encore un service des plus réduits.
Ces bateaux servent essentiellement au
transport des pierres de taille vers Bruxelles et à l’enlèvement du charbon des
mines de Mariemont et Bascoup, stocké au
Rivage de Mariemont à Seneffe, proche du pont du Blocus.
LES BATELIERS
Beaucoup de bateliers vivent dans leur bateau
appelés sabots.
Seuls les bateaux d’un tonnage inférieur à 70
tonnes peuvent emprunter le canal. Ces bateaux appartiennent à des familles
aisées qui louent le plus souvent à des pères de familles nombreuses qui
disposent d’une main-d’œuvre gratuite pour le halage de leur péniche dont le
déplacement dépend de la traction humaine.
L’arrêté royal du 28 juin 1833 stipule :
« Défense à tous les bateliers d’augmenter
l’immersion de leurs bateaux au-delà de la ligne inférieure de la plaque de
jauge, de charger des objets dangereux ou insalubres, de naviguer avec deux ou
plusieurs bateaux en remorque, ou de rompre, en aucun cas, l’ordre de la
navigation, sans autorisation expresse des gouverneurs.
Il est défendu aux bateliers de stationner,
sous aucun prétexte, à moins de 40 mètres des écluses et pont et dans la
galerie souterraine.
Le droit de navigation dû pour l’usage du canal
se perçoit au passage des bateaux dans chaque bureau de perception :
-
à
raison de leur tonnage déterminé par le procès-verbal de jauge
-
en
outre, à raison de leur chargement réel, indiqué par le nombre de demi
décimètre de leur immersion.
Les
bureaux de perceptions sont établis, le premier à la première écluse de
Dampremy ; la seconde à la 14e écluse à Seneffe ; le
troisième à la 46e écluse à Clabecq, et le quatrième à la porte de
Ninove à Bruxelles
En 1851, les bateliers Ferdinand Maloux et
Louis Duprez, sont récompensés car au péril de leur vie, ils ont sauvés
plusieurs personnes que l’inondation menaçait d’une mort certaine.
LE HALAGE
Le halage des bateaux est d’abord réglementé
arrêté des Etats du Hainaut en date du 12 novembre 1832, proposé par
l’ingénieur Vifquain :
Art.1. Le halage sur le canal sera effectué par des hommes ;
cependant il sera facultatif aux bateliers de faire tirer leurs bateaux dans le
souterrain par des chevaux.
Art. 2. Le batelier est entièrement libre de
prendre ses haleurs où bon lui semble, par convention amiable.
Art. 3. Le halage d’un bateau à charge se fera
par deux hommes au moins, qui marcheront d’un pas actif et régulier ; le
bateau à vide ou chargé de moins de 10 tonnes pourra être halé par un seul
homme.
Art. 4. Les bateaux ne pourront marcher :
Pendant le mois de janvier que de 7heures du matin à 5 heures du soir.
« février
« 6h½ « à 5½ «
« mars « 6h « à 6h «
« avril « 5h « à 7h «
« mai « 4h½ « à 7h½ «
« juin « 4h½ « à 8h «
« juillet « 4h « à 8h «
« août « 4h½ « à 7h½ «
« septembre 5h « à 7h «
« octobre 6h « à 6h «
« novembre 7h « à 5h½ «
« décembre 7h « à 5h «
Art. 5. Aucun bateau ne pourra devancer celui
qui le précède, à moins que celui-ci ne s’arrête.
Art. 6. Le passage du souterrain sera ouvert
aux bateaux dans les deux directions suivant l’ordre de leur arrivée. La marche
des bateaux se succédant dans le même sens ne pourra se prolonger plus de deux
heures, au bout desquelles la marche en sens contraire sera libre.
Dans le cas où deux bateaux arrivent en même
temps, la préférence sera donnée au bateau vide.
Art. 7. L’ordre et la police du halage seront
maintenus sur le canal, dans la province de Hainaut, par deux chefs
surveillants résidant sur leur ligne respective, placés sous les ordres de
l’ingénieur en chef de la province ; un garde sera affecté au souterrain,
sous le chef de cette partie du canal.
Le halage est réglementé ensuite par l’arrêté
royal du 28 août 1838, en voici des extraits :
Le halage des bateaux sur le canal de Charleroi
fera l’objet d’une entreprise publique.
Cette entreprise sera adjugée publiquement,
d’après un cahier de charge arrêté par le Ministre des Travaux publics
(Notomb), et déterminant les droits et obligations tant de l’entrepreneur que
des bateliers
Le halage des bateaux sur le canal de Charleroi
est confié à un entrepreneur
Les principales obligations de cet entrepreneur
sont
-
d’avoir
constamment pendant les heures de navigation et à chaque station, les hommes ou
les chevaux nécessaires pour que tout bateau soit halé sans retard.
-
De
faire le halage soit par des hommes, soit par des chevaux, au pas, d’une
manière active, régulière et sans interruption.
-
De
fournir, avant l’approbation de l’adjudication, un cautionnement en numéraire
de 20.000 Fr. Il sera restitué au terme de l’entreprise.
-
L’entrepreneur
aura le droit de faire le halage à l’exclusion de tout autre
-
Sous
le rapport de halage le canal est divisé en 10 relais :
Le 1er, de la 1ère écluse
à Dampremy au pont de la Ferté
Le 2e, du pont de la Ferté à la 11e
écluse, à l’Hutte.
Le 3e, de la 11e écluse,
à l’entrée du souterrain
Le 4e de l’entrée du souterrain à la
18e écluse, à Seneffe.
Le 5e, de la 18e écluse à
la 29e écluse, à Feluy
Le 6e, de la 29e écluse à
la 41e écluse, limite du Brabant.
Le 7e, de la 41e écluse à
la 45e écluse, à Clabecq
La 8e, de la 45e écluse à
la 49e écluse, à Buysingen.
La 9e, de la 49e écluse à
la 52e écluse, à Ruysbroeck
La 10e, de la 52e écluse
à la 52e écluse, à Bruxelles.
Le halage se fera par chevaux, de la Sambre au
souterrain ; au moyen d’hommes du souterrain à la 40e écluse,
commune de Ronquières, et, par chevaux, de ce point à Bruxelles.
[1] Voir l’article de D. MASSART, Vente de bateaux. Droit de patente pour
bateaux et location d’un quai dans la première moitié du XIXe siècle, dans
bulletin de la S.R.H.F.E.S. n° 2, 1995.
[2] Vente du 6-8-1833, par Lecomte Donat-Joseph,
batelier à Pont-à-Celles, à F. Capitte, négociant à Seneffe
[3] Vente du 11-11-1839 par Adrien et
Napoléon-Jh. Tainsy, tailleurs de pierre à Arquennes, à Joseph Damne, batelier
à Dampremy
[4] Vente du 13-5-1840, par la société
« A. Legrand et Cie » de Mons, à Chappenet Narcisse-Gabriel,
receveur des droits de navigation à Seneffe.
[5] Vente du 7-6-1841, Maximilien
Bailly, négociant à Fayt, vend à Abel Warocqué, au nom de la société
charbonnière de Bascoup.
[6] Vente du 13-11-1848, Nicolas Goyens, batelier à
Ronquières, vend à Augustin Manche, journalier à Trivières.
[7] Vente du 30-10-1856, de ces trois
bateaux par Maurice et Lucie Charlé pour Napoléon-Joseph Deltenre, comptable du
charbonnage de Mariemont.
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