LA FERME DU WESPRIN A FELUY
Alain GRAUX
La ferme du Wesprin, une des plus anciennes
connues de Feluy, est aussi appelée ferme des Ricolettes.
La première mention connue du Wesprin date du 5
septembre 1279. Le Vesprin (Wesprin) est cité lors d'un arrangement entre
l'abbaye Saint-Feuillien et1'abbaye de Bonne Espérance au sujet de terrains à
mettre en culture « toutes terres
seront à commun dîmage sauf cinq bonniers réservés en totalité à l’abbaye de
Bonne-Espérance et au curé de Feluy si le vivier du Wesprin est mis en culture… »[1]
En 1421, on cite « …Le dict Michaulx Lambinet de Feluy 'vend au dict collart le Chien ossy
demorant à Feluy pour la somme de
Le 11 novembre 1444, on trouve « …en une autre pièce trois bonniers de terre
gisant derrière la prairie des chevaulx de la ditte Maison de Croncul, desoubz
le fournil tenant as terres de la Maison dou Wesprin et tenant de deux cens as
onze bonniers de la ditte maison de Croncul… »
La famille Frankart
(Franquart) tiendra la ferme du
Wesprin jusqu’au XVIIe siècle.
Le 26 août' 1492. Comparut Nicolle-Gillion curé
d’Arquennes etJehan Frankart laboureur au Wesprin au sujet de rentes dues à l’église
Saint-Feuillien sur des terres gisant à Feluy.
En 1501, on cite Jehan Frankart du Wesprin,
L’année suivante, Arnoul Maissette demeurant
à Feluy donne à rente à Henry Goffe « ung bonnier de pasturaige gisant
au lieu condist le Wesprin pour trois vibvres six solz de rente annuelle »
Ainsy
estoit ledit Jasqt Franquart
héritier sauf le viage de sa ditte mère de huit parties, les deux en pluisieurs
héritaiges de mainferme gisant sous les Seigneuries de Feluy et de l’Escaille,
le-dict Jacquemart par amour fraternel promet de s'en déshériter au prouffit de
Guillaume Franquart, son frère comme de ses quattre sœurs cy après dénommées
pour pouvoir joyr après le trespas de leur ditte mère.
Gertrude
le Clercq se déshérite de tout ce qui provient du patrimoine de son feu marit
sauf de son viage en faveur de Guillaume Franquart, son fils, de Jehan de
Court. marit de Jehenne Franquart, de Noulart des Pierres marit de catherine
Franquart, de Jehan des Champs, marit de Barbe Franquart et de Michel des
Bailles ayant espouzé Isabeau Franquart. Les dits Gertrude Le clercq et Jacquemart
Franquart renonchent bien et suffisamment à tous leurs biens et les lieutenant
de mayeur et eschevins en adhéritent pour eulx et leurs hoirs, Guillaume
Franquart, Noulart des Pierres, Jehan des Champs et Michel des Bailles »
Le seigneur
de La Rocq possédait à Feluy une rente féodale de 16 florins sur le Wesprin et
un fief d’un demi-bonnier de pré.
En 1661, Marie Wauquet, veuve Nicolas de
Ronquières, d’Estinnes, vend une maison à Philippe Derbaix, censier du Wesprin,
et ce, au profit des enfants de feu Jean Hayne et d’Antoinette Del Moictié, c’est-à
dire de Jean, Jenne, Gertrude et Marie Barbe Hayne
Le 10 août 1689, l’armée hollandaise fourragea
les campagnes du Wesprin
Le 3 juin 1693, le censier du Petit Courrière
eut son cheval tué sous lui, les fermiers de l’Escaille et du Wesprin
indemnisèrent cet homme courageux en lui donnant 35 écus.
Le 6 septembre 1693, une troupe bleue vint
enlever les chevaux et les vaches du Wesprin
Le 8 septembre 1695, une troupe de fantassins
vint causer des désordres au Wesprin. Elle fut repoussée par des habitants
armés.
En 1696, Louis Delrue a nanti dans les mains de
Nicolas de Mons, mayeur de Feluy
En 1697, Jean Gaudré vend à Marie-Cécile Derbaix,
sa belle-fille, une rente de
Herman Joseph Capitte, propriétaire à Feluy;
Marie Thérèse Ghislaine Capitte épouse Jean
Baptiste Rommel, rentier à Bruxelles;
Marie Albertine Ghislaine Capitte épouse Jean Baptiste
Boisacq, rentier à Malines;
Nicolas Joseph Capitte, marchand de pierre de
Feluy en son nom et comme tuteur de Marie Elisabeth Dumont, mineure, (héritière
par sa mère Alexandrine Marcq qui était ia nièce du défunt) par délibération
des parents et Juge de paix, de Jacques Delattre, journalier domicilié à Feluy;
de Marie-Claire Delattre veuve de Pierre Bourret de Feluy et de Augustine
Joseph Delattre veuve de Joseph Léonard, de Feluy.
Le notaire fit alors l'inventaire des
biens :
Composition de la maison: Cuisine" vue sur le jardin; laverie, grenier,
au dessus de la laverie, petit cabinet
Fournil au bout du jardin, cave du fournil;
Etable attenant à l'écurie,
Place dite brasserie contigüe aux
étables;
Ecurie attenant au corps de logis;
Charty sur la prairie, grenier du
Charty, grange, étable aux cochons attenante à la grange;
Charty attenant à la grange, greniers
au dessus des chevaux et au dessus des vaches.
Cour.
Fabrique de pannes et carreaux en
ladite commune;
Hangar à sécher les carreaux
attenant à l’ouvroir. Cour de ladite fabrique.
Foumil attenant au corps de logis;
salle au rez-de-chaussée prenant vue sur la cour et jardin où ledit Marcq est
décédé, grenier au dessus de la maison.
Ancienne chambre a coucher du
défunt au premier. La grange est composée de 5 maffes (gerbiers).
Dans la fabrique de pannes et carreaux
on trouve entre autres: 3 bancs à fabriquer, un banc à séchoir, un moule pour
grands carreaux, un pour petit, un pour pannes, un pour « festiaux »,
un « étot » à fabriquer ainsi qu'une roue a tourner la poterie. Dans
le hangar à sécher les carreaux, dix « lambordes » pour sécher, une
brouette, vingt perches à sécher.
Dans la cour de la fabrique: 6000
petits carreaux cuits.- 2600 plus grands.- 3000 pannes.
Dans le hangar: 9000 petits
carreaux non cuits.- 2600 plus grands.- 3000 pannes.
Dans le hangar: 9000 petits
carreaux non cuits, 300 grands non cuits.
Dans le fournil corps de logis:
1900 pannes non cuites.
Grenier au dessus de l’ouvroir: 30
sacs de braisettes pour la cuisson des carreaux.
Cour: 4 monceaux de gros bois, 4 de
ronds, 1500 ramettes.-
Le tout est acheté par Godefroid Adrien Frize,
juge de Paix du canton de Seneffe et Augustin Joseph Frize, son frère. L’héritage
du Wesprin que les sieurs Frize ont acquis des héritiers de feu Nicolas Marcq fut
réalisé devant Maître Clément Joseph Delbruyère à Charleroi, par jugement du
Tribunal de première instance de Charleroi le 26 octobre 1810.
Le 23 mars 1811, André Englebin, cultivateur a
Ecaussinnes d'Enghien et Marie Thérèse Pouillart son épouse louent le Wesprin
par bail à ferme pour 9 années (commencée le 1er mars). Les frères
Frize se réservent l'occupation de plusieurs pièces et notamment celle appelée
"laboratoire".
Le 6 octobre 1818, les frères Frize
renouvellent le bail à André Englebin et son épouse Marie-Thérèse Pouillart.
Le 21 août 1869, un incendie se déclara dans la
grange de la ferme, alors occupée par la veuve André Englebien.
La ferme passa ensuite aux mains du curé
d’Ittre, Théodore Tricot. Il en fit don au Bureau de Bienfaisance de Bornival,
qui avec la fusion des communes passa au C.P.A.S. de Nivelles.
La famille Guillaume a tenu la ferme du
C.P.A.S. pendant près d’un siècle.
Pendant la période révolutionnaire française, les Guillaume habitaient une maison au centre de Feluy, elle accueillit des Récollets de Nivelles pourchassés par les révolutionnaires. Les Pères récollets y célébraient la messe en cachette, d’où le sobriquet attaché à la famille Guillaume et qui se porta sur le Wesprin « Cince dou Ricolette ».
D’abord Jules Guillaume[1],
René Guillaume[2] fut
fermier du Wesprin, et à sa suite, son beau-fils Marcel Druet[3]. Ce
seront les derniers fermiers du Wesprin.
C’est le notaire Jean-Marie Debouche qui
racheta le Wesprin, il en fit la restauration, actuellement c’est son fils, le
notaire Gérard Debouche, qui en est propriétaire.
[1] Guillaume Jules, ° Feluy
8-3-1843, x 26-5-1873, Ghislain N.N.
[2] Guillaume René, ° Feluy
17-2-1878, x Lory Blanche, ° Monstreux 13-11-1884
[3] Druet
Marcel-Louis-Charles-Ghislain, ° Bornival 12-11-1916, †Feluy 2-9-1979, x Feluy
9-2-1946, Guillaume Lucienne-Julie-Léonie-*Ghislaine, ° Feluy 10-1918.
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