LES Verreries
de Seneffe
Alain GRAUX
Le 29 mai 1764, Julien Depestre, comte de
Seneffe et de Turnhout constitua une société en commandite simple pour
l’établissement d’une verrerie à bouteilles, verres à boire et vitres, dans le
village de Seneffe. Il fit appel à deux verriers connus de Lodelinsart,
Jean-Baptiste[1] et Edouard[2]
Falleur. Ceux-ci sollicitèrent du Conseil des Finance l’autorisation de
l’établir : L’octroi de l’impératrice Marie-Thérèse fut édicté le 13
février 1764 :
« Marie-Thérèse
par la grâce de Dieu impératrice des Romains etc. à tous ceux que ces présentes
verront, salut.
Reçu
avons l’humble supplication et requête de Jean-Baptiste et Edouard Falleur,
cousins habitant de Lodelinsart, par laquelle ils nous supplient de faire
dépêcher nos lettres patentes s’octroi pour l’établissement d’une verrerie à
Seneffe, village de notre Duché de Brabant, sous les faveurs et avantages
suivants :
-
Que tous les matériaux servant à la composition
du verre qu’ils tireront des provinces voisines où à l’étranger de même que
tous les verres fabriqués à la verrerie à établir seront exempts de tous droits
de tonlieu, d’entrée, de sortie et autres sous la simple déclaration des suppliants
ou de l’un d’eux.
-
Que tous les matériaux servant à la
construction de ladite verrerie qu’ils tireront de nos comtés de Hainaut et de
Namur, seront également exempts des droits de tonlieu et d’autres s’il y en a.
-
Que les bouteilles et les verres fabriqués à ladite
verrerie seront exempts dans ledit village de Seneffe, de guet et de garde,
logement de gens de guerre et de toutes les charges personnelles.
-
Que les suppliants, leurs souffleurs et les ouvriers
seront exempts dans ledit village de Seneffe, de guet, de garde, logement de
gens de guerre et de toutes charges personnelles.
-
Que nul des souffleurs ou ouvriers pourra sans
le consentement par écrit des suppliants, quitter leur verrerie avant d’avoir
achevé le terme pour lequel il aura été engagé, à moins qu’il n’en ait de
justes causes parmi lesquelles ne sera point comprise l’augmentation de
salaire, à peine de tous dépens, dommages et intérêts et autre peine
arbitraire.
-
Que personne ne pourra débaucher lesdits
ouvriers ou les employer sans le consentement par écrit des suppliants, à peine
d’être contraint de la rendre de cent écus d’amende, outre la privation de
toutes grâces et faveurs leur accordée par le Gouvernement.
Les Falleur devaient diriger la
construction de la verrerie ainsi que la fabrication et la vente.
Comme l’octroi n’accordait qu’un an
pour la construction de la verrerie, celle-ci n’étant pas terminée, il fallut
demander une prorogation d’un an au terme fixé qui fut accordée le 2 mai 1765.
La fabrication démarra enfin, mais
en 1767, alors même que la mise du comte Depestre atteignait déjà le double du
montant prévu, les Falleur quittèrent l’entreprise, arrêtant ainsi la
production.
Le comte Depestre demanda justice
au Conseil de Brabant, et après dissolution de la société, racheta en 1772 les
installations, qui furent remises en activité par la création d’une nouvelle
société créée le 12 janvier 1778, et mise sous la direction de Nicolas Hannon,
maître verrier de Jumet[4].
Le 18 janvier 1787, il est question
de la liquidation de certaines clauses du contrat de location de la verrerie au
Sieur Hannon.
Le 18 janvier 1787, le comtesse
douairière, Isabelle Cogels, reproche au bailli de Seneffe, de ne pas avoir fait
avec Hannon un arrêté et liquidation au moment où on lui a remis la verrerie en
bail, qu’il convient que ce soit arrangé avant le renouvellement du bail.
Le 3 avril 1787, la comtesse
approuve la relocation de la verrerie pour un an à Nicolas Hannon, mais pose
des réserves quant au journal de crédit que celui-ci demande en arrentement.
Sous le régime hollandais la verrerie
est dirigée par Charles Ledoux, maître verrier de Jumet.
Le 7 mai 1833, devant Me.
Charles-Ursmer Staquez, notaire à Fayt, la verrerie est acquise par François Emmanuel
Houtart-Cossée[5] pour le compte de la société
anonyme « Verrerie de Mariemont » [6].
Le conseil de la société décide la
vente le 6 mai 1836 pour une somme de 6.000 Fr., il n’y est plus question que
d’un bâtiment et un terrain situés à Seneffe. Vers cette date un acte signale
que la verrerie est en ruine.
[1] Falleur Jean-Baptiste, °
Lodelinsart 25-11-1730, y † 10-1-1815, x Sacré Marie-Joséphine (1730-1815)
[2] Falleur Edouard, °
Lodelinsart 1720±, y † 1794, x Hannicq Anne-marie
[3] A.G.R. – C.F. 5350
[4] X. DUQUENNE, Le château de Seneffe, Bru†xelles, 1978,
p. 20.
[5] Houtart François-Emmanuel, ° Jumet 6-2-1802, † Aiseau 15-5-1876, x Marchiennes 22-10-1828,
Cossée Fulvie, ° Marchiennes 21-4-1808, † Bruxelles 27-11-1887
[6] Bulletin officiel des lois et arrêtés royaux de la Belgique, Bruxelles, t. 16, 1837, p. 1525.
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