Dans la Vallée de la Dyle et de la Lasne
par le Dr Norbert Cloquet
Peu de
localités en Belgique présentent autant d'intérêt archéologique que la vallée
de la Dyle; presque toutes les époques y sont
représentées, depuis l'âge de la pierre polie (néolithique) jusqu'au moyen âge.
La découverte récente d'une hache en bronze au bois du
Ruart, commune de Baisy, vient compléter la série.
J'ai cru
utile de faire une excursion dans cette belle vallée
et d'indiquer ici tout ce qui a été découvert ou signalé,
afin d'en démontrer l'importance et de provoquer de
nouvelles recherches.
On y a fait
quelques fouilles, mais il reste encore un vaste champ à explorer.
Je
m'attacherai spécialement aux époques les plus anciennes, ne jetant qu'un coup
d'œil rapide sur les monuments du moyen âge.
D'ailleurs, il reste fort peu de vieux châteaux conservés,
et les églises, qui généralement sont les édifices les
plus importants d'une commune, et gardent parfois des
objets d'art très intéressants, ont été presque
toutes reconstruites aux siècles derniers en style
classique et possèdent peu de richesses dans leur
mobilier. On pourra consulter au sujet de ces monuments l'ouvrage de MM. Tarlier
et Wauters (1), ou j'ai puisé une partie de mes renseignements.
HOUTAIN SUR DYLE
C'est à Houtain-le-Mont, près du
bois du Sompty, que la Dyle prend sa source
; faible ruisseau à sa naissance, elle alimente
l'étang du château de Houtain-le-Val et se dirige en serpentant vers Loupoigne.
Houtain est
un village essentiellement agricole et très insignifiant
au point de vue archéologique. Il possède cependant son château du moyen âge en
grande partie modernisé ; qui l'avoisine, bâtie
en 1769, n'offre rien de bien intéressant ; elle est d'une
grande simplicité.
LOUPOIGNE
Suivant le
cours de la rivière, on arrive à Loupoigne, autre petit
village agricole ; on y exploite cependant, au hameau de
Fonteny, un grès bruxellien dont on fait des pavés et
qui sert à la restauration des vieux monuments, à
l'instar de la pierre de Gobertange. (2)
On a
trouvé dans un terrain situé vis à vis du presbytère une pièce en
bronze à l'effigie de Gallien ;
cela
indiquerait le passage, si pas le séjour des Romains; d'ailleurs comme nous allons le voir, ils avaient un grand établissement près de Genappe.
L'église a
été construite sur les plans de l'architecte Moreau,
de Nivelles, en 1853; on y voit près du maître- autel
deux tableaux donnés par le comte de Beauffort, l'un le denier de César, par Mathieu de Louvain,
l'autre, David tenant la tête de Goliath, toile italienne par un auteur inconnu.
2) On a
trouvé dans une de ces petites carrières, il y a quelques années, une tortue
fossile très bien conservée, de 40 h 50 centimètres; elle a été achetée pour le
Musée royal d'histoire naturelle de Bruxelles, au
prix de 195 francs.
VIEUX-GENAPPE
Près de Loupoigne se trouve Vieux-Genappe; autrefois l'espace compris entre cette commune et celles de Nivelles et de Braine-l'Alleud était couvert de bois ; aujourd'hui, c'est une vaste plaine.
Ce village
est bien ancien, puisque déjà en 1222 existait le
nouveau Genappe (nova Genappa). Celui-ci s'est accru insensiblement et l'a emporté sur le Genappe ancien. Des maisons se sont construites autour du château de Lothier d'abord, et ensuite le long de la route de Bruxelles à Charleroi, et ont formé ainsi un bourg important, mais qui a dépendu pendant longtemps en partie de Vieux-Genappe et en partie de Ways ; ce n'est qu'en 1836 que l'église de Genappe a été érigée en succursale.
Vieux-Genappe
ne présente rien de remarquable au point de vue
archéologique. On y a cependant trouvé une hache
polie au hameau de Promelles. Il est probable que si
l'on faisait des recherches, on y trouverait des silex
taillés, comme il arrive souvent dans les bruyères et les bois défrichés.
Cette commune
est connue par son château de Lothier, dont -il
restait encore quelques vestiges lors de la construction
de la gare du chemin de fer de Manage à Wavre. Cette
gare se trouve précisément sur l'emplacement du
château dont nous parlons : les terrains voisins sont
encore couverts de débris de briques, d'ardoises
et de ciment. J'y ai recueilli aussi des poteries du Xe au XIIe siècle, à pâte grossière, bleuâtre, non vernissée.
1) On peut voir le dessin de ce chûteau dans le bel ouvrage du Baron Leroy, et la description dans celui de Tuner et Wauters.
Le sol, qui
ne présente que de vastes plaines où s'élèvent çà
et là de belles et grandes fermes, devient
tout à coup très accidenté; des roches schisteuses
mon‑
trent leurs têtes dénudées sur les deux rives de la Dyle.
trent leurs têtes dénudées sur les deux rives de la Dyle.
C'est dans
l'encaissement de cette vallée naissante, que se
trouve le petit village de Ways. Un vieux manoir sur
le bord de l'eau, avec sa petite chapelle, une fabrique abandonnée, une modeste église, un rocher abrupt, reste d'une ancienne carrière, quelques chaumières et quelques fermes éparpillées le long d'un grand chemin montueux et raviné, telle est cette commune d'un aspect bien pauvre, mais riche en antiquités ; elle renferme en son sein peut-être bien des curiosités inconnues; la bêche du fouilleur n'a jamais été à leur recherche, le hasard seul en a révélé l'existence.
J'avais
dans ce village une tante, fermière, possédant le goût inné de
l'archéologie. (1) Si elle eût vécu à notre époque, nul doute qu'elle
n'eût fait partie de notre société. Elle s'amusait à recueillir les objets
curieux qu'elle rencontrait et les étalait dans son jardin. C'est ainsi
qu'elle avait toute une collection de jeux de nature; elle
s'intéressait surtout aux souvenirs historiques : fragments
de chapiteaux, de consoles, de colonnettes en pierre bleue, en pierre
blanche, même en marbre, provenant des abbayes de Villers et d'Aiwières ; tout
cela était artistement placé dans un petit jardin anglais.
Un jour que
j'étais allé la voir, elle me dit, qu'un ouvrier du
voisinage, en extrayant des pierres pour la construction d'un hangar, avait trouvé des pots contenant des
ossements. M. Warocqué, chez qui il travaillait, ayant
appris la chose, les lui avait demandés. Elle me conduisit chez cet homme,
logé dans une véritable hutte en moéllons couverte en chaume
(1) Cette
clame, Anastasie trousse, épouse Buisseret, a montré un véritable héroïsme lors de l'apparition du choléra en 1831 L'épidémie
En y
pénétrant, j'aperçus près du foyer un jeune chat mangeant
dans une espèce de gamelle ; la forme du vase, sa
couleur d'un beau rouge, éveillèrent mes soupçons ; je
m'approchai et ne tardai pas à reconnaître le
couvercle d'un vase samien renversé et servant d'assiette.
C'est le seul objet ancien que cet homme possédât encore. Sa ménagère l'avait
conservé pour mettre la portion de Mimine. Elle
me le céda.
Ces débris
étaient placés dans des poches creusées sous les bancs de schiste ; il y en
avait un grand nombre, mais tous n'auront pas été
découverts, et il est probable qu'il en existe
encore. C'était un cimetière belgo-romain. Je ne pense pas qu'on y ait fait des
fouilles depuis cette époque.
Non loin de
là, au-dessus du rocher qui s'avance en forme de
promontoire près de la petite chapelle, est un vaste plateau où existait un grand établissement romain. La tante m'y conduisit : « Après une
forte pluie, me dit-elle, lorsque le sol est nu, les
enfants s'amusent à ramasser de petits cubes
de pierre bleue et de pierre blanche; il s'en trouve
par milliers. J'y reconnus bientôt des débris de mosaïque, ce qui indiquait
une riche et importante villa. (1)
Je demandai
qu'on m'en recueillît, et quelque temps après j'en recevais tout une caisse; la
tante y avait joint les objets suivants :
1.Une urne
en verre vert bien conservée, provenant du cimetière
(un messager s'en servait pour mettre ses épices).
2.Une lagène
en terre grise; même provenance (2).
3.Une urne
en terre grise brisée; même provenance.
4.Des tessons de poterie, entre
autres un beau fragment de tèle, comme en
fabriquait le potier Brariatus.
5.Un manche
de canif avec cachet à une extrémité.
6.Un manche
de clef en bronze (3).
7.Un couperet, petite hache en
fer servant aux sacrifices.
8.Un bout de
pique.
9.Une monnaie
en bronze d'Antonin (1).
10.Une clef
de Malte.
11.Une
petite médaille en argent avec la croix de Malte.
12.Un
fragment de gaine de poignard ou dague en fer. Les
numéros 4 à 12 proviennent du plateau.
Ces objets de
l'ordre de Malte sembleraient indiquer qu'un
établissement de cet ordre célèbre se serait greffé sur l'établissement romain.
L'église de
Ways n'offre rien de bien remarquable, si ce ne sont les tombes des seigneurs
de Tby et de la famille Cornet. On voit au milieu du
cimetière un monument en pierre de taille assez élevé, construit à la mémoire du général comte Duchesne, atteint d'un coup mortel sur le champ d'honneur le 18 juin 1815.
Il est assez
étonnant que M. Wauters n'ait pas connu ces substructions et ce cimetière ; il n'en parle pas dans son ouvrage. Il se borne à dire qu'en janvier 1855 on trouva à Ways une cuillère antique en bronze et un manche de couteau en forme de glaive.
Voir Lettres sur les antiquités trouvées à Feluy et aux environs. Cercle
archéologique dr..‘ Mons. T.
(5) Id.
BAISY
La commune de
Baisy, voisine de Ways, est aussi très
accidentée dans la partie orientale et septentrionale; elle est célèbre par la naissance de Godefroid de Bouillon, l'illustre conquérant de la Terre sainte.
Il existe
encore, mais fort réduite, une motte sur laquelle
avait été bâti son château dans une prairie, à l'est
de la cure, nommée pré dè motte; des fouilles y ont fait découvrir des fondements de forme circulaire, en grès et en
briques; on y a trouvé aussi un petit poignard dont
le manche était terminé par une tête casquée en bronze
émaillé.
Le nom de
Tombois, donné à une partie du hameau, rappelle
l'existence en cet endroit d'anciennes sépultures.
On vient de découvrir au bois de Thy, commune de Baisy,
mais sur les limites de Ways, une hache en bronze. M. Jos. Collin,
pharmacien à Genappe, qui m'a informé de cette découverte, va publier une notice
à ce sujet. Cette hache se trouve actuellement au musée de la
Société archéologique de Nivelles, qui en a fait l'acquisition. Cette
découverte est très importante; elle se rattache aux découvertes
de Court-St-Etienne, dont nous parlerons plus loin. Baisy mérite d'être
exploré soigneusement
(1) Voir
Lettres sur les antiquités trouvées 1, Feluy et aux environs. Cercle archéologique de Mons. T. iv.
BOUSVAL
Nous arrivons
à Bousval (Bovis vallum), charmant petit village; sur la rive droite de la Dyle
s'élève, au sommet de la côte, en face de la
station, un château assez originalement construit
avec jardins en gradins, bassins, cascades et jets
d'eau.
Plusieurs
points de la commune rappellent d'anciens souvenirs ;
tels sont les tombois, sur la limite de Baisy, la tombe des Romains, hauteur
située à l'est du château de la Motte et le monceau
des bergers. On sait encore par la tradition,
qu'il a existé plusieurs tombes sur la lisière du
bois de Lalloux, où l'on signale les restes de deux petits monticules ; il est probable qu'aucun de
ces points n'a été fouillé.
Passons à
Court-St-Etienne, joli village aujourd'hui bien connu par ses eaux minérales;
il est certainement le point le plus important de la
vallée sous le rapport archéologique.
Depuis
longtemps il avait attiré l'attention des archéologues.
Déjà en 1861, le Gouvernement avait fait pratiquer
des fouilles dans quelques turnu/i; mais on s'était trompé sur la nature
des objets découverts, et on les avait classés, au musée
de la porte de Hal, au milieu des gallo-romains; une
grande épée en fer était même placée dans les cadres de
l'époque franque.
Des fouilles
ont été pratiquées, disent MM. Tarlier et Wauters, pour
le Gouvernement, le 9 juin et le 4 octobre 1861, à 1200
in. N. E. de l'église près du bois du Hâsoit, dans
une sapinière appartenant à M. Liboutton et qui constituait
en 1773 une bruyère communale dite bruyère Henri
Duchesne, d'une étendue de 2 1/2 bonniers. Là se voient
encore un grand nombre de tumuli, dont deux
seulement atteignent la hauteur de plus d'un mètre
; l'un, à l'entrée de la sapinière, est surmonté de
la petite chapelle du Calvaire-Liboutton ; l'autre est à
proximité de la Ferme-blanche; plusieurs de ces tumuli
furent ouverts : on y rencontra au niveau du sol
environnant un lit de charbon mélangé d'ossements calcinés, sur lequel
reposaient plusieurs objets qui se trouvent maintenant
au Musée royal d'antiquités de la porte de Hal ;
une grande urne en terre noire, des fragments de
petites urnes, deux glaives en fer très oxydés, un
porte-épée en bronze, un fermoir en bronze,
divers fragments de fibules, de boucles, de boutons en
fer et en bronze. Cet endroit a été évidemment un
cimetière considérable, à en juger par le nom que
porte une parcelle contiguë (le pré des mottes), par le nombre de tumuli encore existants, et par ce fait, qu'au nord du chemin longeant la sapinière, il en existait encore deux ou trois dont la charrue a fait disparaître les derniers vestiges.
Ce
cimetière, admirablement posé sur une hauteur d'où
la vue porte loin, constitue le premier chaînon d'une
chaîne d'antiques nécropoles, que nous pourrions suivre
le long de la Dyle jusqu'au delà de Basse-Wavre. La
tradition porte qu'à Court, vers l'an 1784, on opéra des fouilles dans le grand tumulus voisin de la ferme blanche et qu'on trouva quelques objets qui furent portés au château.
Vers 1880,
des ouvriers, en défrichant le petit bois (le sapins
nominé bois de la Quinique, cité plus haut sous le nom de
Bruyère Duchesne, découvrirent une quantité d'urnes remplies d'ossements calcinés. Ayant appris le fait par la voie des journaux, nous nous rendîmes sur les lieux, M. le Dr Le Bon et moi, et nous pûmes
constater des actes. d'un véritable
vandalisme. Lorsqu'ils rencontraient
une urne, les ouvriers la brisaient pour en voir le contenu, espérant y trouver un trésor; ils n'y trouvaient que des cendres, des os calcinés,
parfois quelques fragments d'épées en
bronze ou un petit vase comme un
jouet d'enfant (1). On en a brisé plus de cent.
(1)
Cimetière celtique de Court-St-Etienne, Pr âge du fer.
M. le Dr
Demol, bourgmestre, en a recueilli plusieurs, ainsi
que M. Henricot, représentant de Nivelles.
Ce terrain
est admirablement situé pour un cimetière et surtout
pour un oppidum. C'est un vaste plateau formant une
espèce de promontoire, au pied duquel la Dyle, l'Orne et la Tyle forment leur
jonction ; il est le contrefort sur lequel est bâti le
village.
Nous y avons
trouvé de beaux silex taillés et surtout des phtanites d'un beau noir jais,
aussi pur que le plus beau marbre de Dinant. M. Gérard,
qui tenait l'hôtel des bains, en avait une belle
collection, entre autres deux belles haches brutes de
grande dimension et de magnifiques lames de
couteau en silex de Spiennes. Nous avons vu aussi chez lui
un beau polissoir en grès bruxellien, des vases avec
os incinérés, des fragments d'épées ou de poigna.rds
en bronze, une longue épée en fer. Ces divers objets
doivent avoir été donnés à M. le représentant
Henricot.
M. le comte
Goblet d'Alviella possède aussi une petite collection
bien intéressante d'objets trouvés à CourtSaint-Etienne
ou aux environs : outils en silex, haches taillées dont
une, de très belle taille; nucléus, couteaux, grattoirs,
parmi lesquels il y en a de très remarquables, très
petits et d'une grande délicatesse de taille; poinçons, percuteurs et éclats divers retouchés ou non retouchés ; il s'y trouve aussi de très beaux outils en phtanite; une grande et belle hache polie en silex trouvée lors de la démolition d'une maison : on l'avait probablement placée dans le mur afin de préserver les habitants de la foudre ; fragments de fibules, de poignards et d'épée en bronze, grande épée en fer, vases. (1)
M. Goblet a
fait photographier les pièces les plus importantes
de sa collection et il a eu l'obligeance de m'envoyer un
exemplaire de cette photographie. J'y vois entre autres une pièce en tout
semblable à celle signalée dans le catalogue du musée
de Bruxelles comme porte- épée et que je considère
comme un fragment de mors de bride.
Ces objets en
bronze et les vases ont été trouvés dans un tumulus du bois de la Quinique.
Visitant M.
Mataigne, rentier à Wavrc, grand amateur d'antiquités,
qui possède de très jolis objets des différentes
époques, j'eus le plaisir de voir une hache polie, mais brisée, en psammite, trouvée en 1880 au même lieu; les dimensions de cette hache sont de 0 m. 13 sur 0 m. 06.
M. Gérard
m'écrivait qu'il avait découvert l'emplacement d'un oppidum et m'engageait
à aller le voir ; malheureusement ma santé
m'a empêché de faire cette excursion.
On voit par
les citations que je viens de faire, combien la commune de
Court-St-Etienne est riche en monuments préhistoriques
et proto-historiques ; cependant combien sont encore cachés! Presque tous les sommets couverts de sapinières présentent des stations néolithiques
et recèlent des tumuli.
On y trouve
une quantité de beaux silex, très délicatement
travaillés; il en est de même dans les communes voisines.
(t) Voir
Excursion à Court-St-Etienne des congressistes de Bruxelles Compte rendu du Congrès, page 517.
L'église de
Court-St-Etienne n'offre rien de bien remarquable comme ornementation, mais
elle possède, outre un beau calice en style renaissance,
une châsse très curieuse formant un édicule de 59 cent.de long sur
27 de large et 40 de haut, orné d'une é niche avec
statuette à chaque extrémité, et de trois niches
à chaque face latérale; à l'un des bouts on voit S'
Etienne surmonté, au pignon, de Dieu le Père; à
l'autre bout est une croix reliquaire avec les instruments
de la passion et l'inscription INRi; à l'une des
faces latérales sont placés St Paul, S' Etienne et St Pierre; à l'autre, St Laurent, St Etienne et Ste Gertrude; les
statuettes, les archivoltes, le toit sont en argent; la crète, les rampants à crochets, le réseau des arcades, les colonnettes sont en cuivre doré. Les reliques que contient cette châsse furent recueillies à Rome par Henri Decoster ; elles sont authentiques.
OTTIGNIES
De Court-St-Etienne passons à Ottignies. Ce village occupe les deux rives de la Dyle; il possède un château, qui se trouve sur la hauteur, en face de l'église. A peine connu autrefois, Ottignies est devenu une station importante; son existence est déjà très ancienne, il est cité en 1190 sous le nom d'Othenies. Il recèle aussi des antiquités : sur un plateau qui longe le bois de l'Etoile, à 500 mètres S. O. de la ferme de la Blocquerie, on remarque une éminence que la charrue et la herse abaisse chaque année, mais qui cependant s'élève encore de près de 2 mètres au- dessus du sol (1862); à 100 mètres de cette motte, il y en a une seconde qui est presque nivelée.
J'ai vu chez M. Mataigne, de Wavre, déjà cité, une hache polie, brisée, de 0 in. 10 sur 0 m. 06 trouvée au lieu dit les Bruyères; M. Rayez, fils, M. Thibeau, notaire, et M. Van Overloop avaient exposé, lors du Congrès de Bruxelles, des silex provenant d'Ottignies aux lieux dits Bauloy ou Boulay et Worlombrou.
CÉROUX-MOUSTY
Non loin de
là est Céroux-Mousty, où l'on a trouvé, vers
1783-85, dans la bruyère du Ruisseau, des vases dont
l'un contenait des ossements calcinés et des objets en métal ; cela ferait supposer une origine celtique.
LIMAL
La première station qu'on
rencontre en allant d'Ottignies vers Wavre
est Limal. Son territoire a fourni plus d'une fois des antiquités, notamment des médailles et des vases, qui ont été remis à M. le curé Cuvelier,
amateur, et au baron d'Hooghvorst qui
y a son château. (1) Une de ces
médailles est de l'empereur Auguste.
Dans les
taillis qui couvrent la hauteur à proximité de la ferme
Le mort, on remarque plusieurs tombelles de peu
d'importance, dit Wauters. (2)
Nous ne
ferons la description, ni du château, ni de l'église;
mentionnons seulement le maître autel, style renaissance,
en marbre blanc et noir, et des candélabres en
marbre blanc en partie antiques, donnés par le baron d'Hooghvorst,
qui les avait achetés à Rome en 1840.
On voit aussi deux beaux tableaux
: une Sainte Famille peinte par
Navez, et Daniel dans la fosse aux lions, attribué à Crayer.
1 Actuellement
occupé par le baron Paul de Fierlant.
2 L'importance
n'est pas dans les dimensions, mais dan ce qu'elles contiennent et ce sont quelquefois les petites les plus intéressantes.
LIMELETTE
Limelette,
diminutif de Limai, a aussi son tumulus ; le 23
avril 1803, nous avons opéré des fouilles, dit Wauters, dans le bois des Quewées et de Jauche, près du fond des tombes, pour constater si huit monticules existant en cet endroit
étaient bien des tumuli. Une tranchée pratiquée
dans la plus orientale de ces mottes a fait découvrir au
niveau du sol voisin un lit de charbon et des
ossements calcinés. Ces tumuli ont en général 12 ou
15 mètres de diamètre sur 1 à 1.50 m. de haut.
BIERGES
La commune de
Bierges, qui se trouve près de Wavre, est aussi signalée par Wauters.
Il mentionne quatre tumuli dans le bois de
Bierges, sur le plateau qui sépare la vallée
de la Dyle de la vallée de la Lasne; il croit qu'il y en a davantage ; on a trouvé des monnaies en or
et en bronze dans la partie la plus
élevée du bois.
WAVRE
Wavre est
une petite ville intéressante à divers égards. Nous
n'avons à l'examiner que sous un seul aspect. Aussi ne parlerons-nous ni de sa
massive église, ni d'aucun autre de ses monuments.
Des médailles
romaines ont été trouvées au bois de Beumont
et des tombes existaient jadis non loin de là; l'une d'elles a donné son nom au champ de la Tombe, qui s'étend à l'est de la ferme des templiers et au ruisseau de la
Tombe.
M. Alfred
Becquet, le savant directeur du musée de Namur, a
trouvé au bois de Beumont en août 1887 une hachette
polie de 0 m. 07 sur 0 m. 06 qui est en la possession de M. Matagne, son parent. Celui-ci possède aussi un bel aiguiseur de 0 m. 10 sur 0 in. 07 et 0 m. 02 d'épaisseur, taillé en biais offrant des traces d'usure, trouvé au même lieu
en 1880.
Toute la
bruyère St Job au sud de la ferme de l'Escaille est
parsemée de tumuli presqu'effacés, mais dont on peut
encore reconnaître l'emplacement aux mouvements de
terrain. M. Wauters a fouillé jusqu'au sol vierge le plus rapproché de la ferme ; il avait 15 mètres de diamètre sur 1m50 de haut; il n'y a trouvé que des cendres et des os
calcinés. M. Stassin, fils, a été plus heureux dans une fouille qu'il a faite aux mêmes lieux ; il a recueilli plusieurs vases de forme assez curieuse, des fragments d'épée et de fibules en bronze et une pièce extrêmement importante, ce qu'on nomme un rasoir en bronze. Je dis ce qu'on nomme, car, de l'avis des archéologues les plus compétents, cet instrument ne devait pas servir à cet usage, il
suffit d'un simple examen p' our s'en convaincre. Cette découverte caractérise bien l'âge de ces tombes et vient à l'appui de ce que j'ai avancé sur le
cimetière de Court-St-Etienne.
J'espère que M. Schuermans n'aura plus
de doute à cet égard (1).
Ces tumuli se
rencontrent de même sur le territoire de
Dion-le-Val et se montrent encore sur un second point
du territoire de Wavre, au bois du Tour, où il y en a quelques-uns au nord de la route de Wavre à Perwez et trois autres au sud de cette route. A l'ouest de la ferme de l'Hôtel, à environ 200 in., sur un terrain incliné à l'est, le sol est couvert de tuileaux, de carreaux et de débris de ciment romain.
Des tumuli
existent encore près de Tombeek, où l'on a trouvé une
quantité de fers de cheval de petite dimension.
Le beau
plateau d'Ottenbourg en présente également. M. Galesloot
rappelle que en août 1431, dans une chasse .que fit
Philippe-le-Bon, un cerf trouva la mort aux Tombes
d'Ottembourg «. (2) C'est probablement à ces tombes
que M. Wauters veut faire allusion lorsqu'il dit : non loin de l'emplacement d'autres tumuli qui se voyaient à Ottenbourg, se trouve le hameau de Stadt ou la ville, dont la dénomination remonte à plusieurs siècles. Ce vaste plateau a fourni une grande quantité de silex, qui ont enrichi les collections des amateurs de Bruxelles et surtout de M. C. Vanoverloop.
Près de là est la belle ferme de
Bilande, occupée par Madame veuve Everaerts
et son fils; celui-ci a remis à M.
Bulkens, son parent et alors conservateur du musée archéologique de Nivelles, lors d'une excursion
que nous fîmes ensemble, toute une
collection de silex, parmi lesquels se trouvent de très belles lames de
couteaux et de scies, ainsi qu'une grande
variété de beaux grattoirs. Nous
avons à remercier nos hôtes de leur don et de leur généreuse hospitalité; on ne trouve pas seulement
de beaux silex dans la vallée de la
Lasne, mais aussi d'excellent
bourgogne offert du meilleur coeur.
Avant
d'abandonner le territoire de Wavre, citons encore
quelques silex que nous avons trouvés entre la ville
et le château de la Bawette, appartenant à M. Ad. le Hardy de Beaulieu. Son fils a trouvé aussi une hache polie dans son
parc.
DION-LE-VAL
M. le
marquis de Wavrin et M. Depauw, conservateur du
musée de l'Université libre de Bruxelles, ont trouvé, entre Wavre et Dion-le-Val, une pierre, polie sur toutes ses faces, en grès tendre, mesurant 0,40 sur 0,15 et 0,10 d'épaisseur; elle était brisée en plus de 800 morceaux placés symétriquement autour d'un foyer au centre d'une tombelle
fouillée. M. de Wavrin possède une des plus belles
collections qui se trouvent en Belgique de haches polies et de pointes de flèches à ailerons de
toutes formes, provenant des
environs. Je me suis demandé si la présence de tant d'instruments de luxe trouvés dans ces parages n'indiquerait pas l'existence de dolmens qui
auraient disparu; je crois, malgré l'opinion
de M. Fergusson, qu'il
en existait
assez bien en Belgique, mais depuis tant de siècles on
les aura détruits, soit parce qu'ils étaient .un obstacle
à la culture, soit qu'on voulait en utiliser la matière.
M. de Wavrin
possède aussi d'autres objets en bronze et une belle grande épée en fer
trouvée dans des tertres des environs; les bois qui forment la lisière
occidentale de Dion-le-Val sont parsemés de tumuli ; il y en a dont les dimensions sont remarquables, notamment deux, dont l'un a environ 20 mètres de diamètre, sur 2 m.
50 de haut; l'autre 12 mètres de
diamètre sur 1 m. 50 de haut.
DION-LE-MONT
A
Dion-le-Mont existent des substructions très étendues et l'on a
découvert des tuiles romaines, ce qui indique l'existence
d'une villa.
CORROY-LE-GRAND
A 550 mètres
sud-ouest de l'église de Corroy-le-Grand, au bord
oriental du chemin qui conduit au moulin à vent vers Corbais, se trouve le
champ de la Tombe. Il existe un tumulus que
la tradition dit avoir été plus considérable et qui n'a plus que 1 m. 50 sur 30 de diamètre. .
Il est
d'observation que les grands tumuli, développés en
hauteur, appartiennent à l'époque romaine. Celui-ci serait-il de cette époque? un tombeau romain a été découvert à 800m. de l'église; un puits, formé de moëllons marneux superposés, sans ciment, de 1 m. de diamètre contenait, sur un lit de sable doux, les objets suivants acquis
par le gouvernement :
2 monnaies
d'Adrien.
Une patène en
verre vert de 0 in. 15 de diamètre décorée de
65 fleurs traversant la pâte d'outre en outre, à
centre bleu et à corolle composée de 7 pétales verdâtres avec bordure
jaune.
4 bouteilles
carrées d'un verre presque blanc avec goulot rond et anse.
9 écuelles en terre rouge de
grandeur différente et dont 4 portent au
centre la marque du potier A Gomar oniwce ricinus et un mot
illisible.
3 urnes.
3 cruches.
2 vases en
terre.
Une petite
cuillère d'argent.
Des globules
faits d'une espèce de composition ayant la forme de pastilles
blanches ou noires.
Sur la
lisière du bois de Hurlebize près de Dion-leMont,
le sol est rempli de débris de constructions antiques
: tuiles, briques, ciment. Ce nom de Castra, que portait jadis le village de Corroy semble indiquer que les Romains y eurent un poste fortifié.
BONLEZ
L'on voit
aussi des tumuli à Bonlez, l'un dans une sapinière à
200 mètres au nord de la ferme de Gra.ndsart et
deux beaucoup plus considérables, dans un bois-taillis vers la limite de Chaumont. Ces derniers, qui sont séparés
par une distance de près de 50 mètres, affectent une disposition particulière :
le tumulus a au centre 18 mètres de
diamètre, sur 2 m. 50 de hauteur; il est
entouré d'un
terre-plein de 5 mètres de largeur, qui, à son tour,
est protégé vers l'extérieur par une circonvalation
de 8 mètres de largeur sur 1 m. 50 de hauteur. Ces
tumuli, qui paraissent avoir servi de monuments religieux,
dit Wauters, ou de lieu de réunion, plutôt que de
sépulture, sont situés à 1300 mètres de l'église sur
un plateau, d'off la vue s'étend au loin dans toutes les directions.
Un 4e tumulus moins important se
trouve dans une sapinière à la limite même de
Chaumont et à 1500 mètres sud-est de l'église de
Boulez.
CHAUMONT
A quelque
distance au sud des tumuli à enceinte signalés a
Boulez, à 1000 mètres environ de l'église de Gistoux, il existe
d'autres tumuli. Dans le bois de Chaumont on
en voit deux, dont le plus rapproché du chemin est de forme oblongue ; il
mesure 40 mètres de long, sur 20
mètres de large et 1 in. 50 de haut; le second est plus effacé un
troisième est dans la sapinière voisine
; il a 20 mètres de diamètre, sur 2 mètres de haut. Un quatrième existait à l'extrémité opposée du
territoire dans le champ de Bannis ; il
n'en reste plus de traces. On a
signalé à quelque distance, à l'est, des tumuli du bois de Chaumont, une espèce de circonvalation
défendue de 3 côtés, par des coteaux
escarpés, dont le pied est baigné par
les marécages de la vallée du Ri du pré Delcourt de l'accès le plus difficile ; du 4e côté vers Gentisart s'étend un fossé et le long de ce. fossé
règne une espèce d'enceinte dans
laquelle des issues sont pratiquées à des
distances égales : peut-être y eut-il la un oppidum?
GREZ
Nous nous
sommes un peu éloigné de la vallée, retournons-y pour
nous diriger vers Grez, commune importante sous
différents rapports. Son territoire occupe une grande superficie ; on retrouve à Gastuche les Traces d'une ancienne
voie qui vient d'Archennes et qui était probablement
un diverticulum romain ; on y a découvert assez bien d'objets de cette époque ainsi que les substructions d'une villa.
J'ai
recueilli des silex sur les hauteurs de Gastuche (1); entre Basse-Wavre et Laurensart on a mis au jour des débris de vases avec inscriptions, d'un rouge de l'éclat le plus vif, mais qui n'ont pas été conservés; c'était de la poterie
samienne. En reconstruisant le pont sur le Train, au centre du bourg, on a découvert des monnaies romaines dont quelques-unes dataient du haut
empire, des règnes de Claude, de
Domitien et de Trajan. Dans les
champs vers Bossut, à une distance de 1500 mètres entre le Bois Brulé et le vallon de Lambois
existaient des substructions, mises au jour il y a 30 à 40 ans; une découverte plus importante a été faite vers 1860 au
champ présenne près de Morsain dans
un terrain appartenant à M. Rouchoux. Les ruines mises au jour s'étendaient sur une longueur d'environ 16 mères sur une
largeur de 6 mètres; elles révélèrent l'existence de salles ou plutôt de petites chambres carrées, placées
l'une à
A partir du
bâtiment vers le nord s'étendaient de divers côtés
sur une longueur de plus de 100 m., des fondations de clôture en pierre
brute sans ciment.
M. du Monceau
a conservé 2 grandes tuiles de 0,35 sur 0,53.
2 grandes
dalles de 0,40 sur 0,26.
3 carreaux
de 0,22 formant pilliers.
3 rondelles
dont 2 de 0,29 et 1 de 0,25 de diamètre formant les
colonnettes.
Des larges briques épaisses de 02
— le fragment de meule et 9 échantillons de peintures murales.
avec celui
de Centrones, l'un des petits peuples clients des
Nerviens, fait supposer qu'ils ont habité le territoire de Grez et les localités voisines.
Des tumuli
existent encore en différents points. Il s'en élevait
un grand nombre dans le bois de Laurensart. On en nivela
quelques-uns et on découvrit deux vases et une monnaie romaine. D'autres se
voient encore dans le bois, formant deux groupes, l'un de 3 tombelles,
l'autre de 4, séparés par un ravin s'ouvrant
vers l'est; le plus méridional de ces
groupes est à 1,000 mètres environ de
l'église de Basse-Wavre.
Nous avons
remarqué, dit le savant historien qui signale ces
tumuli, deux hauteurs artificielles, l'une de 24 m.
de diamètre sur 2 de haut ; l'autre, de 20 ni. sur 1 m.
d'élévation, à l'angle où se confondent le territoire de Wavre, de Dion-le-Val et de Grez.
Au haut du
champ de Raimont et du bois des Vallées, se dessine
un autre tumulus que nous avons fouillé le 8 octobre 1863. Nous y avons trouvé,
outre des cendres et des débris d'ossements, un
globule de bronze.
Au sud du
hameau de Hèze, à 1,500 ni. de l'église de Longueville,
dans une terre en friche, à la limite de Bonlez, on aperçoit 7 tumuli dont
5 forment un demi- cercle; le 6e est placé
concentriquement aux précédents, très
près des 3e et 4e; le 70
est plus à l'est et à une distance de
100 mètres environ. Deux de ces tombelles, les plus considérables, mesurent 15 mètres de diamètre sur
1, 50 de haut. — Les habitants les
nomment tombeaux des Romains : ils ont peut-être raison.
La commune de
Grez me rappelle une petite excursion que je fis
avec notre honorable président, le Dr Lebon.
Au mois
d'août 1879, nous reçûmes une invitation de M. le
professeur baron Michaux, à visiter une villa belgoromaine à Nodebais, où il a sa belle campagne. Nous nous rendîmes d'abord aux vieilles carrières abandonnées de
quartzite, où les collectionneurs peuvent se procurer de très beami échantillons de roches, et nous nous dirigeâmes ensuite, à travers champs et bruyères, à
vol d'oiseau, vers Nodebais. Nous
recueillîmes plusieurs silex taillés sur notre route, et si le temps nous l'eût
permis, nous eussions fait une ample
récolte : presque tous les sommets en
recèlent.
Le
garde-champêtre mis à notre disposition pour nous indiquer l'emplacement, nous mena dans Un chemin creux et là, dans une forte berge plantée de grands arbres, il nous découvrit une petite excavation, d'où l'on avait extrait des fragments de tuiles. On en voyait encore entre les racines des arbres. Nous parvinmes à en détacher quelques beaux fragments comme pièces de conviction, ils se trouvent au musée de Nivelles.
(1) Voir compte-rendu du Congrès international de Bruxelles 1873, page 327
NODEBAIS
Cette commune
possédait aussi plusieurs tumuli, mais ils ont
disparu. Le plus beau profit que nous retirâmes de
notre voyage fut un bon dîner accompagné d'excellents
vins, que nous offrit notre généreux hôte et son
aimable daine.
BOSSUT
En 1742, il
existait à la limite de Nodebais, à peu de distance de
la ferme de Beausart, un tumulus, qui est
cité dans un
acte de 1321, et dont il n'existe plus de traces.
Deux ou trois
autres monticules artificiels de peu d'importance
ont été signalés comme se trouvant dans le bois de
Beausart ; un nommé Guillaume Dagneau trouva dans
sa propriété à Gottechain des poteries romaines en terre sigillée.
ARCHENNES
Revenons à
Archennes. En creusant les fondements des murs du cimetière on a trouvé
des tuiles romaines.
Il a existé
un tumulus dans la Bruyère d'Archennes, il a disparu depuis. On a aussi
découvert à 100 mètres nord-est de l'église dans la Bruyère de l'abbaye à 40 et 50 centimètres
de profondeur des débris de poteries communes, des tessons de cruches et
d'autres objets de ce genre, mais on
n'a rencontré les traces d'aucun bâtiment.
Je n'ai pu
rien connaître concernant le séjour ou le passage des peuplades préhistoriques
et des Romains entre Werthe-St-Georges et Héverlé.
Il est probable que les sommets présenteraient aussi
des silex, puisqu'onles retrouve plus loin.
M. Galesloot
parle des débris de tuiles et de poteries antiques qu'il aurait remarqués
dans les prairies attenant à l'ancienne
abbaye de Vlierbeck près de Louvain. Cet auteur cite encore un tertre circulaire, haut d'environ 25 pieds, nommé Stakenberg à Lebbek ; les
dimensions extraordinaires de ce
tumulus feraient supposer une tombe
romaine. En parcourant, aux archives de l'Etat, les anciens comptes de la venerie des ducs de Brabant, il a trouvé mention à différentes reprises de 7
tombes qui
existaient au bois de Loobosch, près de Louvain, du côté de
Velthem (ligne de Bruxelles).
Selon l'abbé
Feller, il y aurait eu jadis à Héverlé plusieurs
tombes. Voici ce qu'il nous apprend dans son itinéraire :
‘‘ Avant
d'arriver au château d'Héverlé, on voit à
gauche du grand chemin un monument digne de considération, qui atteste que ces terres, aujourd'hui unies et fertiles, n'étaient autrefois qu'un groupe de cônes de la hauteur du monument qui en marque l'élévation. L'inscription qu'il
porte n'est pas très lisible. Un de mes amis s'est
chargé de la déchiffrer et de me l'envoyer. La voici :
Tous ces chemins, drèves, places, terres, prairies, jardinage et autres lieux
estant alentour et dépendant de ce château de Héverlé,
sont restées hautes de XX pieds, lesquels, haut et puissant illme
prince messire Charles Syre et pee duc de Croy et d'Arschot a fait démolir et applanir comme se voit depuis le
ler janvier 1596. C'était, je crois, ajoute l'abbé Feller,• des tombes ou mottes comme on en voit dans la Hesbaye, où il y en avait autrefois bien davantage et où bientôt il n'y en aura plus; l'élévation, l'uniformité de ces monticules ne me permettent pas d'en douter.
L'état des
lieux, dit Galesloot, ne permet plus de se prononcer
aujourd'hui ; mais, non loin d'Héverlé, sur la lisière
méridionale de la forêt de ce nom, on a découvert des
antiquités romaines en 1849; elles consistaient en petites urnes communes qui renfermaient, d'après le dire du cultivateur qui les trouva, des ossements et
des cendres. Il avait conservé deux
jolies fibules en cuivre, que je
m'empressai de lui acheter, ajoute Galesloot. J'ai recueilli des silex taillés
sur les hauteurs de Kessel-Loo ainsi
qu'à Corbeek-Loo, sur le plateau qui se trouve entre l'église et le
village.
Je possède
aussi une très belle pointe de flèche trouvée aux
environs de Louvain.
Je n'ai pu me
procurer des renseignements sur les localités
qui se trouvent entre Kessel-Loo et l'embouchure de la Dyle au Denver; il est
très probable qu'on y rencontrerait des traces du passage des néolithiques.
Visitons
maintenant la jolie petite vallée de la Lasne qui est en quelque sorte
une dépendance de la Dyle; elle y déverse ses
eaux un peu au-delà de Rhode-Ste-Agathe. La petite rivière qui a donné son nom au village, prend sa source vers Couture-St-Germain. Les quelques communes qu'elle arrose ont des rapports assez
intimes avec celles de la vallée de la
Dyle.
LASNE
Déjà en 1214
ce petit village de Lasne est mentionné sous le nom de Lanna ou Lanne ;
il s'écrit aujourd'hui Lasne.
M. Warsée,
se basant sur les indications (le M. Mataigne, a
décrit d'anciens points de défense, situés sur la. partie orientale
du territoire de la commune; d'après lui, ces points
de défense ou retranchements se seraient composés d'enceintes circulaires
formant amphithéâtre et présentant au
centre un monticule d'environ 15 à 20 pieds de haut. Ilà étaient
entièrement en terre et offraient chacun un diamètre de près de 50 mètres ;
trois de ces forts, si on peut leur donner ce nom, se trouvaient dans
On a aussi
trouvé des silex sur les hauteurs de Chapelle-St-Lambert.
J'ai vu chez M. Mataigne, de Wavre, une hache
polie, en silex gris, de 0,17 sur 0,06, trouvée dans les sapinières de cette
localité en 1885.
GENVAL
La mention à
Genval d'une ruelle des tombes indique qu'il y a
existé des tumuli.
RIXENSART
A environ
1,100 mètres N-E du château de Rixensart, il existe
trois tumuli qui ont donné leur nom à la Bruyère des Tombes et au sentier
des Tombes. Ils sont situés au-dessus du fond
du Thivaux ; ils ont 2 mètres de haut
sur 15 à 20 mètres de diamètre. Ils ont été explorés le 24 octobre 1861, par M. Juste. L'un d'eux paraissait avoir déjà été fouillé auparavant. On
n'a rien trouvé dans le plus grand ;
le troisième a donné un peu de cendres
et de bois brûlé.
M. Juste
pouvait être un excellent historien, mais il n'était pas archéologue; aussi ne
doit-on pas accorder grande confiance aux fouilles
qu'il a dirigées.
LA HULPE
La mention
de localités dites la Campagne des Mottes, le bois des
Mottes, à la Motte, constitue un indice presque certain de l'existence de
tumuli. Ils ont disparu depuis longtemps.
Peut-être en retrouvera-t-on un jour les
traces ; ils se trouvaient au sud de l'étang de Rysdamme.
Nous venons
de suivre la marche des peuplades préhistoriques,
protohistoriques et romaines clans les vallées de la
Dyle et de la Lasne. Elles ont probablement atteint ainsi le Démer et peut-être même le Ruppel. Malgré les grandes difficultés que M. le Dr
Van Raemdonck signale (1), ne trouvant d'autre
voie que la vallée de la Dendre, pour arriver au pays
de Waes, il nous paraît que ces peuplades auraient
très bien pu l'atteindre, au moyen de radeaux ; ce
mode de locomotion devait leur être connu : quelques
troncs d'arbres reliés constituent une embarcation
toute primitive et facile dont se servent encore les
sauvages. Quoi qu'il en soit, en arrivant au Demer, elles
ont pû se répandre aussi dans la province d'Anvers
et le Limbourg, oit l'on rencontre une quantité de
Tombelles celtiques et Germano-Belges.
On voit par tout ce qui précède
combien il est important de faire une étude
sérieuse de tous ces monuments funéraires,
et de rechercher les rapports qu'ils pourraient avoir entr'eux.
Jusqu'ici des fouilles ont été
faites, mais très irrégulièrement, sans
méthode et sans soin, tantôt par l'Etat, qui en a chargé parfois des personnes incapables, nullement au courant de ces sortes d'opérations, tantôt
par des particuliers, qui n'étaient
poussés que par un esprit de curiosité ou
par le lucre, espérant d'y trouver un trésor : el gat d'our !
(I) Colonisation
du pays de Waes par les peuplades du plys de Mons, ii l'époque néolithique. (Annales du cercle archéologique du pays de Waes, T. IX, 5e livraison.)
Nous avons vu avec plaisir que M.
le baron de Loë, avait présenté au Congrès
archéologique de Bruxelles, un voeu
ainsi conçu :
“ Il est
hautement désirable que l'attention des archéologues
se porte d'une façon toute spéciale vers cette portion de temps qui s'est
écoulée en Belgique entre l'époque néolithique et la
conquête de César et qui constitue une lacune
regrettable dans nos connaissances.
c' La 1re section souhaite qu'une exploration
méthodique et une étude sérieuse soient faites dans les
tertres funéraires, appelés tombelles, dont il existe
encore un certain nombre dans le
Brabant-Wallon, le Limbourg et la province d'Anvers, et
elle espère que le gouvernement voudra bien
seconder cette entreprise. — Ce voeu a été adopté, à la
majorité des voix (1).
M. de Loë
parle d'un certain nombre de tombes, mais c'est par
centaines qu'on pourrait les compter si on les voyait à nu.
On ne
devrait pas se borner à en fouiller un certain nombre, mais toutes
devraient être ouvertes, numérotées, avec
indication de leur mobilier, comme M. de Loë l'a fait avec M. le comte de Looz-Corswarem au cimetière franc
d'Harmignies.
Les indications que donne M.
Wauters et que nous avons transcrites le plus
exactement possible suffiraient
(1)
Voir compte-rendu du congrès archéologique et
historique de Bruxelles, 1891. page 268.
pour opérer
ce travail, qui se ferait assez rapidement si on
avait un bon chef fouilleur comme celui de Namur. M. Becquet pourrait le prêter
à la Commission sauf à le reprendre quand il en
aurait besoin. Cet homme est à son service pendant
toute l'année.
Je ne sais si le voeu exprimé par
M. de Loë et adopté par le Congrès a été
communiqué au Gouvernement; j'ignore
si on s'en est occupé depuis qu'il a été formulé, mais ce que je sais, c'est que si l'on ne se presse
d'agir, il en sera des tumuli comme
des ruines de Villers. On agira quand
il sera trop tard et quand un grand nombre auront disparu ou auront été fouillés par des mains étrangères à
la science.
Nous
espérons que M. le Ministre, qui a montré le grand
intérêt qu'il portait à l'archéologie, complètera son
oeuvre en nommant et encourageant une commission chargée de fouiller et d'étudier ces monuments qui renferment les documents primitifs de notre
histoire nationale.
C'est à la
Société de Nivelles à prendre l'initiative en rappelant
le vœu de M. de Loë au Gouvernement; elle pourrait
s'entendre avec la Société archéologique de Bruxelles.
Feluy, 6 Mars
1893.
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