mardi 27 juin 2023

DES GRANDS PÂTURAGES A LA FERME DU CAPITAINE

 DES GRANDS PÂTURAGES A LA FERME DU CAPITAINE

                                                                                      Alain GRAUX

 Les Grands Pâturages sont déjà cités en 1518, lorsque Jehan de Gochelies vend à son fils Godefroid, un demi-bonnier de terre « emprès du Grand pasturaige dudit Jehan »La Cense des Grands Pâturages appartenait en 1524 à Jacquemart Francquart dit du Wesprin, qui y vivait avec son épouse Jehenne Gaudy.

La propriété comprenait une maison, prairie, jardin, étang et terres labourables.

Leur fils, Guillaume Francquart, leur succéda. Il était l’époux de Barbe le Feron.

Le 18 juillet 1553, Guillaume Francquart censier du Grand Pasturaige, a Feluy déclare « qu'il avoit une rente de 10 livres 5 solz de rente assise sur deux bonniers de pret appertenant a Barbe Francquart, vefue de Jehan Deschamps, tenant a Joachim Deschamps, a Jacques le Vassal ».

C’est ensuite la fille des époux Francquart-le Feron, Annette Francquart qui hérita de la propriété. Elle épousa Guillaume Anthoine, la cense passe ensuite à leurs deux filles, Isabeau Anthoine, épouse Jean Reston, et Barbe Anthoine épouse Jacques le Vassaux (Le Vassal), greffier de Feluy. Ce sont ces derniers qui habitent la ferme, ils rachètent la partie appartenant aux époux Reston-Anthoine.

 Le 28 décembre 1572, « Jean Reston, censier de la Maison de Renissart à Arquesne come marit et époux de Isabeau Antoine d'une part et Jacques le Vassaul fils Jacques, maître de quairiere résident a Felluy son beau frère à tiltre de Barbe Antoine sa femme d'aultre part; accompagné de Guillaume Francquart grand père aux deux sœurs résident aussy a Feluy lequel remonstroit qu'en 1562 il avoit conditionné debvises, héritaiges et rentes des héritaiges qu'il avoit a Felluy, entre autres une maison, grange, estables, fournil, brasserie, gardin etc.., condist au Grand Pasturaige, venant des hoirs Henry de le Rue et Jehan Hanicq gisant à Perulwez tenant de deux costets a l'héritaige de la vefve de Godefroid de Gochelies, a Antoine Hanicq et au rieu d'Ansiessart et au chemin, pour après son trezpas à la dite Barbe Anthoine a présent femme a Jacques le Vassault tant pour elle que pour ses hoirs, a la charge de payer chacun an a Isabeau Anthoine sa sœure la somme de 20 livres tourn. de rentes. Après cette remonstrance, le dict Jehan Reston dit que Jacques le Vassault son beau-frère avoit fait le rachapt de cette rente de 360 livres tourn. et de ce fait se déshérita en présence des mayeurs et eschevins des 20 livres de rente qui nommèrent Cyprien del Rouillie comme mambour de ce chirographe »

Les époux Le Vassal-Anthoine, eurent une fille Isabeau Le Vassal, cette dernière épousa Jean Gaudré, seigneur de Froidmont en Petit-Rœulx.

 En 1631, Jean Gaudré, fils du précédent, époux de Charlotte de Davre, devait à l’église une rente de 22 sols due sur les terres des grands Pâturages. Jean Gaudré décéda le 28 avril 1657.

Les époux Gaudré-de Davre eurent trois enfants : Jérôme Gaudré, chanoine de Sainte-Gertrude à Nivelles ; Jean Gaudré, mort en célibat dans la ferme parentale le 12 octobre 1703, et Hélène Gaudré qui épousa Guillaume Dawaigne. Ces derniers eurent un fils, Jean Dawaigne, seigneur de Froidmont, qui épousa à Nivelles le 13 octobre 1687, Jeanne-Marie Le Hoye, dame de la Haye à Gouy, née à Nivelles le 30 août 1659.

En 1689, ces derniers doivent une rente à l’église : « au lieu de Jacques le Vassal leur grand père pour un pret au Grand Pasturaige doibvent par an vingt trois sols. Icy pour trois années escheultes terme de ce compte soixante neuf sols mais de tant que les at faict modération d'une année sur les trois pour foulles  de guerre et de touttes rentes au dessus de vingt sols ».

Le 4 octobre 1696, un fourragement général eut lieu à Feluy: le Croquet et les grands Pâturages furent entièrement pillés.-

Le 1er juillet 1698, Jean Gaudré déclare se déshériter de sa maison qu'on appelle le -rand Pasturaige, consistant en 11 bonniers de prés, 18 bonniers de terres labourables, maison, édifices ainsi que tous les bestiaux, chevaux etc., et les attirails de labour au profit de son neveu a condition de le nourrir et soigner sa vie durant :

« Le Sr Jean Gaudré demeurant audit Feluy et de sa bonne volonté sans contraincte considérant les services qu'il at receut du Sr Jean Dawaigne, son nepveu, déclare ce qui suit: Le dict Dawaigne a soufier pendant cette dernière guerre en se maison depuis le Toussaint 1693 jusqu'a présent faict déshériter a son prouffict de sa maison dépendance et appendance que l'on dist le Grand pasturage gisant a Feluy cornme il se contient consistant en onze bonniers tant pret que paischy et entrepresure et dix huict bonniers de terres labourables sous Feluy tant

pretz que terre soubz Seneffe pour en jouyr et luy appertenir a tousiours entirmt (entièrement) et amplmt (amplement) qu'en auroit peu proufiter et user ledit Jean Gaudré parmy payant les charges des dits biens et le nourrir à sa table. Le dict Sr Jean Gaudré sa vie durant luy servant de mesme, tous les bestiaux tant vyaulx que vaches et aultres aussy, les attirails de labours et meubles dont il se servoit dans sa mesnagerie et dont il est en possession par pure et simple donation lui verbalement faicte depuis le Toussain 1693 et qui est ratifiez présentement par ledit Sr Jean Gaudré renoncant de ses biens au prouffict dudit Dawaigne ».

 Le 6 août 1698, Jean d'Awaigne  déclare « qu'étant en possession de la maison et héritaige du Grand Pasturage que son oncle Jean Gaudré luy a cédé ainsi 18 bonniers de terres labourables en commun avec sa mère et d'autres cohéritiers, ils sont mis d'accord pour l'évaluation de ces biens ».

De nombreuses rentes sont dues par la cense des Grands pâturages, elles attestent la possession de la ferme par Jean Dawaigne :

En 1701, une rente est due à la Table des Pauvres (Notre CPAS actuel) : « Dudit Jean Gaudré à pnt. le Sr Jean Dawaigne son nepveu sur ses héritages du Pasturage, doibt par an en bled deux rasières ».

Une autre rente est due à l’église : « Au Sr Jean Dawaigne au lieu du Sr Jean Gaudré venant de Jacq le Vassal pour un pret au Grand Pasturaige, doibt par an ving trois sols ».

Encore en 1730, on trouve : « Du Sieur Dawaigne au lieu de Jean Gaudré sur ses héritages du Pâturage dit par an 2 rasières de bled ».

  La ferme fut reconstruite en 1702, elle se présente comme suit : c’est un quadrilatère de brique et calcaire, du début du XVIIIe siècle,  Un mur clôture la cour, il est interrompu par une tour-porche restaurée: le rez-de-chaussée est bâti en pierres de taille et moellons de calcaire, remontant peut-être au XVIIe siècle, la porte en anse de panier est inscrite dans une feuillure rectangulaire à congés, forme un débouché sous une large arcade surbaissée du début du XVIIIe siècle, à claveaux en bossages un-sur-deux, dont la clé s'orne du monogramme des familles Dawaigne-le Hoye.

L’étage est érigé en briques, contemporain de ce portail, harpé aux angles et parcouru de chaînes. Au-dessus des arcades, on trouve une fenêtre à croisée de pierre avec montants à harpes saillantes prolongés en allèges. La toiture est en pavillons superposés.

Dans la cour à droite se trouve le corps de logis à étage, daté par ancres décoratives de 1702. La façade, comptant cinq travées de baies entre les harpes d'angle reliées par des chaînes de pierre, les fenêtres à croisée sont similaires à celles du porche. Surmontée des armes des Dawaigne-Lehoye,


la porte centrale s’ouvre en anse de panier sous corniche et baie d'imposte, avec encadrement creusé d'une gorge ourlée, rehaussé de harpes et d'une clé saillantes.

 En 1758, le plan partiel de Feluy réalisé par le géomètre Fonson indique 1758. Le plan indique que le  Grand Pâturage appartient au Sieur Mahieux, c’est à mon avis une erreur, il est propriétaire du Croquet. 

    

En réalité, la propriété appartient alors à Marie-Hélène Dawaigne, dame de la Haye à Gouy, née à Nivelles le 30-10-1688. Elle épousa  à Feluy le 7 janvier 1710, Louis-Henri-Jean, libre baron de Hérissem et du Saint-Empire, né à  Crucenay le 25-7-1674, licencié en droit de Louvain. Il mourut assez jeune, le 7 janvier 1725, sa veuve, Marie-Hélène Dawaigne mourut à Nivelles le 24-7-1757 De cette union naquirent neuf enfants

Ils vendirent la propriété au maître de carrière Jean-Baptiste Capitte dit le Capitaine, et à sa seconde épouse, Marie-Jh. Marcq.

En 1811, il paie aussi une rente à l’église (compte des chapelles) : « Capitte Jean Bpte au lieu de Sr de Hérissem sur la cense du Grand Paturage à Feluy contenant quatre bonniers d'héritage doit l'an de rente cinq rasières une pinte de seigle ».

 Jean Baptiste Capitte ne possède pas toutes les terres de la propriété initiale, les d’Hérissem avaient gardé une partie des terres. Vers 1850, le baron d’Hérissem ne possédait plus que deux parcelles qui passèrent par la suite à Jean-Baptiste Lavendhomme et Nicolas Jurion.

Jean-Baptiste Capitte décéda en 1828 (Ep. F. 79), la propriété passa à sa veuve et ensuite à son fils Herman Capitte (Né à Feluy le 20-1-1768) et à sa fille Antoinette Capitte, épouse de Jean-Baptiste Lavendhomme. Elle habite marche-lez-Ecaussinnes. La veuve Herman Capitte, Marie-Thérèse Delbruyère loue la propriété à Hubert Fournit vers1862. Jean-Joseph Goffin lui succède en 1876.

Les biens furent vendus en 1879 à Léopold Winckel (Né Haut-Ittre 11-5-1837, décédé à Marche-lez-ecaussinnes 10-7-1890, marié à Marie-Jh. Hanique, née à Feluy 25-12-1830).

On retrouve ce dernier payant la rente due au bureau de Bienfaisance, en 1887 « sur la cense du Grand Pâturage dite ferme du Capitaine, sise à Feluy, tenant à Louis Pède, à Pennart, à de Hérissem, le tout contenant Ha ».

Ce fut ensuite Emile Wapelhorst (Né à Feluy le 3-4-1894, époux de Bertha Lavaux, née à Glabais 16-3-1894, qui exploita la ferme.

On trouve également comme fermiers Emile Rousseau (Nivelles 1895- Feluy 1957) et son épouse Rénée Dechief (Rebecq 1903-Feluy 1958).

M. et Mme Vandestraete ont acheté la ferme et l’ont rénovée avec beaucoup de soin, mais en apportant de substantielles transformations aux communs.

Ils louent des chambres d'hôtes qui se trouvent dans le corps de logis et dans les dépendances. Elles sont très luxueuses et décorées avec beaucoup de goût.



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